2. ... alimentée par la paralysie de l'économie
Comme le relève la Banque mondiale dans son dernier rapport sur le Kosovo, le programme de reconstruction qui a immédiatement suivi le conflit a eu des effets positifs indéniables : 50 000 habitations ont été reconstruites et 300 000 personnes relogées. 1 400 km de routes ont été réhabilités, permettant d'améliorer l'activité économique. La production agricole a augmenté, celle du blé doublant entre 1999 et 2003, ce qui couvre deux tiers des besoins. Le fonctionnement des services sociaux a également été assuré dans de bonnes conditions.
Les besoins en infrastructures de base ont été satisfaits : écoles, hôpitaux, distribution de l'eau. Tout cela n'a cependant été possible que grâce à la générosité des bailleurs de fonds internationaux qui ont consenti à la province quelque 2,2 milliards de dollars d'aide.
Pour autant, le Kosovo demeure l'une des zones les plus pauvres d'Europe, avec, en 2002, 36 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté de 1,65 dollar par jour. L'extrême pauvreté -moins de 2 100 calories par jour et par adulte-, affecterait même 15 % de la population, touchant plus particulièrement les enfants, les adultes illettrés, les handicapés, avec une dimension ethnique et régionale forte, au détriment des non-Albanais -les Roms, les Slaves musulmans et Goranis-. Elle atteint ses taux les plus élevés davantage dans les villes moyennes que dans les campagnes ou la « capitale ». Enfin, avec 35 enfants sur 1 000 qui décèdent avant leur 5 ème anniversaire, le taux de mortalité infantile est, d'après l'UNICEF, le plus élevé d'Europe.
Le chômage est estimé officiellement à plus de 50 % de la population active, même si l'existence d'une économie souterraine et informelle le réduirait à une fourchette de 20 à 30 %. Il concerne surtout les jeunes dont un tiers ne serait ni scolarisé ni au travail. Pour l'heure, l'activité économique repose sur quelque 30 000 très petites entreprises concentrées sur des secteurs fortement dépendants de l'assistance internationale (construction en particulier). Ces entreprises n'ont pas ou peu accès à un crédit dont le coût reste élevé. C'est également le cas des nombreuses exploitations agricoles de type familial, alors que ce secteur a un fort potentiel de développement et qu'il fournit des emplois aux deux tiers de la population rurale.
Les problèmes de l'économie kosovare sont aussi structurels : sur quelque 500 sociétés à propriété collective, dont la privatisation est nécessaire, seules 75 % pourraient continuer leur activité, la liquidation du reliquat s'avérant inévitable pour dégager des actifs, en particulier pour les vastes exploitations agricoles collectives actuellement en friches...
La restructuration des vastes conglomérats publics dans les secteurs de l'énergie et des ressources minières est indispensable. Alors que la province possède un fort potentiel dans la production et l'exploitation d'énergie, elle en est réduite à l'importer dans les mois d'hiver, ce qui pèse lourdement sur le budget.
La situation du conglomérat électrique KEK est problématique : infrastructure obsolète, piratage de l'électricité, tarification à coût artificiellement bas et factures souvent non réglées, sureffectifs, faible productivité... Il en va de même dans le secteur minier qui, avant 1999, constituait la principale source de devises et employait 17 000 personnes. Si la privatisation reste possible pour certaines entreprises à propriété collective, la fermeture, en 1999, du conglomérat de zinc de Trepca, a conduit au chômage 15 000 Serbes et Albanais.