B. CAS DE L'EUROPE ET DE LA FRANCE
Jetons un regard sur les catalogues historiques de tsunamis dont on dispose. Vous avez ici un catalogue pour le XXe siècle uniquement, à droite, et sur la période historique connue, à gauche. On s'aperçoit que l'Océan Pacifique est surreprésenté au XXe siècle. C'est vraiment l'océan traditionnellement touché par les tsunamis, très régulièrement, plusieurs fois par an.
Si on remonte plus loin dans le temps, on s'aperçoit qu'on peut avoir plus de données pour nos régions, par exemple proches de la Méditerranée, où il y a des archives plus denses pour les époques plus historiques. On voit que la Méditerranée, ici en bleu foncé, prend une part plus importante, si on a un recul historique plus important.
C. TSUNAMIS EN MÉDITERRANÉE
En Méditerranée, comme on l'a rappelé précédemment, on est en présence d'une convergence tectonique plutôt lente très complexe, mais qui se traduit par une forte sismicité, notamment dans l'Est, vers l'Arc Egéen, au niveau de la Grèce et de la Turquie.
Sur cette carte, vous avez une représentation des tsunamis historiques connus pour le bassin méditerranéen. Chaque point rouge représente un tsunami. Vous avez une forte représentation des tsunamis en Méditerranée orientale, dans le sud de l'Italie, en général, lorsqu'il y a des séismes d'une magnitude 7, voire supérieure à 8 comme en Méditerranée orientale.
L'exemple fameux est celui au niveau de la Crète au IVe siècle, en 365. Il est rapporté par les historiens, comme étant un « jour d'horreur » à Alexandrie où se sont produites d'intenses inondations. Vous avez ici une représentation, par les petites vagues en bleu, des zones qui ont été inondées à l'occasion de cet événement, avec une source qui se trouvait, probablement, dans l'ouest de la Crète. Je précise au passage que la simulation numérique est l'un des outils préférentiels pour étudier les tsunamis.
Ce type d'événement localisé dans l'est de la Méditerranée, potentiellement très destructeur près de la source, passe très difficilement dans le bassin occidental. Vous avez dans cet exemple un scénario de magnitude 8.0, localisé à l'ouest de la Grèce. On voit que très peu d'énergie passe vers la Méditerranée occidentale.
Si on représente ce type de calcul avec une vision cumulée de ce qu'on appelle les hauteurs maximales des vagues au cours de la propagation, vous avez cette image de la répartition de l'énergie du tsunami à la fin de la propagation. On voit que cette énergie est relativement bien confinée à l'est de la Méditerranée, créant très probablement de très forts dégâts sur les côtes riveraines, depuis la Tunisie jusqu'à l'Egypte, sans parler de la Grèce et de la Turquie.
Vous observerez également que les hauteurs calculées au large sont assez faibles. Les tsunamis ne sont pas observables au large, ou très peu. D'autre part, l'énergie maximale est toujours dirigée, perpendiculairement à la direction de la faille qui joue pendant le séisme. C'est une caractéristique très importante.