PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES 2004-2008 : POUR UN BON ÉQUILIBRE ENTRE CROISSANCE ET ASSAINISSEMENT STRUCTUREL DES FINANCES PUBLIQUES
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BOURDIN (Joël)
RAPPORT D'INFORMATION 69 (2003-2004) - Délégation du Sénat pour la planification
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-
PRÉSENTATION
À PROPOS DE LA PROJECTION MACROÉCONOMIQUE EXPOSÉE DANS LE PRÉSENT RAPPORT -
CHAPITRE 1
2003, POINT BAS AVANT UN RETOURNEMENT CYCLIQUE ?- I. RETOUR SUR LES PRÉVISIONS DE COURT TERME : UNE REPRISE ATTENDUE EN 2004
-
II. L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE TIRE
L'ÉCONOMIE MONDIALE AU PRIX D'IMPORTANTS DÉSÉQUILIBRES
- a) Les années 90 ont vu le creusement de l'écart de croissance entre l'Europe et les Etats-Unis
- b) L'espoir d'un renversement de tendance à compter de l'année 2000 a été rapidement démenti
- c) Un écart de croissance potentielle au détriment de la zone euro
- d) Une Europe dépendante : les canaux de transmission de la conjoncture américaine en Europe
- a) La croissance européenne a été faible en dépit d'une augmentation de l'endettement public
- b) Une Europe suspendue aux décisions américaines de politique économique
-
CHAPITRE II
LES SCÉNARIOS À MOYEN TERME 2004-2008
DE LA DÉLÉGATION -
CHAPITRE III
LES TENDANCES DES FINANCES PUBLIQUES-
I. LE RETOUR À L'EQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES
NE SERAIT PAS ATTEINT À L'HORIZON 2008
- a) Un objectif ambitieux de maîtrise des dépenses publiques
- b) Une légère décrue des prélèvements obligatoires
- a) Dans le scénario de croissance lente, l'assainissement structurel est compensé par un creusement du déficit conjoncturel
- b) Dans le scénario de croissance dynamique, les deux composantes du déficit se replient et l'équilibre des finances publiques se profile à l'horizon de la projection
- c) Des résultats qui diffèrent en raison du rythme de la croissance
-
a) Principales mesures ayant un impact sur les finances
publiques à l'horizon 2008
- (1) Modifications du niveau des pensions
- (a) Le régime général
- (b) Les régimes de la fonction publique
- (2) Modifications des comportements de départ en retraite
- (a) Vers une augmentation du nombre de retraités à l'horizon de la projection
- (b) Des résultats financiers sensibles à l'évolution de l'emploi
- (3) Autres mesures
- b) Evaluation d'ensemble
-
II. DES MARGES DE MANoeUVRE REDUITES POUR DES BAISSES
D'IMPÔT OU POUR DES DEPENSES PUBLIQUES SUPPLEMENTAIRES
- a) Hypothèses retenues dans le scénario
- b) Effets sur le ratio dette publique/PIB
- c) L'effet net est toutefois favorable
- a) Une hypothèse de changement de la cible d'inflation dans la zone euro
- b) Dans ce second scénario, l'augmentation des charges d'intérêt annule le bénéfice retiré d'une progression plus rapide du PIB nominal
-
I. LE RETOUR À L'EQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES
NE SERAIT PAS ATTEINT À L'HORIZON 2008
-
CHAPITRE IV
ÉLEVER LE TAUX D'EMPLOI DES « SENIORS »
UNE RÉPONSE AU VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE- I. LA FRANCE SE CARACTÉRISE PAR UN FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES SENIORS
- II. LE FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES SENIORS S'EXPLIQUE PRINCIPALEMENT PAR UN ÂGE PRÉCOCE DE CESSATION D'ACTIVITÉ
- III. LES ENJEUX ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX LIÉS AU TAUX D'EMPLOI DES SENIORS PLAIDENT EN FAVEUR DE LA DÉFINITION D'OBJECTIFS AMBITIEUX
- IV. LES POLITIQUES PUBLIQUES SONT RÉORIENTÉES EN FAVEUR D'UNE PLUS FORTE INCITATION À L'EMPLOI DES SENIORS
- EXAMEN EN DÉLÉGATION
-
ANNEXES
ETUDES RÉALISÉES PAR L'OFCE -
ANNEXE N° 1
PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
À L'HORIZON 2008 -
ANNEXE N° 2
L'IMPACT DE LA RÉFORME DES RETRAITES D'ICI 2008 -
ANNEXE N° 3
VARIANTE DEMANDE PUBLIQUE TENDANCIELLE -
ANNEXE N° 4
VARIANTE DE BAISSE DE L'IMPÔT SUR LE REVENU -
ANNEXE N° 5
DETTE ET INFLATION
N° 69
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2003-2004
Annexe au procès-verbal de la séance du 18 novembre 2003
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la délégation du Sénat pour la planification (1) sur les perspectives macroéconomiques à moyen terme (2004-2008),
Par M.
Joël BOURDIN,
Sénateur.
(1) Cette délégation est composée de : M. Joël Bourdin, président ; Mme Évelyne Didier, MM. Serge Lepeltier, Marcel Lesbros, Jean-Pierre Plancade, vice-présidents ; MM. Pierre André, Yvon Collin, secrétaires ; MM. Gérard Bailly, Joseph Kerguéris, Michel Pelchat, Daniel Percheron, Roger Rinchet, Gérard Roujas, Bruno Sido .
Prévisions et projections économiques . |
SOMMAIRE
Pages
PRÉSENTATION : À PROPOS DE LA PROJECTION
MACROÉCONOMIQUE EXPOSÉE DANS LE PRÉSENT RAPPORT
6
CHAPITRE 1 : 2003, POINT BAS AVANT UN RETOURNEMENT CYCLIQUE ?
8
I. RETOUR SUR LES PRÉVISIONS DE COURT TERME : UNE REPRISE
ATTENDUE EN 2004
8
A. LA FRANCE A FRÔLÉ LA RÉCESSION EN 2003
9
B. UNE REPRISE EN 2004 ?
11
1. Une amélioration de l'environnement international est attendue
12
2. Cette embellie favoriserait la reprise en France
13
a) Orientation de la politique budgétaire française
14
b) Évolution de la demande privée
15
c) Evolution de l'emploi
16
d) Evolution de l'inflation
16
3. La reprise espérée en 2004 doit beaucoup à des
politiques économiques franchement expansionnistes, notamment aux
Etats-Unis
16
II. L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE TIRE L'ÉCONOMIE MONDIALE AU
PRIX D'IMPORTANTS DÉSÉQUILIBRES
19
A. LA DÉPENDANCE DE L'EUROPE REFLÈTE DES ÉCARTS DE
CROISSANCE POTENTIELLE
19
1. Une Europe dépendante
20
a) Les années 90 ont vu le creusement de l'écart de croissance
entre l'Europe et les Etats-Unis
20
b) L'espoir d'un renversement de tendance à compter de l'année
2000 a été rapidement démenti
21
c) Un écart de croissance potentielle au détriment de la zone
euro
22
d) Une Europe dépendante : les canaux de transmission de la
conjoncture américaine en Europe
23
2. Une politique économique européenne contrainte
28
a) La croissance européenne a été faible en dépit
d'une augmentation de l'endettement public
28
b) Une Europe suspendue aux décisions américaines de politique
économique
29
B. UNE CROISSANCE ACQUISE AU PRIX D'IMPORTANTS DÉSÉQUILIBRES
30
1. Le déficit des comptes courants américains s'aggrave
30
2. Persistance d'importants déséquilibres d'épargne
31
CHAPITRE II : LES SCÉNARIOS À MOYEN TERME 2004-2008 DE LA
DÉLÉGATION
36
I. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE À 2 % TIRÉE PAR LA
DEMANDE PRIVÉE
37
A. UNE CONSOMMATION RELATIVEMENT DYNAMIQUE
37
a) La consommation serait mieux orientée
37
b) La consommation est soutenue par une progression modérée du
revenu des ménages
38
c) ... ainsi que par une baisse significative du taux d'épargne des
ménages
39
B. UNE FRANCHE REPRISE DE L'INVESTISSEMENT PRODUCTIF À PARTIR DE 2005
40
C. UNE IMPULSION BUDGÉTAIRE NETTEMENT RESTRICTIVE
42
D. UN RYTHME DE CROISSANCE INSUFFISANT POUR RÉSORBER LE CHÔMAGE
46
E. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE NON INFLATIONNISTE
49
II. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE À 2,7 % CONDITIONNÉ
À UNE IMPORTANTE BAISSE DE L'ÉPARGNE DES AGENTS
50
A. UN SCÉNARIO QUI SUPPOSE UNE PROGRESSION VIGOUREUSE DE LA DEMANDE
INTÉRIEURE COMME DE LA DEMANDE EXTÉRIEURE ADRESSÉE
À LA FRANCE
50
1. La réalisation de ce scénario suppose un fort dynamisme de
nos partenaires commerciaux
50
2. Une croissance du PIB de 2,7 % par an suppose une progression
particulièrement dynamique de la consommation et, surtout, de
l'investissement productif
51
3. L'inflation serait à peine plus élevée que dans le
compte central
53
B. LA RÉALISATION DE CE SCÉNARIO EST CONDITIONNÉE À
UN IMPORTANT MOUVEMENT DE DÉSÉPARGNE DE LA PART DES AGENTS
54
1. La vigueur de la consommation serait alimentée par une chute du
taux d'épargne des ménages
55
2. Le dynamisme de l'investissement aurait pour contrepartie un endettement
accru des entreprises
57
CHAPITRE III : LES TENDANCES DES FINANCES PUBLIQUES
60
I. LE RETOUR À L'EQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES NE SERAIT PAS
ATTEINT À L'HORIZON 2008
61
A. EN DEPIT D'UN IMPORTANT EFFORT STRUCTUREL...
61
1. Un effort structurel de l'ordre d'un demi point de PIB chaque
année entre 2004 et 2008
61
2. L'effort porte sur les dépenses et non sur les recettes
publiques
64
a) Un objectif ambitieux de maîtrise des dépenses publiques
64
b) Une légère décrue des prélèvements
obligatoires
65
B. L'ÉQUILIBRE N'EST PAS ATTEINT EN 2008
66
1. La réduction du déficit public diffère selon le
scénario envisagé
66
a) Dans le scénario de croissance lente, l'assainissement structurel est
compensé par un creusement du déficit conjoncturel
67
b) Dans le scénario de croissance dynamique, les deux composantes du
déficit se replient et l'équilibre des finances publiques se
profile à l'horizon de la projection
68
c) Des résultats qui diffèrent en raison du rythme de la
croissance
68
2. La récente réforme des retraites, positive pour les
finances publiques à long terme, aurait, à moyen terme, un effet
légèrement négatif
69
a) Principales mesures ayant un impact sur les finances publiques à
l'horizon 2008
70
(1) Modifications du niveau des pensions
70
(a) Le régime général
70
(b) Les régimes de la fonction publique
71
(2) Modifications des comportements de départ en retraite
72
(a) Vers une augmentation du nombre de retraités à l'horizon
de la projection
72
(b) Des résultats financiers sensibles à l'évolution
de l'emploi
73
(3) Autres mesures
74
b) Evaluation d'ensemble
74
C. DES HYPOTHESES DE CROISSANCE MOINS FAVORABLES EXPLIQUENT L'ECART AVEC LES
PROJECTIONS DU GOUVERNEMENT
76
1. Les hypothèses de travail retenues par le Gouvernement...
76
2. ... favorisent des trajectoires de réduction du déficit
budgétaire plus favorables
77
3. Conclusions
79
II. DES MARGES DE MANoeUVRE REDUITES POUR DES BAISSES D'IMPÔT OU POUR
DES DEPENSES PUBLIQUES SUPPLEMENTAIRES
80
A. LA POURSUITE DE LA PROGRESSION DES DEPENSES A LEUR RYTHME TENDANCIEL NE
PERMETTRAIT PAS DE REVENIR SOUS LA BARRE DES 3 % DE DEFICITS PUBLICS D'ICI
2008
80
B. UNE FORTE BAISSE DE L'IMPOT SUR LE REVENU EXERCERAIT UN EFFET DE RELANCE SUR
L'ECONOMIE MAIS DEGRADERAIT LES COMPTES PUBLICS
82
1. Hypothèses de départ
82
2. Un effet de relance sur l'activité
82
3. Un effet négatif sur le solde public
84
C. UNE LÉGÈRE POUSSÉE INFLATIONNISTE OFFRIRAIT, SOUS
CERTAINES CONDITIONS, DES MARGES DE MANoeUVRE SUPPLÉMENTAIRES EN
MATIÈRE DE FINANCES PUBLIQUES
86
1. Une hausse de l'inflation dans un pays isolé a un effet positif
sur les finances publiques de l'Etat concerné
86
a) Hypothèses retenues dans le scénario
86
b) Effets sur le ratio dette publique/PIB
87
c) L'effet net est toutefois favorable
88
2. Une hausse simultanée de l'inflation dans tous les pays de la zone
euro aurait des effets beaucoup moins favorables sur les finances publiques
90
a) Une hypothèse de changement de la cible d'inflation dans la zone euro
90
b) Dans ce second scénario, l'augmentation des charges
d'intérêt annule le bénéfice retiré d'une
progression plus rapide du PIB nominal
90
CHAPITRE IV : ÉLEVER LE TAUX D'EMPLOI DES
« SENIORS » UNE RÉPONSE AU VIEILLISSEMENT
DÉMOGRAPHIQUE
92
I. LA FRANCE SE CARACTÉRISE PAR UN FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES
SENIORS
93
A. LA FRANCE EST MAL PLACÉE DANS LES COMPARAISONS INTERNATIONALES
93
1. Le taux d'emploi en France est faible
93
2. Le niveau du taux d'emploi des seniors est particulièrement
bas
94
B. LES TRAVAILLEURS ÂGÉS PEU QUALIFIÉS SONT CEUX QUI
QUITTENT L'EMPLOI LE PLUS TÔT
95
II. LE FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES SENIORS S'EXPLIQUE PRINCIPALEMENT PAR UN
ÂGE PRÉCOCE DE CESSATION D'ACTIVITÉ
97
A. LES SENIORS SONT PEU TOUCHÉS PAR LE CHÔMAGE, MAIS MASSIVEMENT
PAR L'INACTIVITÉ
98
B. PLUSIEURS DISPOSITIFS PUBLICS ONT EU UN EFFET INCITATIF À UNE
CESSATION PRÉCOCE D'ACTIVITÉ
101
1. Une réaction individuelle face au chômage de longue
durée
102
2. L'impact des dispositifs institutionnels sur le taux d'activité
des seniors apparaît déterminant
102
a) Avant la réforme de 2003, les régimes de retraite n'incitaient
pas à la poursuite d'activité au-delà de 60 ans
102
b) L'effet des dispositifs de cessation anticipée d'activité sur
le taux d'emploi des seniors de 55 à 59 ans a été
très important
103
(1) Les principaux dispositifs de préretraite semblent stabilisés
103
(2) Le dispositif de dispense de recherche d'emploi apparaît très
désincitatif
104
3. Les entreprises sont incitées à se séparer de leurs
salariés âgés et peu qualifiés pour des raisons
liées au coût du travail
106
III. LES ENJEUX ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX LIÉS AU TAUX D'EMPLOI
DES SENIORS PLAIDENT EN FAVEUR DE LA DÉFINITION D'OBJECTIFS
AMBITIEUX
108
A. UN ENJEU POUR LA CROISSANCE À LONG TERME DE L'ÉCONOMIE
FRANÇAISE
108
1. A tendance inchangée, un déclin de la croissance
potentielle est prévisible
108
2. Une hausse du taux d'emploi des seniors contribuerait à corriger
cette tendance
111
B. UNE CONDITION DU SUCCÈS DE LA RÉFORME DES RETRAITES
111
IV. LES POLITIQUES PUBLIQUES SONT RÉORIENTÉES EN FAVEUR D'UNE
PLUS FORTE INCITATION À L'EMPLOI DES SENIORS
113
A. L'ACQUIS DE LA RÉFORME DES RETRAITES EST TRÈS SIGNIFICATIF
113
1. L'accès aux préretraites est restreint
113
2. La réforme du mécanisme de décote-surcote
crée une incitation à la poursuite de l'activité
114
3. La « contribution Delalande » a également
été réformée
114
B. LES OUTILS DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI DOIVENT AUSSI ÊTRE
MOBILISÉS
115
1. Réorienter les contrats aidés vers le secteur
privé
115
2. Alléger le coût du travail pour les salariés anciens
dans l'entreprise
117
3. Ouvrir un plus large accès des seniors à la formation tout
au long de la vie
118
4. Améliorer les conditions de travail et mieux veiller à la
santé des salariés au travail
121
EXAMEN EN DÉLÉGATION
124
ANNEXES : ETUDES RÉALISÉES PAR L'OFCE
132
ANNEXE N° 1 : PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
À L'HORIZON 2008
136
ANNEXE N° 2 : L'IMPACT DE LA RÉFORME DES RETRAITES D'ICI
2008
158
ANNEXE N° 3 : VARIANTE DEMANDE PUBLIQUE TENDANCIELLE
170
ANNEXE N° 4 : VARIANTE DE BAISSE DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
174
ANNEXE N° 5 : DETTE ET INFLATION
178
PRÉSENTATION
À PROPOS DE LA PROJECTION
MACROÉCONOMIQUE EXPOSÉE DANS LE PRÉSENT
RAPPORT
Considérant qu'une assemblée parlementaire ne
saurait
se priver des moyens modernes d'analyse et de prévision -par ailleurs
largement utilisés par le Gouvernement- le Sénat a
souhaité, dès le début des années 1980,
compléter son information par l'utilisation de
modèles
macroéconomiques.
Pour ce faire, il a confié à son Service des Etudes
économiques et de la Prospective la tâche de
commander
des
projections, réalisées à partir de modèles,
à des organismes publics - Direction de la Prévision et Institut
national de la statistique et des études économiques (INSEE) -
dans un premier temps ; puis, prenant acte des difficultés
croissantes de collaboration avec ceux-ci, à des instituts
« indépendants » tels que le Centre d'Observation
Economique (COE) de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, ou
l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Le choix de passer commande à un organisme extérieur, de
préférence à l'utilisation et l'exploitation directes d'un
modèle par le Sénat, obéit à la fois à des
considérations de bonne gestion des deniers publics et au souci de
garantir l'
indépendance
scientifique de ces travaux.
Depuis qu'elle a été créée par la loi du
29 juillet 1982 portant réforme de la planification, il est
revenu à la Délégation pour la Planification, eu
égard à sa vocation prospective, de présenter la
synthèse de ces travaux de projection et de simulation et de les
soumettre chaque année au Sénat, au moment de la discussion
budgétaire. Cela fait donc vingt ans cette année qu'elle remplit
cette mission.
Il convient de souligner que, ce faisant, le Sénat a contribué de
manière remarquée à l'animation du débat public en
macroéconomie.
Certes, l'utilisation de modèles macroéconomiques ne fournit
qu'un éclairage parcellaire des discussions de politique
économique auxquelles donne lieu le vote d'une loi de finances. De
même, l'instabilité croissante des comportements
économiques, accentuée par la globalisation financière,
altère profondément la
probabilité
de
réalisation des scénarios décrits par des projections
macroéconomiques.
Ainsi la Délégation pour la Planification ne prétend-elle
pas, en présentant ces travaux, fournir une
prévision
et,
encore moins, une évolution
probable
de l'économie
française.
Une projection ne constitue souvent qu'une
prolongation du passé
et, de ce fait, qu'une
extrapolation
des tendances en cours.
Mais c'est précisément dans l'analyse de ces
tendances que réside l'intérêt d'une projection, car elle
permet ainsi de
mettre en lumière
les questions et les choix de
politique économique. Par exemple, deux questions fondamentales se
posent, aujourd'hui, à l'économie française : le
redressement de la
demande interne
est-il solide et traduit-il une
réelle inflexion de la tendance à l'oeuvre depuis deux ans,
marquée par l'atonie de la demande interne ? Les conditions de
l'
offre
permettent-elles de répondre sans tensions à un
redressement
durable
de la demande ? Ces questions sont notamment
évoquées dans le
deuxième chapitre
et
l'
annexe
, qui présentent les perspectives macroéconomiques
à moyen terme pour l'économie française.
Par ailleurs, une projection décrit un scénario dont
la
cohérence globale
est garantie. Par exemple,
l'évolution de l'emploi et du chômage affichée en
projection, ou encore celle des comptes publics, est cohérente avec le
rythme de la croissance. Cela permet ainsi d'apporter des
éléments de réponse à des questions qui sont
fréquemment posées aujourd'hui :
l'accélération en cours de l'activité, si elle est
durable, garantit-elle le retour au « plein-emploi » ?
Ou encore, permet-elle de relâcher les contraintes budgétaires et
de dégager des « marges de manoeuvre
budgétaires » ? (cf.
chapitre III
).
Enfin, l'utilisation des modèles en
«
variante
» permet d'apprécier les effets de
scénarios alternatifs et de mesurer l'impact de chocs économiques.
En permettant ainsi la diffusion de travaux, dont le degré de
technicité ne favorise pas l'utilisation, votre Délégation
souhaite contribuer à la compréhension des mécanismes
économiques et mettre en lumière les enjeux de politique
économique pour le moyen terme.
Votre rapporteur tient ici à remercier les équipes de l'OFCE
pour la qualité de leurs travaux et leur apport au débat public
sur les questions économiques dans lequel le Parlement, c'est un
impératif pour la démocratie, doit jouer tout son rôle
.
CHAPITRE 1
2003, POINT BAS AVANT UN RETOURNEMENT CYCLIQUE ?
La
croissance de l'économie mondiale, comme de l'économie
française, a beaucoup ralenti après le pic atteint en l'an 2000.
Après trois années de décélération, les
prévisionnistes s'attendent, pour 2004, à une reprise de la
croissance dans les principaux pays développés. Les projections
réalisées par l'OFCE, à la demande de votre
Délégation pour la planification, retiennent elles aussi
l'hypothèse d'un retour de la croissance française vers son
potentiel dans le courant de l'année prochaine. L'année 2004
marquerait ainsi un retournement cyclique, après un point bas
observé en 2003.
Il existe aux Etats-Unis et, de manière, plus inattendue au Japon, des
signes tangibles de reprise économique. Les statistiques les plus
récentes relatives à la croissance dans ces deux pays traduisent
une indiscutable embellie. En revanche, des signes manifestes de reprise se
font attendre pour les pays de la zone euro. Certains indicateurs
avancés de confiance des ménages ou des chefs d'entreprise
laissent espérer une reprise de l'activité. Mais celle-ci sera
essentiellement tirée par l'amélioration de l'environnement
international de la zone. La faiblesse des moteurs internes de la croissance
devrait empêcher la zone euro de connaître, en 2004, une croissance
comparable à celle des Etats-Unis. Cet écart accroîtra
l'important retard de croissance accumulé par la zone euro
vis-à-vis des Etats-Unis depuis une décennie. L'Europe
apparaît toujours comme une zone dépendante, pour sa croissance,
des évolutions observées outre-Atlantique.
