5. Un suivi insuffisant
La Haute Autorité de Santé a posé le principe d'un suivi du patient toute la vie à partir du moment où il a subi une opération bariatrique afin :
- d'évaluer la perte de poids et sa cinétique ;
- de rechercher des complications du montage chirurgical : certains symptômes doivent conduire à consulter en urgence le chirurgien de l'équipe pluridisciplinaire ;
- de prévenir et dépister les carences vitaminiques et nutritionnelles, dont certaines peuvent conduire à des atteintes neurologiques graves. Ainsi, après une chirurgie malabsorptive, la supplémentation est systématique (multivitamines, calcium, vitamine D, fer et vitamine B12 le plus souvent) ;
- d'adapter les traitements éventuels et leur posologie : la chirurgie bariatrique peut corriger certaines comorbidités, parfois quelques semaines seulement après l'intervention (le diabète notamment). Ces comorbidités doivent être réévaluées précocement et leur traitement doit être adapté. La chirurgie bariatrique peut également entraîner une malabsorption de divers médicaments dont la posologie doit alors être modifiée ;
- de poursuivre l'éducation du patient (diététique et activité physique) commencée en préopératoire en vérifiant notamment qu'il s'adapte bien à ses nouvelles habitudes alimentaires ;
- d'évaluer la nécessité d'un suivi psychologique ou psychiatrique. La perte de poids peut entraîner des modifications psychologiques plus ou moins faciles à gérer. Une période d'adaptation au changement est souvent nécessaire, pour soi-même et pour l'entourage (couple, famille, environnement socioprofessionnel). Un suivi est particulièrement recommandé pour les patients qui présentaient avant l'intervention des troubles du comportement alimentaire ou une autre pathologie psychiatrique.
Or, le suivi du patient est loin d'être systématique. Les raisons sont variées : désintérêt du patient qui, voyant ses problèmes résolus, ne comprend pas la nécessité d'un suivi médical ; mauvaise prise en charge par l'assurance maladie de certaines disciplines liées à la chirurgie (diététicien, psychologue), non remboursement des vitamines.
Pourtant le suivi des patients opérés devrait être systématique afin d'éviter des complications, mais également de disposer d'un suivi statistique sur ce type d'opération afin d'améliorer les pratiques et de mieux percevoir ses effets à long terme.