II. LE FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES SENIORS S'EXPLIQUE PRINCIPALEMENT PAR UN ÂGE PRÉCOCE DE CESSATION D'ACTIVITÉ
En théorie, un faible taux d'emploi des seniors peut avoir deux origines : un taux de chômage élevé pour cette classe d'âge, ou un faible taux d'activité 16( * ) . En pratique, c'est le bas niveau du taux d'activité des plus de 50 ans qui explique la faiblesse de leur taux d'emploi .
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- A. LES SENIORS SONT PEU TOUCHÉS PAR LE CHÔMAGE, MAIS MASSIVEMENT PAR L'INACTIVITÉ
Taux
de chômage (concept BIT) des 50 ans ou plus
et de l'ensemble de la
population de janvier 1991 à septembre 2001
Source : INSEE.
La cause du faible taux d'emploi des seniors est donc plutôt à
rechercher du côté de leur faible taux d'activité. Les
travaux de l'OCDE montrent qu'il existe une forte corrélation entre taux
d'emploi et taux d'activité.
Taux
d'activité et taux d'emploi
pour les travailleurs âgés
(55-64 ans), 2001
1
Hommes et femmes
Source : OCDE.
Le taux d'emploi des personnes de plus de 50 ans est faible en
France
,
parce que celles-ci abandonnent massivement toute
activité professionnelle après 55 ans
.
La sortie de l'activité se produit entre 50 et 64 ans
:
en 2001, le taux d'activité est de 85,7 % à 50 ans, et
de 8,5 % à 64 ans. La
sortie d'activité
est
lente jusqu'à 55 ans
, puis
très rapide entre 55 et
61 ans
, âge à partir duquel le taux d'activité
décroît plus lentement jusqu'à un niveau très faible.
La
France
se distingue par un
âge effectif moyen de
départ à la retraite particulièrement bas
. Elle est
l'un des rares pays développés, avec l'Italie et la Finlande,
où celui-ci est inférieur à 60 ans.
Âge moyen effectif de la retraite (hommes) |
||||
|
1970 à 1975 |
1980 à 1985 |
1990 à 1995 |
1994 à 1999 |
Australie |
63,8 |
61,1 |
61,8 |
62,3 |
Canada |
- |
62,6 |
61,4 |
62,2 |
Danemark |
- |
64,7 b |
62,3 |
62,4 |
Finlande |
62,0 |
60,4 |
58,9 |
59,8 |
France |
63,5 |
59,7 |
59,1 |
59,3 |
Grèce |
- |
62,0 b |
62,9 |
61,7 a |
Italie |
62,3 |
60,8 |
57,9 |
59,3 |
Japon |
70,1 |
68,4 |
70,2 |
69,1 |
Corée |
- |
- |
70,4 |
67,1 |
Pays-Bas |
61,5 c |
58,7 |
59,6 |
61,6 a |
Norvège |
67,6 d |
66,3 |
63,2 |
64,2 |
Pologne |
- |
- |
- |
60,6 |
Portugal |
65,1 f |
62,7 |
64,7 |
65,3 |
Espagne |
64,7 d |
61,4 |
60,3 |
61,1 |
Suède |
64,7 |
63,6 |
62,5 |
63,3 |
Allemagne de l'ouest |
62,8 |
62,2 |
60,1 |
60,5 a |
Royaume-Uni |
- |
62,3 e |
61,2 |
62,0 |
Etats-Unis |
64,2 |
63,7 |
63,6 |
65,1 |
a)
1993-1998.
|
Le
taux d'activité des personnes de plus de cinquante ans
a
cependant
tendance
,
pour des raisons démographiques
,
à remonter depuis le milieu des années 1990.
Le taux
d'activité moyen des seniors a atteint un plancher d'environ 50 %
pendant la première moitié des années 1990, puis est
reparti à la hausse depuis 1996 pour atteindre 57,3 % en 2001.
Mais
cette augmentation ne s'explique que marginalement par un changement
dans les comportements des seniors
. Elle est
due
,
pour
85 %,
à des évolutions démographiques
favorables
, à savoir une
augmentation du nombre de personnes
âgées entre 50 et 55 ans
, qui sont, on l'a vu, les plus
actives au sein de la classe d'âge considérée. En d'autres
termes, il y a eu un rajeunissement de la catégorie des seniors, dont
l'âge moyen est passé de 57 à 56 ans entre 1991 et 2001.
A cet
effet de structure démographique
, s'ajoute toutefois une
évolution du comportement d'activité des femmes
: les
femmes qui arrivent actuellement à la cinquantaine sont plus actives que
leurs aînées. Ceci est une conséquence de l'entrée
massive des femmes sur le marché du travail ces dernières
décennies.
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Décomposition de la variation du taux d'activité des 50-64 ans
entre 1991 et 2001En points
Hommes
de 50 à 64 ansFemmes
de 50 à 64 ansEnsemble
Variation du taux
+ 4,6
+ 9,9
+ 7,4
Effet démographique
+ 6,6
+ 6,0
+ 6,3
Effet comportement
- 2,0
+ 3,9
+ 1,1
Note explicative : l'effet démographique est calculé en comparant la variation réelle du taux d'activité à celle qui se serait produite si la structure démographique interne des 0-64 ans n'avait pas été modifiée entre 1991 et 2001.
Ensuite, la différence entre l'évolution réelle des taux et l'effet démographique permet de calculer l'effet des modifications de comportement d'activité dans l'évolution du taux.
Lecture : le taux d'activité des hommes de 50 à 64 ans a augmenté de 4,6 points ente 1991 et 2001. L'effet démographique intervient pour 6,6 points dans cette hausse. Si la structure par âges de cette population n'avait pas changé, ce taux aurait diminué de 2 points. L'augmentation du taux d'activité des hommes de 50 à 64 ans ne résulte donc pas d'une plus grande d'activité de la classe d'âge.
Source : INSEE, enquêtes Emploi.B. PLUSIEURS DISPOSITIFS PUBLICS ONT EU UN EFFET INCITATIF À UNE CESSATION PRÉCOCE D'ACTIVITÉ
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- 1. Une réaction individuelle face au chômage de longue durée
L' ancienneté de chômage moyenne des seniors était, en 2001, de 25 mois , soit le double de celle des personnes de moins de cinquante ans . Ils sont donc, logiquement, davantage concernés par le chômage de longue durée 17( * ) : 63 % contre 33 %. Les seniors connaissent des difficultés de reclassement importantes dès lors qu'ils perdent leur emploi.
Le chômage de longue durée peut avoir un effet de « découragement » sur les seniors demandeurs d'emploi, qui les conduit à se retirer du marché du travail. Il est toutefois difficile, statistiquement, de mettre en évidence une corrélation significative entre variation du taux de chômage et variation du taux d'inactivité des seniors.
En revanche, les comportements d'activité des Français ont été fortement influencés par des dispositifs institutionnels, mis en place dans les années 1970 et 1980.
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- 2. L'impact des dispositifs institutionnels sur le taux d'activité des seniors apparaît déterminant