I. RETOUR SUR LES PRÉVISIONS DE COURT TERME : UNE REPRISE ATTENDUE EN 2004
Pour
la direction de la Prévision et de l'Analyse
économique du
ministère de l'économie et des
finances
(MINEFI),
la croissance
du PIB serait
en 2004 de
1,7 %.
L'ensemble des prévisionnistes s'accorde
pour anticiper une
reprise de l'activité l'année prochaine
. 2003 marquerait
ainsi un point bas pour la croissance française, après deux
années de ralentissement. Ce consensus apparent ne doit cependant pas
masquer une
divergence non négligeable
. Pour les
instituts
indépendants
, la
croissance
française en 2004 serait
encore
soutenue par une politique budgétaire relativement
expansionniste
.
Le Gouvernement
, quant à lui, envisage une
politique budgétaire plus restrictive
, avec un important effort
de réduction du déficit structurel, se traduisant par une
impulsion budgétaire négative, représentant 0,4 point de
PIB. Autrement dit, la prévision de court terme du gouvernement est
fondée sur une perspective de reprise plus dynamique que celle
envisagée par les « indépendants ».
Après un bref retour sur la situation économique présente,
seront présentés les facteurs qui permettent d'envisager un
retour de la croissance l'année prochaine.
-
-
- A. LA FRANCE A FRÔLÉ LA RÉCESSION EN 2003
La croissance est plus soutenue en dehors de la zone euro : l' économie britannique , soutenue par une orientation favorable de la consommation des ménages et de la politique budgétaire, devrait connaître une croissance de 2 % cette année . Après deux années difficiles, l'économie japonaise semble avoir renoué avec la croissance, qui devrait avoisiner les 2 % cette année, mais des doutes subsistent quant à la pérennité de cette reprise (voir infra ).
Mais c'est surtout la vigueur de l'économie américaine en 2003 qui a surpris les analystes. Au deuxième trimestre, la croissance s'est accélérée, pour atteindre 3,1 % en rythme annuel, grâce à un rebond de l'investissement et à une bonne tenue de la consommation privée. Au troisième trimestre, les Etats-Unis ont même connu, selon les dernières statistiques disponibles, leur meilleure performance en terme de croissance depuis 19 ans, avec un taux de croissance de 7,2 % en rythme annuel. Sur l'année 2003, la croissance aux Etats-Unis serait de l'ordre de 2,4 %.
* * *
Après un point haut en 2000 (+ 3,8 % en
volume), la
croissance française
a nettement ralenti, s'établissant
à 2,1 % en 2001, puis à 1,2 % en 2002. Démentant
les prévisions optimistes formulées à la fin de 2002,
l'économie française a continué à ralentir cette
année. Elle a même connu une brève récession au
deuxième trimestre : le PIB s'est alors contracté de
0,3 %. Au total, sur l'année, la croissance du PIB pourrait
atteindre 0,5 % selon la Direction de la prévision. La
prévision de croissance, plus récente, formulée par
l'INSEE est moins favorable, puisqu'elle s'établit à seulement
0,2 %. Cette dernière prévision intègre une
première estimation des effets de la canicule du mois d'août;
celle-ci devrait amputer la croissance française de 0,2 point de
PIB, en raison de ses retombées négatives sur la production
agricole.
Cette médiocre performance en terme de croissance a provoqué une
certaine dégradation du marché du travail : pour la
première fois depuis dix ans, le niveau de l'emploi devrait diminuer en
France.
37.000 postes de travail seraient perdus cette année, selon
la direction de la Prévision
. Les suppressions d'emplois ont
été fortes dans l'industrie, et n'ont pas été
totalement compensées par les créations d'emplois intervenues
dans les secteurs des services et de la construction.
Comme cela a été suggéré, les
prévisionnistes s'attendaient, il y a un an, à ce que
l'activité redémarre dans le courant de l'année 2003. Deux
événements imprévus, ou dont l'impact a été
sous-estimé, ont empêché la reprise espérée
de se matérialiser :
* il s'agit en premier lieu de la guerre d'Irak : bien que bref, et
rapidement remporté par la coalition anglo-américaine, ce conflit
a pesé sur les anticipations des agents économiques au cours du
premier semestre. Vecteur d'incertitudes, il a sans doute favorisé un
certain attentisme de la part des investisseurs, comme des consommateurs. Il
s'est accompagné d'une augmentation des cours du pétrole :
le prix du baril de brut a atteint, par exemple, les 35 dollars au mois de
mars 2003, alors qu'il valait 20 dollars début 2002. Le prix du
baril s'est replié depuis, mais reste à des niveaux relativement
élevés, de l'ordre de 28 dollars le baril en cette fin
d'année 2003. Cette augmentation des cours du baril a amputé le
pouvoir d'achat des ménages comme des entreprises. Pour la direction de
la Prévision du ministère de l'Economie et des Finances, la
croissance française aurait été diminuée de 0,1
point de PIB en 2003 sous l'effet de la hausse des cours du pétrole.
* la zone euro a souffert, de surcroît, d'une appréciation
importante de la monnaie unique face à toutes devises.
L'appréciation de l'euro face au dollar américain a
été souvent notée, mais a un peu occulté
l'appréciation concomitante de l'euro face aux autres grandes devises.
Le Japon, et divers grands pays émergents, dont la Chine, se sont
efforcés de contenir l'appréciation du dollar par rapport
à leur monnaie grâce à des interventions sur le
marché des changes. La Banque centrale européenne s'est abstenue
de toute intervention, laissant l'euro s'apprécier face à la
plupart des grandes devises. Tout le poids de l'ajustement des parités
monétaires a donc pesé sur la zone euro, qui a subi une
importante perte de compétitivité. La croissance de la zone euro
a donc logiquement été pénalisée. L'euro s'est
toutefois déprécié au cours du second semestre de
l'année, ce qui devrait permettre à l'Europe de profiter
pleinement de la reprise qui semble s'amorcer aux Etats-Unis.
Evolution des taux de change 2002-2003
|
|
Dollar/EUR |
Yen/EUR |
Livre st./EUR |
2002 |
1 er trimestre |
0,87 |
115,8 |
0,61 |
|
2 e trimestre |
0,99 |
118,1 |
0,65 |
|
3 e trimestre |
0,99 |
120,3 |
0,63 |
|
4 e trimestre |
1,05 |
124,6 |
0,65 |
2003 |
1 er trimestre |
1,09 |
128,8 |
0,69 |
|
2 e trimestre |
1,15 |
137,5 |
0,70 |
|
3 e trimestre |
1,09 |
127,5 |
0,69 |
|
4 e trimestre (prévision) |
1,06 |
127,2 |
0,69 |
Source : BIPE, septembre 2003
Cet environnement international a dégradé une conjoncture
intérieure déjà peu dynamique L'économie de la zone
euro a ainsi stagné au premier semestre de 2003, sous l'effet d'une
baisse des investissements, d'un affaiblissement de la consommation, et de la
faiblesse des exportations, pénalisées par l'appréciation
de la devise européenne.
En France, la dégradation du marché du travail a favorisé,
comme toujours en pareille circonstance, un surcroît d'épargne de
précaution de la part des ménages. La fragilité des
perspectives de demande, la détérioration du taux de marge des
entreprises, et la faiblesse des taux d'utilisation ont conduit les entreprises
à différer encore certains projets d'investissement.
-
-
- B. UNE REPRISE EN 2004 ?
-
-
-
- 1. Une amélioration de l'environnement international est attendue
Le commerce international, qui a progressé, en 2003 à un rythme lent de 2,9 %, devrait bénéficier de cette embellie. Il augmenterait, en volume, de 5,5 % en 2004, toujours selon les prévisions du FMI. L'économie française bénéficierait de ce regain d'activité : le MINEFI table sur une progression de la demande étrangère adressée à la France de 5,6 % en 2004, après 4,4 % en 2003.
L'impulsion de la reprise viendrait essentiellement des Etats-Unis . Comme cela a été mentionné précédemment, l'année 2003 a apporté de réels signes de reprise de l'activité outre-Atlantique. La vigueur de l'économie américaine devrait se confirmer en 2004. La phase d'ajustement des entreprises, consécutive au surinvestissement de la fin des années 1990, semble, en effet, en passe de s'achever, ce qui devrait favoriser une reprise durable de l'investissement. L'amélioration de la profitabilité des entreprises serait un facteur supplémentaire de soutien à l'investissement. Cette reprise de l'investissement serait toutefois progressive, en raison d'un taux d'utilisation des capacités de production aujourd'hui assez bas 1( * ) . Au total, la croissance américaine serait, selon le consensus des prévisionnistes, de 3,3 % en 2004 .
Le comportement de l'économie japonaise en 2003 a apporté quelques surprises. En effet, après deux années de quasi-stagnation, l'économie japonaise semble avoir renoué avec la croissance. Le FMI prévoit une croissance de 2 % cette année, un peu inférieure à la prévision moyenne des instituts, qui s'établit à + 2,3 %. Une franche reprise au Japon, qui pèse 15 % du PIB mondial, serait un important soutien à la croissance mondiale.
Toutefois, la prudence, à ce stade, reste de mise. En premier lieu, parce que les comptes trimestriels japonais font souvent l'objet de révisions importantes, tant à la hausse qu'à la baisse ; il convient donc de traiter avec prudence les statistiques les plus récentes, tant que celles-ci n'auront pas été confirmées. En second lieu, les prévisionnistes doutent que la reprise de l'économie japonaise soit durable . Ils anticipent, en effet, un nouveau ralentissement de la croissance en 2004. Celle-ci serait seulement de 1,4 % selon le FMI, et de 1,6 % pour les instituts. Tirée en 2003 par le dynamisme des exportations, la croissance japonaise serait freinée en 2004 par la tendance haussière du yen. De plus, la persistance des problèmes structurels de l'économie nipponne (dette publique élevée, population active en diminution, système financier fragile) empêcherait que la hausse des exportations soit relayée par une forte dynamique de croissance interne.
Parmi les économies émergentes , les pays d'Asie demeurent le principal pôle de croissance. Les économies asiatiques ont pourtant été affectées, au printemps, par l'épidémie de SRAS, et par un environnement international peu porteur. Mais l'accès de faiblesse qui en a résulté s'est révélé passager. La croissance de la zone devrait ainsi s'élever à 5,8 % en 2003, selon Rexecode, puis à 6,3 % en 2004.
La croissance des pays d'Europe centrale et orientale pâtit de la faiblesse de la conjoncture dans l'Union européenne, notamment en Allemagne. La croissance de ces pays s'échelonnerait toutefois entre 3 et 4 %, cette année et l'année prochaine, avec une tendance générale à l'accélération. La Russie fait exception : tirée en 2003 par le haut niveau des prix du pétrole, la croissance russe devrait ralentir, et passer de 5,5 % à 4,6 % en 2004 (prévisions Rexecode).
L'Amérique latine a connu une année 2003 difficile (croissance limitée à + 0,2 %), après une récession en 2002. Le redressement de la demande américaine, la bonne tenue des prix des matières premières, et une demande interne mieux orientée soutiendraient la reprise en 2004 (prévision de croissance de 3,1 %).
-
-
-
- 2. Cette embellie favoriserait la reprise en France
Cette reprise économique serait obtenue en dépit de l'orientation plus restrictive de la politique budgétaire dans les deux plus grands pays de la zone euro, l'Allemagne et la France. Aujourd'hui en infraction avec le Pacte de Stabilité et de Croissance, ces deux pays ont pris des engagements pour ramener leurs déficits sous les 3 points de PIB en 2004 (Allemagne) ou 2005 (France). L'orientation de la politique budgétaire en Italie et en Espagne évoluerait peu par rapport à 2003.
L'évolution de l'économie française s'inscrirait dans ce mouvement d'ensemble. Pour l'INSEE, la croissance du PIB serait de 0,2 % au troisième trimestre, puis de 0,4 % au quatrième. La faiblesse des composantes internes de la demande conduit les conjoncturistes à faire preuve d'une grande prudence dans leurs prévisions pour 2004. En dépit du rebond attendu, la croissance de l'économie française resterait, l'an prochain, inférieure à sa tendance de longue période (qui est de l'ordre de 2,25 %). La prévision gouvernementale, qui a été retenue pour les besoins de la projection, est de +1,7 %.
a) Orientation de la politique budgétaire française
A
première vue, la prévision de croissance du Gouvernement pour
2004 est très
proche de la prévision moyenne des
instituts : 1,7 % contre 1,6 %. Le Gouvernement table cependant
sur une
hypothèse de déficit budgétaire
inférieure à celle retenue par les instituts
. Pour le
Gouvernement, en effet, le déficit des administrations publiques serait
ramené de 4 % du PIB en 2003 à 3,6 % en 2004. Cette
orientation est conforme à l'engagement, pris par la France
auprès de ses partenaires européens, de ramener à moins de
3 % du PIB, en 2005, le déficit des administrations publiques. Le
déficit budgétaire serait ramené de 4 à 3,6 %
du PIB, grâce à une amélioration de 0,7 point du solde
structurel, qui serait, pour partie, compensée par une
dégradation du solde conjoncturel, à hauteur de 0,3 point de PIB.
Les instituts indépendants doutent que la réduction du
déficit soit si prononcée, et s'attendent plutôt à
une quasi-stagnation du solde budgétaire, rapporté au PIB, en
2004, par rapport à 2003 (4 % après 4,1 %).
Autrement dit, les prévisions des instituts retiennent
l'hypothèse d'une stimulation budgétaire de l'activité
plus forte que dans la prévision gouvernementale. Le Gouvernement est
plus optimiste sur l'évolution spontanée des composantes
privées de la demande (consommation des ménages, investissement
des entreprises). Le scénario officiel retient ainsi une croissance
sous-jacente sensiblement plus élevée que pour les instituts
indépendants.
Pour les besoins de la projection, une prévision intermédiaire a
été retenue ; le déficit diminuerait par rapport
à 2003, mais pas autant que dans la prévision gouvernementale. Il
s'établirait à 3,9 % en 2004. Ce choix s'explique par les
deux considérations suivantes :
• il est vraisemblable que le retour de la croissance l'année
prochaine se fera de manière progressive et graduelle ;
l'hypothèse gouvernementale d'un rebond assez marqué de
l'activité (abstraction faite de l'impulsion négative de la
politique budgétaire) peut donc être jugée un peu
optimiste ;
• en même temps, il paraît exclu que le Gouvernement n'engage
aucune mesure supplémentaire de réduction du déficit
budgétaire l'année prochaine ; la pression de nos
partenaires européens, et la nécessité d'assainir nos
finances publiques dans un contexte de hausse rapide de l'endettement public,
plaident en faveur d'un effort de réduction du déficit
budgétaire.
L'écart entre la projection de la Délégation et la
prévision du gouvernement s'explique par une hypothèse un peu
moins favorable, dans notre scénario, en matière
d'élasticité fiscale
. L'élasticité fiscale
mesure la sensibilité des recettes publiques aux variations de la
conjoncture. Elle est, en moyenne de 1 sur longue période (un taux de
croissance donné du PIB s'accompagne d'une hausse proportionnelle des
recettes fiscales). Mais elle peut varier, entre 0 et 2, en fonction de la
position de l'économie dans le cycle conjoncturel. Cette
hypothèse différente se traduirait par de moindres recettes
fiscales au titre de l'impôt sur les sociétés.
b) Évolution de la demande privée
Les
composantes privées de la demande seraient progressivement mieux
orientées :
• Ainsi, après un recul en 2003,
l'investissement des
entreprises
augmenterait légèrement en 2004
(+ 1,9 % pour le Gouvernement, + 1,7 % pour la moyenne des
instituts). Le MINEFI considère que la situation financière des
entreprises est aujourd'hui suffisamment saine pour permettre une reprise de
l'investissement, même si quelques grands groupes sont encore lourdement
endettés. Le BIPE et Rexecode soulignent que le taux d'utilisation des
capacités de production est encore assez faible, ce qui ne plaide pas
pour une reprise soutenue, à court terme, de l'investissement productif.
La reprise de l'investissement restera également limitée si les
perspectives d'évolution de la demande des ménages ne sont pas
plus favorables.
• Pour le Gouvernement,
la consommation des ménages
augmenterait de + 1,8 % en 2004, après + 1,3 % en 2003.
Cette progression s'expliquerait par une baisse du taux d'épargne, qui
passerait de 16,3 à 16,1 %, ainsi que par des gains de pouvoir
d'achat, résultant de la revalorisation du SMIC et des mesures de
baisses d'impôts. Les instituts indépendants anticipent une
progression plus modérée de la consommation des ménages
(+ 1,2 % en 2003 et + 1,5 % en 2004). La progression
régulière du chômage ces derniers mois conduirait les
ménages à un certain attentisme.
c) Evolution de l'emploi
Le
retour de la croissance aurait un effet positif sur les
créations
d'emplois
. Le Gouvernement table sur la création de 180.000 emplois
dans le secteur marchand non agricole l'année prochaine, soit une
progression de + 0,4 %.
Cette prévision est nettement plus optimiste que celles retenues par les
instituts indépendants. La prévision moyenne des instituts, en
matière de progression de l'emploi marchand s'établit, en effet,
à seulement + 0,1 %. Les instituts s'attendent à un
redémarrage de l'emploi plus tardif, qui n'interviendrait pas avant le
deuxième semestre de 2004. En conséquence, le taux de
chômage devrait augmenter jusqu'au premier trimestre de 2004, puis se
stabiliser aux alentours de 10 % de la population active.
d) Evolution de l'inflation
Le
redressement cyclique de la productivité devrait permettre de faire
diminuer légèrement le taux d'inflation. Sous l'hypothèse
d'un maintien des taux de change à leurs niveaux récents, et d'un
retour des prix du pétrole aux alentours de 26 dollars le baril en
2004, l'inflation hors tabac s'établirait à
1,5 % en
moyenne en 2004, après 1,7 % en 2003
(prévision du
Gouvernement). En incluant les prix du tabac, l'inflation s'établirait
à 1,8 % en 2004, après 2 % en 2003.
Tous les instituts s'attendent, de même, à un ralentissement de
l'inflation en 2004. Leur prévision moyenne est de 1,7 % en 2004,
après 1,9 % en 2003. Ce ralentissement contribuerait positivement
aux gains du pouvoir d'achat des ménages. Mais le maintien du
chômage à un niveau élevé pèserait sur la
progression des salaires.
-
-
-
- 3. La reprise espérée en 2004 doit beaucoup à des politiques économiques franchement expansionnistes, notamment aux Etats-Unis
Cette orientation expansionniste de la politique économique est, semble-t-il, en train de porter ses fruits, surtout aux Etats-Unis. Il convient toutefois de noter que les marges de manoeuvre disponibles pour un soutien supplémentaire à l'activité sont aujourd'hui limitées. De sorte qu'il serait difficile de faire face, avec la même efficacité, à une « rechute » de l'activité, ou à un choc exogène.
La politique économique américaine est, depuis trois ans, franchement expansionniste. En 2003, le déficit public aux Etats-Unis devrait être, en incluant les Etats fédérés, de l'ordre de six points de PIB, et les taux d'intérêt nominaux à court terme ont atteint le niveau historiquement bas de 1 %. Le retour de la croissance aux Etats-Unis pourrait inciter la Réserve fédérale à remonter ses taux en 2004. Le creusement des déficits rend difficilement envisageable une nouvelle impulsion budgétaire, et plaide plutôt en faveur d'une politique budgétaire plus neutre, voire restrictive. Une correction brutale est cependant peu probable en période d'année électorale, et du fait des dépenses occasionnées par l'occupation de l'Irak. La diminution du déficit serait donc modérée ; le FMI table sur un déficit ramené à 5,6 % du PIB en 2004.
Les marges de manoeuvre de la politique économique japonaise sont plus réduites qu'aux Etats-Unis. En dépit de taux d'intérêt de court terme ramenés à zéro, la Banque du Japon n'a pu mettre fin à la déflation qui affecte le pays depuis maintenant quatre ans. Le déficit des administrations publiques serait de l'ordre de 7,4 % du PIB en 2003, et viendrait alimenter un endettement public qui atteindrait 166 % du PIB à la fin de l'année, selon le FMI. La hausse de la dette publique pourrait peser sur les taux longs, qui, dans les prévisions de Rexecode, atteindraient 2 % à la fin de 2004 (contre 0,6 % à la mi-2003). Le déficit public serait ramené aux alentours de 6 % du PIB l'année prochaine.
En comparaison de ces deux premières zones, la politique économique de la zone euro apparaît sensiblement moins expansionniste ( cf. tableau infra pour une comparaison de l'évolution des soldes publics aux Etats-Unis et en Europe). Sur le front monétaire , le taux de refinancement est fixé, depuis juin, à 2 % par la Banque centrale européenne. En ce qui concerne la politique budgétaire , le solde des administrations publiques de la zone euro devrait être de - 2,7 % en 2003, si l'on se réfère à la prévision moyenne des instituts, de -2,8 % si l'on retient la prévision de la Commission, et de - 3,1 % pour le Gouvernement.
Solde
des administrations publiques sur la période 2000-2003
Comparaison
Etats-Unis - zone euro
(en points de PIB)
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003* |
2004* |
Etats-Unis |
1,2 |
- 0,7 |
- 3,8 |
- 6 |
- 5,6 |
Zone euro |
0,1 |
- 1,7 |
- 2,3 |
- 3 |
- 2,8 |
France |
- 1,4 |
- 1,4 |
- 3,1 |
- 4 |
- 3,5 |
*
prévisions FMI.
Source : FMI
Cette orientation peut être interprétée comme une
conséquence de la discipline imposée par le Pacte de
stabilité et de croissance, qui interdit et peut sanctionner tout
déficit supérieur à 3 % du PIB. Le Pacte fixe
également aux Etats un objectif, indépendant de la situation
conjoncturelle, de retour à l'équilibre, voire à
l'excédent. Or, les deux plus grands pays de la zone, la France et
l'Allemagne, affichent des niveaux de déficits supérieurs au
plafond autorisé (4 et 3,8 points de PIB respectivement).
Dès lors, l'orientation de politique économique de la zone euro
en 2004 dépendra beaucoup de l'attitude qui sera suivie à
l'égard des règles du Pacte de stabilité et de croissance.
Une application rigoureuse du Pacte étoufferait, vraisemblablement,
la modeste reprise attendue l'an prochain
.
Les instituts indépendants, comme le Gouvernement, s'attendent à
ce que le niveau moyen des déficits publics dans la zone euro soit, en
2004,
identique
à celui observé en 2003. Implicitement,
l'hypothèse retenue est donc celle d'une application souple des
règles du Pacte. Pour la Commission également, la consolidation
budgétaire serait très limitée, puisque le déficit
moyen des pays de la zone euro ne se réduirait que de 0,1 point de PIB
entre 2003 et 2004
2(
*
)
. Néanmoins, le
manque de lisibilité de la politique économique européenne
représente une
source d'incertitude majeure pour les agents
économiques
.
