2. Les victimes de la canicule en 2003 dans les pays voisins de la France

Après la crise de l'été, les pouvoirs publics français ont souhaité très rapidement connaître l'ampleur de la surmortalité attribuable à la canicule. Dans ce contexte exceptionnel, le rapport de MM. Hémon et Jougla est parvenu, en moins d'un mois, à établir une première évaluation de 14 802 décès, tandis que les pays étrangers semblaient à l'époque relativement épargnés.

Cette première impression était inexacte. Les autres pays européens ont été certes moins touchés que la France par la vague de chaleur. Mais au fur et à mesure que des statistiques y sont progressivement publiées, il apparaît que plusieurs d'entre eux ont été également touchés par le phénomène de surmortalité, qui n'est donc pas une spécificité française.

De fait, la situation des pays voisins de la France est contrastée.

La canicule de l'été 2003 n'a pas causé de surmortalité significative en Belgique et en Suisse où l'Office fédéral des statistiques a diffusé, le 25 novembre 2003, une étude annonçant que le nombre des décès enregistrés au mois d'août 2003 pour l'ensemble du pays s'inscrivait à un niveau supérieur de seulement 4,9 % à la moyenne des quatre dernières années. Deux grandes villes proches de la frontière française faisaient toutefois exception : Genève (+ 23 %) et Bâle (+ 22 %).

En revanche, aux Pays-Bas, où la vague de chaleur a culminé à 38 degrés -niveau jamais atteint depuis 1947- le Bureau central néerlandais des statistiques a évalué le nombre des décès surnuméraires, à l'intérieur d'une fourchette comprise entre 1 000 et 1 400 personnes.

S'agissant du Royaume-Uni, l'Office for national statistics a estimé, en octobre 2003, que le nombre des décès en surnombre pendant la période du 4 au 13 août, pour l'Angleterre et le Pays de Galles, s'établissait à 2 045 personnes, soit un écart de + 15,6 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

De même, les chiffres annoncés par le ministère de la santé italien font état d'une augmentation importante des décès (4 175 morts en excès chez les plus de 65 ans entre le 15 juillet et le 15 août 2003) qui a concerné essentiellement le nord de la péninsule (+ 108 % à Turin, + 89 % à Gênes, contre + 16 % à Palerme).

Lors de son audition par la mission M. Jean-François Mattei a indiqué que les « chiffres non encore définitifs mais déjà annoncés en Europe » étaient les suivants : « 6 200 morts s upplémentaires en Espagne, 7 659 décès supplémentaires en Italie du Nord, 1 400 morts supplémentaires au Portugal, 1 400 décès aux Pays-Bas et de 3 000 à 7 000 morts en Allemagne ».

La France a donc été le pays le plus touché par une vague de chaleur caniculaire qui s'est étendue sur une grande partie de l'Europe.

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