4. La vaccination est organisée depuis octobre de la même façon qu'en métropole.
La vaccination a commencé tôt, dès lors que les vaccins ont été disponibles. Elle a débuté mi octobre pour le personnel hospitalier. Elle a été étendue au public à partir du 20 novembre. Neuf centres de vaccination ont été ouverts sur la vingtaine qui avait été prévue. Les catégories prioritaires étaient connues, mais tous ceux qui voulaient se faire vacciner l'ont pu, même sans bon de vaccination, car peu de gens se sont pressé dans les centres.
Le nombre de vaccinés reste relativement faible (4000 à la mi-décembre), ce qui s'explique par l'absence de vaccins au moment où la pandémie se répandait, en juillet et en août. La demande de vaccination a été relancée en décembre par les « transhumants » qui souhaitaient passer les fêtes en métropole.
Le personnel hospitalier s'est fait peu vacciner (7 % en mi-décembre à l'hôpital de Saint Denis).
Les vaccins utilisés sont les mêmes qu'en métropole : le Pamdemrix, tout d'abord, puis le Panenza sans adjuvant, et le vaccin de Baxter pour les personnes allergiques à l'oeuf (qui doivent venir à l'hôpital).
Les dirigeants des hôpitaux soulignent qu'il a été difficile au sein de leurs établissements de mobiliser le personnel pour aller vacciner dans les centres de vaccination pilotés par la DRASS. Ils notent de vraies difficultés pour établir le planning général. Les volontaires étaient peu nombreux, notamment chez les internes.
La vaccination repartira peut-être lors des vacances scolaires de février, qui pourrait entraîner un deuxième pic de la pandémie, du fait des voyages.
5. Les leçons que tirent les Réunionnais de l'ensemble de cette période sont particulièrement intéressantes.
Certaines sont de portée générale, d'autres concernent plus particulièrement l'Outre-Mer.
Première leçon : La crise renvoie aux fondamentaux.
Les personnels hospitaliers ont fait particulièrement preuve de cohésion. Il y eu une véritable solidarité à l'intérieur des établissements. Les syndicats ont adhéré aux mesures prises. Il n'y a plus eu d'arrêts maladies. Ceux qui sont en arrêt maladie viennent travailler.
Deuxième leçon : Il serait utile d'établir une liste de personnels ciblés, ayant des compétences définies, et de constituer une réserve sanitaire spécialisée .
Cela permettrait de prévoir les spécialistes qui devront venir de métropole, en cas de besoin.
Troisième leçon : La consultation et la formation des médecins généralistes aurait dû être envisagée selon les modalités mises en place lors du H5N1 . Les médecins libéraux, les personnels infirmiers, et même les kinésithérapeutes, réunionnais, qui avaient dû se battre contre le chikungunia, avaient alors beaucoup travaillé sur le plan grippe aviaire La concertation mise en place avait alors permis de définir les besoins par secteur et par commune. Il avait ainsi été prévu qu'un lycée pourrait être transformé en hôpital de campagne. Une formation avait été organisée sur le virus de la grippe aviaire, sur les six phases du plan pandémie, mais aussi sur la conduite à tenir lors des différentes phases et des différentes alertes. Plusieurs réflexions avaient porté sur des éléments qui n'avaient pas été prévus dans le plan, comme ce qui se passerait en cas d'interruption des transports aériens et maritimes, en cas d'embargo ou d'un nombre très élevé de décès.
Une telle concertation dans le cas du H1N1, aurait permis d'impliquer les médecins libéraux dans la gestion de la crise, alors qu'ils se plaignent de ne pas avoir été prévenus des réunions destinées aux hospitaliers, d'avoir été mis devant le fait accompli, d'avoir été mis en situation d'attendre les directives ministérielles et de ne pas pouvoir être entendus.
Quatrième leçon : Les procédures de déclaration des incidents sont parfois inadaptées. Le système de traçabilité peut être amélioré. Actuellement, un généraliste qui observe des symptômes va devoir les relier à la vaccination. Il n'a pas de directive sur la conduite à tenir, même s'il sait qu'il doit joindre l'AFSSAPS dont le site est jugé inutilisable par les praticiens réunionnais, ou la CIRE. Mais ce système marche mal. Il reste nécessaire de remplir à la main un document qui doit être téléchargé, alors qu'aux Etats Unis, comme en Angleterre, la déclaration peut être faite en ligne, à partir d'un formulaire en ligne, le malade déclarant lui-même ses réactions.
Cinquième leçon : Il faut prévoir dans les hôpitaux des lits qu'on puisse rapidement armer avec du matériel de surveillance et de ventilation . Il faut pouvoir transformer rapidement des services en services de réanimation, ce qui suppose d'avoir du matériel disponible (éventuellement à la limite de l'obsolescence, mais vérifié), de définir une zone spéciale, d'identifier le personnel pouvant éventuellement travailler en réanimation et qui pourrait être formé de façon continue à la réanimation.
Sixième leçon : Il serait souhaitable que les populations françaises de l'hémisphère Sud puissent disposer du vaccin le plus adapté, qu'il soit français ou australien si ce dernier correspond mieux à l'état du virus, suite à mutation, lors d'une deuxième vague de pandémie. Cette question, qui relève du reste de la compétence de l'Agence européenne des médicaments et de la Commission européenne mérite d'être posée.