La Banque centrale européenne plaide en faveur d'un assainissement
budgétaire en Europe, en dépit de l'impact récessif qu'une
telle politique aurait à court terme. Sa politique monétaire est
apparue, jusqu'ici, peu réactive, et
peu soucieuse de
l'évolution du taux de change de l'euro
(v.
supra
), ce qui
conduit à s'interroger sur la détermination des autorités
monétaires à compenser, par une baisse des taux, une
éventuelle appréciation de l'euro.
II. L'ÉCONOMIE AMÉRICAINE TIRE L'ÉCONOMIE MONDIALE AU PRIX D'IMPORTANTS DÉSÉQUILIBRES
L'analyse conjoncturelle qui vient d'être
effectuée
confirme une observation que votre Délégation formulait
déjà en 2001, à savoir que l'Europe est une zone
économiquement dépendante. Elle n'a pas pu prendre le relais des
Etats-Unis comme moteur de la croissance mondiale, lorsque ceux-ci ont
été confrontés à un brusque ralentissement au cours
de l'année 2001. La création de la monnaie unique, qui a eu par
ailleurs de très heureuses conséquences, n'a pas permis
« d'isoler » l'Europe de la conjoncture internationale, en
en faisant une zone de croissance autonome. Cette situation s'explique
principalement par un écart entre le potentiel de croissance
américain, et le potentiel de croissance européen. Elle est
aggravée par la faiblesse des marges de manoeuvre de la politique
économique en Europe.
Le retour de la croissance aux Etats-Unis permet d'envisager une reprise de
l'économie européenne. Mais l'écart de croissance entre
les deux continents est source d'importants déséquilibres, qui
conduisent à s'interroger sur la pérennité de la reprise.
-
-
- A. LA DÉPENDANCE DE L'EUROPE REFLÈTE DES ÉCARTS DE CROISSANCE POTENTIELLE
L'écart de croissance entre les Etats-Unis et l'Europe est si durable qu'il ne peut plus raisonnablement être attribué à de simples erreurs de politique conjoncturelle (même s'il est vrai que la marche vers l'euro a conduit à mener, en France, une politique monétaire sans doute excessivement rigoureuse au début des années 1990). Il s'explique davantage par le niveau inférieur de la croissance potentielle de l'Europe par rapport à celui observé aux Etats-Unis.
-
-
-
- 1. Une Europe dépendante
Les
Etats-Unis ont connu une croissance soutenue dans les années 1990. Au
cours de la période 1992-2000, le PIB américain a
progressé, en moyenne, de 3,8 % par an en volume.
Par comparaison, la croissance a été nettement moins dynamique en
Europe.
Comparaison entre la croissance aux Etats-Unis,
|
|||||||||||
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Moyenne 1992-2000 |
|
Etats-Unis |
3,1 |
2,7 |
4 |
2,7 |
3,6 |
4,4 |
4,4 |
4,2 |
5 |
3,8 |
|
Zone euro |
1,4 |
-0,8 |
2,3 |
2,2 |
1,4 |
2,3 |
2,8 |
2,6 |
3,4 |
2,0 |
|
France |
1,3 |
-0,9 |
1,8 |
1,9 |
1 |
1,9 |
3,3 |
3,2 |
4,2 |
1,8 |
S'en est
suivi un creusement de l'écart de développement entre les
Etats-Unis et la zone euro.
A partir d'une base 100, en 1992, le PIB américain s'élève
8 ans plus tard à 140 et celui de la zone euro aux alentours de 120.
La richesse des Etats-Unis s'est, ainsi, accrue au cours de la
période deux fois plus qu'en Europe
.
b) L'espoir d'un renversement de tendance à compter de l'année 2000 a été rapidement démenti
L'année 2000 a été marquée aux
Etats-Unis par un brusque ralentissement de l'activité. Ce
ralentissement trouve sa source dans l'éclatement de la bulle
spéculative qui s'était formé sur les marchés
boursiers, ainsi que dans la correction des excès d'une période
de surinvestissement des entreprises.
La crise américaine a fait sentir ses pleins effets en 2001,
année caractérisée par une quasi-stagnation du PIB
(+0,3 %).
L'année 2001 fut aussi la seule, depuis dix ans, où l'Europe a
connu une croissance supérieure à celle des Etats-Unis. La
performance européenne fut pourtant peu spectaculaire : +1,5 %
de croissance seulement. Cet écart positif ne s'explique donc pas par
une accélération de la croissance en Europe, mais bien par le
ralentissement américain. La zone euro n'a pas été
à l'origine d'une croissance autonome suffisamment forte pour prendre le
relais des Etats-Unis, et tirer la croissance de l'économie mondiale.
Au contraire, l'Europe a subi, après un certain délai, les
conséquences de la crise américaine : la croissance y a
fortement ralenti en 2002 et 2003.
Comparaison entre la croissance aux Etats-Unis,
|
|||||
|
2001 |
2002 |
2003* |
2004* |
|
Etats-Unis |
0,3 |
2,4 |
2,4 |
3 |
|
Zone euro |
1,5 |
0,9 |
0,5 |
1,7 |
|
France |
2,1 |
1,2 |
0,5 |
1,7 |
*Prévisions.
Source : Rapport économique, social et financier, annexé au
projet de loi de finances pour 2004
L'écart de croissance entre Etats-Unis et Europe a des causes
structurelles, dont la portée est aggravée par la
réduction des marges de manoeuvre de la politique économique en
Europe.
c) Un écart de croissance potentielle au détriment de la zone euro
La croissance potentielle (voir définition en encadré) de la zone euro est trop faible pour lui permettre d'être un « moteur » de la croissance mondiale au même titre que les Etats-Unis.
DÉFINITION DE LA CROISSANCE POTENTIELLE
La
croissance potentielle d'un pays est égale au produit de la variation de
sa population active par les gains de productivité du travail,
corrigés du taux de chômage assurant la stabilité des prix.
La croissance effective peut lui être inférieure ou
supérieure, en fonction d'un grand nombre de données (en
particulier, l'orientation des politiques économiques). Cet écart
entre croissance effective et croissance potentielle (« output
gap ») peut, quant à lui, être souhaitable ou non, selon
la situation économique de départ. Si, en régime stable,
un tel écart n'est pas désirable, l'existence d'un
« réservoir de main-d'oeuvre » inutilisé peut
inciter transitoirement à le rechercher, comme ce devrait être le
cas en Europe. Cependant, il faut prendre conscience que plus cet
« écart de production » est élevé et
durable, plus des tensions risquent d'advenir, dont l'atténuation par
les politiques publiques est fort délicate.
ESTIMATION PAR L'OCDE DE LA CROISSANCE POTENTIELLE DES
PRINCIPAUX
PARTENAIRES COMMERCIAUX DE LA FRANCE
|
||||
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
Allemagne |
1,6 |
1,9 |
1,8 |
1,8 |
France |
2,1 |
2,3 |
2,4 |
2,4 |
Italie |
2,3 |
2,4 |
2,4 |
2,2 |
Royaume-Uni |
2,3 |
2,3 |
2,3 |
2,2 |
États-Unis |
3,7 |
3,6 |
3,1 |
3,1 |
Japon |
1,1 |
1,1 |
0,9 |
0,9 |
Zone euro |
2,3 |
2,4 |
2,4 |
2,4 |
Union européenne |
2,3 |
2,4 |
2,4 |
2,3 |
OCDE |
2,7 |
2,7 |
2,5 |
2,5 |
Source : Perspectives économiques de l'OCDE (juin 2002) |
La croissance potentielle de la France se situe à un niveau proche de la moyenne de la zone euro, ou de l'Union européenne. Elle est supérieure à celle de l'Allemagne, ou du Japon, en raison, notamment, d'évolutions démographiques plus favorables. Mais elle est nettement inférieure à celle évaluée aux États-Unis ; le grand effort d'investissement de l'économie américaine en technologies de l'information et de la communication (TIC) a permis d'y élever les gains de productivité ; de surcroît, l'économie américaine bénéficie d'une progression de sa population active supérieure à celle observée en Europe.
d) Une Europe dépendante : les canaux de transmission de la conjoncture américaine en Europe
Le
rapport économique, social et financier associé au projet de loi
de finances pour 2002 proposait une évaluation de l'impact des
variations du PIB américain sur le PIB européen. Cet impact
serait très significatif : un repli (respectivement une hausse) de
0,6 point du PIB américain se traduirait par une croissance
européenne amputée (augmentée) de 0,35 point de PIB.
Pourtant, compte tenu de la faible ouverture de la zone euro vis-à-vis
du reste du monde (taux d'ouverture de seulement 10 %), on pourrait
s'attendre à ce que l'Europe soit peu sensible aux évolutions des
économies extérieures.
Une analyse fondée sur les seuls échanges commerciaux ne rend
cependant pas compte de l'ensemble des interdépendances existant entre
les Etats-Unis et l'Europe.
Une composante de l'économie contemporaine apparaît essentielle
à votre rapporteur. L'accumulation des déficits extérieurs
américains au cours des années 1990 a eu pour contrepartie celle
des créances du reste du monde sur l'économie américaine.
L'épargne européenne a contribué à satisfaire le
besoin de financement de l'économie américaine.
* Prévisions
Source : OCDE
Dans ces
conditions, il est naturel que les créanciers des Etats-Unis soient
particulièrement attentifs à l'évolution de la valeur de
leurs actifs. Toute perspective de dévalorisation de ces actifs engendre
naturellement des modifications de comportements économiques, allant
bien au-delà de ce que la considération des seuls échanges
commerciaux laisserait supposer. Un ralentissement de la croissance aux
Etats-Unis diminue les perspectives de gains des créanciers
européens, ce qui peut les conduire, par exemple, à
réviser à la baisse leurs projets d'investissements.
Enfin, il est important de rappeler que les ventes réalisées par
les filiales à l'étranger des grandes firmes américaines
représentent le double des exportations américaines. Les
multinationales américaines vendent plus en Europe grâce à
leurs filiales implantées sur le Vieux continent que par la voie du
commerce transatlantique. En conséquence, une dégradation de la
conjoncture aux Etats-Unis peut se répercuter sur l'économie
européenne par l'intermédiaire des comportements d'investissement
des filiales des grandes firmes. La maison-mère, affaiblie par une
mauvaise conjoncture sur son marché domestique, peut être
tentée de redresser sa situation financière en renonçant,
ou en retardant, des projets d'investissement en Europe.
Cela étant dit,
le canal traditionnel du commerce
extérieur n'a pas perdu, loin s'en faut, toute pertinence pour
comprendre les évolutions conjoncturelles en Europe. En atteste l'assez
forte sensibilité de la croissance européenne aux variations du
taux de change de
l'euro
. La plupart des experts
considèrent qu'une appréciation de l'euro dans les mois à
venir pourrait compromettre la reprise de
l'économie
européenne. Les modélisations de l'INSEE suggèrent qu'une
appréciation du taux de change effectif réel de l'euro de
3 %, au cours du second semestre de 2003, pourrait coûter, à
la fin de l'année, 0,3 point de croissance à la zone euro.
Une appréciation de l'euro exerce un double effet négatif sur la
croissance européenne : nombre d'entreprises subissent des pertes
de parts de marché, en raison de la dégradation de leur
compétitivité-prix ; d'autres entreprises contractent leurs
marges, pour amortir cette perte de compétitivité,
réduisant par là leur profitabilité, et leur
capacité à financer de nouveaux investissements :
l'appréciation de l'euro pourrait ainsi avoir, indirectement, un effet
dépressif sur l'investissement.
LES DÉTERMINANTS DU TAUX DE CHANGE DE L'EURO
La
sensibilité de l'économie européenne au taux de change de
l'euro pose la question de la définition du « bon »
taux de change pour la monnaie unique.
Plusieurs approches théoriques permettent d'apprécier la sur- ou
la sous-évaluation d'une monnaie. En dépit de
l'imprécision de ces méthodes, les évaluations convergent
autour de l'idée qu'un taux de change de un euro pour un dollar serait
approprié.
1. Les approches à partir de considérations de
compétitivité.
La moyenne du taux de change réel sur longue période
On peut tout d'abord estimer que le bon taux de change est celui qui permet
à une économie d'atteindre son niveau de
compétitivité de
longue période
(tel qu'il
résulte des effets conjugués du taux de change et du
différentiel d'inflation).
Ainsi, on estime que pour ramener l'économie de la zone euro à
son niveau de compétivité moyen de la période 1973-1998,
il faudrait un euro compris entre
0,80
et
1,19
dollar.
Il est à noter que cette méthode débouche sur une
fourchette très ample, qui varie selon l'indice de prix ou de coût
utilisé pour appréhender la compétitivité, mais
aussi, selon la durée de la période considérée.
Les parités de pouvoir d'achat (PPA)
On peut par ailleurs recourir à une analyse en termes de
parités de pouvoir d'achat
(PPA).
Selon la théorie des parités de pouvoir d'achat, s'il n'existe
aucune entrave au commerce international (y compris en matière de
coût du transport et de disponibilité de l'information), les
divergences de prix
de
biens échangeables
ne peuvent
être que
temporaires.
Le taux de change déterminé sur la base de la parité de
pouvoir d'achat est celui qui permet de
conserver un pouvoir d'achat
identique
lors de la conversion d'une monnaie dans une autre.
Le « bon » taux de change ainsi déterminé
serait, selon l'OCDE, de
1 euro pour 1,05 dollar
.
Ce taux peut légèrement varier selon la méthode
utilisée.
Les coûts salariaux relatifs
Une autre approche en terme de compétitivité consiste à
égaliser les
coûts salariaux horaires
relatifs.
Sur cette base,
1 euro
vaudrait
1,01 dollar
(chiffre
avancé par le Conseil d'analyse économique dans son rapport
Architecture financière internationale
de 1999).
Là encore, ce chiffre doit être considéré avec
prudence, compte tenu de l'imprécision de son évaluation.
Au total, une approche en terme de
compétitivité
conduit
à un « bon » taux de change de l'ordre de
1 euro
pour 1 dollar
.
-
-
-
-
2. L'approche par la balance des paiements courants : des résultats incertains.
Une seconde approche consiste à considérer que le bon taux de change est celui qui permet à l'économie, sur le plan interne , d'atteindre son taux de croissance potentielle (c'est-à-dire de croissance non inflationniste) et de supprimer le chômage conjoncturel , et, sur le plan externe , d'atteindre une cible de balance des paiements courants considérée comme optimale (en fonction d'objectifs d'épargne et d'investissement).
Les économistes appellent le taux de change ainsi défini le « taux de change d'équilibre fondamental ».
Le tableau ci-après fournit des estimations du taux de change d'équilibre fondamental de l'euro.Estimations du taux de change d'équilibre fondamental de l'euro (en dollars)
Cible de déficit extérieur américain maximal (en % du PIB) 3( * )
1 %
2 %
Différentes estimations du
Wren-Lewis et Driver (1998)
-
1, 17 à 1,43
taux de change d'équilibre
CAE (1998)
1,19 à 1,26
1,07 à 1,15
fondamental
COE (2000)
-
1,24
Sources :
- Conseil d'analyse économique (CAE), Architecture financière internationale (annexe de Didier Borowski et Cécile Couharde).
- Centre d'observation économique (COE) de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, Modèles et diagnostics , 1 er trimestre 2000.
Ces résultats sont à considérer avec précaution .
En particulier, la détermination du « bon » niveau pour les cibles de balance des paiements courants repose avant tout sur des jugements qualitatifs impliquant une certaine subjectivité.2. Une politique économique européenne contrainte
Le solde
des administrations publiques s'était amélioré dans la
zone euro, entre 1992 et 2000, puisqu'il était passé de
- 4,9 points à - 0,3 point de PIB. Toutefois, pour
prendre la mesure de cette performance, il faut souligner combien ce
redressement des comptes publics a été moins net qu'aux
Etats-Unis. Ceux-ci sont passés d'un déficit de 5,9 points
de PIB en 1992 à un excédent de 2,2 points huit ans plus
tard.
La zone euro a donc amélioré ses comptes publics deux
fois moins que les Etats-Unis
.
En raison de ces politiques budgétaires différenciées, la
dette publique des pays européens s'est accrue, alors que les Etats-Unis
se sont plutôt désendettés (
cf
. tableau). Ce constat
est surtout vrai pour les grands pays européens (Allemagne, France,
Italie). Votre rapporteur en tire deux observations :
- l'écart de croissance favorable aux Etats-Unis ne peut s'expliquer par
un « excès » de rigueur budgétaire en
Europe ; au contraire, la politique budgétaire européenne a
été moins restrictive dans les années 90 ;
- ainsi, les Etats européens ont aujourd'hui des marges de manoeuvre
très réduites pour mener des politiques budgétaires
contracycliques.
Engagements financiers bruts des administrations
publiques
|
||||||||||||
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
Etats-Unis |
74,0 |
75,6 |
74,8 |
74,2 |
73,5 |
70,8 |
67,6 |
64,5 |
58,8 |
58,9 |
61,0 |
63,8 |
Zone euro |
66,4 |
70,8 |
72,8 |
77,4 |
81,3 |
81,4 |
81,5 |
77,9 |
75,7 |
74,5 |
75,0 |
75,8 |
Union européenne |
65,3 |
71,8 |
73,5 |
78,0 |
80,0 |
79,4 |
79,7 |
75,6 |
72,8 |
71,6 |
71,8 |
72,4 |
France |
44,7 |
51,6 |
55,3 |
62,9 |
66,5 |
68,2 |
70,4 |
66,2 |
65,4 |
65,0 |
67,1 |
69,6 |
Allemagne |
41,8 |
47,4 |
47,9 |
57,1 |
60,3 |
61,8 |
63,2 |
61,2 |
60,5 |
60,2 |
62,4 |
64,9 |
Italie |
126,3 |
128,2 |
134,8 |
133,9 |
136,0 |
133,3 |
133,5 |
128,0 |
124,3 |
121,7 |
121,2 |
120,1 |
Total de l'OCDE |
67,5 |
71,6 |
72,9 |
75,6 |
77,1 |
76,3 |
76,8 |
76,0 |
73,7 |
74,4 |
76,1 |
78,6 |
Source : OCDE
b) Une Europe suspendue aux décisions américaines de politique économique
L'un des
enseignements majeurs de la période en cours est qu'alors que les
Etats-Unis sont en mesure de mettre en oeuvre une riposte économique
à l'affaiblissement de la croissance, tel n'est pas le cas en Europe.
Tout se passe comme si l'Europe était suspendue à
l'efficacité des politiques économiques décidées
aux Etats-Unis.
Votre rapporteur attribue cette situation à deux causes principales.
Sur le front de la politique budgétaire, les marges de manoeuvre des
gouvernements européens sont faibles
(voir
supra
).
Le niveau d'endettement public atteint dans les grands Etats européens
impose le retour à une certaine rigueur budgétaire. Le
Gouvernement français prévoit, par exemple, dans sa programmation
pluriannuelle de finances publiques pour la période 2005-2007,
d'améliorer chaque année le solde structurel des administrations
publiques de 0,5 ou 0,6 point de PIB. La réduction des marges de
manoeuvre des Gouvernements européens est accentuée par les
modalités de fonctionnement du Pacte de Stabilité et de
croissance, qui s'attache, chaque année, au respect de soldes nominaux
de déficits publics par les Etats. Le fonctionnement du Pacte pourrait
être amélioré en prêtant davantage d'attention
à la situation conjoncturelle de la zone euro, ce qui autoriserait la
mise en oeuvre de politiques budgétaires plus réactives.
Votre Délégation a d'ailleurs élaboré des
propositions précises de réforme de Pacte de Stabilisé,
organisées autour du respect de trois soldes budgétaires
4(
*
)
.
Sur le front de la politique monétaire
, si votre rapporteur est
de ceux qui estiment que les « politiques » doivent
s'efforcer à une certaine retenue dans leurs commentaires sur les
orientations de la Banque centrale européenne (BCE)
5(
*
)
, force est de constater que celle-ci est, dans la
période en cours, intervenue moins massivement que la Fed
américaine et avec retard.
A ce stade, votre rapporteur n'en tire pas d'autre conclusion que celle d'un
constat d'une fonction de réaction de la BCE moins capable, à
tort ou à raison, d'assouplir, de son propre mouvement, les conditions
monétaires que son « homologue »
américaine
.
-
-
- B. UNE CROISSANCE ACQUISE AU PRIX D'IMPORTANTS DÉSÉQUILIBRES
-
-
-
- 1. Le déficit des comptes courants américains s'aggrave
Le retour de la croissance en 2003 s'est accompagné d'un nouveau creusement du déficit, ce qui conduit à s'interroger sur l'évolution à venir de la valeur du dollar. Dans son dernier panorama de l'économie mondiale, le CEPII 6( * ) souligne que le déficit courant américain avoisine aujourd'hui le niveau (5 % du PIB) que diverses observations historiques permettent de considérer comme « un seuil au-delà duquel s'opère une correction ».
A partir de ce constat, deux scénarios sont envisageables : celui d'un brusque décrochage du dollar , ou celui, plus bénin, d'une poursuite des tendances passées .
Théoriquement, un pays confronté à un important déséquilibre de sa balance courante voit la valeur de sa devise se déprécier. Cette dépréciation améliore la compétitivité-prix de ses entreprises à l'exportation, ce qui permet, après un certain délai d'ajustement, un retour à l'équilibre. Depuis plusieurs années, nombre d'économistes redoutent une forte et brutale dépréciation du dollar, qui serait préjudiciable à la croissance européenne. D'après les simulations de la direction de la Prévision et de l'Analyse Economique, une dépréciation de 10 % du dollar tendrait à exercer un effet négatif, à hauteur de 0,5 point de PIB, sur l'activité de la France et de la zone euro, à horizon de deux ans. L'accrochage au dollar d'un grand nombre de devises des pays émergents pourrait aggraver le phénomène.
Toutefois, la reprise de l'économie américaine , appuyée sur de remarquables gains de productivité, offre aux épargnants qui investissent dans ce pays la perspective d'un rendement du capital élevé. Une poursuite de la remontée des taux d'intérêt américains pourrait, en outre, intervenir en 2004. On ne peut donc exclure que l'afflux de capitaux privés vers les Etats-Unis se poursuive l'année prochaine, ce qui permettrait d'équilibrer la balance des paiements américaine sans baisse de la valeur du dollar. De plus, le statut de monnaie d'échange et de réserve internationale du dollar en fait un actif particulièrement apprécié par les créanciers internationaux. On ne peut donc exclure que ceux-ci s'accommodent encore un temps de la situation actuelle.
-
-
-
- 2. Persistance d'importants déséquilibres d'épargne
La vigueur de la croissance outre-Atlantique s'appuie sur une robuste consommation des ménages, favorisée par la faiblesse de leur taux d'épargne. Au contraire, les ménages européens, et particulièrement les ménages français, épargnent beaucoup.
