3. L'hétérogénéité des obésités au regard de leur potentiel pathogène et de leur traitement
La reconnaissance de l'obésité comme maladie à part entière souffre également de l'hétérogénéité des obésités au regard de leur potentiel pathogène et de leur traitement.
En effet, toutes les formes d'obésité ne sont pas identiques en matière de facteur de risque pour le développement de maladies chroniques.
D'abord, il semblerait que 25 % à 30 % des obèses ne développent pas de maladies traditionnellement associées à l'obésité. L'une des explications envisagées est que leur métabolisme et/ou leur mode de vie (à travers l'exercice physique notamment) joueraient un rôle protecteur.
Par ailleurs, la répartition régionale du tissu adipeux est un facteur important afin d'expliquer le risque cardiométabolique de l'obésité. En effet, des travaux épidémiologiques et métaboliques publiés au cours des vingt dernières années ont confirmé les observations cliniques magistrales d'un chercheur clinicien français, le Professeur Jean Vague, qui fut le premier à suggérer, en 1947, que l'obésité gynoïde n'est pas corrélée à une plus grande morbidité cardiovasculaire.
En revanche, il avait suggéré que l'obésité androïde (ou abdominale) constitue un facteur de risque majeur associé à la plupart des complications de l'obésité et à la mortalité attribuable à cette condition.
Des travaux d'imagerie récents où l'adiposité abdominale viscérale et sous-cutanée a pu être mesurée de façon précise ont bien montré que l'obésité viscérale constituait la forme d'obésité la plus dangereuse pour la santé cardiométabolique.
Le développement de l'obésité chez les personnes âgées (appelée obésité sarcopénique ) est également délétère car elle associe un excès de masse grasse, notamment viscérale, et une diminution de la masse fonctionnelle musculaire.
L'obésité morbide est mesurée par un index de masse corporelle supérieur ou égal à 40, ce qui correspond concrètement à un poids au moins deux fois plus important que le poids « théorique ». Ce type d'obésité est très souvent associé à des complications métaboliques et un retentissement mécanique important (respiratoire, insuffisance cardiaque, articulaire etc).