b) L'assistance
Elle est apportée, à un moment ou un autre, par tous les intervenants, car elle démontre sa nécessité à tous les stades de la dépendance.
Apportée dans le casino par les salariés des jeux, les MCD, le directeur, tous sensibilisés formés et attentifs... quand tout va bien.
Mais on a déjà vu que leur rôle se limite par la force des choses à détecter les joueurs en difficulté, à les aborder, mais tout aussitôt à les orienter vers des spécialistes internes ou externes de l'assistance ou du traitement.
Une telle action à l'intérieur même du casino suppose que celui-ci, ou son groupe, ait confié par contrat, à une association ou à une société à but lucratif, le soin de « prendre en main » le patient.
A l'extérieur, M. Marc Valleur pense qu'existent maintenant de nombreuses associations disposées à assister et compétentes pour le faire.
Votre rapporteur ne partage pas totalement cet optimisme ; il ne connaît, en effet, surtout en France (voir plus loin) que « SOS Joueurs », Adictel et l'Association nationale de prévention de l'alcoologie et de l'addictologie (ANPAA), mais ne demande qu'à en rencontrer d'autres.
Si la France est relativement pauvre dans ce domaine , il faut savoir qu'outre Atlantique la situation est toute autre.
Les Gamblers anonymus (GA) existent depuis 1957.
Ils étaient 180.000 en 1997, très peu en France, et nombre d'auteurs ne reconnaissent pas de résultats probants à leur assistance qui, selon eux, « n'a rien de médical », veut réaliser un « traitement de conversion » et s'apparente à une rédemption morale.
L'Association Gam-Anon, fondée sur le modèle d'Alanon (alcoolisme) ou Naranon (toxicomanies), se veut un lieu d'accueil et de partage des expériences pour les familles en état de souffrance et de « co-dépendances ».
L'activité associative est structurée, comme pour les GA, autour d'un programme de 12 étapes, avec comme priorité : « comprendre ».
Les « Pairs Sapiteurs » (peer counselors) de Rosecrance.
Tuteurs expérimentés et consultants, ils sont à même de promouvoir des « stratégies » pour reconstituer le sens de la mesure chez le joueur.
Ils proposent une initiation aux pièges et aux sortilèges du jeu ; leur but n'est pas d'imposer l'abstinence au jeu mais de conduire à un contrôle de la consommation.
Pour Marc Valleur, ce projet en réseau n'a pas été suivi d'effets.
A côté de cela, il existe sur le plan juridique des procédés de protection qui sont bien utiles pour l'entourage des joueurs.
Réclamée par les familles aux abois confrontées à la « prodigalité » de leur joueur « ludopathe », la protection des personnes et des biens peut utiliser trois moyens juridiques.
La loi du 3 janvier 1968 a en effet institué trois règles :
la curatelle (dérivée du la « curatelle des prodigues » du droit romain) est efficace, car elle impose l'accord préalable du curateur pour toutes les dispositions (ventes, emprunts...) susceptibles de porter atteinte aux biens.
C'est une méthode rigide et quasiment non évolutive.
la tutelle est une mesure de protection très lourde et difficile à obtenir des magistrats.
la sauvegarde de justice est une mesure séduisante, simple, souple, rapide, transitoire, et laissée à l'initiative du médecin traitant, mais elle apporte une protection insuffisante de la personne et des biens.
On notera avec intérêt que l'Alsace-Moselle peut mettre en oeuvre une disposition de « faillite civile » qui mérite considération, étant donné l'énormité des dettes contactées par certains joueurs.