Un rééquilibrage apparaît nécessaire et souhaitable.
Dans ses Perspectives économiques 2003-200, l'Institut Rexecode indique, que « le taux d'épargne des ménages [américains] ne s'est que peu redressé [en 2003] et reste bas, tandis que leur endettement continue à croître de façon vertigineuse ». En effet, la dette totale des ménages américains envers l'ensemble des agents financiers représentait 109,8 % de leur revenu disponible brut annuel au 30 juin 2003, contre seulement 102,6 % un an plus tôt.
Source : Rexecode
Source : Rexecode
La prolongation des tendances passées n'apparaît pas tenable,
même si deux facteurs favorables ont, jusqu'ici, permis aux
ménages américains de faire face à leurs obligations. En
premier lieu, les ménages américains ont
bénéficié de la hausse des prix de l'immobilier, et de la
remontée des cours boursiers, qui leur ont permis d'améliorer
leur situation patrimoniale nette. En second lieu, le bas niveau des taux
d'intérêt réels a limité la charge de la dette
supportée par les ménages. Dans ces conditions, les
ménages américains apparaissent très vulnérables
à une remontée des taux d'intérêt, à un krach
des prix de l'immobilier, ou à une rechute des cours de Bourse.
De leur côté, les ménages européens, et
particulièrement les ménages français maintiennent des
taux d'épargne élevés, et plutôt orientés
à la hausse.
Taux
d'épargne des ménages
|
||||||
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003* |
2004* |
France |
10,4 |
10,8 |
11,5 |
12,2 |
12,0 |
12,1 |
Allemagne |
9,8 |
9,8 |
10,1 |
10,4 |
10,5 |
10,8 |
Italie |
15,4 |
14,5 |
15,4 |
16,0 |
16,1 |
15,9 |
Etats-Unis |
2,6 |
2,8 |
2,3 |
3,7 |
4,6 |
4,8 |
Royaume-Uni |
5,3 |
4,3 |
5,5 |
5,2 |
5,5 |
5,8 |
*
Prévisions
Source : OCDE
Les statistiques présentées dans ce tableau correspondent au taux
d'épargne net des ménages, c'est-à-dire que de leur
épargne brute est retranchée leur consommation de capital fixe
(usure du capital détenu par les ménages et les entrepreneurs
individuels). C'est pourquoi le taux d'épargne affiché pour la
France est plus faible que celui couramment cité, issu des comptes
nationaux de l'INSEE. A titre indicatif, le tableau suivant présente
l'évolution du taux d'épargne des ménages français
depuis 1999, suivant la définition retenue par l'Institut national de
statistiques (Epargne brute/ Revenu disponible brut).
Taux
d'épargne des ménages français
|
||||||
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003* |
2004* |
|
15,3 |
15,7 |
16,2 |
16,7 |
16,3 |
16,4 |
*
Prévisions D.P.
Source : INSEE, base 1995 des Comptes nationaux
Le taux d'épargne élevé des ménages français
a pesé sur les évolutions conjoncturelles de ces dernières
années. Les économistes peinent à trouver des explications
pleinement satisfaisantes au comportement d'épargne des ménages
français. Leur niveau d'épargne est supérieur à ce
que l'emploi des modèles macroéconométriques usuels
laisserait prévoir, ce qui rend difficile tout exercice de
prévision en la matière. Il est vraisemblable que la persistance
d'un chômage de masse, depuis une quinzaine d'année, ait
entraîné l'apparition de comportements nouveaux d'épargne
de précaution, phénomène aggravé, jusqu'à
une période toute récente, par les incertitudes entourant le
financement futur des pensions de retraite. L'augmentation du besoin de
financement des administrations publiques pourrait également être
un facteur incitant au maintien d'une épargne élevée. Les
conditions de l'accès au crédit bancaire pourraient jouer, ainsi
que la structure de la fiscalité. On peut, sur ce point, souligner que
les ménages américains déduisent de leur revenu imposable
les charges d'intérêt qu'ils supportent.
Ces questions sont importantes. Des réponses doivent leur être
apportées afin de trouver une solution à un problème de
croissance qui semble structurel.
En tout état de cause, la forte propension des ménages
français à épargner doit nous inciter à
considérer avec prudence les scénarios économiques, qui
font reposer le retour de la croissance sur une hypothèse de baisse
forte du taux d'épargne. Une telle hypothèse est, par exemple,
retenue, dans l'un des scénarios élaborés par l'OFCE pour
la Délégation.
CHAPITRE II
LES SCÉNARIOS À MOYEN TERME 2004-2008
DE
LA DÉLÉGATION
L'Observatoire français des conjonctures
économiques
(OFCE) a réalisé pour la Délégation pour la
Planification plusieurs projections de l'économie française
à l'horizon 2008, à l'aide de son modèle
e-mod.fr
.
Cet exercice est présenté de manière
détaillée en annexe.
La
première projection
a été construite sur la base
de
l'hypothèse d'un retour de l'économie française
à une croissance proche de son potentiel, soit 2 % par an
,
à compter de 2005. On la dénomme projection centrale dans la
suite du présent rapport.
Un
second scénario
est exploré, celui d'une
croissance
plus rapide
de l'économie française sur la période
2005-2008 (
+ 2,7 % par an
).
La
présentation en parallèle
de ces deux scénarios
permet d'illustrer clairement les conditions d'une croissance plus
rapide ; elles apparaissent exigeantes
.
Ces deux scénarios se déroulent, en effet, l'un et l'autre, dans
le contexte d'une
politique restrictive des finances publiques
se
conformant à l'orientation retenue dans la programmation pluriannuelle
de finances publiques pour la période 2005-2007 arrêtée par
le gouvernement. On admet, en effet, que le solde structurel des
administrations publiques s'améliore d'au moins 0,5 point de PIB chaque
année. Ce résultat est atteint grâce à un important
effort de maîtrise des dépenses : les dépenses
publiques n'augmentent, en moyenne, sur la période 2004-2008, que de
1 % par an.
Plusieurs variantes ont été réalisées pour estimer
l'impact de chocs économiques ou d'évolutions alternatives des
finances publiques :
Une évaluation de l'impact de la réforme des retraites au cours
de la période de projection est également
présentée.
I. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE À 2 % TIRÉE PAR LA DEMANDE PRIVÉE
Dans le scénario central retenu pour cette projection, la croissance redémarre à partir de 2004. La croissance du PIB serait de 1,7 % l'année prochaine, contre seulement 0,4 % en 2003. Puis, sur la période 2005-2008, la croissance s'établirait à un rythme de 2 % par an, proche du rythme de croissance potentielle de l'économie française (qui diminuerait lui-même au cours de la période de projection).
-
-
- A. UNE CONSOMMATION RELATIVEMENT DYNAMIQUE
a) La consommation serait mieux orientée
La
consommation des ménages
progresserait de
2,1 % par
an
, en moyenne, sur la période 2004-2008. Il s'agit d'un
rythme
de progression
relativement soutenu
, même s'il n'est
pas
exceptionnel
si on le resitue dans une perspective historique. En effet, la
consommation des ménages a progressé de 2,3 % par an, en
moyenne, sur la période 1995-2000, qui s'est caractérisée,
il est vrai, par plusieurs années de forte croissance entre 1997 et
2000. A titre de comparaison, la consommation des ménages a
progressé de seulement 0,6 % par an sur la période 1990-1995.
Le tableau suivant retrace le profil de l'évolution de la consommation
des ménages de 2003 à 2008.
CONSOMMATION DES MÉNAGES
(en % et en
volume)
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
1,4 |
2,2 |
2,1 |
2,2 |
2,1 |
2,1 |
Ce profil de la consommation s'explique par les évolutions du revenu disponible brut des ménages et de leur taux d'épargne.
b) La consommation est soutenue par une progression modérée du revenu des ménages
La
progression du revenu des ménages est un facteur décisif
d'évolution de leur consommation. Dans la projection, le
revenu des
ménages progresse
, sur la période 2004-2008, à un
rythme, modéré,
de 1,6 % par an
.
La progression de la masse salariale est le principal facteur d'augmentation du
revenu disponible des ménages. Le salaire brut croît à un
rythme moyen de 1,7 % par an, en ligne avec les gains de
productivité. Dans un contexte de progression maîtrisée des
dépenses publiques, les prestations sociales croissent à un
rythme de + 1,8 % par an en moyenne (après + 2,5 %
sur la période 1990-1995, et + 1,9 % sur la période
1995-2000).
Les revenus financiers perçus au titre des dividendes ont
été très dynamiques au cours de la décennie 1990
(+ 8,25 %, en moyenne, par année). Ils progresseraient plus
faiblement sur la période de projection : + 2,2 % l'an en
moyenne. Les revenus tirés des dividendes retrouveraient ainsi un rythme
de progression plus en phase avec la croissance du PIB. Le financement des
entreprises par émission d'actions s'est beaucoup
développé dans les années 1990, ce qui explique la vive
progression des revenus tirés des dividendes au cours de cette
décennie.
Mais cette phase de transformation de la structure de
financement des entreprises semble aujourd'hui achevée
(les revenus
des dividendes ont diminué en 2002 et 2003), d'où le retour
à des rythmes de croissance plus ordinaires.
Une analyse en termes de contribution à la croissance du revenu
disponible des ménages montre que la hausse des revenus salariaux
explique un peu plus de la moitié de la progression du revenu des
ménages (
cf
. tableau suivant).
CONTRIBUTIONS À LA CROISSANCE DU REVENU DES MÉNAGES |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Revenu
disponible brut
|
3,9 |
2,7 |
3,4 |
3,3 |
3,4 |
3,3 |
3,4 |
dont : |
|
|
|
|
|
|
|
Salaire brut |
2,1 |
1,5 |
1,9 |
2,0 |
2,1 |
1,9 |
1,9 |
Revenu brut des EI |
0,4 |
0,2 |
0,1 |
0,2 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
Cotisations sociales (hors CSG) |
- 0,4 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Prestations sociales |
1,6 |
1,1 |
1,0 |
0,8 |
1,1 |
1,2 |
1,3 |
Impôts (y compris CSG) |
0,1 |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,5 |
- 0,5 |
- 0,4 |
Dividendes et intérêts |
- 0,1 |
0,0 |
0,2 |
0,0 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
Autres éléments |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
c) ... ainsi que par une baisse significative du taux d'épargne des ménages
Le taux d'épargne des ménages français se situe, depuis plusieurs années, à des niveaux historiquement élevés. En 2003, les ménages devraient épargner 16,5 % de leur revenu disponible 7( * ) . A titre de comparaison, le taux d'épargne des ménages était de seulement 12,9 % dans la deuxième moitié des années 1980. Dans le scénario, le taux d'épargne baisserait de manière importante, de près de deux points , pour être ramené à 14,6 % en 2008 . Cette baisse du taux d'épargne viendrait soutenir la consommation.
Taux
d'épargne des ménages
|
|||||||||
1985-1990 |
1990-1995 |
1995-2000 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
12,9 |
14,7 |
15,6 |
16,7 |
16,5 |
16,2 |
15,8 |
15,3 |
14,9 |
14,6 |
Il
existe, indéniablement, une importante marge de baisse du taux
d'épargne des ménages. Plusieurs facteurs pourraient concourir
à inverser la tendance, observée depuis une quinzaine
d'années, à la hausse du taux d'épargne.
En premier lieu
,
la réforme des retraites
, adoptée
par le Parlement en juillet dernier, est de nature à rassurer les
Français quant à la viabilité, à long terme, de
leur système de retraite par répartition. Le dossier des
retraites devra, certes, comme le Gouvernement s'y est engagé, faire
l'objet de réexamens périodiques, pour adapter notre
système aux évolutions économiques et
démographiques constatées. Il est vrai aussi que
l'équilibre financier des régimes de retraite, à l'horizon
2020 ou 2040, est conditionné, même après réforme,
à la réalisation de certaines hypothèses
économiques. Le Gouvernement anticipe, en particulier, une baisse du
taux de chômage, conséquence des évolutions
démographiques du pays, qui permettrait de diminuer les dépenses
de l'UNEDIC, et de dégager ainsi des ressources qui seraient
affectées aux caisses de retraite. Il n'en reste pas moins que la
réforme adoptée éclaircit l'horizon.
L'un des enjeux de la réforme des retraites résidera aussi dans
notre capacité à augmenter le taux d'activité des
« seniors », c'est-à-dire des personnes de plus de
cinquante-cinq ans, dans notre pays. Sans cela, la décision d'allonger
la durée de cotisation des salariés, pour combler le
déficit prévisible des régimes de retraite, verrait sa
portée singulièrement réduite, et on assisterait à
un transfert de charge des caisses de retraite vers l'assurance-chômage,
ou la solidarité nationale. En outre, dans un contexte de progression
lente de la population active, il est crucial de relever le taux d'emploi afin
de maintenir le niveau de croissance potentielle de l'économie
française. Ces considérations expliquent que la quatrième
partie de ce rapport soit consacrée à une étude sur le
taux d'emploi des seniors, et sur les moyens de l'augmenter.
Le
deuxième facteur
pouvant encourager une baisse du taux
d'épargne des ménages est
le choix, fait par le Gouvernement,
de mener à bien un assainissement de nos finances publiques
. La
diminution des déficits, la stabilisation, puis la baisse, du poids de
la dette publique dans le PIB, sont de nature à inciter les
ménages à réduire leur volant d'épargne de
précaution. L'orientation de politique économique suivie est donc
claire : les baisses d'impôts sont gagées par une baisse des
dépenses publiques, rapportées au PIB, ce qui peut permettre de
restituer du pouvoir d'achat aux Français. De manière
générale, l'assainissement des comptes publics devrait restaurer
la confiance des agents privés, ménages comme entreprises.
Le deuxième moteur de la croissance, après la consommation des
ménages, est l'investissement des entreprises. Dans la projection,
celui-ci progresserait à un rythme soutenu à partir de 2005. .
-
-
- B. UNE FRANCHE REPRISE DE L'INVESTISSEMENT PRODUCTIF À PARTIR DE 2005
Il a beaucoup ralenti en 2001, sous l'effet du retournement économique d'ensemble qui a affecté l'économie française et internationale. Il s'est contracté en 2002 et 2003 (de respectivement -2,8 et -2,7 %).
2004 serait une année de transition (l'investissement des entreprises progresserait de 1,4 % l'an prochain) avant une franche reprise à partir de 2005.
Dans le compte central, la FBCF progresse , en moyenne, de 5,8 % par an sur la période 2004-2008. On table donc sur un vif rebond de l'investissement productif. Ce rythme de croissance de l'investissement est, en effet, nettement supérieur à sa tendance de longue durée (+ 2,6 % par an sur la période 1970-2000). Il reste, certes, inférieur à celui observé lors des dernières périodes de forte expansion (fin des années 1980 et fin des années 1990), mais l'économie française avait alors crû à un rythme nettement plus rapide que sa croissance potentielle, et cette embellie de l'investissement n'avait pas été durable.
La modélisation proposée par l'OFCE contient des informations relatives aux conditions de financement de l'investissement. Sur la période de projection, le taux de marge des entreprises se dégraderait légèrement, passant de 39,3 % en 2005 à 39 % en 2008 (à titre de comparaison, rappelons que le taux de marge des entreprises a été, en moyenne, supérieur à 40 % dans la décennie 90). La reprise de l' investissement serait donc financée par une hausse de l'endettement des entreprises . Cette observation est cohérente avec le constat d'un moindre recours au financement par fonds propres de la part des sociétés. La dynamique retrouvée de l'investissement serait donc associée à une dégradation des comptes des entreprises .
Cette hausse de l'endettement des entreprises se manifeste, dans la projection, sous la forme d'une hausse, assez sensible, des frais financiers supportés par les sociétés . Ceux-ci augmentent de 6,9 % par an entre 2004 et 2008, à comparer avec une progression moyenne de 4,5 % par an sur la période 1995-2000. Le recours à l'endettement est facilité par des conditions monétaires plutôt favorables . L'hypothèse retenue dans la projection est celle d'une stabilité des taux courts et des taux longs, qui se situeraient, respectivement, à 2,1 et 4,4 points, sur la période 2005-2008.
Concomitamment, le taux d'autofinancement des entreprises se réduit fortement, passant de 84,4 % en 2002 à 69,2 % en 2008.
Principales caractéristiques de l'évolution du compte des entreprises |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Taux d'investissement (en volume) |
18,3 |
17,8 |
17,7 |
18,2 |
18,8 |
19,5 |
20 |
Taux de marge |
39,6 |
39,1 |
39,2 |
39,3 |
39,2 |
39,1 |
39 |
Taux d'autofinancement (hors stocks) |
84,4 |
81,4 |
82,9 |
79,1 |
75,3 |
72,3 |
69,2 |
Dans cette projection, la consommation des ménages et l'investissement des entreprises sont les moteurs de la croissance. La vigueur de la demande privée vient compenser la progression très ralentie de la demande publique.
-
-
- C. UNE IMPULSION BUDGÉTAIRE NETTEMENT RESTRICTIVE
Le Gouvernement entend stabiliser les dépenses de l'Etat, en volume, sur la période, tandis que les dépenses d'assurance-maladie verraient leur rythme de progression s'infléchir, pour revenir en phase avec le niveau de la croissance potentielle du PIB (+2,25 % par an). Les dépenses des collectivités locales progresseraient, quant à elles, de 1,8 % par an.
Il faut souligner que cette norme de progression des dépenses est très volontariste par rapport aux tendances passées . La dépense publique a, en effet, augmenté de 2,2 % par an, en moyenne, sur la période 1990-1995 , puis encore de 1,7 % sur la période 1995-2000 . L'objectif de progression des dépenses d'assurance maladie marque aussi une vraie rupture par rapport aux évolutions observées ces dernières années. Les prestations de santé versées par les administrations de Sécurité sociale devraient augmenter de 6,4 % en 2003, après 7,2 % en 2002, 6 % en 2001, et 6,6 % en 2000.
Dans la projection, l'objectif défini en matière d'évolution des dépenses publiques est atteint grâce à une progression particulièrement modérée de la consommation publique et de l'investissement public. La consommation finale des APU ne progresserait que de 0,5 % par an, entre 2004 et 2008 ; à titre de comparaison, elle a progressé de 1,7 % par an, en moyenne, entre 1995 et 2000, et de 2,2 % entre 1990 et 1995. L'investissement public verrait lui aussi son rythme de progression fortement réduit : il ne croîtrait que de 0,8 % par an à l'horizon de la projection, contre 2,6 entre 1995 et 2000, et 1 % dans la première moitié des années 1990.
Les implications concrètes de cette forte contrainte budgétaire seront précisées dans le chapitre suivant, consacré aux finances publiques. Il convient simplement de souligner ici que le faible dynamisme de la demande publique pèse, dans la projection, sur la vigueur de la croissance. Une analyse en termes de contributions à la croissance montre que les dépenses publiques ne contribueraient que fort peu à la progression du PIB.
Contributions à la croissance
(en points de
PIB)
|
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-95 |
95-2000 |
04-08 |
Importations |
- 0,4 |
- 0,2 |
- 0,1 |
- 1,3 |
- 2,1 |
- 2,0 |
- 1,9 |
- 1,9 |
- 0,6 |
- 2,1 |
- 2,0 |
Dépenses des ménages |
1,5 |
0,8 |
0,8 |
1,4 |
1,2 |
1,2 |
1,2 |
1,2 |
0,3 |
1,5 |
1,2 |
Dépenses des administrations |
0,7 |
0,9 |
0,3 |
0,1 |
0,2 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,6 |
0,5 |
0,2 |
Investissement des entreprises |
0,4 |
- 0,3 |
- 0,3 |
0,2 |
0,6 |
0,7 |
0,7 |
0,7 |
- 0,2 |
0,7 |
0,7 |
Exportations |
0,5 |
0,4 |
- 0,4 |
1,3 |
2,1 |
2,0 |
1,9 |
1,9 |
1,1 |
2,2 |
2,0 |
Variations des stocks |
- 0,7 |
- 0,4 |
0,1 |
0,1 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
-0,03 |
0,12 |
0,01 |
Demande intérieure |
1,9 |
1,1 |
0,9 |
1,7 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
0,62 |
2,84 |
2,09 |
Solde extérieur |
0,1 |
0,1 |
- 0,5 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,41 |
0,10 |
0,00 |
Dans la
projection
,
la politique économique a un
impact restrictif sur
l'activité de 0,6 point de PIB par an en
moyenne sur la
période 2004-2008
.
Ce résultat n'est pas fait pour surprendre : le modèle de
l'OFCE est d'inspiration keynésienne, c'est-à-dire qu'il postule
qu'une politique budgétaire plus ou moins expansionniste aura un effet
favorable ou défavorable sur la croissance.
Le choix du Gouvernement d'adopter une norme très rigoureuse de
progression des dépenses publiques peut être débattu.
Ce choix s'inscrit dans une stratégie de long terme. Le Gouvernement
poursuit par là deux objectifs :
• assainir durablement les finances publiques, notamment pour permettre
à la France d'aborder dans de bonnes conditions les conséquences
financières du vieillissement démographique à venir ;
• alléger le poids des prélèvements obligatoires et
des dépenses publiques afin de stimuler la croissance ; un niveau
excessif de prélèvements obligatoires finit par avoir des effets
désincitatifs sur le travail et la prise de risque, et fait sentir ses
effets de manière particulièrement nette dans un contexte
d'économie ouverte, comme l'attestent les phénomènes
d'expatriations ou de délocalisations. A l'horizon de la projection, la
politique suivie ferait passer la part des dépenses publiques dans le
PIB de 54,3 % en 2003, à 51,8 % en 2008.
L'orientation du Gouvernement s'inscrit donc dans une perspective de
transformation structurelle de l'économie française.
Mais à court et moyen terme, cette orientation est coûteuse en
termes de croissance et d'emplois. L'impulsion donnée par la politique
budgétaire est négative tous les ans de 2003 à 2008. Cette
situation contraste avec la situation qui a prévalu en 2001 ou
2002 : la politique budgétaire avait alors stimulé la
croissance.
|
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Croissance du PIB |
2,1 |
1,2 |
0,4 |
1,7 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
Impulsion budgétaire
|
0,2 |
1,2 |
- 0,1 |
- 0,4 |
- 0,6 |
- 0,5 |
- 0,6 |
- 0,6 |
Cette impulsion négative de politique budgétaire s'explique exclusivement par un effort de maîtrise de la dépense publique. Aucune hausse de prélèvements obligatoires n'est prévue à l'horizon de la projection.
|
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Impulsion
de prélèvements obligatoires
|
0,2 |
0,8 |
0,1 |
0,2 |
0,1 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Impulsion
dépenses publiques
|
0,0 |
0,4 |
- 0,2 |
- 0,6 |
- 0,7 |
- 0,5 |
- 0,6 |
- 0,6 |
Impulsion
budgétaire
|
0,2 |
1,2 |
- 0,1 |
- 0,4 |
- 0,6 |
- 0,5 |
- 0,6 |
- 0,6 |
On peut
s'interroger sur le point de savoir si cette orientation de politique
budgétaire est parfaitement adaptée, du point de vue
conjoncturel, à une économie qui connaît une reprise encore
fragile. Dans l'absolu, un effort de réduction des déficits plus
progressif serait sans doute opportun, afin de soutenir et d'accompagner la
reprise.
