3. Une réduction symétrique du contingent français
Dans le cadre du désengagement partiel de la KFOR, le contingent français de l'« opération Trident » a été réduit de moitié, passant de 700 à 320 militaires, entre décembre 2010 et mai 2011.
La France figure désormais au 7e rang des pays contributeurs, après l'Allemagne (1 200), les Etats-Unis (800), l'Italie (620), la Turquie (480), l'Autriche (470) et la Slovénie (330). La Grande Bretagne a, quant à elle, retiré toutes ses troupes.
Avec la diminution du nombre de ses hommes et la réorganisation du dispositif de la KFOR, par la suppression des cinq commandements régionaux au profit de deux, la France a toutefois perdu le commandement de la région de Mitrovica Nord.
Notre contingent, placé sous commandement américain, conserve cependant une unité de manoeuvre, qui est toutefois dépendante des moyens aériens des autres contingents, en particulier américain.
Actuellement, comme votre délégation a pu s'en rendre compte, l'unité de manoeuvre provient de la brigade franco-allemande.
Le contingent français dispose également d'environ 200 véhicules, dont 32 véhicules blindés légers (VBL) et 4 véhicules avant blindés (VAB), dont deux sanitaires, ainsi que plusieurs camions et engins.
Par ailleurs, onze officiers et sous-officiers de la gendarmerie nationale sont déployés dans le cadre de la KFOR, notamment pour exercer les missions de prévôté (police militaire), mais aussi au sein de la cellule d'investigation et d'analyse du renseignement (CIAR), qui permet la collecte d'informations très utiles sur la criminalité organisée au Kosovo et ses ramifications éventuelles dans l'Union européenne, en particulier en France, dans une optique de « retour en sécurité intérieure ».
Dans le cadre de la réorganisation du dispositif sur le terrain, la France a réduit le nombre de ses emprises, notamment en rétrocédant, via la MINUK, le camp militaire du Belvédère à la municipalité de Mitrovica.
Elle conserve la gestion du camp « Maréchal Delattre de Tassigny » situé à Novo Selo, à proximité de Mitrovica, que la délégation a visité, qui, avec une capacité d'hébergement de 1 200 personnes sur une surface de 47 hectares, est comparable à une petite ville de 1 000 habitants.
Outre la quasi-totalité du contingent français, ce camp accueille au total environ 800 militaires et 200 civils, de onze nationalités différentes, dont 120 militaires marocains et 125 militaires allemands.
Notre pays doit ainsi assurer le soutien logistique au profit des militaires d'autres nationalités présents sur le camp de Novo Selo.
Comme l'a confié à la délégation un officier français, un peu désabusé, « la France est passée d'une politique d'influence à une logique de contributeur ».
Le coût de la participation française est passé de 64,7 millions d'euros en 2010 à 42,3 millions d'euros en 2011, mais pourrait s'alourdir si aucune solution n'est trouvée pour la remise en état du camp de Novo Selo.
L'état-major des armées espère que le passage à la phase de désengagement, qui devrait entraîner le rapatriement complet des militaires français, pourra intervenir au printemps de l'année prochaine.
Interrogé sur ce point, lors de son audition devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, le 11 mai dernier, M. Gérard Longuet, ministre de la Défense, a indiqué que « la troisième étape, c'est-à-dire le retrait de nos unités, pourrait intervenir dès l'an prochain, en concertation avec nos alliés et dans le cadre d'une décision de l'OTAN ».
Des tensions liées aux prochaines élections en Serbie ou à une reprise des affrontements à Mitrovica pourraient toutefois ralentir ce calendrier.
Ainsi, au cours de la visite de la délégation, des manifestations avaient été organisées par des Serbes au Nord pour protester contre l'arrestation par EULEX d'un Serbe, qui est soupçonné d'être le trésorier d'un groupe mafieux.
Toutefois, l'objectif reste bien pour la KFOR de passer le relais à la mission EULEX de l'Union européenne dans le courant de l'année prochaine.