b) « des puces dans la peau »...
D'autres applications illustrent parfaitement le
caractère « janusien » des
nanotechnologies :
o les pacemakers de demain : une société californienne Nanogram Devices Corporation (NDC) développe des nanomatériaux complexes utilisés pour le stockage d'énergie sous forme de batteries pour les pacemakers et les défibrillateurs. Cette technologie conduit déjà à des produits réels que des chirurgiens pourront bientôt implanter dans la poitrine des patients. Elle est fondée sur un procédé qui dépose divers éléments chimiques, sous la forme de nano-poudres, en couches fixées par un puissant laser pour créer des structures physiques solides qui n'existent pas sous une forme conventionnelle.
L'application aux pacemakers est particulièrement
importante : les batteries en question durent plus longtemps, gardent
mieux la charge et occupent un plus petit volume que les piles
conventionnelles. Elles permettent d'éviter des interventions plus
lourdes et plus nombreuses.
o Les capteurs cérébraux pour les tétraplégiques : après des essais concluants sur des primates, des chercheurs de l'université canadienne d'Alberta et de la société américaine Cyberkinetics, de Foxborough, s'apprêtent à tester leur capteur cérébral Braingate sur cinq patients tétraplégiques : une minuscule puce contenant 100 électrodes, implantées dans le cerveau, enregistre l'activité des cellules et transmet ces signaux à un processeur externe qui les convertit en instructions pour déplacer un curseur d'ordinateur. Le dispositif pourra ensuite s'appliquer au contrôle d'un bras de robot ou d'une chaise roulante. Il devrait être miniaturisé et voir ses câbles disparaître au profit de la communication sans fil (37 ( * )) .
o Les Radio Frequency Identification, nanocapteurs que l'on peut implanter sous la peau et qui échangent des informations avec l'environnement. Aux Etats-Unis, en Angleterre et au Mexique notamment, certains parents en ont fait implanter chez leurs enfants pour les protéger contre les kidnappings.
Cette technologie peut également permettre de ne pas
immobiliser certains malades à l'hôpital tout en ayant la
possibilité de les retrouver facilement en cas de besoin.
Mais
l'implantation dans le corps humain de nanomatériaux permettant de
localiser ou de contrôler un individu ne doit en aucun cas donner lieu
à des dérives.
D'ailleurs, aux Etats-Unis, le groupe CASPIAN (Consumers
Against Supermarket Privacy Invasion and Numbering) milite contre les
RFID.
Cette hantise du « marquage » des êtres
remonte à l'Apocalypse :
« Puis je vis monter de la
mer une bête (...) et elle fit en sorte que tous, petits, grands et
riches, reçussent une marque sur la main droite ou sur le front et que
personne ne pût ni acheter ni vendre sans avoir la marque, le nom de la
bête ou le nombre de son nom ».
(Citation reprise sur les
nombreux sites Internet consacrés aux RFID)
o L'implantation de puces dans le cerveau fait naître la
crainte d'hommes « télécommandés ».
Des chercheurs de l'Université d'Etat de New-York ont réussi
à implanter sur le cerveau d'un rat des électrodes qui permettent
de le télécommander par simple stimulation. A partir de
modèles comportementaux du rat, ces chercheurs peuvent lui donner
l'ordre de bouger ou de tourner grâce à des microstimulations
électriques. Le même procédé est utilisé pour
récompenser l'animal.
o Les « puces-santé » : une
puce sous-cutanée contenant des informations sur l'état
médical d'un individu (groupe sanguin mais aussi allergies, etc...)
permettra aux services médicaux de la prendre en charge rapidement en
cas de besoin sans examens préliminaires.
Mais il est
certain que ces renseignements permettraient à d'éventuels
ravisseurs d'exercer un « chantage » médical sur
leur victime.
Ces exemples prouvent que si l'implantation de nanomatériaux ou de biocapteurs peut être positive, l'utilisation des nanobiotechnologies à des fins de localisation, contrôle, voire « télécommande » des individus peut se révéler dangereuse si elle n'est pas utilisée dans une bonne intention.
* 37 www.nature.com/nsu