b) Les « trois D » de la globalisation financière
Henri
Bourguinat a identifié les « trois D » à
l'origine de la globalisation financière :
déréglementation, décloisonnement,
désintermédiation.
La déréglementation désigne le processus
d'assouplissement ou de suppression des réglementations nationales
régissant, et restreignant, la circulation des capitaux (contrôle
des changes, encadrement du crédit, etc.). Partie des États-Unis
et du Royaume-Uni, elle s'est progressivement étendue à tous les
pays industrialisés dans les années 1980.
Le décloisonnement désigne l'abolition des frontières
segmentant les marchés financiers : segmentation des divers
marchés nationaux, d'une part ; mais aussi segmentation, à
l'intérieur d'un même pays, entre divers types de marchés
financiers : marché monétaire, marché obligataire,
marché des changes, marché à terme, etc. Aujourd'hui, les
marchés financiers nationaux sont interconnectés, constituant un
vaste marché global. Et les différents compartiments du
marché financier ont été unifiés, pour créer
un marché plus large et profond, accessible à tous les
intervenants à la recherche d'instruments de financement, de placement,
ou de couverture.
La désintermédiation, enfin, désigne la
possibilité offerte aux opérateurs désireux de placer ou
d'emprunter des capitaux, d'intervenir directement sur les marchés
financiers, sans être obligés de passer par ces
intermédiaires financiers traditionnels que sont les banques. Dans des
pays comme l'Allemagne ou la France, le financement des entreprises a longtemps
été massivement intermédié, c'est-à-dire
assuré par les banques ; mais la part du crédit bancaire
dans le financement des entreprises a fortement diminué dans ces deux
pays, passant des deux tiers à la fin des années 1970 à
environ 50 % aujourd'hui.
c) La participation grandissante des pays en développement et en transition
Les
initiatives prises en matière de libéralisation commerciale ou
financière ont d'abord concerné les pays industrialisés.
Mais elles se sont depuis étendues à un nombre croissant de pays
en développement ou en transition.
La chute du bloc communiste a naturellement conduit à
l'intégration dans les réseaux commerciaux et financiers
internationaux des anciens pays de l'Est, qui, en faisant le choix de
l'ouverture, ont pris le contre pied de leurs pratiques antérieures.
Plusieurs grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil...) ont
abandonné leurs stratégies de développement
autocentré pour participer à la mondialisation de
l'économie. Le succès, fondé sur les exportations, des
Nouveaux Pays Industrialisés d'Asie, explique, pour une part, ce
changement d'orientation stratégique. L'ouverture aux échanges a
également été promue, dans de nombreux pays en
développement, par le Fonds monétaire international, artisan de
ce qu'il a été convenu d'appeler le «
consensus de
Washington
» : la libéralisation économique et
financière a en effet été un élément
clé des politiques de réforme structurelle imposées aux
pays en développement, en contrepartie de l'octroi de prêts par le
FMI.
Un signe de la participation croissante des pays du Sud et de l'Est à la
globalisation peut être trouvé dans l'augmentation continue du
nombre de pays membres de l'OMC. 25 pays signèrent l'accord GATT en
1947 ; avec l'adhésion du Cambodge en septembre dernier,
l'Organisation compte dorénavant 148 Etats membres, rassemblant
90 % de la population mondiale. La participation aux échanges
internationaux n'est donc plus l'apanage des pays du Nord. Les pays du Sud ont
démontré, lors du sommet de Cancun, leur détermination
à peser dans cette enceinte multilatérale.