Le Gouvernement est cependant largement contraint dans ses choix
budgétaires par les règles du Pacte de stabilité et de
croissance. Rigides, les règles du pacte conduisent à adopter,
à court terme, une politique budgétaire sans doute trop
rigoureuse compte tenu de la faiblesse de la demande privée.
Pour limiter l'impact négatif sur la croissance de cette orientation
budgétaire, il est souhaitable que l'effort de maîtrise de la
dépense publique ne pénalise pas excessivement l'investissement
public, comme cela a été trop souvent le cas par le passé.
Les dépenses d'investissement public, en effet, contribuent à
préparer l'avenir. La construction et l'entretien de nos infrastructures
sont indispensables à la croissance. Cette conviction de bon sens est
confirmée par une étude économétrique menée
par l'OCDE
8(
*
)
qui met en évidence une
corrélation positive entre l'investissement en infrastructures et
l'investissement productif assumé par les entreprises. Un défaut
d'entretien ou d'extension de nos infrastructures ferait apparaître des
« goulets d'étranglement » préjudiciables
à la croissance de l'économie.
Dans la projection, toutes les composantes de la dépense publique sont
concernées par l'effort de maîtrise des dépenses. Leur
poids par rapport au PIB diminue ou se stabilise.
Evolution des dépenses des administrations
publiques
|
||||||||
en points de PIB |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
|
Ensemble des dépenses |
53,6 |
54,3 |
53,9 |
53,2 |
52,8 |
52,3 |
51,8 |
|
Dont : |
|
|
|
|
|
|
|
|
masse salariale |
13,7 |
13,9 |
13,8 |
13,6 |
13,2 |
12,9 |
12,4 |
|
consommations intermédiaires |
5,3 |
5,4 |
5,3 |
5,2 |
5,1 |
5,0 |
4,9 |
|
investissement |
3,1 |
3,1 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
2,9 |
|
consommations individualisables |
14,5 |
14,7 |
14,6 |
14,4 |
14,3 |
14,1 |
13,9 |
|
prestations sociales en espèces |
18,1 |
18,4 |
18,4 |
18,2 |
18,2 |
18,3 |
18,4 |
|
intérêts versés |
3,2 |
3,1 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
2,9 |
|
transferts versés |
3,7 |
3,7 |
3,6 |
3,6 |
3,6 |
3,7 |
3,7 |
|
Taux ce croissance en volume |
2,9 |
1,6 |
0,9 |
0,8 |
1,2 |
1,1 |
1,1 |
|
Dont : |
|
|
|
|
|
|
|
|
masse salariale |
2,9 |
1,9 |
0,7 |
0,5 |
-0,6 |
-0,9 |
-1,2 |
|
consommations intermédiaires |
4,0 |
2,2 |
-0,5 |
0,3 |
0,3 |
0,2 |
0,0 |
|
investissement |
-1,5 |
0,3 |
0,9 |
1,3 |
1,2 |
1,3 |
1,2 |
|
consommations individualisables |
4,8 |
1,6 |
0,9 |
1,1 |
1,2 |
0,7 |
0,7 |
|
prestations sociales en espèces |
3,2 |
2,1 |
1,7 |
1,0 |
2,1 |
2,3 |
2,6 |
|
intérêts versés |
-0,1 |
-1,7 |
-0,4 |
1,1 |
1,1 |
1,3 |
1,0 |
|
transferts versés |
3,9 |
0,5 |
0,5 |
1,9 |
2,9 |
2,5 |
2,4 |
|
Source : INSEE, calculs OFCE |
Le taux
de croissance de 2 % atteint en projection est légèrement
inférieur au potentiel de croissance de l'économie
française. La croissance potentielle de long terme est
évaluée par l'OFCE à 2,1 %, pour le début de
la période de projection, puis diminuerait pour s'établir
à 2 % d'ici 2008, en raison de la moindre progression de la
population active
9(
*
)
. La France accumulerait
donc, d'ici 2008, un petit retard de croissance, qui viendrait s'ajouter
à celui accumulé en 2002 et 2003. On pourrait dès lors
s'étonner que le compte central ne retienne pas une hypothèse de
rebond plus fort de l'activité.
Mais, compte tenu de l'impact restrictif de la politique budgétaire, la
croissance « implicite » de l'économie (celle qui
serait constatée si la politique budgétaire était neutre)
est en fait de l'ordre de 2,6 % par an.
Le compte central ne peut donc
être considéré comme retenant une hypothèse de
croissance exagérément pessimiste
.
A titre de comparaison, l'OCDE table, dans son scénario de
référence à moyen terme
10(
*
)
, sur une croissance de 2,1 %, en moyenne, sur la
période 2005-2008, mais sans effort de réduction du
déficit budgétaire.
-
-
- D. UN RYTHME DE CROISSANCE INSUFFISANT POUR RÉSORBER LE CHÔMAGE
Les perspectives à moyen terme construites par l'OFCE retiennent une hypothèse d'accélération des gains de productivité par tête. A partir de 2006, la productivité retrouverait un rythme de progression conforme à sa tendance de longue période (+ 1,9 % par an). Les années 2004 et 2005 seraient des années de transition, au cours desquelles les effets des politiques d'enrichissement du contenu de la croissance en emplois s'épuiseraient peu à peu.
PROFIL DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ PAR TÊTE
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Productivité horaire, marchand |
0,6 |
0,4 |
1,6 |
1,8 |
1,9 |
1,9 |
1,9 |
L'effet négatif sur les créations d'emplois de cette reprise des gains de productivité serait toutefois modéré par la moindre augmentation de la population active. Le vieillissement démographique (départ en retraite des générations nombreuses du baby-boom) commence à faire sentir ses effets à l'horizon de la projection.
VARIATION DE LA POPULATION ACTIVE
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-95 |
95-2000 |
04-08 |
0,6 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
0,3 |
0,1 |
0,1 |
0,4 |
0,6 |
0,2 |
L'effet « gains de productivité » l'emporterait toutefois, de sorte que la croissance devrait devenir moins riche en emplois. A partir de 2004, une croissance du PIB d'au moins 2 % par an serait nécessaire pour stabiliser le chômage. Or, la croissance projetée sur cette période est de 2 % par an, en moyenne. Dans ces conditions, il n'est guère surprenant d'observer une stabilité du taux de chômage, à 9,6 % de la population active , à l'horizon de la projection.
ÉVOLUTION DE L'EMPLOI ET DU CHÔMAGE |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Croissance du PIB |
1,2 |
0,4 |
1,7 |
2 |
2 |
2 |
2 |
Croissance du PIB stabilisant le chômage |
1,2 |
0,7 |
2 |
2,1 |
2,1 |
2 |
2 |
Emploi
total
|
166 |
-35,2 |
19,2 |
36,9 |
23,1 |
15,7 |
33,8 |
Taux de
chômage
|
9 |
9,6 |
9,6 |
9,6 |
9,6 |
9,6 |
9,6 |
La
conclusion principale que l'on peut retirer de cette projection est que
le
retour à une croissance proche du potentiel de l'économie
française ne suffira pas à résorber le chômage
.
Dans une telle configuration, le retour vers le plein emploi ne peut être
espéré que de réformes structurelles.
Le Gouvernement s'est engagé sur la voie de réformes
structurelles du marché du travail. Les principales mesures
adoptées depuis mai 2002 ont porté sur :
- les procédures de licenciement, avec la suspension des mesures les
plus contraignantes en vigueur ;
- la durée du travail, avec une augmentation du contingent et une
réduction du coût des heures supplémentaires ;
- la lutte contre les trappes à inactivité, avec l'augmentation
de la Prime pour l'emploi (PPE)
11(
*
)
;
- la fin du programme emplois-jeunes et la création d'aides
supplémentaires accordées aux entreprises qui embauchent des
jeunes sans formation.
Le projet de Revenu minimum d'activité (RMA) prévoit
également d'accorder une aide aux entreprises qui embaucheraient un
bénéficiaire du Revenu minimum d'insertion (RMI).
Ces mesures ont permis d'alléger la rigidité du marché du
travail français. Elles n'ont pas suffi cependant à
résoudre toutes les difficultés. L'évaluation d'ensemble
des 35 heures reste à faire, avant d'envisager une réforme plus
approfondie de notre droit de la durée du travail. Une mission
d'information à l'Assemblée nationale a entamé un travail
de fond sur ce sujet, et votre Délégation en examinera les
conclusions avec intérêt.
D'autres pistes de réformes doivent aussi être
explorées :
- alléger les contraintes qui pèsent sur le travail à
durée déterminée, en créant par exemple des
« CDD de projet », qui permettraient l'embauche d'un
salarié le temps de mener à bien un projet non récurrent
dans une entreprise;
- simplifier et clarifier la procédure de licenciement
économique, en vue d'assurer une meilleure sécurité
juridique aux entreprises ;
- affiner le dispositif de la Prime pour l'emploi, en le ciblant davantage sur
les plus bas salaires ;
- de même, les mesures d'allègement du coût du travail
pourraient être davantage concentrées sur les salaires proches du
SMIC.
-
-
- E. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE NON INFLATIONNISTE
Le scénario central dessine une trajectoire de croissance équilibrée, c'est-à-dire sans résurgence de l'inflation.
La progression du salaire horaire réel serait en phase avec l'accroissement des gains de productivité ; la hausse des coûts salariaux par unité produite resterait donc contenue. La hausse de l'indice des prix à la consommation ne dépasserait pas 1,7 % par an entre 2005 et 2008.
La stabilisation des cours du pétrole, aux alentours de 25 $ le baril, et du taux de change de l'euro par rapport au dollar, au niveau de 1,05 $ pour un euro, concourraient à la modération des prix.
ÉVOLUTION DE L'INFLATION ET DES COÛTS SALARIAUX UNITAIRES (en %) |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Prix à la consommation |
1,8 |
1,5 |
1,6 |
1,7 |
1,7 |
1,7 |
1,7 |
Prix du PIB |
1,9 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
1,5 |
1,5 |
1,5 |
Coût salarial par unité produite |
2 |
1,9 |
0,8 |
1,3 |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
* * *
La modélisation macroéconométrique permet d'examiner des scénarios alternatifs. On a voulu tester cette année, en plus du scénario central, un scénario de croissance plus soutenue d'ici 2008 (+ 2,7 % par an entre 2005 et 2008), avec la même impulsion négative de politique budgétaire, ce qui implique une croissance sous-jacente de l'ordre de 3,3 %. Un tel scénario permet une baisse franche du chômage, et une réduction importante des déficits publics. La modélisation de l'OFCE suggère qu'un tel scénario n'est pas inenvisageable, mais qu'il exige de réunir des conditions à la probabilité incertaine.
II. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE À 2,7 % CONDITIONNÉ À UNE IMPORTANTE BAISSE DE L'ÉPARGNE DES AGENTS
On examinera, dans un premier temps, les conditions de réalisation de ce scénario de croissance à 2,7 %. Puis, on mettra en évidence les implications d'un tel scénario sur le taux d'épargne et le niveau d'endettement des ménages et des entreprises. Une croissance du PIB de 2,7 % sur 2005-2008 permettrait une baisse importante du chômage, qui s'établirait à 7,5 % à l'horizon de la projection, en admettant toutefois une hypothèse de baisse graduelle du taux de chômage structurel.
-
-
- A. UN SCÉNARIO QUI SUPPOSE UNE PROGRESSION VIGOUREUSE DE LA DEMANDE INTÉRIEURE COMME DE LA DEMANDE EXTÉRIEURE ADRESSÉE À LA FRANCE
-
-
-
- 1. La réalisation de ce scénario suppose un fort dynamisme de nos partenaires commerciaux
Or, on a mis en évidence, dans le premier chapitre, le faible dynamisme de la croissance de nos principaux partenaires commerciaux, qui sont les pays de la zone euro (60 % de notre commerce extérieur).
L'hypothèse d'un vigoureux redémarrage d'ensemble de la zone euro conditionne donc la réalisation de ce scénario.
Concrètement, cela signifie que la zone euro devrait enregistrer une croissance très supérieure à sa croissance tendancielle, ce qui suppose qu'elle puisse relever ses gains de productivité et son taux d'emploi. Ces objectifs ne seront pas atteints sans la mise en oeuvre de politiques appropriées.
-
-
-
- 2. Une croissance du PIB de 2,7 % par an suppose une progression particulièrement dynamique de la consommation et, surtout, de l'investissement productif
Il faudrait, dans cet exercice de simulation, que la consommation des ménages progresse de 3 % par an sur 2004-2008, et que l'investissement des entreprises progresse de plus de 7 % par an, sur la même période, pour que la croissance du PIB atteigne 2,7 %. Le surcroît de consommation des ménages explique deux tiers de l'écart de croissance constaté par rapport au compte central, le tiers restant s'expliquant par le surcroît d'investissement des entreprises.
CROISSANCE DU PIB ET DE SES PRINCIPALES COMPOSANTES
|
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Croissance projetée |
1,2 |
0,4 |
1,7 |
2,7 |
2,7 |
2,7 |
2,7 |
Consommation des ménages |
1,5 |
1,4 |
2,2 |
2,8 |
3,1 |
3,1 |
3 |
FBCF des SNF-EI |
-2,8 |
-2,7 |
1,4 |
7,2 |
7,3 |
6,9 |
7 |
Dépenses publiques croissance en volume |
2,9 |
1,6 |
0,9 |
0,8 |
1,1 |
1 |
1 |
En
l'absence d'impulsion plus favorable de la politique économique, ce
scénario implique un comportement des agents privés beaucoup plus
dynamique que dans l'histoire récente.
Ainsi, la consommation des ménages a progressé, en moyenne, de
2,9 % par an dans la deuxième moitié des années 1980,
puis a ralenti dans la première moitié des années 1990
(moyenne de 0,8 % par an), avant de revenir à un rythme annuel de
progression de 2,2 % entre 1996 et 2003. Une nette
accélération de la consommation des ménages serait donc
nécessaire pour que le scénario envisagé se réalise.
La progression de l'investissement des entreprises projetée sur
2005-2008 apparaît encore plus exceptionnelle au regard des tendances
passées ; elle serait en moyenne de 7,1 % par an. Ce rythme
d'investissement serait supérieur à celui observé tant
pendant la période de forte croissance de la deuxième
moitié des années 1980 (+ 6 % par an), que pendant la
période 1995-2000 (+ 5,2 % par an).
La progression de l'investissement en logement des ménages serait assez
faible sur la période de projection (+0,8 %, contre
+ 2,4 % sur la période 1996-2003). C'est donc bien
l'investissement productif des entreprises qui serait le moteur principal de la
croissance
La dynamique de la demande intérieure serait freinée, comme dans
le compte central, par le faible rythme de croissance des dépenses
publiques. Le modèle intègre cependant les retombées
positives sur les dépenses publiques de la plus forte croissance du PIB.
En particulier, les dépenses d'assurance chômage sont moins
élevées, et les charges d'intérêt de la dette sont
moins fortes que dans le compte central, surtout en fin de période (en
raison d'une baisse plus prononcée des déficits publics). Ces
deux effets expliquent que la progression des dépenses publiques soit un
peu plus faible (à hauteur de un dixième de point) dans ce
scénario de croissance à 2,7 % que dans le compte central.
CONTRIBUTIONS À LA CROISSANCE DU PIB |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Croissance projetée |
1,2 |
0,4 |
1,7 |
2,7 |
2,7 |
2,7 |
2,7 |
Consommation des ménages |
0,8 |
0,8 |
1,2 |
1,6 |
1,7 |
1,7 |
1,7 |
FBCF des ménages hors EI |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,1 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
FBCF des SNF-EI |
- 0,3 |
- 0,3 |
0,2 |
0,8 |
0,8 |
0,8 |
0,9 |
Dépenses des administrations |
0,9 |
0,3 |
0,1 |
0,2 |
0,1 |
0,2 |
0,1 |
Variations de stocks (contribution) |
- 0,4 |
0,1 |
0,1 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Demande intérieure |
1,1 |
0,9 |
1,7 |
2,7 |
2,7 |
2,7 |
2,7 |
Solde extérieur |
0,1 |
- 0,5 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Source : INSEE, calculs OFCE
L'accélération de la croissance à partir de 2004
s'accompagnerait d'une
diminution importante du chômage
à
moyen terme. L'évolution de l'emploi est, en effet, plus favorable que
dans le scénario central : 168 000 emplois seraient
créés chaque année, contre 27 400 dans le compte
central. Le nombre de chômeurs diminuerait d'environ 155 000 par an.
Le taux de chômage serait ramené à 7,5 %
de la
population active en 2008, ce qui représenterait une amélioration
de 2,1 points par rapport au taux de chômage observé en 2003
(9,6 %).
Les hypothèses relatives aux gains de productivité sont les
mêmes dans le scénario central et dans cette variante. Par
conséquent, les écarts en matière d'emploi
résultent uniquement du différentiel de croissance entre les deux
scénarios.
-
-
-
- 3. L'inflation serait à peine plus élevée que dans le compte central
L'absence de tensions inflationnistes plus marquées peut surprendre. En effet, dans cette variante, la croissance excède nettement le niveau de la croissance potentielle et ce, plusieurs années durant. Or, la croissance potentielle est définie, théoriquement, comme la croissance maximale qu'une économie puisse connaître sans résurgence de l'inflation.
Cette apparente contradiction peut se dénouer à condition de supposer qu'une diminution graduelle du taux de chômage d'équilibre se produise. Cette hypothèse implique que les entreprises ne sont pas confrontées à des pénuries de main-d'oeuvre et qu'aucune pression importante à la hausse des salaires ne se manifeste.
EVOLUTION DU CHÔMAGE, DES COÛTS SALARIAUX UNITAIRES ET DE L'INFLATION (en %) |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Taux de chômage |
9 |
9,6 |
9,6 |
9,2 |
8,7 |
8,1 |
7,5 |
Coûts salariaux par unité produite |
2,3 |
2 |
1 |
1,6 |
1,7 |
1,8 |
1,8 |
Prix à la consommation |
1,8 |
1,5 |
1,6 |
1,8 |
1,8 |
1,8 |
1,8 |
Le
raisonnement est le suivant : la baisse du taux de chômage encourage
des inactifs à entrer sur le marché du travail (chômeurs
ayant abandonné toute recherche d'emploi, jeunes prolongeant leurs
études, femmes au foyer...). Les entreprises peuvent embaucher au sein
de cette population d'inactifs, et continuer ainsi à trouver du
personnel, quand bien même les chômeurs recensés à
l'ANPE seraient peu employables.
Le nombre d'actifs se rapproche du nombre de personnes en âge de
travailler au fur et à mesure que l'on se rapproche du plein emploi.
Cela explique que la progression de la population active soit un peu plus
dynamique que dans le scénario central.
VARIATIONS DE LA POPULATION ACTIVE ( en %) |
|||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Scénario central |
0,6 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
0,3 |
0,1 |
0,1 |
Scénario alternatif |
0,6 |
0,3 |
0,4 |
0,4 |
0,3 |
0,1 |
0,2 |
Cette
hypothèse de diminution progressive du taux de chômage structurel
a été discutée dans le rapport de l'an dernier
(perspectives à l'horizon 2007), et il n'y a donc pas lieu d'y revenir
en détails ici. Rappelons simplement que la question du niveau du
chômage structurel divise les économistes, et que la projection
repose donc sur une hypothèse économique favorable.
D'autres conditions de réalisation de ce scénario tiennent aux
comportements d'épargne des ménages et des entreprises.
-
-
- B. LA RÉALISATION DE CE SCÉNARIO EST CONDITIONNÉE À UN IMPORTANT MOUVEMENT DE DÉSÉPARGNE DE LA PART DES AGENTS
-
-
-
- 1. La vigueur de la consommation serait alimentée par une chute du taux d'épargne des ménages
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉVOLUTION DU
COMPTE DES MÉNAGES
|
|||||||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
|
Masse salariale |
1,7 |
0,9 |
1,6 |
2,3 |
2,5 |
2,3 |
2,3 |
0,5 |
2,8 |
2,4 |
|
Prestations sociales |
2,8 |
2,3 |
1,6 |
2,3 |
2,5 |
2,3 |
2,3 |
1,7 |
- 1,4 |
2,4 |
|
Revenu disponible brut |
2,0 |
1,2 |
1,8 |
1,8 |
1,9 |
1,8 |
2,1 |
1,1 |
2,5 |
1,9 |
C'est donc essentiellement un important mouvement de désépargne des ménages qui viendrait alimenter la hausse de la consommation. Le taux d'épargne passerait de 16,5 % en 2003 à 12,5 % en 2008. Ce faisant, le taux d'épargne s'approcherait de son point le plus bas observé ces trente dernières années. Comme le montre le graphique suivant, le taux d'épargne retrouverait son niveau de 1987.
TAUX
D'ÉPARGNE DES MÉNAGES
Deux
éléments favorables à la baisse du taux d'épargne
ont déjà été mentionnés dans la
première partie de ce chapitre : la récente réforme
des retraites, et la baisse du déficit budgétaire.
Dans ce second scénario, la baisse du taux d'épargne serait
encouragée par un troisième facteur : la diminution du taux
de chômage ; il est vraisemblable que la crainte du chômage
incite nombre de Français à maintenir un niveau
élevé d'épargne de précaution.
Néanmoins, ces trois éléments conjugués
suffisent-ils à rendre plausible l'évolution décrite dans
ce scénario ? Une analyse historique incite à la plus grande
prudence ; en effet, le point bas de l'épargne atteint à la
fin des années 1980 fut le résultat d'un ensemble de
réformes financières qui modifièrent, un temps, les
comportements d'épargne et de crédit des ménages. Mais une
fois la phase d'adaptation passée, le taux d'épargne a
retrouvé un
trend
haussier, qu'il n'a pas quitté depuis.
Les années 1985-86 furent en effet marquées par la fin de
l'encadrement du crédit, et par la réforme des marchés
financiers. Les banques ont cessé d'être limitées dans le
montant des crédits qu'elles pouvaient prêter aux ménages.
Dans le même temps, les entreprises ont développé leur
recours aux marchés financiers afin de lever des capitaux directement
par émission d'actions ou d'obligations, de sorte que les banques ont
disposé de capitaux inemployés qu'elles ont proposés aux
ménages.
Les ménages, de leur côté, ont été
incités à diminuer leur taux d'épargne par l'important
mouvement de désinflation qui s'est alors produit, conformément
à ce que les analyses en termes d'encaisses réelles laissaient
supposer (voir encadré ci-dessous).
