Une meilleure prise de conscience du rôle de la distribution et de l'industrie agro-alimentaire
Contrairement à certaines idées reçues, la lutte contre l'obésité ne peut se limiter aux incitations individuelles en faveur d'une alimentation équilibrée et de la pratique d'une activité physique régulière. Il serait en effet angélique d'affirmer que les comportements humains se déterminent en dehors de leur environnement, notamment en matière de consommation alimentaire, dans des sociétés modernes caractérisées par l'accès facile aux produits et la satisfaction immédiate des besoins. C'est pourquoi, la création d'un environnement plus favorable implique en premier lieu une forte mobilisation des distributeurs et de l'industrie agroalimentaire.
Pour aider le consommateur dans son choix, il convient d'abord de lui délivrer une information complète, visible et compréhensible , grâce à une réglementation plus précise de l'étiquetage et de la publicité, à l'instar des critères fixés par la législation américaine sur l'indication du contenu nutritionnel des produits vendus.
On rappellera que l'article 29 de la loi de santé publique du 9 août 2004 prévoit déjà que les messages publicitaires sur les boissons et les aliments sucrés ou caloriques doivent être assortis d'une information sanitaire d'éducation diététique. Toutefois, la loi prévoit que les industries agroalimentaires peuvent choisir de verser une contribution à l'INPES qui sera alors chargé de diffuser des messages de prévention dans un cadre plus large que celui de la publicité. Le décret en Conseil d'État prévu pour l'application de cette disposition est en voie d'être validé par le Gouvernement. Il devrait être applicable au cours des premiers mois de l'année 2006. L'article 40 de l'avant-projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2006 améliore encore la rédaction des dispositions législatives. Si on ne peut que se réjouir de la mise en oeuvre prochaine de cette législation, il faut souhaiter que les industries agroalimentaires jouent pleinement le jeu.
Par ailleurs, outre cette information générale, les messages et les outils de prévention doivent être adaptés aux populations fragilisées ou à risque. Enfin, la question de l'élargissement de cette information obligatoire aux aliments servis dans les restaurants, y compris dans le cadre de la restauration scolaire ou collective, devra être posée.
Au-delà de l'information, c'est l'offre alimentaire elle-même qui doit mieux tenir compte des objectifs de santé publique. Pour ce faire, les aliments à faible densité énergétique et forte valeur diététique, en particulier les fruits et légumes, doivent être plus facilement accessibles aux ménages les plus modestes. Cet objectif pourrait être atteint, si l'on part du principe que le consommateur est rationnel, en subventionnant ces produits afin de rendre leur coût compétitif par rapport aux autres aliments et favoriser ainsi leur consommation. Ce mécanisme semble en effet plus efficace que le système consistant à taxer plus fortement les produits caloriques (la « fat tax ») et qui, au final, pénalise les acheteurs plus défavorisés.
La question de l'offre alimentaire se pose également dans les établissements scolaires. Ainsi, si l'article 30 de la loi de santé publique précitée a, à l'initiative de l'Assemblée nationale, interdit la présence de distributeurs automatiques dans les écoles depuis le 1 er septembre dernier, il aurait été envisageable - c'était d'ailleurs la position défendue par le Sénat - de conserver ces équipements mais d'en contrôler la nature des produits présentés pour offrir aux élèves un accès direct aux fruits et aux boissons sans sucre ni alcool. Peut-être sera-t-on amené à revoir cette question à l'avenir ?
Enfin, il convient d' agir sur le contenu des aliments et des boissons, actuellement trop chargé en sucre, et sur la taille des portions pour que l'ensemble de l'environnement « nutritif » des consommateurs ne favorise pas la prise de poids.