2. Des profils énergétiques hétérogènes selon les États membres
L'approvisionnement énergétique de l'Union européenne repose essentiellement sur les énergies fossiles, qui représentent au total 78 % de la consommation de l'UE 15, soit 40 % pour le pétrole, 23 % pour le gaz naturel et 15 % pour le charbon.
Répartition de la consommation énergétique de l'UE 15
Source : DGEMP
Ces chiffres globaux recouvrent des situations disparates. En croisant le ratio d'intensité énergétique (la consommation d'énergie par unité de PIB) et le taux d'indépendance énergétique, il est possible de regrouper les pays européens en trois groupes (cf graphique page 9). Le premier groupe est celui des pays producteurs d'hydrocarbures et de charbon (Royaume-Uni,
Europe de l'énergie : trois types de pays
Groupe 1 des pays producteurs : Pays-Bas, Royaume-Uni / Groupe 2 des pays intensifs en énergie (climat froid, économie en transition) / Groupe 3 des pays « classiques » : dont la France
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Source : DGEMP
Pays-Bas, Danemark, Pologne), qui ont un ratio d'indépendance énergétique élevé, voire supérieur à 100 %. Le deuxième groupe est celui des pays intensifs en énergie, caractérisés par un climat froid et dotés d'économies en transition particulièrement gaspilleuses. Enfin, le troisième groupe - dont fait partie la France - est celui des pays « classiques » , aux profils énergétiques moyens.
En valeur absolue, la France est le deuxième plus gros consommateur d'énergie en Europe, après l'Allemagne (cf graphique page 11). Sous réserve des différences d'intensités énergétiques, les consommations sont globalement proportionnelles à la taille des économies nationales.
En structure de consommation, les profils énergétiques des pays européens sont assez hétérogènes (cf graphique page 12). Par rapport à ses voisins, la France se caractérise par la part très marginale du charbon et surtout la part importante de l'électricité d'origine nucléaire. Le Royaume-Uni, l'Espagne et les Pays-Bas s'intéressent prioritairement au gaz. Le charbon reste a priori l'énergie du futur pour la Grèce et l'Allemagne. Les énergies renouvelables occupent une place considérable dans le bilan énergétique des pays nordiques.
3. Le poids des industriels européens de l'énergie
Les entreprises du secteur énergétique sont un des atouts majeurs de l'Europe. Dans le secteur pétrolier, on peut citer Shell, BP, Total, ENI et Repsol. Dans les secteurs électriques et gaziers, ce sont principalement les 14 entreprises suivantes : Centrica, EDF, Electrabel, ENDESA, ENEL, E.On, Gas Natural, Gaz de France, Iberdrola, National Grid Transco, RWE, Scottish Power, Suez et Vattenfall. L'Europe nucléaire est dominée par Areva, Siemens et British Nuclear Fuel.
La répartition de ces entreprises de l'énergie est inégale. Sauf exception, elles sont principalement issues de cinq « grands » pays européens : Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni. Il est toutefois difficile de faire une association directe entre ces entreprises et la sécurité énergétique de l'Europe car, comme le montre l'exemple des compagnies pétrolières, leurs intérêts ne coïncident pas forcément avec ceux des États membres.
Consommation d'énergie primaire en 2003 pour l'OCDE Europe
En Mtep, après affectation des soldes exportateurs d'électricité
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Source : DGEMP
En structure, les 7 plus gros consommateurs d'énergie européens
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Source : DGEMP
Les grandes compagnies pétrolières européennes font partie des plus grandes capitalisations boursières (BP, Shell, Total). Ces compagnies internationales ont des intérêts très diversifiés à travers le monde. Leur rôle a été historiquement important dans le fonctionnement du marché pétrolier et elles sont encore des partenaires incontournables des pays producteurs.
Le rôle des compagnies pétrolières et gazières s'est accru au cours des 15 dernières années pour deux raisons principales :
- les concentrations récentes ont conféré à chacune des nouvelles entités une plus grande assise financière ;
- la maîtrise technologique de ces compagnies demeure inégalée et leur puissance reste indispensable au développement de la production de la plupart des grands pays producteurs.
Même si l'objectif des pays européens n'est pas d'utiliser leurs entreprises à des fins politiques, un minimum de concertation États/entreprises, à l'échelle européenne, semble devoir s'imposer pour, au mieux, rationaliser la défense des intérêts européens à travers le monde ou, au minimum, procéder à des échanges d'informations à grande échelle.