2. Une mesure nécessitant des corrections liées au contenu en exportations françaises des importations
Il arrive que des exportations françaises soient incorporées comme consommation intermédiaire dans des produits fabriqués à l'étranger puis importés en France. Dans cette occurrence, les importations ne devraient donc être prises en compte qu'à proportion de la valeur ajoutée réalisée à l'étranger.
L'OFCE a donc calculé un taux de pénétration par produit corrigé des exportations incorporées. L'inflexion des taux de pénétration, pour être tangible, s'établit à un niveau modeste (cf. tableau infra « Décomposition des contenus en importations »).
Il apparaît que, sur la base du TES 40, la correction dépasse rarement 0,6 point et culmine à 1,4 point pour l'industrie automobile, dont le taux de pénétration est ainsi ramené de 38,2 % à 36,8 %.
3. Un impact économique de la consommation des ménages importée difficile à évaluer dans sa globalité
a) La perception d'un contenu en importations relativement limité
En pondérant le taux de pénétration de 28 groupes de biens et services en fonction de leur poids dans la consommation des ménages, le taux de pénétration moyen (corrigé des exportations incorporées) ressort à 14 %. Pour 100 euros de consommation, 14 euros seraient donc importés.
Certes, ce calcul du contenu moyen en importation de la consommation des ménages via la moyenne pondérée des taux de pénétration de divers types de biens aboutit à un chiffre dont la signification macroéconomique n'est pas directe (voir supra ) 18 ( * ) .
Si l'on ne saurait donc avancer que la consommation des ménages est précisément importatrice à hauteur de 14 %, cette part ne s'en trouve pas moins fort éloignée du taux de pénétration des importations pour la demande française ou adressée à la France, qui avoisine 21 % ( supra ), laissant supposer que d'autres composantes de la demande sont plus importatrices que la consommation afin de parvenir, en moyenne, à ce dernier ordre de grandeur.
Au demeurant, cette présomption se trouve corroborée par d'autres études donnant précisément à comprendre que le contenu en importation de la consommation des ménages serait significativement inférieur aux évaluations existantes pour le contenu en importations des exportations et, à un moindre titre, de l'investissement.
• La
DGTPE
19
(
*
)
a, dans
une étude récente
20
(
*
)
, cherché à
isoler les
contributions
nettes des importations
de la consommation des
ménages
, de celle des APU, de la FBCF et des exportations
à la croissance du PIB
.
Cette méthode est novatrice dans la mesure où les contributions de C, I, G et X à la formation du PIB sont normalement enregistrées pour leur totalité, puis les importations sont retranchées de façon indifférenciée, qu'elles concernent les ménages, les APU, l'investissement ou les exportations.
Avant de présenter ces résultats, l'étude a procédé à des calculs intermédiaires, explorant les contenus en importation des différentes composantes de la demande adressée à la France (consommation des ménages, des administrations publiques, investissement et exportations) ainsi que ses évolutions, dont le graphe suivant rend compte :
CONTENUS EN IMPORTATION À PRIX COURANTS
Source : DGTPE, données INSEE
Il ressort que le contenu moyen en importation de la consommation serait moindre que celui de l'investissement (en valeur relative car on rappelle que l'investissement ne représente qu'environ 40 % de la consommation, et la différence de contenu moyen n'est pas telle qu'elle puisse compenser cet écart), et très inférieur à celui des exportations .
Ce travail permet ensuite une lecture clarifiée des apports des différents agrégats à la croissance, dont le tableau suivant synthétise les résultats, pour les années 1999 à 2005 :
CONTRIBUTIONS À LA CROISSANCE
Source : DGTPE, données INSEE
La période 1999-2005 couvre la majeure partie de l'actuelle séquence de détérioration des échanges extérieurs, commencée en 1998.
Or, si l'on effectue la moyenne des contributions sur cette période, il ressort que la consommation des ménages brute a contribué annuellement à la croissance pour 1,7 point de PIB, dont seulement 1,1 point est issu de la consommation des ménages nette des importations . En valeur absolue, ce différentiel de -0,6 point est nettement plus important que celui calculé au titre de l'investissement (FBCF), pour lequel il demeurerait cantonné à -0,3 point.
