2. L'entretien de paysages souvent désertés
Selon une expression fréquemment répétée lors des auditions et déplacements, l'élevage ovin constitue souvent la « dernière activité avant la friche ». Il se situe fréquemment, pour les systèmes avec pâture, sur des parcelles difficiles d'accès, peu valorisables, où aucune autre activité alternative n'est la plupart du temps envisageable. D'une façon générale, les éleveurs ovins exploitent des secteurs à moindre productivité, délaissés par les autres productions.
Ainsi, en pays franc-comtois, 80 % de la surface des élevages ovins est en herbe, avec près de 29 % de ces terrains en secteurs difficiles : pelouses sèches, prés, bois, coteaux, friches, zones humides... Dans les Alpes-Maritimes, les 15.000 hectares d'élevage extensif sont dispersés sur plus du tiers de la superficie du département. En Savoie, première région d'alpages des Alpes du Nord, 157.000 hectares pastoraux sont répartis sur 45 % de la surface totale du département.
L'élevage ovin est concentré dans des secteurs à forte pente, des prairies à faible rendement, des zones pierreuses ou caillouteuses ou des espaces embroussaillés. L'essentiel du cheptel se situe ainsi en haute montagne, en montagne ou en zone défavorisée.
Or, les mesures d'accompagnement existantes ne valorisent pas aujourd'hui ce type d'élevage extensif, utilisateur d'espaces ruraux en désertion et respectueux de l'environnement.
3. Une contribution irremplaçable à la préservation de l'environnement
Concentré dans des secteurs souvent désertés, l'élevage ovin favorise le fonctionnement des écosystèmes locaux et la préservation de la biodiversité . Ainsi, 80 % de la production ovine est réalisée dans des zones sèches, défavorisées ou encore de montagne et de haute montagne.
Les terres pastorales sont d'ailleurs souvent situées dans des zones Natura 2000, sites naturels ou semi naturels ayant une valeur patrimoniale particulière, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent. Pour la gestion des sites Natura 2000, l'approche française de la directive Habitats 18 ( * ) préconise le recours à la contractualisation avec les différents acteurs concernés, dont les agriculteurs et les éleveurs. Ces contrats sont l'équivalent des CAD, mais spécifiquement pour les sites Natura 2000.
Egalement définis pour cinq ans, ils indiquent la liste des « bonnes pratiques agro-environnementales » que le contractant s'engage à appliquer, mais ne donnant pas lieu à contrepartie financière, ainsi que le descriptif des engagements qui, allant au-delà de ces bonnes pratiques, ouvrent droit à une contrepartie financière. Or, parmi ces « bonnes pratiques », figure le pâturage extensif d'ovins.
On soulignera également que l'élevage ovin, en empêchant la repousse de la végétation, prévient par ailleurs des incendies , notamment dans les zones les plus escarpées où leur traitement est rendu très délicat. Il participe en outre directement à la prévention des avalanches dans les régions de montagne, en « fixant » les zones herbagères. Enfin, il permet parfois de substituer la pratique naturelle du pâturage à des traitements nocifs pour l'environnement en vue de prévenir ou d'éradiquer certaines maladies des végétaux, comme c'est par exemple le cas avec l'ambroisie dans la Drôme.
* 18 Directive n° 92/43/CEE du Conseil du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.