L'EFFET D'ENCAISSES RÉELLES
Le lien
entre inflation et épargne a été dégagé par
Pigou en 1949
. Pour ce dernier, l'agent économique désire
détenir un montant donné d'encaisses liquides exprimé en
termes réels (une telle analyse peut être en pratique
étendue aujourd'hui à l'ensemble des actifs financiers
détenus par les ménages). Si le montant désiré
s'écarte du montant effectivement détenu du fait de la hausse des
prix, l'agent modifie son comportement d'épargne afin de maintenir la
valeur de ses encaisses. Ainsi, un surcroît d'inflation se traduira par
une hausse du taux d'épargne des ménages dans le but de
reconstituer le pouvoir d'achat de cette épargne, tandis qu'une baisse
du taux d'inflation aura l'effet inverse. La rapidité de ces adaptations
dépend du rythme de progression de l'inflation et du degré
d'illusion monétaire des agents sur l'évolution de celle-ci.
Comme l'illustre le graphique suivant, relatif au taux d'endettement, les
ménages français ont nettement développé leur
recours au crédit à partir du milieu des années 1980.
Source : OFCE
Cette combinaison de réformes structurelles et de désinflation ne
pourra se reproduire dans les années qui viennent, ne serait-ce que
parce que l'indice des prix à la consommation évolue
désormais à un rythme très modéré. Seules de
vigoureuses mesures de politique économique semblent en mesure
d'inverser la tendance à la hausse du taux d'épargne. Un
important alourdissement de la fiscalité de l'épargne y
pourvoirait, mais entrerait en contradiction avec d'autres objectifs de
politique économique : attractivité du territoire
(éviter la fuite des capitaux), ou développement de plans par
capitalisation en vue de la retraite.
Ces considérations, qui incitent à penser que ce scénario
de baisse franche du taux d'épargne a peu de chances de se
réaliser d'ici 2008, mettent aussi en évidence l'impact d'un
retour de la confiance qui pourrait modifier en profondeur le comportement
d'épargne des ménages.
-
-
-
- 2. Le dynamisme de l'investissement aurait pour contrepartie un endettement accru des entreprises
Les coûts salariaux augmentant plus vite que les coûts de production (1,9 % contre 1,6 %), les entreprises ne pourraient que faiblement améliorer leur taux de marge (32,2 % en 2008 contre 31,8 en 2004). Le surcroît d'investissement, par rapport au compte central, est donc financé par une baisse supplémentaire du taux d'autofinancement.
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉVOLUTION DU COMPTE DES ENTREPRISES |
|||||||||||
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
|
Taux de marge |
32,1 |
31,5 |
31,8 |
32,1 |
32,1 |
32,1 |
32,2 |
32,4 |
32,4 |
32,0 |
|
Taux d'investissement |
19,0 |
18,5 |
18,5 |
19,3 |
20,2 |
21,0 |
21,9 |
19,4 |
18,8 |
20,2 |
|
Taux d'autofinancement (hors stocks) |
84,4 |
81,4 |
82,9 |
78,6 |
74,3 |
70,7 |
66,9 |
91,2 |
88,5 |
73,9 |
|
Investissement |
- 2,8 |
- 2,7 |
1,4 |
7,2 |
7,3 |
6,9 |
7,0 |
- 1,1 |
3,5 |
7,1 |
Source : INSEE, calculs OFCE
Logiquement, les frais financiers des sociétés s'accroissent
assez rapidement. Ils progresseraient de 7,5 % par an, en moyenne, sur la
période 2004-2008 (leur progression a été comprise entre 4
et 4,5 % dans la décennie 1990).
On peut s'interroger sur la pérennité d'une reprise de
l'investissement financée par l'endettement. Si l'endettement des
entreprises devient excessif, il est à craindre que la phase d'expansion
décrite dans le scénario ne soit suivie d'une phase de repli
brutal de l'investissement, à laquelle les entreprises seraient
contraintes pour rétablir leurs comptes.
CHAPITRE III
LES TENDANCES DES FINANCES PUBLIQUES
Le
modèle e-mod.fr de l'OFCE, utilisé pour réaliser cette
projection, ne permet qu'une approche globale des finances publiques.
Son utilisation pour des projections à moyen terme garantit
néanmoins la
cohérence
entre les hypothèses de
politique budgétaire, les évolutions macroéconomiques et
celles des comptes publics.
Comme chaque année, il a donc été demandé aux
équipes de l'OFCE d'en tirer le maximum d'indications sur
l'évolution détaillée des finances publiques.
Les projections des finances publiques présentées dans le rapport
montrent que
le retour à l'équilibre des finances publiques ne
serait pas atteint, à l'horizon 2008
, même dans le
scénario de croissance le plus favorable.
Dans les deux scénarios,
la politique budgétaire poursuit un
objectif d'assainissement structurel des finances publiques
.
Dans le
premier scénario
,
le maintien de la croissance à un niveau
légèrement inférieur à son potentiel
pèse sur le redressement entrepris.
Le
déficit
conjoncturel se creuse
à l'horizon de la projection jusqu'à
atteindre un niveau très significatif.
Dans le second
scénario
,
le déficit conjoncturel se résorbe
progressivement
, ce qui permet une diminution plus marquée du besoin
de financement des administrations publiques.
L'
hypothèse
retenue
en matière d'évolution des
dépenses publiques
, qui est
la même que celle contenue dans
le programme pluriannuel
de finances publiques pour la période
2005-2007, est
très rigoureuse
comparée aux tendances
passées (progression des dépenses publiques limitée
à 1 % par an en volume).
Plusieurs variantes ont été réalisées pour mettre
en évidence l'impact de choix de politique économique
alternatifs, ou les conséquences d'un environnement économique
différent.
Une
première variante
met en évidence l'impact
négatif qu'aurait sur le solde public la poursuite d'une progression des
dépenses à leur rythme tendanciel.
Une
autre variante
montre que l'objectif de réduction du
déficit budgétaire ne laisse
guère de marges de
manoeuvre pour des baisses supplémentaires de prélèvements
obligatoires
.
En revanche,
une simulation
met en évidence le fait qu'une
augmentation de l'inflation
dans un pays isolé de la zone euro
facilite la réduction du ratio dette publique sur PIB
, et offre
ainsi de nouvelles marges de manoeuvre budgétaires.
I. LE RETOUR À L'EQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES NE SERAIT PAS ATTEINT À L'HORIZON 2008
L'évolution des finances publiques dépend de deux éléments : l' orientation délibérée de la politique budgétaire, d'une part , et l' environnement macro-économique, d'autre part. Le premier conditionne l'évolution du solde public structurel, le second, l'évolution de la composante conjoncturelle du solde public.
-
-
- A. EN DEPIT D'UN IMPORTANT EFFORT STRUCTUREL...
-
-
-
- 1. Un effort structurel de l'ordre d'un demi point de PIB chaque année entre 2004 et 2008
L'effort discrétionnaire de réduction du déficit structurel est couramment désigné par l'expression « effort structurel ». L'effort structurel peut parfois différer de la variation effective du déficit structurel. Ce point technique est explicité dans l'encadré suivant.
SOLDE STRUCTUREL ET EFFORT STRUCTUREL
I-
Détermination du solde structurel
Le solde des administrations publiques est affecté par la position de
l'économie dans le cycle. On observe ainsi un déficit de recettes
et un surplus de dépenses (notamment celles qui sont liées
à l'indemnisation du chômage) lorsque le PIB est inférieur
à son niveau potentiel et, à l'inverse, un surplus de recettes et
une diminution des dépenses lorsqu'il lui est supérieur.
L'indicateur usuel de
solde structurel
vise à corriger le solde
public effectif de ces fluctuations liées au cycle. La méthode
d'évaluation du solde structurel consiste à calculer, en premier
lieu, la partie conjoncturelle du solde public, c'est-à-dire celle qui
s'explique par la conjoncture, selon une méthodologie largement commune
aux organisations internationales. En pratique, ce calcul repose notamment sur
l'hypothèse que les recettes conjoncturelles évoluent au
même rythme que le PIB, et que les dépenses - à l'exception
notable des allocations chômage - ne sont pas sensibles à la
conjoncture. Le solde structurel est ensuite calculé comme un
« résidu », par différence entre le solde
effectif et sa partie conjoncturelle. Cet indicateur constitue une
référence internationale pour l'appréciation de
l'orientation des politiques budgétaires.
Une fois éliminés les effets de la conjoncture, on retrouve dans
les évolutions du solde structurel :
- l'effort de maîtrise de la dépense, mesuré par
l'écart entre la progression de la dépense et la croissance
potentielle : lorsque la dépense publique croît moins vite
que la croissance potentielle, cela correspond bien à une
amélioration structurelle des finances publiques ;
- les mesures nouvelles concernant les prélèvements
obligatoires.
II-
L'effort structurel
Cependant, à côté de ces facteurs effectivement
représentatifs de l'orientation de la politique budgétaire, le
solde structurel en recouvre d'autres, sans doute moins pertinents :
- Le solde structurel est affecté par des « effets
d'élasticité » des recettes publiques.
L'hypothèse, en pratique, d'élasticité unitaire des
recettes au PIB
12(
*
)
, retenue dans le calcul du
solde conjoncturel, n'est en effet valable qu'à moyen-long terme.
À court terme en revanche, on observe des fluctuations importantes de
cette élasticité. Pour l'État par exemple, l'amplitude de
l'élasticité apparente des recettes fiscales est forte, du fait
notamment de la variabilité de l'impôt sur les
sociétés : l'élasticité des recettes fiscales
nettes peut ainsi varier entre zéro et deux.
Retenir l'hypothèse d'une élasticité unitaire revient donc
à répercuter entièrement en variations du solde structurel
les fluctuations de l'élasticité des recettes, alors même
que ces fluctuations s'expliquent largement par la position dans le cycle
économique. L'interprétation des variations du solde structurel
s'en trouve donc sensiblement brouillée.
- D'autres facteurs peuvent également intervenir comme les
variations des recettes hors prélèvements obligatoires (les
recettes non fiscales de l'État, par exemple). Par construction, ces
évolutions n'étant pas tenues pour
« conjoncturelles » viennent affecter le solde structurel.
Afin de s'en tenir aux facteurs dont la nature structurelle est le mieux
établie, on peut donc retirer du solde structurel les effets
d'élasticité et les recettes hors prélèvements
obligatoires.
L'indicateur qui en résulte, que l'on peut qualifier
d'« effort structurel » ou de « variation
discrétionnaire du solde structurel » retrace les seuls effets
de maîtrise des dépenses et de mesures nouvelles de
prélèvements obligatoires décidées par les pouvoirs
publics. L'écart entre l'indicateur de variation du solde
structurel et celui de l'effort structurel peut être important.
Source : d'après le
Rapport économique, social, et financier, annexé au projet de loi
de finances pour 2004.
Entre 2004 et 2008, l'effort structurel avoisinerait 0,5 point de PIB chaque
année (avec quelques fluctuations autour de cette tendance).
Effort
structurel
(en % du PIB)
-
-
-
-
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
1,2
-0,1
-0,4
-0,6
-0,5
-0,6
-0,6
2. L'effort porte sur les dépenses et non sur les recettes publiques
Il y a
deux manières d'améliorer le solde structurel : par la
hausse des prélèvements obligatoires, ou par la réduction
des dépenses publiques (en niveau absolu, ou par rapport au PIB).
La logique de la politique économique suivie par le Gouvernement conduit
à rejeter les hausses de prélèvements obligatoires ce qui,
compte tenu du niveau qu'ils atteignent, est parfaitement justifié. La
voie d'une augmentation des prélèvements obligatoires pour
résorber les déficits est donc écartée.
L'axe central de la politique du Gouvernement réside donc dans un
important effort de maîtrise de l'évolution de la dépense
publique. L'évolution de la dépense publique, en tant que
composante de la demande, a déjà été
présentée dans le chapitre II. Rappelons, pour mémoire,
que l'évolution des dépenses publiques serait limitée
à 1 % par an, en volume, de 2005 à 2008 (on prolonge
à l'année 2008 la tendance valable pour 2005-2007). Les
dépenses de l'Etat seraient stabilisées en volume. La progression
des dépenses d'assurance-maladie serait contenue à 2,25 %
par an. Les dépenses des collectivités locales progresseraient de
1,8 % chaque année.
Tenir cet objectif de dépenses représenterait
une importante
inflexion
par rapport à la tendance passée des finances
publiques
.
Évolution des dépenses publiques
(taux de croissance en volume)
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
||
2,9 |
1,6 |
0,9 |
0,8 |
1,2 |
1,1 |
1,1 |
||
|
||||||||
1990-1996 |
1996-2003 |
2004-2008 |
||||||
2,5 |
2,6 |
1 |
Les
projections réalisées par l'OFCE sont fondées sur une
hypothèse de suppression de 10 000 postes de fonctionnaires de
l'Etat chaque année
, et de
diminution du nombre d'emplois
aidés
dans le secteur non marchand (- 46 000 en 2005,
- 9000 en 2006, - 6000 les années suivantes). Pourtant, en
dépit de ces suppressions d'effectifs, tenir l'objectif de
dépenses publiques
indiqué par le Gouvernement, impliquerait,
d'après les calculs de l'OFCE, une baisse du pouvoir d'achat du salaire
individuel des agents
des administrations publiques.
Il paraît difficile de faire accepter par les agents publics une baisse
de leur pouvoir d'achat d'ici 2008. Il n'est pas à exclure qu'une
période de rigueur salariale soit suivie d'une phase de rattrapage, qui
ferait repartir à la hausse le rythme de progression des dépenses
publiques
La solution alternative consisterait à opter pour une diminution plus
prononcée du nombre de fonctionnaires, en ne remplaçant par
exemple qu'un départ sur deux en retraite, ce qui permettrait de
diminuer de 30 000 chaque année le nombre de postes
budgétaires, et de dégager quelques marges de manoeuvre pour une
politique salariale plus dynamique.
En matière de
dépenses d'assurance maladie
, l'inflexion
attendue du rythme d'évolution des dépenses ne se produira pas en
l'absence de réformes structurelles. Le Gouvernement a
décidé de consacrer l'année qui vient à une vaste
entreprise de réflexion et de concertation avant d'engager cette
réforme à l'automne 2004.
Tenir cet objectif de dépenses exigera un constant effort de rigueur de
la part du Gouvernement. En effet, comme le montre l'expérience
passée des programmes de stabilité notifiés par la France
à la Commission européenne, si les programmes de stabilité
français s'engagent traditionnellement à respecter une norme de
progression des dépenses publiques, des écarts importants entre
les engagements pris et les variations effectives des dépenses sont
régulièrement observés. Depuis 1999, les dépenses
publiques ont toujours progressé plus vite qu'annoncé dans les
programmes de stabilité.
b) Une légère décrue des prélèvements obligatoires
S'agissant des recettes publiques , la projection s'inspire également des mesures annoncées par le gouvernement dans sa programmation pluriannuelle. Le taux de prélèvements obligatoires diminuerait de 0,5 point de PIB en 2004, et de 0,1 point en 2005, sous l'effet de mesures de baisses d'impôts et d'allègements de cotisations sociales employeurs. La baisse des prélèvements obligatoires est un peu plus forte que celle prévue dans le projet de loi de finances pour 2004, car une hypothèse d'élasticité fiscale un peu plus basse a été retenue pour la modélisation. A partir de 2005, le taux de prélèvements obligatoires serait stable à 43,2 % du PIB.
Évolution des recettes des administrations
publiques
dans l'hypothèse d'une croissance à
2 %
-
-
-
en points de PIB
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
90-96
96-03
04-08
TVA
7,2
7,1
7,2
7,3
7,3
7,3
7,4
7,5
7,5
7,3
Autres impôts indirects
8,3
8,4
8,3
8,2
8,3
8,3
8,4
8,4
8,6
8,3
Impôt sur le revenu des ménages (dont CSG)
8,1
8,0
7,9
7,8
7,9
7,9
7,9
5,3
7,7
7,9
Impôt sur les sociétés
2,5
2,1
1,8
2,1
1,9
1,9
1,9
1,8
2,4
1,9
Autres impôts sur le revenu et le patrimoine
1,0
1,1
1,1
1,0
1,0
1,0
1,0
1,3
1,2
1,0
Cotisations employeurs
11,3
11,4
11,3
11,2
11,2
11,2
11,2
11,7
11,4
11,2
Cotisations salariés
4,1
4,2
4,2
4,2
4,2
4,2
4,2
5,8
4,4
4,2
Cotisations non salariés
1,1
1,1
1,1
1,1
1,1
1,1
1,1
1,4
1,2
1,1
Impôts en capital
0,6
0,6
0,6
0,6
0,6
0,6
0,6
0,5
0,6
0,6
Prélèvements obligatoires
43,9
43,8
43,3
43,2
43,2
43,2
43,2
43,3
44,7
43,2
B. L'ÉQUILIBRE N'EST PAS ATTEINT EN 2008
- 1. La réduction du déficit public diffère selon le scénario envisagé
Principaux agrégats de finances publiques
|
||||||
Points
de PIB
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Compte central, croissance à 2 % |
|
|
|
|
|
|
Capacité de financement |
-4 |
-3,9 |
-3,4 |
-3 |
-2,6 |
-2,2 |
Dette |
61,4 |
63,1 |
64,9 |
66,1 |
66,9 |
67,3 |
Taux de prélèvements obligatoires |
43,8 |
43,6 |
43,5 |
43,5 |
43,5 |
43,5 |
Dépenses publiques rapportées au PIB |
54,3 |
53,9 |
53,2 |
52,8 |
52,3 |
51,8 |
Scénario de croissance dynamique à 2,7 % |
|
|
|
|
|
|
Capacité de financement |
-4 |
-3,9 |
-3,1 |
-2,4 |
-1,6 |
-0,9 |
Dette |
61,4 |
63,1 |
64,5 |
65,1 |
64,8 |
63,7 |
Taux de prélèvements obligatoires |
43,8 |
43,6 |
43,5 |
43,5 |
43,4 |
43,4 |
Dépenses publiques rapportées au PIB |
54,3 |
53,9 |
52,9 |
52,1 |
51,2 |
50,3 |
a) Dans le scénario de croissance lente, l'assainissement structurel est compensé par un creusement du déficit conjoncturel
Dans
le scénario central
, le besoin de financement des administrations
publiques atteint encore
2,2 points de PIB en 2008
. Il se
réduit de 1,8 point
par rapport au pic atteint en 2003
(déficit de 4 % du PIB). Le repli est régulier, à
hauteur de 0,4 ou 0,5 point de PIB chaque année, sous l'effet de
l'effort de réduction du déficit structurel mené
continûment par le Gouvernement.
La diminution du déficit des APU est, chaque année, de moindre
ampleur que l'effort structurel mené par les pouvoirs publics. Cet
écart entre l'effort
ex ante
et le résultat
ex post
s'explique par l'effet restrictif sur l'activité de l'orientation de
politique budgétaire retenue. Les recettes fiscales sont moins
dynamiques qu'elles ne l'auraient été en l'absence de ce biais
restrictif de la politique budgétaire.
Le déficit des finances publiques resterait égal ou
supérieur à 3 % du PIB, niveau maximal autorisé par
le Pacte de stabilité et de croissance, jusqu'en 2006.
L'amélioration du solde budgétaire ne serait pas suffisante pour
stopper la progression du ratio dette publique sur PIB, qui passerait de
61,4 % en 2003 à 67,3 % en 2008.
b) Dans le scénario de croissance dynamique, les deux composantes du déficit se replient et l'équilibre des finances publiques se profile à l'horizon de la projection
Dans
le second scénario
, la réduction du déficit
budgétaire est plus importante. Même si l'équilibre des
finances publiques n'est pas encore atteint en 2008, le
besoin de
financement des APU
ne représenterait plus, à cette date, que
0,9 point de PIB
.
Le déficit des APU repasserait sous le seuil
des 3 % dès 2006
.
La réduction du besoin de financement des administrations publiques,
plus rapide que dans le scénario central, permettrait une décrue
de l'endettement public rapporté au PIB, mais seulement en fin de
période : le ratio dette/ PIB passerait d'abord de 61,4 à
65,1 % du PIB entre 2003 et 2006, puis reculerait, pour atteindre
63,7 % du PIB en 2008. La baisse du ratio dette publique/PIB exerce alors
des effets qui facilitent la gestion des dépenses publiques. Toutes
choses égales par ailleurs, elle diminue les charges
d'intérêt et leur inflexion favorise le respect de la norme de
progression des dépenses publiques.
Comme les dépenses publiques croissent moins vite que le PIB, le niveau
des dépenses publiques rapporté au PIB diminue à l'horizon
de la projection. Cet effet est plus prononcé dans le deuxième
scénario que dans le premier, puisque la croissance y est plus rapide.
c) Des résultats qui diffèrent en raison du rythme de la croissance
L'écart de solde, en 2008, entre les deux
scénarios
s'explique par la divergence des soldes conjoncturels.
Dans les deux scénarios, le déficit structurel disparaît
presque complètement à l'horizon 2008. Mais dans le premier
scénario, un déficit conjoncturel significatif se maintient. Il
représente encore 2,1 points de PIB en 2008, reflet d'un important
retard de production de l'économie française à cette date.
Evolution du solde budgétaire
|
||||||
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Solde structurel |
-2,8 |
-2,4 |
-1,8 |
-1,3 |
-0,7 |
-0,1 |
Solde conjoncturel |
-1,2 |
-1,5 |
-1,6 |
-1,7 |
-1,9 |
-2,1 |
Solde budgétaire |
-4 |
-3,9 |
-3,4 |
-3 |
-2,6 |
-2,2 |
Dans le deuxième scénario , la croissance effective est supérieure au potentiel de l'économie française chaque année à partir de 2005, de sorte que le retard de production de l'économie française se comble peu à peu. La baisse simultanée du déficit structurel et du déficit conjoncturel permet de se rapprocher de l'équilibre budgétaire à moyen terme.
-
-
-
-
Evolution du solde budgétaire
(scénario à 2,7 %)
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Solde structurel
-2,8
-2,4
-1,8
-1,3
-0,7
-0,1
Solde conjoncturel
-1,2
-1,5
-1,3
-1,1
-0,9
-0,8
Solde budgétaire
-4
-3,9
-3,1
-2,4
-1,6
-0,9
2. La récente réforme des retraites, positive pour les finances publiques à long terme, aurait, à moyen terme, un effet légèrement négatif
L'une des difficultés de l'exercice réside dans la nécessité de poser des hypothèses sur le comportement des salariés « seniors » face au changement des règles applicables en matière de retraite : par exemple, quel pourcentage des salariés choisira de prolonger son activité au-delà de 60 ans pour bénéficier du nouveau dispositif de surcote ? Quel sera le succès des nouveaux dispositifs de retraite par capitalisation ? Quel sera l'impact des mesures prises sur les préretraites ? Les hypothèses retenues sont détaillées dans la note technique fournie par l'OFCE et publiée en annexe.
