2. Sensibiliser tous les acteurs du monde de l'éducation aux réalités professionnelles
Même si les contre-exemples se multiplient, il semble que perdurent un certain nombre de réticences à l'encontre d'une collaboration entre l'éducation nationale et le monde économique parmi les personnels de l'enseignement. Ces derniers, et tout particulièrement les professeurs, doivent, dans l'intérêt des élèves et des étudiants avec lesquels ils sont au contact quotidien, être mieux sensibilisés à la réalité concrète du monde du travail. Lors de son audition, M. Luc Ferry a également suggéré que les enseignants de la filière générale suivent au cours de leur formation un stage obligatoire d'un mois dans l'enseignement professionnel de manière à attirer leur attention sur sa nature et son importance.
Un premier pas a été franchi dans ce sens, avec l'introduction, dans le cahier des charges de la formation initiale des maîtres (défini par un arrêté du 19 décembre 2006), d'un stage en entreprise de trois semaines, pour les enseignants des disciplines professionnelles notamment.
Dans le prolongement de cette avancée, la mission propose que des stages d'immersion en entreprise, au sein de collectivités publiques ou d'associations et dans l'enseignement professionnel soient rendus obligatoires pour l'ensemble des enseignants et des personnels d'orientation, au cours de la formation initiale mais aussi de la formation continue , de façon à approfondir et actualiser en permanence la connaissance concrète de leur environnement extérieur.
3. Encourager l'entrée de professionnels dans le monde éducatif
Réciproquement, de nombreux rapports préconisent depuis plusieurs années d'encourager l'intégration des professionnels de terrain dans l'enseignement notamment secondaire, en tant que conférenciers, référents « entreprise » auprès d'un directeur d'établissement, représentants au sein du conseil d'administration ou bien formateurs.
S'agissant de l'enseignement professionnel initial, l'article L. 932-2 du code de l'éducation prévoit qu'il peut être fait appel, dans les établissements publics locaux d'enseignement, à des professeurs associés . Ceux-ci sont recrutés, par contrat, à temps plein ou à temps incomplet et doivent justifier d'une expérience professionnelle d'une durée de cinq ans. Le décret d'application n° 2007-322 du 8 mars 2007 relatif aux professeurs associés des établissements publics locaux d'enseignement relevant du ministre chargé de l'éducation nationale précise que les professeurs associés sont recrutés par le recteur d'académie, sur proposition des chefs d'établissement concernés, par contrat d'une durée maximale de trois ans renouvelable dans la limite de six ans. Conformément à la loi, les demandeurs d'emploi ont, à compétence et à profil comparables, priorité pour exercer les fonctions de professeur associé à temps plein. Ils assurent des activités d'enseignement en formation initiale qui incluent notamment le suivi et le conseil ainsi que l'évaluation et la validation des acquis des élèves.
Tout en rendant hommage à la qualité des enseignants français, il convient de mentionner, pour illustrer l'intérêt d'une diversification des intervenants, le cas du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), dont l'efficacité est incontestable quoique trop peu connue. Soulignant le gisement d'innovation et d'efficacité en ingénierie pédagogique que recèle cet établissement public, la mission d'information sénatoriale sur la formation professionnelle 42 ( * ) a rappelé que, dans un souci permanent d'adaptation aux besoins, les méthodes employées par le CNAM s'écartent des pratiques académiques et font intervenir en majorité des professionnels, puisque seuls 500 enseignants sur 5 500 sont des universitaires . Sur la base des succès enregistrés par cet établissement de formation, la mission d'information sénatoriale sur la formation professionnelle a préconisé la diffusion plus large de son savoir-faire vers les établissements scolaires ou universitaires où doit être donnée l'impulsion nécessaire à une remise en question de pratiques pédagogiques parfois inadaptées aux besoins.
* 42 Rapport d'information n° 365 (2006-2007) de M. Bernard Seillier, au nom de la mission commune d'information sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle, présidée par Jean-Claude Carle.