E. INTERVENTION DE MME MARY MCALEESE, PRÉSIDENTE DE L'IRLANDE
Invitée à intervenir devant l'Assemblée parlementaire, Mme Mary McAleese, Présidente de l'Irlande, a souhaité souligner l'acuité du message du Conseil de l'Europe soixante ans après sa création. Rappelant le triptyque sur lequel cette institution est fondée - démocratie, droits de l'Homme, prééminence du droit - la présidente irlandaise a confronté les ambitions initiales du Conseil à la situation du continent européen à l'orée du XXI ème siècle, où se font à nouveau jour des phénomènes de racisme, de sectarisme et de haines interethniques. La résurgence de conflit entre les États membres du Conseil participe également d'une forme d'assombrissement du climat politique sur le continent.
L'Irlande représente, aux yeux de Mme McAleese, un excellent exemple des tensions qui ont traversé ou divisent encore l'Europe. Prisonnière de conflits communautaires, elle a su s'affranchir du cercle vicieux dans lequel elle était enfermée, en adoptant l'accord dit du « Vendredi saint ». Cet accord a notamment débouché sur la mise en place de commissions des droits de l'Homme au sein des deux entités irlandaises ou la réforme des polices locales et l'émergence d'une véritable coopération transfrontalière en la matière.
Les succès enregistrés sur la voie de la paix sont, selon la présidente irlandaise, le fruit d'une importante coopération avec le Conseil de l'Europe. Ils résultent également d'une meilleure compréhension du passé et de l'émergence d'une culture du dialogue. Ces principes sont au coeur de l'action du Conseil. Interrogée lors du débat avec l'hémicycle sur l'applicabilité d'un accord de type « Vendredi Saint » à Chypre, dans le Caucase ou dans les Balkans, Mme McAleese a insisté sur l'émergence au préalable d'une « psychologie de la paix », principalement fondée sur une écoute réciproque entre les parties en présence.
Le Conseil doit également être envisagé comme un laboratoire destiné à répondre aux nouveaux défis en matière de droits de l'Homme, la présidente irlandaise insistant, à cet égard, sur les questions liées à la presse sous tous les angles possibles : propriété, relations commerciales, monopoles, contrôle gouvernemental, éthique. La crise économique et financière n'est pas, non plus, sans incidence sur les droits de l'Homme. Mme McAleese considère, à cet égard, les conséquences que celle-ci peut avoir en matière de migrations et appelle le Conseil à poursuivre ses travaux en faveur de politiques d'émigration et d'intégration à la fois justes, humaines et raisonnables.
La protection de l'enfance doit également faire figure de priorité. L'Irlande a connu par le passé nombre d'abus et de maltraitances au sein de maisons d'éducation. Forte de cette expérience, elle milite désormais pour l'adoption de normes élevées en la matière. La promotion des droits de l'enfant trouve un prolongement, selon la présidente irlandaise, dans le refus de l'Irlande de reconnaître un droit élargi à l'avortement (celui-ci n'est autorisé en Irlande que si la vie de la femme enceinte est menacée). Interrogée sur ce sujet par l'Assemblée, la présidente irlandaise a indiqué qu'aucune modification ne pouvait être attendue, rappelant néanmoins que les dispositions du code pénal irlandais en la matière n'étaient pas mises en oeuvre.