3. Parrainage et tutorat, des outils efficaces restant à développer
a) Des instruments d'insertion dans le milieu de l'entreprise adaptés aux publics en difficulté
Outil d'échange et de pérennisation des compétences dans l'entreprise, mais également d'insertion de publics a priori éloignés de l'emploi, le tutorat poursuit un double objectif : pour le tuteur, une reconnaissance de ses capacités professionnelles ; pour le salarié bénéficiaire : la garantie d'un apprentissage par une personne compétente. Salarié -ou ex salarié- de l'entreprise, le tuteur encadre l'apprenant et lui transmet la pratique du métier ainsi que tout ce qui l'accompagne, depuis le comportement au travail jusqu'à l'environnement économique et les habitudes de la profession.
Présenté par le comité interministériel à l'intégration du 10 avril 2003 comme une mesure phare pour favoriser, par un accompagnement personnalisé, l'insertion professionnelle des jeunes et des adultes, le parrainage consiste à faciliter l'accès ou le maintien dans l'emploi de demandeurs d'emploi rencontrant des difficultés d'insertion professionnelle en les faisant accompagner par des personnes bénévoles. A la différence des tuteurs, les parrains sont extérieurs à l'entreprise. Les personnes parrainées sont des demandeurs d'emploi qui connaissent des difficultés et des obstacles spécifiques à l'emploi : faible niveau de formation, milieu social défavorisé, risque de discrimination ...
b) Un dispositif bénéficiant aux accompagnés comme aux entreprises
L'expérience montre que tutorat et parrainage sont deux dispositifs profitant directement à leurs bénéficiaires . Selon des chiffres communiqués par la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle au mois d'avril 2008, près des trois quarts (73,1 %) des jeunes accompagnés dans le cadre d'une action de parrainage accèdent à un emploi ou entrent en formation. Mme Pierrette Catel, chargée de mission au Conseil national des missions locales, a souligné que le parrainage « engendre des bénéfices collatéraux importants » et « représente une avancée non négligeable dans la lutte contre l'exclusion et contre les discriminations ».
Mais le tutorat et le parrainage profitent également aux entreprises. Celles qui ont su développer en interne des dispositifs associant de façon étroite les tuteurs, parrains et apprenants dans une démarche active bénéficient d'un retour sur investissement significatif, que ce soit en matière d'intégration et de niveau de compétences des personnes accompagnées comme en ce qui concerne les nouvelles compétences acquises par l'entreprise et les salariés.
Du reste, les acteurs de l'insertion par l'économie ont une image positive du tutorat et du parrainage comme instrument de lutte contre la précarisation dans le travail. Selon Mme Catel, « le parrain qui aide le jeune à se familiariser avec le monde de l'entreprise, va, dans le même temps, changer son regard sur ce dernier. Les parrains, qui ne sont pas formés pour rencontrer les jeunes, sont, en effet, souvent étonnés du bas niveau de qualification et de connaissances générales de ces jeunes. Par conséquent, ce type de rencontre représente une avancée non négligeable dans la lutte contre l'exclusion et contre les discriminations ».
c) Des bonnes pratiques restant largement à diffuser
Si le tutorat et le parrainage bénéficient d'un regain de faveur depuis quelques années et peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la précarisation du travail, ils ne sont pas organisés en tant que tels et dépendent souvent de la bonne volonté des référents et de leurs compétences relationnelles.
En outre, s'il existe des formations, généralement sanctionnées par un certificat, les tuteurs et parrains sont souvent très engagés dans leur activité professionnelle quotidienne et n'ont souvent pas le temps de les suivre pour assurer complètement leur mission.
Enfin, les entreprises estiment souvent ne pas avoir les ressources et connaissances nécessaires à leur mise en oeuvre.