A l'horizon 2008, la modélisation fait ressortir un impact négatif de la réforme sur les finances publiques. Cet impact négatif serait d'un ordre de grandeur compris entre 1,3 et 2,2 milliards d'euros, selon les hypothèses économiques retenues.
a) Principales mesures ayant un impact sur les finances publiques à l'horizon 2008
(1) Modifications du niveau des pensions
(a) Le régime
général
Considérons d'abord les modifications des règles
applicables au
régime général
de retraite
.
La réforme prévoit, en premier lieu, de
rehausser le niveau
des pensions perçues par les salariés ayant effectué une
carrière complète au SMIC à temps plein
. Leur taux de
remplacement passera progressivement d'ici 2008 de 79,5 % à
85 %. D'après les estimations de l'OFCE, 120 000 nouveaux
retraités bénéficieraient chaque année de cette
mesure, pour un
surcoût de 360 millions d'euros en 2008
.
Evaluation du coût de la hausse du minimum
contributif
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Nombre de bénéficiaires
|
120 |
240 |
360 |
480 |
600 |
Surcoût
|
24 |
48 |
144 |
192 |
360 |
Une
révision du mode de calcul des pensions des
retraités ayant
cotisé
à plusieurs régimes
devrait occasionner
un
surcoût supplémentaire de 200 millions d'euros en 2008
.
La
création du mécanisme de surcote
crée une
incitation à la
poursuite d'activité au-delà de 60 ans
et de 40 années de cotisations
. En effet, la prolongation de la
durée d'activité au-delà de ce qui est aujourd'hui requis
pour bénéficier d'une retraite à taux plein fera
bénéficier le retraité d'une amélioration
substantielle de sa pension (+6 %, par exemple, pour une personne prenant
sa retraite à 62 ans après 42 années de cotisations). En
estimant à 30 % le pourcentage de retraités
bénéficiaires de la surcote, le
surcoût pour le
régime général serait de l'ordre de 300 millions d'euros
en 2008
.
Evaluation du coût de la surcote
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Nombre de bénéficiaires
|
180 |
360 |
540 |
720 |
900 |
Surcoût
|
20 |
70 |
160 |
230 |
290 |
(b) Les régimes de la fonction publique
D'autres
mesures concernent
les régimes de retraite de la fonction publique.
Comme pour le régime général, la loi a introduit une
surcote, à partir de 2004, pour les fonctionnaires qui partent
après 60 ans
, avec plus de 38 années de cotisations, (la
durée de cotisation requise sera progressivement portée à
40 ans). En supposant que la surcote bénéficie à
10 % des fonctionnaires partant à la retraite avec un gain moyen de
4,5%, le coût de la mesure serait de
10 millions d'euros en
2004
, puis de 20 millions d'euros en 2005, 30 millions en 2006,
40 millions en 2007 et
50 millions en 2008
.
La loi a également étendu le mécanisme de la décote
aux régimes de la fonction publique. En admettant que la décote
frappe 10 % des fonctionnaires partant à la retraite, avec une
perte moyenne de 8 % du montant de leur retraite, la mesure
représenterait pour les administrations publiques une économie de
85 millions d'euros en 2008.
Par ailleurs, sera créé en 2005 un
régime
spécifique obligatoire dont
les cotisations seront assises sur le
montant des primes. Les fonctionnaires et l'Etat devront chacun cotiser au taux
de 5%. Les cotisations versées par les fonctionnaires devraient
représenter environ
900 millions d'euros
de recettes
supplémentaires chaque année. La hausse pour l'Etat est neutre au
niveau des administrations publiques, dans la mesure où les prestations
sont négligeables à l'horizon de la projection.
(2) Modifications des comportements de départ en retraite
(a) Vers une augmentation du nombre de retraités à l'horizon de
la projection
Outre le
niveau des pensions, la réforme des retraites devrait également
modifier les comportements d'activité des Français, et donc le
nombre de retraités. Il est naturellement difficile d'évaluer
l'impact d'une réforme sur les comportements individuels. Les
estimations proposées ont donc un caractère hypothétique.
La loi ouvre ainsi le
droit aux salariés ayant commencé
à travailler à 14, 15 ou 16 ans
de
partir en retraite
avant 60 ans, sous réserve d'une durée de cotisation comprise
entre 40 et 42 ans
, selon les cas. Cette mesure devrait conduire à
avancer l'âge de départ en retraite d'un certain nombre de
personnes, dont certaines bénéficient toutefois
déjà d'allocations chômage ou de préretraites. En
2008,
le nombre de retraités serait supérieur de 120 000
à ce qu'il aurait été en l'absence de réforme
.
A l'inverse, la création du mécanisme de surcote devrait inciter
des actifs à rester plus longtemps dans l'emploi : il y aurait
30 000 salariés seniors en plus en 2004, puis 60 000 de plus
les années suivantes. De même, une taxation des
préretraites d'entreprise est introduite, qui devrait diminuer les
incitations à utiliser ce type de dispositif.
Un raisonnement analogue vaut pour la Fonction publique. On suppose que
l'âge de départ en retraite des fonctionnaires recule
progressivement : en 2004, 5 % des fonctionnaires retarderaient de 1
an leur départ en retraite ; en 2008, 10 % des fonctionnaires
le retarderaient de 2 ans.
D'un point de vue démographique, il y aurait, à l'horizon de la
projection une augmentation du nombre de retraités par rapport à
ce qui serait advenu sans réforme. Le tableau suivant synthétise
les évolutions modélisées.
Impact de la réforme sur l'offre de travail (en milliers)
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Retraites anticipées |
-50 |
-100 |
-107 |
-113 |
-120 |
Report de l'âge de la retraite (secteur privé) |
+30 |
+60 |
+60 |
+60 |
+60 |
Report de l'âge de la retraite (secteur public) |
+15 |
+30 |
+30 |
+30 |
+30 |
Total |
-5 |
-10 |
-17 |
-23 |
-30 |
Source : Calcul OFCE
(b) Des résultats financiers sensibles à l'évolution de l'emploi
•
Deux scénarios
Pour évaluer le coût de ces départs en retraite plus
nombreux, l'OFCE distingue
deux scénarios
. Dans le premier cas,
les départs en retraite sont tous compensés par l'embauche d'un
salarié plus jeune, et la production est maintenue. Dans le second cas,
les départs ne sont pas remplacés, car l'offre de travail se
raréfie, et la production diminue (scénario de baisse du taux de
croissance potentielle). A court terme, le premier scénario est le plus
probable, mais il en va différemment à moyen et long terme.
L'impact sur les finances publiques est naturellement supérieur quand
les salariés ne sont pas remplacés : les caisses de
Sécurité sociale perçoivent moins de cotisations, les
recettes de l'impôt sur les sociétés ou de l'impôt
sur le revenu diminuent également.
• Le bilan financier à l'horizon 2008
Le
bilan financier pour le régime général
serait le
suivant :
Modification de l'âge de départ à la retraite pour le régime général |
||||||
|
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Impact sur le nombre d'actifs (en milliers) |
Retraite anticipée |
-50 |
-100 |
-107 |
-113 |
-120 |
|
Report du départ à la retraite |
30 |
60 |
60 |
60 |
60 |
|
Total |
-20 |
-40 |
-47 |
-53 |
-60 |
Impact
financier
|
|
|
|
|
|
|
- Avec maintien de la production |
Prestations vieillesse |
-340 |
-670 |
-790 |
-890 |
-1010 |
Prestations chômage |
120 |
240 |
280 |
320 |
360 |
|
Cotisations sociales |
-180 |
-360 |
-420 |
-480 |
-540 |
|
Total finances publiques |
-400 |
-790 |
-930 |
-1050 |
-1190 |
|
- Avec baisse de la production |
Prestation vieillesse |
-340 |
-670 |
-790 |
-890 |
-1010 |
Cotisations sociales |
-360 |
-720 |
-850 |
-950 |
-1080 |
|
Total finances publiques |
-700 |
-1390 |
-1640 |
-1840 |
-2090 |
Source : calculs OFCE.
Le
bilan financier pour les régimes de la fonction publique
serait le suivant :
Modification de l'âge de départ à la retraite pour les régimes de la fonction publique |
||||||
|
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Impact sur le nombre d'actifs (en milliers) |
|
15 |
30 |
30 |
30 |
30 |
Impact financier |
Variation des... |
|
|
|
|
|
- Avec maintien des effectifs |
Salaires |
-225 |
-450 |
-450 |
-450 |
-450 |
Prestations vieillesse |
250 |
500 |
500 |
500 |
500 |
|
Prestations chômage |
-90 |
-180 |
-180 |
-180 |
-180 |
|
Cotisations sociales |
45 |
90 |
90 |
90 |
90 |
|
Total finances publiques |
-110 |
-230 |
-230 |
-230 |
-230 |
|
- Avec hausse des effectifs |
Salaires |
-450 |
-900 |
-900 |
-900 |
-900 |
Prestation vieillesse |
250 |
500 |
500 |
500 |
500 |
|
Cotisations sociales |
90 |
180 |
180 |
180 |
180 |
|
Total finances publiques |
-110 |
-220 |
-220 |
-220 |
-220 |
Source : calculs OFCE.
(3) Autres mesures
Outre
ces mesures qui touchent les régimes par répartition, la
réforme introduit également des incitations fiscales au
développement d'une
épargne retraite
. L'OFCE évalue
le coût pour les finances publiques, sous forme d'exonérations
fiscales à 950 millions d'euros en 2008.
Enfin, des mesures de financement supplémentaires ont été
prises.
Comme cela a été indiqué, la réforme prévoit
une taxation des
préretraites entreprises
au taux de
24 %.
Cette taxe devrait rapporter
200 millions d'euros
chaque
année.
Un accord patronat-syndicats prévoit aussi une hausse de
0,2
point
des cotisations salariées
, qui rapporterait 0,9
milliard d'euros chaque année au régime général,
à compter de 2006.
Précisons, pour terminer, que la hausse de la durée de cotisation
pour les salariés du privé ne deviendra effective qu'à
partir de 2009, et n'affecte donc pas les projections présentées
dans ce rapport.
b) Evaluation d'ensemble
L'impact financier des différentes mesures ayant été détaillé, il est possible d'établir un bilan général de la réforme des retraites sur les finances publiques sur la période de projection, toujours en distinguant entre deux scénarios (maintien de la production, ou baisse de la production).
Bilan financier pour les finances publiques (en millions d'euros) |
|||||||
Mesure |
|
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Bilan hors décalage du départ à la retraite |
A |
-285 |
315 |
805 |
445 |
95 |
|
• Régime général |
|
|
|
|
|
|
|
Minimum contributif |
Prestations vieillesse |
1 |
-25 |
-50 |
-150 |
-225 |
-300 |
Retraite des polypensionnés |
Prestations vieillesse |
2 |
-40 |
-80 |
-120 |
-160 |
-200 |
Surcote |
Prestations vieillesse |
3 |
-20 |
-70 |
-160 |
-225 |
-290 |
Financement |
Cot. soc. salariés |
4 |
|
|
900 |
900 |
900 |
• Fonction publique |
|
|
|
|
|
|
|
Régime spécifique assis sur les primes |
Cot. soc. salariés |
5 |
|
900 |
900 |
900 |
900 |
Surcote |
Prestations vieillesse |
6 |
-10 |
-20 |
-30 |
-40 |
-50 |
Décote |
Prestations vieillesse |
7 |
|
15 |
35 |
55 |
85 |
Aide fiscale aux fonds de capitalisation |
Prélèvements obligatoires |
8 |
-190 |
-380 |
-570 |
-760 |
-950 |
Bilan du décalage du départ à la retraite |
|
|
|
|
|
|
|
- Avec maintien de la production |
B |
-500 |
-1010 |
-1150 |
-1270 |
-1400 |
|
|
Salaires |
9 |
-225 |
-450 |
-450 |
-450 |
-450 |
|
Prestations vieillesse |
10 |
-80 |
-170 |
-290 |
-390 |
-500 |
|
Prestations chômage |
11 |
30 |
60 |
100 |
140 |
180 |
|
Cotisations sociales |
12 |
-225 |
-450 |
-510 |
-570 |
-630 |
- Avec baisse de la production |
C |
-800 |
-1610 |
-1860 |
-2060 |
-2300 |
|
|
Salaires |
13 |
-450 |
-900 |
-900 |
-900 |
-900 |
|
Prestations vieillesse |
14 |
-80 |
-170 |
-290 |
-390 |
-500 |
|
Cotisations sociales |
15 |
-270 |
-540 |
-670 |
-770 |
-900 |
Total |
Finances publiques |
|
|
|
|
|
|
- Avec maintien de la production (A+B) |
|
|
-785 |
-695 |
-345 |
-825 |
-1305 |
- Avec changement de la production (A+C) |
|
|
-1085 |
-1295 |
-1055 |
-1615 |
-2205 |
Source : calculs OFCE
Il apparaît que l'impact financier de la réforme est
négatif pour les finances publiques à l'horizon 2008,
essentiellement en raison de la possibilité offerte aux salariés
ayant droit à une pension à taux plein de partir en retraite
avant l'âge de 60 ans. Le surcoût augmenterait progressivement
entre 2004 et 2008, pour s'établir, en fin de période, à
1,3 milliard d'euros dans le scénario le plus favorable, et à 2,2
milliards d'euros dans le scénario plus défavorable.
Il ne faut donc pas attendre de la réforme des retraites qu'elle offre
de nouvelles marges de manoeuvre financières à court terme.
L'effort demandé aux Français par cette réforme ne se fera
sentir que de manière graduelle, alors que les mesures à
caractère social décidées par le Gouvernement prennent
effet immédiatement.
-
-
-
C. DES HYPOTHESES DE CROISSANCE MOINS FAVORABLES EXPLIQUENT L'ECART AVEC
LES PROJECTIONS DU GOUVERNEMENT
- 1. Les hypothèses de travail retenues par le Gouvernement...
Deux points, en revanche, divergent :
- les perspectives de croissance envisagées par le Gouvernement sont plus optimistes que celles retracées dans les scénarios de la Délégation ; le Gouvernement a modélisé deux scénarios de croissance : dans le premier, la croissance s'établit à 2,5 % par an sur la période 2005-2007 ; dans le second, la croissance du PIB est de 3 % sur la même période.
- l' hypothèse retenue en matière de déficit budgétaire pour l'année de base de la projection -2004- est différente : le Gouvernement table sur un déficit de 3,6 % du PIB l'année prochaine (pour une croissance de 1,7 point de PIB), tandis que la Délégation a retenu, à croissance égale, une hypothèse de déficit de 3,9 points de PIB.
Les prévisions à court terme pour l'économie française ont déjà fait l'objet d'une discussion dans le premier chapitre de ce rapport. Concernant les hypothèses de croissance retenues par le Gouvernement à l'horizon 2007, il convient de souligner qu'elles impliqueraient un rebond très marqué de l'activité, après quatre années de croissance inférieure au potentiel. Dans le premier scénario, le retard de croissance se résorbe partiellement ; il représente 2,9 points de PIB en 2004 et encore 2,2 points de PIB en 2007 (pour une croissance potentielle de 2,25 % par an). Dans le second scénario, le retard de croissance a quasiment disparu en 2007.
Compte tenu de l'impulsion négative de politique budgétaire, la croissance sous-jacente de l'économie est de l'ordre de 3 % dans le premier scénario, et de l'ordre de 3,5 % dans le second. L'économie française n'a connu, depuis 1980, qu'une seule période où la croissance fut supérieure à 3 % trois années de suite : la période 1998-2000, avec des taux de croissance de respectivement 3,4, 3,2 et 3,8 %. L'épisode de la fin des années 1980 s'en rapproche : 4,6 % de croissance en 1988, 4,2 % en 1989 et 2,6 % en 1990. Autrement dit, il semble que l'économie française puisse effectivement connaître de telles performances de croissance, mais uniquement lors de brèves phases de haut de cycle. Par ailleurs, l'orientation de la politique budgétaire était plutôt expansionniste dans les périodes historiques susmentionnées, alors qu'elle est restrictive dans le programme pluriannuel de finances publiques pour 2005-2007.
-
-
-
- 2. ... favorisent des trajectoires de réduction du déficit budgétaire plus favorables
Solde
budgétaire
(en points de PIB)
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
Scénario bas |
||||
Gouvernement (+2,5 %) 1 |
-3,6 |
-2,9 |
-2,2 |
-1,5 |
Délégation (+2 %) 1 |
-3,9 |
-3,4 |
-3 |
-2,6 |
Scénario haut |
||||
Gouvernement (+3 %) 1 |
-3,6 |
-2,6 |
-1,6 |
-0,7 |
Délégation (+2,7 %) 1 |
-3,9 |
-3,1 |
-2,4 |
-1,6 |
1. A
partir de 2005
|
Dans
l'un et l'autre cas, le déficit public est inférieur dans le
scénario gouvernemental à l'horizon 2007, à hauteur
d'environ 1 point de PIB, dont 0,3 point dû à l'année
de base.
Un autre point est commun aux deux scénarios présentés par
le Gouvernement : le déficit public passe, en 2005, sous la barre
des 3 % de déficit public, conformément aux engagements pris
par la France devant ses partenaires européens. La comparaison des
projections du Gouvernement et de celles de la Délégation montre
que l'objectif de ramener le déficit sous la barre des 3 % en 2005
est ambitieux. Une croissance inférieure à 2,5 % en 2005
obligerait, vraisemblablement, le Gouvernement à prendre des mesures
supplémentaires (réduction de dépenses ou hausse des
prélèvements) pour atteindre l'objectif fixé.
Dans les scénarios gouvernementaux, 2005 serait également
l'année où s'amorcerait la baisse du ratio dette publique/PIB. Il
atteindrait 61,8 % en 2007 dans le scénario de croissance à
2,5 %, et passerait sous la barre des 60 % dans le scénario de
croissance à 3 %.
Dette
publique
(en % du PIB)
-
-
-
-
2004
2005
2006
2007
Scénario bas
Gouvernement (+2,5 %)
62,8
63,2
62,9
61,8
Délégation (+2 %)
63,1
64,9
66,1
66,9
Scénario haut
Gouvernement (+3 %)
62,8
62,7
61,5
59,4
Délégation (+2,7 %)
63,1
64,5
65,1
64,8
Source : Rapport économique, social et financier, et OFCE.
3. Conclusions
Ce choix peut se défendre non seulement par l'objectif financier qui est fixé, mais encore par la volonté de conduire, dans une période où l'écart de croissance (l'écart entre la croissance spontanée et la croissance potentielle) redevient positif, une politique contracyclique.
Cela étant dit, il reste à s'interroger sur l'intensité et le calendrier de l'effort de redressement à entreprendre.
Le programme de stabilité du Gouvernement comporte de ce point de vue des cibles qui sont ambitieuses. Dans son scénario central, le redressement des finances publiques atteint 2,5 points de PIB d'ici 2007. La composante structurelle du solde est améliorée à hauteur de 2 points de PIB et la composante conjoncturelle, de 0,5.
Ces performances dépendent de la capacité de l'économie française à s'installer sur une trajectoire de croissance de 3 % en volume, puisque l'impulsion budgétaire conduit à freiner la croissance de 0,5 point. C'est un premier constat.
L'arbitrage entre la croissance et l'assainissement des finances publiques conduit à renoncer à une partie de la reprise, et c'est un second constat.
Cependant, deux observations méritent attention et appellent une discussion :
• l'impact économique de l'assainissement des finances publiques tel qu'il est programmé sur la période limite l'expansion de la richesse nationale et ralentit la résorption du chômage, alors que le retard accumulé en ces deux domaines pourrait appeler un rattrapage plus net ;
• les résultats financiers en termes de solde nominal d'un scénario où l'effort d'assainissement structurel serait nul sur la période laisseraient apparaître un redressement de l'ordre de 1,5 point de PIB et le déficit atteindrait, en 2007, 2,5 points de PIB contre 1,5 dans le programme de stabilité. Une amélioration de la situation financière interviendrait donc sans effort structurel. Mais, dans cette trajectoire, le déficit se réduirait moins en niveau et, surtout, la composante structurelle du solde serait inchangée, laissant les finances publiques vulnérables à tout ralentissement de la croissance.
Deux variantes de finances publiques, réalisées par l'OFCE, montrent que l'objectif de réduction du déficit public ne laisse que peu de marge de manoeuvre aux pouvoirs publics pour des baisses d'impôt ou des dépenses supplémentaires. En revanche, un surcroît d'inflation, dans un pays isolé de la zone euro, pourrait offrir quelques marges de manoeuvre supplémentaires.
II. DES MARGES DE MANoeUVRE REDUITES POUR DES BAISSES D'IMPÔT OU POUR DES DEPENSES PUBLIQUES SUPPLEMENTAIRES
-
-
- A. LA POURSUITE DE LA PROGRESSION DES DEPENSES A LEUR RYTHME TENDANCIEL NE PERMETTRAIT PAS DE REVENIR SOUS LA BARRE DES 3 % DE DEFICITS PUBLICS D'ICI 2008
Il ressort de la modélisation que la poursuite de la progression tendancielle des dépenses publiques n'est pas compatible, dans le cadre d'un scénario de croissance modérée de 2 % l'an, avec le respect du Pacte de stabilité et de croissance. Le déficit budgétaire se réduirait modérément, à partir d'un niveau élevé de 4,1 points de PIB en 2004, mais serait encore de 3 % du PIB en 2008. Autrement dit, la France serait en infraction avec le Pacte tout au long de la période de projection, alors même que la croissance effective, sans être exceptionnelle, se rapprocherait du potentiel.
Tous les postes de dépense , à l'exception des prestations d'assurance chômage , sont plus dynamiques dans la variante que dans le compte central. En 2008, les dépenses de rémunération des agents de la fonction publique seraient supérieures de près de 16 % au résultat obtenu dans le compte central. Les dépenses de consommation intermédiaires seraient plus élevées de 13,5 %, les dépenses de santé de 4,7 % et l'investissement public de 7,7 %. Seul le poste « prestations chômage » présente, en 2008, un niveau de dépense inférieur à celui noté dans le compte central (l'écart est de 11,8 %).
La diminution, par rapport au compte central, des dépenses d'assurance chômage s'explique par le plus grand dynamisme de la croissance du PIB , qui permet d'obtenir une diminution du taux de chômage. Dans le compte central, l'orientation restrictive de la politique budgétaire réduit la croissance du PIB de 0,5 % environ chaque année. Dans cette variante, la croissance du PIB n'est plus freinée par la faiblesse de la demande publique, ce qui permet à la croissance de s'établir à 2,5 ou 2,6 % l'an, à partir de 2005, au lieu de 2 % dans le compte central.
La croissance plus rapide du PIB favorise une augmentation plus rapide des recettes publiques, mais sans que cet effet ne permette de compenser le surcroît initial de dépenses publiques. Le solde public est donc bien dégradé par rapport à celui projeté dans le compte central ; l'écart est de 0,7 point de PIB en 2008.
