D. MIRAGEAGRI
MIRAGE est un MEGC dans lequel l'imperfection de la concurrence, les rendements d'échelle croissants, les processus d'entrées sorties des firmes suite à un choc concurrentiel sont modélisés de façon détaillée. Ceci rend le modèle partialement apte à saisir l'impact différencié des politiques de libéralisation commerciale selon les structures de marché des secteurs affectés par cette concurrence. Ces solutions sont très attrayantes s'agissant des services et des produits manufacturés, mais moins utiles pour le secteur agricole, qui de toute façon est lui modélisé en concurrence parfaite dans MIRAGE. Simplifier la structure du modèle permet de retrouver un cadre plus stylisé autorisant en contrepartie une modélisation beaucoup plus fine des outils d'intervention publique dans le secteur agricole. C'est ce qui a été fait avec le modèle MIRAGE-agri développé en collaboration avec l'INRA sur la base du modèle MIRAGE.
En particulier, les politiques de soutien interne à l'agriculture sont explicitement modélisées (y compris les prix d'intervention, les quotas de production et les engagements plafonds auprès de l'OMC de soutien par type de mesure). Le modèle est statique et permet de distinguer 30 secteurs (dont 23 secteurs agricoles et agro-alimentaires). L'offre de terre se comporte comme une fonction du rendement réel de la terre, et la mobilité de la terre entre les secteurs agricoles est supposée imparfaite. Les pays en développement sont supposés avoir des économies duales, avec un marché du travail urbain distinct du marché traditionnel dans les zones rurales.
E. DREAM
Différents types de modèles ont été développés pour traiter les questions régionales, mais les modèles d'équilibre général calculables paraissent les mieux adaptés pour l'analyse des politiques commerciales. Leur inconvénient est cependant d'être très exigeants tant en termes de données que de ressources de calcul. Cela explique sans doute pourquoi de tels modèles ont rarement été appliqués à une analyse à grande échelle, et pourquoi aucun n'a été jusqu'à présent développé pour une analyse régionale à l'échelle de l'UE.
Le modèle DREAM se propose de combler cette carence. En l'état actuel des capacités de calcul et des données disponibles, mettre en oeuvre une modèle d'équilibre général interrégional pleinement spécifié pour l'UE constitue une gageure. Pour y parvenir, DREAM s'appuie sur une approche originale en deux étapes, dans laquelle un modèle régional d'équilibre général est utilisé conjointement avec un modèle d'équilibre général conçu pour l'analyse approfondie des politiques commerciales au niveau national.
La première étape consiste à évaluer, pour l'ensemble des pays de l'UE, l'impact du choc de politique commerciale considéré, en utilisant le modèle MIRAGE. Les impacts ainsi obtenus pour certaines variables-clés par pays de l'Union sont utilisées, dans une seconde étape, comme un input pour le modèle DREAM.
DREAM est un modèle pleinement spécifié (« bottom-up », c'est-à-dire que les impacts agrégés sont obtenus sur la base de la description des comportements micro-économiques au sein de chaque région), dans lequel chacune des régions européennes de la nomenclature NUTS-1 (il y en a plus d'une centaine) est modélisée individuellement, tandis que les relations commerciales avec le reste du monde sont modélisées en s'appuyant sur les résultats obtenus avec le modèle MIRAGE à l'issue de la première étape.
Dans chaque région européenne, le comportement des agents est décrit de façon cohérente et fondée d'un point de vue microéconomique, tenant notamment compte de leurs réactions endogènes aux variations de prix de revenus. DREAM inclut une modélisation de la différenciation horizontale et verticale des produits.
Une différence importante avec le modèle MIRAGE, imposée par les capacités de résolution du modèle, est que la concurrence est parfaite dans tous les secteurs et que les techniques de production sont à rendement d'échelle constants.
De même, pour limiter la complexité du modèle, la composition des importations (distribution géographique entre fournisseurs, y compris les régions européennes étrangères) ainsi que la composition des exportations (distribution géographique entre marchés, y compris les régions européennes étrangères), sont supposées identiques entre régions, au sein de chaque pays européen.
Pour utiliser ce modèle, une base de données décrivant les matrices de comptabilité sociale des 119 régions NUTS1 de l'Union Européenne élargie et comprenant 21 secteurs est établie.
Une simulation préalable est réalisée afin de prendre en compte des changements, tels que l'élargissement de l'Union et l'élimination des accords multifibres, intervenant avant la mise en oeuvre hypothétique du choc considéré.