II. LE BESOIN D'UNE NOUVELLE POLITIQUE REPOSANT SUR UNE NOUVELLE VISION DU DÉSENCLAVEMENT
La conception d'une politique spécifique de désenclavement est aujourd'hui entraînée par la persistance de deux visions extrêmes, souvent caricaturales : l'anti-route, d'une part et le tout rentabilité, d'autre part. Une fois dégagée de ces écueils, la nouvelle politique devrait être fondée sur un critère objectif mesurable qui existe d'ailleurs déjà aujourd'hui : il s'agit de l'accessibilité des territoires.
A. DEUX EXTRÊMES À REPOUSSER : LE DÉMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET L'ÉCONOMISME
La volonté de promouvoir une politique de désenclavement se heurte aujourd'hui à deux discours, le premier s'attaquant au principe du développement économique local et le second ne raisonnant, à l'inverse, qu'en termes de rentabilité au mépris de l'exigence d'équité entre les territoires.
1. Le premier écueil : un discours d'opposition systématique aux projets d'infrastructures
a) Les contradictions d'un discours à la mode
La réduction médiatique des débats du Grenelle de l'environnement pourrait laisser entendre que la question se pose aujourd'hui en termes d'opposition systématique ou d'adhésion aveugle à la construction de nouvelles infrastructures, notamment autoroutières.
Cette simplification peut rallier une part non négligeable de l'opinion par ses accents très « modernes » laissant espérer qu'il serait possible de remplacer massivement la circulation routière par d'autres modes de transports comme le chemin de fer.
Or, il ne s'agit là que d'une conception trop fragmentaire de l'enjeu global que constituent la révolution écologique et la nécessité de proposer un véritable désenclavement durable , volontariste et réaliste.
Celui-ci doit malheureusement intégrer le fait qu'à défaut de solutions alternatives, il convient de ne pas se leurrer et de rappeler que si un effort a été effectivement décidé en ce sens lors du Grenelle de l'environnement, la route reste le seul mode de transport universel , c'est-à-dire capable par son accessibilité et sa souplesse d'utilisation d'assurer un désenclavement effectif de tous les territoires. Cette remarque vaut aussi pour le transport de marchandises. La voie ferrée n'a pas, en effet, vocation à faire disparaître le fret par camion, dans la mesure où 90 % des opérations de fret et 60 % des kilomètres parcourus concernent des distances inférieures à 50 km pour lesquelles il n'existe malheureusement aujourd'hui presque pas d'alternative.
En fait, le véritable enjeu aujourd'hui est de concevoir un désenclavement durable qui puisse être un facteur de développement économique.
Certains exemples montrent d'ailleurs que la corrélation est parfois fragile entre la réalisation d'une infrastructure et le développement économique attendu, comme par exemple à Saint-Flour, où l'arrivée de l'autoroute A75 n'a, il est vrai, pas eu les effets escomptés sur l'économie locale.
C'est à ce risque qu'il faut s'attaquer pour permettre au désenclavement de demeurer ce qu'il est dans la majorité des cas : un élément du développement économique des territoires .