B. TROIS PISTES D'ÉVOLUTION SOUHAITABLES

1. Une « modularité » accrue

a) Une formation initiale qui doit relever de chacune des armées

La partie initiale de la formation, celle où s'acquiert l'état militaire, paraît à votre rapporteur bien relever de chacune des armées. On y acquiert non seulement un savoir-faire mais aussi une culture et un sentiment d'appartenance qui font partie de l'attractivité du métier militaire. Ce dernier point sera de plus en plus décisif dans un contexte démographique où les jeunes entrants sur le marché du travail seront moins nombreux.

L'école navale, valorisant son implantation sur le site de Brest, a ainsi fait le choix de développer son rayonnement dans le domaine maritime en nouant des partenariats avec des universités et des instituts de recherche, plutôt de rechercher des rapprochements avec ses homologues des autres années. Elle a mis en place un institut de recherche spécifique, l'IRENAV, qui sert de cadre aux projets de recherche des élèves.

b) Mais dont la « modularité » doit être renforcée

Amorcée sous l'effet de l'application aux écoles militaires des normes établies par le processus de Bologne (LMD : Licence, Master, Doctorat), la division des cursus en modules est décisive pour nouer des coopérations et favoriser des échanges, au bénéfice de la formation linguistique et de la formation aux pratiques d'autres armées. Elle permet également d'accueillir en cours de cursus des étudiants issus de l'université ou d'autres écoles.

La formation initiale étant beaucoup plus longue en France, il semble que la modularité doive être mise à profit pour réfléchir à l'organisation de l'ensemble de cette phase de formation : le choix de spécialité devrait emporter des conséquences sur le contenu des matières académiques dispensées. Le meilleur exemple en sont certainement les atomiciens dont la formation scientifique, très dense, pourrait être commencée plus tôt.

La phase de « militarisation » des élèves officiers, répartie au long du cursus, pourrait utilement être dispensée au début du cursus, au profit d'une meilleure perception par les élèves de la carrière à laquelle ils se destinent et, par conséquent, de leur motivation.

Ce regroupement paraît également de nature à favoriser les échanges avec d'autres marines.

c) A l'exemple de la formation initiale des officiers mariniers

Afin de mieux valoriser les compétences acquises dans d'autres cadres de formation, notamment le système scolaire, la marine a récemment mis en place des parcours différencié de formation initiale et de carrière pour les officiers mariniers.

L'organisation de leur formation initiale varie en fonction des qualifications professionnelles des candidats, de leur potentiel et des besoins de la marine : un parcours classique, qui s'adresse à tous les candidats répondant aux critères de sélection tandis qu'un parcours accéléré s'adresse aux candidats titulaires d'un BTS ou d'une licence professionnelle dans une compétence recherchée et exploitable par la marine (maintenance aéronautique, photographie...).

La formation initiale des élèves officiers mariniers recrutés au titre du parcours classique est organisée selon les dispositions actuellement en vigueur autour de quatre grands modules : une formation initiale équipage, une formation aux responsabilités d'officier marinier (module « maistrance »), le CAT (cours d'aptitude technique) et une formation aux premiers emplois. Les élèves sont promus second maître à l'issue de leur période de formation initiale. Ces officiers mariniers souscrivent un premier contrat de 10 ans.

Les élèves officiers mariniers recrutés au titre du parcours accéléré bénéficient de la reconnaissance immédiate des compétences professionnelles détenues. Leur période de formation comprend une formation initiale équipage une formation aux responsabilités d'officier marinier (module « maistrance ») et un stage court d'adaptation à l'emploi. Les élèves sont promus second maître à l'issue de leur période de formation initiale. Ces officiers mariniers souscrivent un premier contrat de 4 à 10 ans. Afin de valoriser leur niveau de formation, ils ont vocation à accéder plus rapidement au brevet supérieur que les officiers mariniers ayant suivi un parcours classique.

Cette réforme présente l'avantage de mieux tirer parti des compétences déjà acquises lors du recrutement et de favoriser par là même une meilleure adéquation de la formation au profit d'une plus grande motivation des personnes recrutées.

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