F. TRADEPROD
De nombreux travaux empiriques sur le commerce international nécessitent de disposer de données de production et d'échanges dans une même nomenclature. C'est bien entendu le cas des modèles d'équilibre général déjà évoqués ; les données sont alors assez agrégées, et disponibles seulement pour certaines années (1997 ou 2001 sont les deux années les plus récentes par exemple dans le cas de GTAP). D'où l'intérêt de la construction d'une nouvelle base de données plus désagrégées et assurant une couverture temporelle plus complète. Ce travail a été amorcé par l'Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (ONUDI), poursuivi par la Banque Mondiale, enfin complété par le CEPII. La base TradeProd du CEPII étend ainsi la base «Trade and Production» de la Banque Mondiale (basée sur données COMTRADE et UNIDO) pour couvrir plus de pays et d'années. Cette base est disponible en libre accès sur le site du CEPII. Elle est utilisée en interne pour les travaux d'estimation des effets frontière et d'impact des accords régionaux.
G. EFFETS FRONTIÈRE
Le débat sur le degré réel de protection des grands marchés n'a pas été tranché dans la littérature empirique récente. La mesure directe de la protection par les droits de douane pose des problèmes difficiles auxquels la base MAcMap a apporté un certain nombre de réponses. Mais comment évaluer l'ensemble des autres obstacles aux échanges ? Peut-on se contenter de décompter l'occurrence de barrières non tarifaires ?
Étant donné les difficultés persistantes dans la mesure directe de la protection, une évaluation indirecte des politiques commerciales peut être envisagée, de façon complémentaire. Deux voies de recherche alternatives permettent cette mesure indirecte des entraves au commerce: les différences internationales de prix et les déviations des flux d'échanges par rapport à une norme. La deuxième voie utilise différentes versions de l'équation de gravité comme volume de référence des échanges bilatéraux (l'équation de gravité modélise les volumes de commerce entre paires de pays comme une fonction notamment de leur poids économique et de la distance les séparant.
Cette seconde voie a été récemment renouvelée dans deux directions liées: d'une part les fondements théoriques sont maintenant bien établis, de l'autre, la littérature sur les effets frontière est apparue. Cette méthodologie renverse la logique traditionnelle de la mesure de l'intégration des marchés internationaux, en comparant les flux bilatéraux aux flux prenant place à l'intérieur des frontières nationales et non pas à ceux ayant lieu entre un groupe de pays pris comme une référence. L'idée est ici que le marché national est la meilleure référence possible d'un marché parfaitement intégré.
A cette fin le CEPII a systématisé le calcul des distances entre régions économiques, jouant un rôle important dans ces évaluations. La base de distances du CEPII est disponible sur Internet et aujourd'hui très largement utilisée. Par ailleurs, une expertise sur les modèles économétriques d'effet frontière a été développée au sein du Centre, ayant donné lieu à de multiples applications.