2. Début février 2010
a) Les données de l'OMS
Dans sa mise à jour hebdomadaire en date du 29 janvier 2010, l'OMS fait état d'au moins 14 711 morts. Elle remarque que la transmission du virus reste active en Afrique du Nord et partiellement en Europe orientale et du Sud-Est, ainsi qu'en Asie orientale. Mais globalement, le virus est moins actif.
b) Les données françaises
Les Sentinelles ont publié les données suivantes dans leur bulletin hebdomadaire portant sur la semaine du 25 au 31 janvier 2010 :
« En France métropolitaine, la semaine dernière, l'incidence des syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale a été estimée à 58 cas pour 100 000 habitants, en dessous du seuil épidémique (175 cas pour 100 000). Seule la Corse présente un niveau d'activité légèrement supérieur au seuil épidémique national avec 208 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Concernant les cas rapportés, la semaine dernière, l'âge médian était de 30 ans (2 mois à 82 ans) ; les hommes représentaient 47% des cas. Les tableaux cliniques rapportés par les médecins Sentinelles ne présentaient pas de signe particulier de gravité : un cas d'hospitalisation pour complications respiratoires chez une patiente de 2 mois a été rapporté (soit 0,8% des cas).»
Source : Sentinelles
- Les GROG diffusaient pour leur part les informations suivantes sur leur site Internet pour la 4° semaine de 2010 sous le titre « Discrète, mais toujours là » .
« Selon les données du Réseau des GROG, pendant la semaine 2010/04 du lundi 25 au dimanche 31 janvier 2010 :
• Le virus pandémique reste présent
dans 7 % des prélèvements des médecins vigies du
Réseau des GROG.
• Au cours des deux dernières semaines
chez les médecins vigies du Réseau des GROG, les proportions de
consultations pour grippe A(H1N1)2009 étaient de :
- 5 % des IRA chez les patients âgés de 0 à 4 ans;
- 21% des IRA chez les patients âgés de 5 à 14 ans;
- 11 % des IRA chez les patients âgés de 15 à 64 ans;
- < 0,1% des IRA chez les patients âgés de 65 ans et plus.
• Sur les 975.000 consultations médicales
pour infections respiratoires aiguës (IRA), la grippe A(H1N1)2009 a
représenté 66 000 cas. Les autres cas d'IRA sont dus
à des agents infectieux respiratoires non grippaux, notamment le virus
respiratoire syncytial (VRS) : l'incidence des bronchiolites, en baisse depuis
2 semaines, a ré-augmenté la semaine dernière en
pédiatrie et en médecine générale, bien que les
niveaux actuels soient plus faibles que ceux des hivers
précédents.
L'estimation GROG du nombre hebdomadaire des cas de grippe en France métropolitaine est de 83 000 la semaine du 18 au 24 janvier 2010 et de 66 000 la semaine dernière (du 25 au 31 janvier 2010, donnée non consolidée). »
Source : GROG
c) Que conclure de cet ensemble d'informations ?
- Les données ainsi obtenues sont un outil d'analyse précieux.
Les cartes des Sentinelles et des GROG sont intéressantes. Les tableaux publiés par les GROG donnent une idée globale de l'évolution de la pandémie.
On note bien sa montée en puissance, puis son reflux. Le pic pandémique est visible. Les pouvoirs publics ont donc à leur disposition des instruments qui leur permettent d'étayer leurs décisions.
Globalement, le A(H1N1) est responsable en France d'environ 300 morts contre 2000 à 6000 par an pour la grippe saisonnière.
Les décisions présentées les premiers jours de janvier 2010 - renégociation du nombre de vaccins commandés, vaccination possible sans bon de vaccination - résultent de ces informations, d'autant plus que des études menées depuis quelques mois permettent d'apprécier de manière complémentaire l'ampleur et la gravité des phénomènes étudiés.
- D'autres indicateurs complémentaires pourraient être utilisés pour avoir une photographie plus complète de la situation.
Deux études récentes apportent en effet un éclairage nouveau sur la manière d'appréhender la réalité.
Selon la première, l'observation de l'activité de Google permettrait d'avoir une vision complémentaire et fiable de l'importance de la grippe. Il y a en effet un lien entre le nombre de connexions à ce site utilisant les mots clés liés à la grippe et le nombre de cas constatés.
Selon la seconde, le nombre de personnes touchées par la grippe a certainement été quatre à cinq fois supérieur à ce que l'on comptabilisait jusqu'à présent.
Cette étude, réalisée par des chercheurs de l'Unité des virus émergents de l'Université de Marseille sur un échantillon significatif de femmes enceintes à partir de recherches sérologiques, montre que cinq fois plus de femmes enceintes avaient été infectées par le virus pandémique que les données habituelles le laissaient penser. Le virus s'est donc répandu de manière importante, tout en prenant des formes différentes de ce qu'on prévoyait, ces formes étant le plus souvent bénignes.
Ces informations nouvelles doivent être prises en compte, car elles permettent de répondre à certaines critiques récurrentes sur l'appréhension du danger qui peut par ailleurs faire l'objet de scénarios et de simulations mathématiques.