V. PROMOUVOIR LA DIVERSITÉ CORPORELLE
Votre rapporteur défend également la nécessité de mettre un terme à la glorification de la minceur et de promouvoir la diversité corporelle. Alors que nos sociétés se caractérisent par une surabondance alimentaire et une sédentarité accrue, contribuant statistiquement à une augmentation du poids moyen de la population, la pression exercée par l'idéal de minceur est source de désordres du comportement alimentaire, de déséquilibres nutritionnels et de troubles psychologiques.
Il est donc urgent de mettre un terme au mythe selon lequel tout le monde pourrait peser le poids qu'il souhaite, et d'encourager la diversité corporelle dans les médias.
Par ailleurs, compte tenu de l'influence de la mode sur les représentations corporelles de la population, et en particulier des jeunes filles, il convient de lutter contre la maigreur des mannequins en interdisant leur présentation lorsque leur l'IMC est inférieur à 18,5.
VI. RÉGLEMENTER LES RÉGIMES AMAIGRISSANTS
Le développement du surpoids et de l'obésité, mais également le culte du corps et de son image associé à l'idéal de minceur poussent une part croissante de la population à suivre un régime à visée amaigrissante, bien souvent sans contrôle médical.
Or, de nombreuses études ont montré les risques associés à la poursuite de régimes « amaigrissants ».
La dernière étude en date menée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) décrit précisément les risques liés aux régimes amaigrissants.
« L'amaigrissement ne se fait pas uniquement aux dépens des réserves de masse adipeuse mais conduit rapidement à l'affaiblissement du sujet par perte de masse musculaire, quelque soit le niveau d'apport protéique.
Les régimes amaigrissants sont délétères pour l'intégrité du capital osseux (masse osseuse, ostéopénie et risque fractuaire) : une diminution en moyen de 1 à 2 % de la densité minérale osseuse est observée pour une perte de poids de 10%.
Les apports énergétiques permettant le maintien du poids après un régime amaigrissant sont inférieurs à ceux qui permettaient le maintien du poids stable avant régime amaigrissant, ce qui favorise la reprise de poids, préférentiellement sous forme de masse grasse.
La reprise de poids concerne 80% des sujets après un an et augmente dans le temps. Le principal facteur de stabilisation du poids est l'activité physique dès le début de la restriction calorique et son maintien après cette phase de restriction.
La fluctuation du poids pourrait être en outre un facteur de risque cardiovasculaire et de syndrome métabolique. Les régimes très hypocaloriques provoquent des inflammations et fibroses modérées aux niveaux hépatique et portal ainsi que des calculs biliaires.
Les régimes hyperprotéiques non hypocaloriques proposent des apports protéiques dépassant le seuil des apports satisfaisants (2,2 g/kg/j), d'où l'importance d'un bilan rénal chez les sujets à risque d'insuffisance rénale, avant tout régime amaigrissant.
Les régimes hypoglucidiques sont fréquemment associés à des troubles digestifs passagers, constipation liée à la baisse des apports en fibres.
La dépression et la perte de l'estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes des échecs à répétition des régimes amaigrissants. Sur le plan comportemental, la restriction cognitive et la perturbation du comportement alimentaire induite augmente le risque de reprise de poids, au delà même du statut pondéral initial. »
Pourtant, les risques liés aux régimes amaigrissants sont mal connus par les personnes désireuses de perdre du poids et l'industrie du régime est non seulement florissante, comme en témoignent les couvertures des magazines, les sites Internet, mais également les étalages des pharmacies, mais elle échappe en outre à toute réglementation.
Il convient donc d'avertir le public des conséquences d'autant plus néfastes de régimes à court, moyen et long terme qu'ils sont déséquilibrés.
La prise en charge de l'obésité, du surpoids ou d'une prise de poids importante nécessite un accompagnement médical spécialisé afin d'établir un diagnostic précis des causes de cette prise de poids, une analyse du contexte et une estimation des conséquences.
Elle nécessite de poser l'indication de perdre du poids ou non, et de définir les objectifs et les moyens à mettre en oeuvre qui ne se limitent pas à la simple prise en charge diététique. Elle doit viser une réduction adaptée et prudente du poids, planifiée précocement (afin de pouvoir agir sur les facteurs à l'origine) puis une stabilisation avec des moyens appropriés, tout en veillant à préserver l'état de santé physique et psychologique à moyen et long terme.
Par ailleurs, votre rapporteur défend l'idée d'une réglementation des régimes. Selon lui, le règlement communautaire qui régit les allégations de santé pourrait être étendu aux régimes amaigrissants dans la mesure où ils obéissent au même principe.
Les allégations de santé sont des « allégations qui affirment, suggèrent ou impliquent l'existence d'une relation entre, d'une part, une catégorie de denrées alimentaires, une denrée alimentaire ou l'un de ses composants et, d'autre part, la santé. ».
La plupart des régimes amaigrissants analysés par l'ANSES correspondent de facto à des allégations qui affirment qu'une catégorie de denrées alimentaires a des effets sur la santé puisqu'elles permettent de faire perdre du poids.
Or, les allégations de santé doivent revendiquer un effet physiologique bénéfique et scientifiquement prouvé.
Votre rapporteur serait donc favorable à ce que les régimes amaigrissants doivent fournir une preuve scientifique de l'effet physiologique avancé.
Votre rapporteur rappelle également que le règlement communautaire interdit toute référence au rythme ou à l'importance de la perte de poids. Or, la plupart des publicités de régimes insistent à la fois sur le temps (toujours bref) avec lequel la perte de poids est réalisée et sur le nombre de kilos (toujours important) perdus, alors même que ces informations sont très variables d'un individu à l'autre et encouragent le public à opter pour les régimes particulièrement déséquilibrés, qui s'avèrent être les plus risqués pour la santé et les plus « obésogènes » à moyen terme.
Votre rapporteur est donc favorable à une interdiction de ce genre de référence.