Il semblerait donc que, de 1999 à 2005, avec des évolutions annuelles différenciées, la contribution de la consommation à la croissance doive être substantiellement infléchie -à hauteur de plus du tiers- quand on tient compte des phénomènes de consommation importée . On observera cependant que, tout comme pour l'OFCE concernant le rapport annexé, des hypothèses simplificatrices ont été nécessaires pour aboutir à l'ensemble des résultats qui précèdent 21 ( * ) . Par ailleurs, les contributions négatives de la consommation importée apparaissent particulièrement volatiles avec, par exemple, moins 1 point en 2000 puis moins 0,3 point en 2001, soit une baisse de 70 % lorsque, dans le même temps, la contribution hors importation progresse de 10 % (cf. tableau ci-dessus).
• Avec les mêmes réserves
méthodologiques
22
(
*
)
, une étude de l'
INSEE
publiée en 2002
23
(
*
)
a cherché à quantifier directement
l'impact de la demande des entreprises et des exportations sur les importations
françaises.
D'après cette étude, la demande des ménages, composée principalement de services, s'avèrerait relativement peu importatrice en biens manufacturés (14 % en moyenne en 2001). Le contenu en importations de biens manufacturés serait relativement similaire selon qu'il s'agisse de consommation des ménages (15 %) - ce qui s'approche du chiffre avancé par l'OFCE - ou d'investissement logement (12 %). La demande des administrations publiques aurait un contenu relativement plus faible (12 % en 2001) et celle des exportations, légèrement plus fort (16 %).
En revanche, la demande des entreprises (investissement et stocks) nécessiterait quant à elle beaucoup plus d'achats hors des frontières, notamment en biens intermédiaires et d'équipement et le contenu en importations de biens manufacturés aurait atteint, selon l'étude précitée, 36 % de la demande totale des entreprises en moyenne en 2001 24 ( * ) .
* 18 En outre, ces résultats -et ceux qui suivent- reposent sur l'hypothèse que les taux de pénétration par secteurs sont identiques quelle que soit la destination de l'importation, faute de données disponibles concernant la structure des importations en fonction des composantes de la demande (consommation, investissement etc.).
* 19 Direction générale du Trésor et de la politique économique.
* 20 Etude intitulée « Une nouvelle lecture de la contribution du commerce extérieur à la croissance », Trésor-Eco n° 6, décembre 2006, lien :
http://www.minefe.gouv.fr/directions_services/dgtpe/TRESOR_ECO/francais/pdf/2006-032-06.pdf
* 21 D'après l'étude précitée : « Il faut cependant, lorsque l'on interprète les résultats obtenus, garder à l'esprit que plusieurs approximations ont dû être effectuées pour mener à bien ces calculs ». Comme il est impossible d'isoler le strict contenu en importations de la consommation, la DGTPE pose l'hypothèse que, pour un produit donné, la part importée est la même dans les différents postes de demande et dans les consommations intermédiaires. Par ailleurs, branches et produits sont assimilés.
* 22 On retrouve la même, et principale, hypothèse simplificatrice : « Cet exercice repose évidemment sur l'hypothèse que pour un produit donné (par exemple les automobiles), le contenu en importations est identique quelle que soit la demande finale que ces importations satisfont (le contenu en importations des investissements en automobile des entreprises n'est pas différent de celui de la consommation des ménages) : c'est donc la structure des produits de la demande qui distingue les différents secteurs institutionnels ».
* 23 « Les importations françaises : le rôle de la demande des entreprises et des exportations », juin 2002. Lien : http://www.insee.fr/fr/indicateurs/analys_conj/archives/juin2002d3.pdf
* 24 Les différences d'évaluation avec l'étude précédente de la DGTPE s'expliquent, pour partie, par un mode de calcul aboutissant à minimiser le contenu en importations des exportations, au profit du contenu en importations de la demande des entreprises, qui inclut, outre l'investissement, les consommations intermédiaires.