B. UNE INTÉGRATION CROISSANTE DE L'ÉCONOMIE MONDIALE
La croissance des flux de biens, de services et de capitaux conduit à une intégration croissante de l'économie mondiale. La notion d'intégration de l'économie mondiale signifie que le marché mondial fonctionne de plus en plus comme un marché unique, indifférent aux frontières nationales. Quelques indicateurs permettent de tester le degré d'intégration de l'économie mondiale.
1. L'intégration des marchés de biens et services
Un
premier indicateur du degré d'intégration des marchés de
biens et services est le
ratio production échangée sur
production totale
.
Ce ratio indique un triplement du degré d'intégration des
marchés de biens et services depuis 1950.
Le commerce mondial
représentait 8 % du PIB mondial en 1950, contre 25 %
aujourd'hui
. Dans certains secteurs, comme l'électronique, le
rapport commerce mondial sur production mondiale dépasse
50 % ; en d'autres termes, plus de la moitié de la production
mondiale de biens électroniques fait l'objet d'un échange
international.
Ce ratio sous-estime pourtant le degré d'intégration effectif des
marchés, dans la mesure où, comme cela a été
indiqué précédemment, une bonne part de la production de
services porte sur des services non échangeables.
Il est donc utile de se référer à un autre indicateur
d'intégration économique :
la convergence, ou non, des
prix des biens et services échangeables
. Si le marché mondial
fonctionnait absolument sans entraves, le prix d'un même bien
échangeable devrait être le même en tout point de la
planète, aux différences de coûts de transport près,
conformément à la loi dite du « prix
unique ». Si les prix de vente d'un même bien
différaient en deux points du globe, il y aurait là une
opportunité de profit que les agents économiques ne manqueraient
pas d'exploiter jusqu'à ce que les prix s'égalisent.
Une étude très complète relative à la dispersion
des prix entre pays a été réalisée en 2001 par
David Parsley et Shang-Jin Wei
5
(
*
)
. Leur étude a porté sur les prix de 95
biens échangeables, examinés dans 83 villes, à travers le
monde, entre 1990 et 2000. Leur choix s'est porté sur des biens
très standardisés, et donc aisément comparables (produits
alimentaires, ampoule électrique, eau minérale...). Les
écarts de prix sont appréciés en comparant les villes deux
à deux.
Il ressort de cette étude que l'intégration du marché
des biens s'est
effectivement accrue au cours des années
1990
. Les écarts de prix pour un même bien ont, dans
l'ensemble, sensiblement diminué. Le graphique ci-dessous illustre ce
point, en montrant l'évolution de la dispersion des prix entre deux
paires de villes : Hong Kong et San José (capitale du Costa Rica),
d'une part, et Pékin et Hong Kong, d'autre part. Le graphique montre
clairement une tendance à la convergence des prix sur la période
étudiée.
Dispersion des prix par rapport à Hong
Kong
1
(en pourcentage)
Beijing,
Chine
San José,
Costa Rica
1.
Différence des prix moyenne (mesurée en logarithme) pour 95 biens
échangeables.
Source : Parsley and Wei (2001), cité dans
World Economic
Outlook
(septembre 2002)
Cette étude met en évidence l'impact de différents
paramètres sur l'intégration des marchés de biens :
Des coûts de transport plus élevés conduisent à une
moindre intégration des marchés de biens. Comme on pouvait s'y
attendre, la dispersion des prix est plus grande entre San José et Hong
Kong, qu'entre Hong Kong et Pékin.
Les accords monétaires, visant à garantir une plus grande
stabilité des parités entre devises, s'accompagnent, le plus
souvent, d'une meilleure intégration des marchés de biens.
L'intégration des marchés est plus poussée dans certaines
zones commerciales régionales, notamment l'Alena et la Communauté
européenne.
Toutefois, des « effets-frontières » significatifs
sont encore mesurés. La notion
« d'effet-frontière » sera précisée
ultérieurement. Ceci indique que le marché mondial demeure moins
intégré qu'un marché national.
* 5 Parsley David C. et Shang-Jin Wei, 2001 « Limiting currency volatibility to stimulate goods market integration : a price-based approach », NBER Working paper n° 8468 (Cambridge, Massachusetts, National Bureau of Economic Research).