Variante demande publique tendancielle
-
-
-
2004
2005
2006
2007
2008
Hypothèses de politique économique et nouveaux niveaux de croissance et de déficit public
Dépenses publiques primaires en volume
1,9
1,8
2,5
2,3
2,4
Rémunération des salariés
2,6
2,7
3,1
2,5
2,5
Consommations intermédiaires
2,0
2,8
2,4
2,-
2,4
Prestations chômage
0,7
-7,4
-3,2
-5,4
-2,1
Prestations vieillesse
1,7
2,0
2,7
3,2
3,2
Prestations famille
1,6
1,4
1,4
1,4
1,4
Prestations santé
2,5
3,2
3,2
3,2
3,2
Prestations logement
0,8
1,0
1,0
1,0
1,0
Subventions, et transferts courants
1,5
1,9
2,5
2,7
2,6
FBCF
1,9
2,8
2,5
2,5
2,4
Croissance du PIB
2,1
2,5
2,6
2,6
2,5
Capacité de financement des administrations publiques en % du PIB
-4,1
-3,7
-3,6
-3,3
-3,0
Ecart au compte central en %
Dépenses publiques primaires en volume
0,9
1,9
3,2
4,5
5,9
Rémunération des salariés
1,9
5,0
8,0
11,7
15,8
Consommations intermédiaires
2,5
5,2
7,8
10,6
13,5
Prestations chômage
-1,2
-4,1
-6,8
-9,7
-11,8
Prestations vieillesse
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Prestations famille
0,0
0,9
1,4
1,4
1,4
Prestations santé
0,8
1,8
2,8
3,8
4,7
Prestations logement
0,4
1,0
1,6
2,2
2,8
Subventions, et transferts courants
0,3
0,3
0,0
0,3
0,5
FBCF
1,0
2,6
4,3
5,9
7,7
PIB
0,4
0,9
1,5
2,0
2,5
Capacité de financement des administrations publiques en % du PIB
-0,2
-0,3
-0,5
-0,6
-0,7
B. UNE FORTE BAISSE DE L'IMPOT SUR LE REVENU EXERCERAIT UN EFFET DE RELANCE SUR L'ECONOMIE MAIS DEGRADERAIT LES COMPTES PUBLICS
- 1. Hypothèses de départ
-
-
-
- 2. Un effet de relance sur l'activité
La baisse de l'impôt sur le revenu serait source de gains de pouvoir d'achat pour les ménages , comme l'atteste la progression plus dynamique du revenu disponible brut (cf. tableau récapitulatif infra ). Ces gains de pouvoir d'achat provoqueraient certes un surcroît d'épargne, mais aussi un surcroît de consommation . La baisse de l'imposition ne modifie pas la répartition habituelle du revenu entre épargne et consommation. Toutefois, comme la consommation s'ajuste avec retard sur le revenu, le taux d'épargne croît dans un premier temps, avant de retrouver son niveau initial à partir de 2008.
Sur ce point très controversé, le modèle de l'OFCE décrit dans un premier temps une hausse du taux d'épargne des ménages qui peut sembler confirmer les réserves exprimées sur l'efficacité d'une telle mesure en termes de relance. Mais cette hausse n'est que transitoire. Une fois la hausse de leur revenu acquise, les ménages reviennent à la répartition initiale entre épargne et consommation. De plus, même si ce phénomène n'est pas modélisable, on peut attendre d'une maîtrise des finances publiques affichée comme pérenne et capable de gager à terme la baisse de l'impôt sur le revenu, une inflexion du taux d'épargne des ménages qui amplifierait les effets favorables de la mesure sur la croissance.
Le surcroît de consommation viendrait alimenter une hausse de la production. La croissance du PIB accélèrerait progressivement à l'horizon de la projection (+0,1 % par rapport au compte central en 2005, +0,2 % en 2006, +0,3 % en 2007 et +0,5 % en 2008). L'investissement progresse plus rapidement sous l'effet de deux facteurs : l'investissement des entreprises est stimulé par l'augmentation de la demande qui leur est adressée ; et les ménages consacrent une partie de leurs gains de pouvoir d'achat à l'acquisition ou à l'amélioration de leur logement, ce qui accroît l'investissement en logement des ménages.
Cette croissance plus vive s'accompagne de créations d'emplois plus nombreuses ( + 69 000 en 2008 ), ce qui permet une baisse du taux de chômage à partir de 2006 (alors que le taux de chômage reste inchangé dans le compte central). La baisse du chômage encourage une progression plus soutenue du salaire horaire, qui vient à son tour augmenter le pouvoir d'achat des ménages. L'accélération concomitante, mais modérée de l'inflation, ne vient pas contrebalancer cet effet, de sorte que le salaire horaire réel augmente bien.
Une partie de la hausse de la consommation vient cependant nourrir les importations, et ne profite donc pas à l'économie nationale. Le surcroît d'inflation, par rapport au compte central, dégrade la compétitivité-prix de l'économie française, comme l'atteste l'écart observé au niveau des prix à l'export.
Néanmoins, l'effet global, sur la croissance, de la baisse de l'impôt sur le revenu reste positif. Il est cependant acquis au prix d'une dégradation sensible du solde des administrations publiques.
-
-
-
- 3. Un effet négatif sur le solde public
Dans un tel scénario, le déficit des administrations publiques serait encore supérieur à 3 points de PIB en 2007, et serait de 2,8 points de PIB en 2008. Sauf modification très sensible des comportements des agents économiques, une forte baisse de l'impôt sur le revenu dans les prochaines années, qui ne s'accompagnerait pas de réduction de dépenses supplémentaires, poserait donc problème au regard du respect par la France de ses engagements européens. Elle éloignerait également la perspective de retour à l'équilibre des finances publiques.
Variante de baisse de l'impôt sur le revenu
-
-
-
2004
2005
2006
2007
2008
PIB total en volume
0,0
0,1
0,2
0,3
0,5
taux impôt sur le revenu (en %)
0,0
-7,4
-14,7
-22
-22,0
Baisse de l'impôt sur le revenu (en % du PIB)
0,0
-0,3
-0,5
-0,8
-0,8
Ecart de niveau entre variante et compte central
Importations ( en %)
0,0
0,2
0,6
1,0
1,3
Consommation des ménages ( en %)
0,0
0,2
0,5
1,0
1,4
Consommation des administrations ( en %)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Investissement :
Investissement productif ( en %)
0,0
0,1
0,3
0,6
0,8
Investissement logement ( en %)
0,0
0,5
1,0
1,7
1,9
Variations de stocks ( contribution)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Exportations ( en %)
0,0
0,0
-0,1
- 0,2
-0,2
Effectifs totaux ( en milliers )
0,0
8
26
50
69
Effectifs publics ( en milliers )
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Effectifs totaux ( en %)
0,0
0,0
0,1
0,2
0,3
Taux de chômage ( en points )
0,0
0,0
-0,1
-0,2
-0,2
Prix du PIB ( en % )
0,0
0,0
0,1
0,2
0,4
Prix de la consommation des ménages ( en % )
0,0
0,0
0,0
0,1
0,2
Productivité horaire, secteur marchand ( en %)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Taux de marge ( en points )
0,0
0,0
0,1
0,1
0,0
Taux d'épargne ( en points )
0,0
0,2
0,3
0,4
0,1
Salaire horaire ( en %)
0,0
0,0
0,1
0,2
0,5
Salaire horaire réel ( en % )
0,0
0,0
0,1
0,1
0,3
Revenu disponible brut ( en % )
0,0
0,4
1,0
1,5
1,8
Soldes ( en points de PIB )
APU
0,0
-0,2
-0,4
-0,6
-0,6
Entreprises
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Ménages
0,0
0,2
0,2
0,3
0,1
SF
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
ISBLSM
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Nation
0,0
0,0
-0,2
-0,3
-0,4
Prix des imports ( en %)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,1
Prix des exports ( en %)
0,0
0,0
0,1
0,3
0,4
Taux de change ( en %)
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
C. UNE LÉGÈRE POUSSÉE INFLATIONNISTE OFFRIRAIT, SOUS CERTAINES CONDITIONS, DES MARGES DE MANoeUVRE SUPPLÉMENTAIRES EN MATIÈRE DE FINANCES PUBLIQUES
Avec le traité de Maastricht, l'objectif de stabilité des prix a été consacré au niveau européen. La Banque centrale européenne est responsable de la stabilité des prix dans la zone euro. Elle a défini la stabilité des prix comme une hausse de l'indice des prix à la consommation inférieure ou égale à 2 % par an.
Un faible taux d'inflation présente un inconvénient en matière de finances publiques : en modérant l'évolution du PIB nominal, un faible taux d'inflation rend plus difficile la stabilisation du ratio dette publique/PIB (ce ratio est en effet calculé par référence au PIB nominal ). Or, le ratio dette/PIB est le principal indicateur utilisé pour apprécier la soutenabilité des finances publiques à long terme.
Une modélisation réalisée par l'OFCE montre ainsi qu'une augmentation d'un point du taux d'inflation (l'inflation passerait de 2 % à 3 %) permettrait de dégager de nouvelles marges de manoeuvre budgétaires.
-
-
-
- 1. Une hausse de l'inflation dans un pays isolé a un effet positif sur les finances publiques de l'Etat concerné
On pose l'hypothèse d'une augmentation du taux d'inflation en France, qui passerait de 2 % à 3 %. La BCE, fidèle à une cible d'inflation de 2 % par an, augmente ses taux d'intérêt pour lutter contre cette poussée inflationniste : le passage de l'inflation de 2 à 3 % en France provoque une hausse de l'inflation de 0,23 % dans la zone euro ; la Banque centrale européenne augmente ses taux d'intérêt de 0,35 point 13( * ) . La compétitivité-prix de l'économie française se dégrade. Le coût moyen de la dette augmente légèrement sous l'effet de la hausse des taux d'intérêt de court terme décidée par la BCE (le taux d'intérêt de long terme n'est pas affecté par une hausse de l'inflation limitée à la France).
b) Effets sur le ratio dette publique/PIB
La
hausse de l'inflation a un impact sur le PIB en valeur, sur le coût moyen
de la dette, et sur le volume du PIB :
* le PIB nominal augmente plus rapidement (+ 1 point), ce qui fait
mécaniquement baisser le poids de la dette exprimée en points de
PIB. Dans le même temps, le coût moyen de la dette
s'apprécie de seulement 0,2 point. De ces deux effets, le premier
l'emporte, ce qui permet de faire baisser le ratio dette/PIB chaque
année à hauteur de 0,4 à 0,5 point de PIB.
Impact
d'une hausse permanente de 1 point d'inflation
|
||||
En points de PIB |
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
Dette |
- 0,5 |
- 0,9 |
- 1,4 |
- 1,8 |
Au bout
de quatre ans, le ratio dette/PIB serait inférieur à hauteur de
1,8 point de PIB.
* Toutefois, ce premier effet est minoré par une moindre croissance du
PIB
en volume
: la hausse des taux d'intérêt et la
perte de compétitivité de la France freinent la croissance du
PIB. La progression du PIB nominal s'en trouve ralentie. De plus, moins de
croissance signifie moins de recettes fiscales, et donc des déficits et
une dette publique plus élevés.
La hausse des taux directeurs de la BCE a un impact restrictif sur la
croissance du PIB de la France.
Impact
d'une hausse de 0,35 point des taux d'intérêt de la zone euro
|
|||||
|
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
5 e année |
PIB France |
- 0,07 |
- 0,16 |
- 0,19 |
- 0,08 |
- 0,04 |
La perte de compétitivité de la France conduit aussi à une moindre progression du PIB.
Impact
de la perte de compétitivité
|
||||
|
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
PIB France |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,6 |
- 0,8 |
c) L'effet net est toutefois favorable
La modélisation montre que le premier effet décrit l'emporte sur le second, de sorte que le ratio dette/PIB est effectivement diminué par une hausse de l'inflation. Le gain est de 1,3 point de PIB au bout de quatre ans .
Synthèse de l'impact d'une hausse permanente de
1 point d'inflation
|
||||
En points de PIB |
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
Dette |
- 0,3 |
- 0,6 |
- 0,9 |
- 1,3 |
Exprimé autrement, le surcroît d'inflation
autoriserait
une impulsion budgétaire supérieure de 0,6 point de PIB
chaque année pour un ratio dette publique/PIB finalement inchangé.
A titre d'illustration, notons qu'un pays comme l'Espagne connaît depuis
plusieurs années un différentiel positif d'inflation par rapport
à la moyenne de la zone euro. La France, en revanche, a connu un taux
d'inflation inférieur à la moyenne de la zone euro. L'Espagne se
trouve donc dans la position favorable décrite dans le scénario
ci-dessus : elle peut équilibrer son budget, et stabiliser sa
dette, en consentant un effort budgétaire
réel
moindre que
celui que la France devrait réaliser.
Indice
des prix à la consommation en Espagne, dans la zone euro, et en France,
depuis la création de la monnaie unique
|
||||
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Espagne |
2,4 |
3,2 |
3,3 |
3,6 |
Moyenne de la zone euro |
1,1 |
2,1 |
2,4 |
2,2 |
France |
0,2 |
1,2 |
1,4 |
1,5 |
La prise
en compte de cette donnée éclaire l'appréciation
portée sur la position budgétaire des Etats membres de la zone
euro. Votre Délégation a consacré de nombreux travaux au
Pacte de stabilité et de croissance. Parmi les observations critiques
qu'elle a eu l'occasion de formuler, elle a déjà souligné
que les « disciplines » budgétaires qu'entend porter
le Pacte imposent des contraintes différentes aux Etats. Les plus
vertueux sur le plan de l'inflation sont doublement
pénalisés :
• le coût de leur dette publique est alourdi d'une charge indue
résultant des tensions sur les conditions monétaires et
financières qu'engendre la combinaison des performances d'inflation des
pays les moins vertueux et de la politique monétaire de la BCE ;
• leurs efforts de maîtrise du poids de la dette publique sont plus
importants que ceux des pays qui trouvent dans l'inflation une manière
de les atténuer.
Ainsi, les pays, comme la France et l'Allemagne, qui connaissent un très
faible taux d'inflation doivent consentir un effort plus important que leurs
partenaires pour un même objectif de déficit ou de ratio dette
publique/PIB.
Cet élément devrait être pris en compte
pour apprécier la détermination politique des Etats à
respecter le Pacte de Stabilité et de Croissance
.
Le taux d'inflation faisait d'ailleurs partie, au même titre que le solde
budgétaire, des critères de convergence définis par le
traité de Maastricht. Mais, alors qu'un mécanisme
multilatéral de surveillance des soldes budgétaires a
été mis en place avec le Pacte de stabilité et de
croissance, rien d'équivalent n'a été prévu pour
surveiller l'évolution de l'indice des prix chez les Etats membres. Or,
un niveau d'inflation élevé dans un pays est source, en
régime d'union monétaire, d'externalités négatives
pour ses partenaires (au même titre qu'un niveau élevé de
déficits publics).
Il serait donc logique que la surveillance
multilatérale concerne non seulement la position budgétaire des
Etats, mais aussi les performances d'inflation des pays membres
.
-
-
-
- 2. Une hausse simultanée de l'inflation dans tous les pays de la zone euro aurait des effets beaucoup moins favorables sur les finances publiques
Dans un second scénario, l'OFCE a modélisé les conséquences d'un passage de 2 à 3 % de la cible d'inflation dans la zone euro. On fait l'hypothèse que l'inflation augmente simultanément dans tous les pays de la zone. La dépréciation du taux de change effectif de l'euro préserve la compétitivité des pays européens.
b) Dans ce second scénario, l'augmentation des charges d'intérêt annule le bénéfice retiré d'une progression plus rapide du PIB nominal
On
pourrait s'attendre, à première vue, à ce que ce
scénario soit plus favorable que le précédent en
matière de finances publiques : l'inflation accélère,
et il n'y a pas de hausse des taux directeurs de la BCE, ni de perte de
compétitivité, susceptible de brider la croissance du PIB en
volume. Mais ce serait sans compter avec un dernier effet :
l'augmentation simultanée de l'inflation dans tous les pays de la
zone euro pousse à la hausse les taux d'intérêt de long
terme, et accroît ainsi les charges d'intérêt payées
sur la dette.
A la différence du premier scénario, le taux
d'intérêt réel reste donc ici constant. L'augmentation des
charges d'intérêt creuse le déficit public, et
accroît le niveau de la dette publique.
La hausse des charges d'intérêt payées sur la dette est
forte la première année (+17 %), et occasionne une
augmentation du déficit, et de la dette publique qui croît de
0,9 %. Cette augmentation de la dette vient peser sur les charges
d'intérêt l'année suivante (+1,1 %), et encore
légèrement la troisième année (+0,1 %).
Deux effets jouent donc en sens contraire : d'une part, la hausse de
l'inflation conduit à une progression plus rapide du PIB en
valeur ; d'autre part, la dette publique augmente plus rapidement sous
l'effet de la hausse du taux d'intérêt payé sur la dette.
La modélisation de l'OFCE montre que ces deux effets s'annulent
quasiment : à court comme à long terme, l'impact du
surcroît d'inflation sur le ratio dette publique/PIB est marginal.
Impact
d'une hausse permanente de 1 point d'inflation
|
||||
En points de PIB |
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
Dette |
- 0,02 |
- 0,02 |
- 0,01 |
- 0,01 |
CHAPITRE IV
ÉLEVER LE TAUX D'EMPLOI DES
« SENIORS »
UNE RÉPONSE AU VIEILLISSEMENT
DÉMOGRAPHIQUE
L'arrivée à l'âge de la retraite des
générations nombreuses du
«
baby-boom »
provoque un
vieillissement
démographique
de la société française. Comme
les chapitres précédents l'ont montré, ce vieillissement
démographique devrait faire sentir ses effets à brève
échéance, puisqu'ils sont perceptibles à l'horizon de
notre projection (2008). La
principale conséquence
de ce
vieillissement démographique est une progression ralentie - voire,
à terme, une diminution -
de la population active
. Cette
raréfaction de l'offre de travail devrait être un
facteur de
diminution de la croissance potentielle
de l'économie
française, dans la mesure où celle-ci est
déterminée par l'abondance des facteurs de production.
Le vieillissement est une tendance démographique lourde, commune
à l'ensemble des pays développés. Des politiques
familiales bien adaptées peuvent toutefois permettre de redresser les
taux de natalité, comme le montre l'exemple de la Suède
notamment. Il importe donc de réfléchir à cet aspect de
nos politiques publiques. Toutefois, d'éventuelles actions en ce domaine
ne feraient sentir leurs effets qu'à long terme : un redressement
aujourd'hui de la natalité ne ferait sentir ses effets sur le
marché du travail que vers 2020, au plus tôt.
A moyen terme, il est possible d'agir sur un autre levier, qui est celui du
taux d'emploi, en particulier du taux d'emploi des
« seniors », c'est-à-dire des personnes dont
l'âge est compris entre 55 et 64 ans, dont la part au sein de la
population active va s'accroissant.
Le taux d'emploi mesure le rapport entre la population occupant un emploi (quel
que soit son statut : salarié ou non, dans le secteur public ou le
secteur-privé...), et la population en âge de travailler,
définie conventionnellement comme la population dont l'âge est
compris entre 15 et 64 ans. Le taux d'emploi nous renseigne sur la part de
la population qui contribue, par son travail, à la formation du PIB. Il
est un indicateur plus pertinent que le taux de chômage pour
évaluer les effets des politiques destinées à encourager
les créations d'emplois.
La
France
se caractérise par un
taux d'emploi des seniors
particulièrement faible
; notre pays dispose donc d'une
importante marge de progression en ce domaine. En 2000 et 2001, des objectifs
ont été définis, au niveau européen, pour augmenter
le taux d'emploi des seniors à l'horizon 2010. Ce chapitre se propose
d'esquisser un bilan des mesures prises récemment pour atteindre les
objectifs fixés.
I. LA FRANCE SE CARACTÉRISE PAR UN FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES SENIORS
Les comparaisons internationales montrent que le taux d'emploi des seniors est, en France, l'un des plus faibles parmi les pays développés. Le phénomène est particulièrement accentué pour les hommes sans qualification.
-
-
-
A. LA FRANCE EST MAL PLACÉE DANS LES COMPARAISONS
INTERNATIONALES
- 1. Le taux d'emploi en France est faible
Source : Eurostat et OCDE.
La France se situe à un niveau tout juste supérieur à la moyenne de la zone euro, qui est elle-même assez faible compte tenu des modestes performances de la France, de l'Espagne et de l'Italie. La France a 10 à 15 points de retard par rapport aux pays les plus performants en la matière, qui sont, outre le Japon, les pays anglo-saxons et les pays scandinaves.
-
-
-
- 2. Le niveau du taux d'emploi des seniors est particulièrement bas
Source : Eurostat et OCDE.
Ce second indicateur place la France parmi les pays les plus mal classés. Le taux d'emploi des seniors en France est inférieur à la moyenne de l'Union européenne, comme à la moyenne de la zone euro, elle-même très éloignée des performances américaines ou japonaises. Au sein de l'Europe des 15, seules l'Italie et l'Autriche affichent des résultats plus médiocres en termes de taux d'emploi des seniors.
Une décomposition des taux d'emploi par tranche d'âge (50 - 54 ans ; 55 - 59 ans ; 64 - 64 ans) montre que le taux d'emploi à 50 ans se situe en France à un niveau plutôt élevé, grâce notamment à une forte participation des femmes au marché du travail. En revanche, les taux d'emploi s'effondrent après 55 ans, et à nouveau après 60 ans. C'est donc bien le très bas taux d'emploi des 55 - 64 ans qui singularise la France par rapport à ses partenaires.
-
-
-
Taux d'emploi par tranche d'âge et par genre au printemps 2000 (%)
Femmes
Hommes
50-54 ans
55-59 ans
60-64 ans
50-54 ans
55-59 ans
60-64 ans
France
66,1
42,5
9,8
83,8
53,8
10,6
Allemagne
64,7
46,6
12,1
83,8
99,1
27,2
Espagne
35,6
24,8
14,8
82,1
68,4
39,5
Italie
37,8
22,9
7,5
78,9
50,8
29,4
Pays-Bas
55,5
38,6
11,0
86,7
69,2
26,3
Suède
83,7
76,6
43,2
84,0
80,4
49,1
Royaume-Uni
70,4
55,9
25,4
81,4
70,8
47,3
UE-15
57,7
40,6
14,7
82,5
63,4
30,9
Source : Eurostat, Enquête sur les forces de travail 2000.
B. LES TRAVAILLEURS ÂGÉS PEU QUALIFIÉS SONT CEUX QUI QUITTENT L'EMPLOI LE PLUS TÔT
Les salariés âgés représentent, en moyenne, 18,4 % des salariés du secteur privé. Mais cette part vaut 14,9 % pour les non-qualifiés, 17,7 % pour les qualifiés et 22,6 % pour les très qualifiés 14( * ) ( cf . diagramme).
Source : INSEE Première, 2003.
Ces écarts en fonction de la qualification recouvrent plusieurs
phénomènes :
• les salariés les plus qualifiés entrent plus tardivement
sur le marché du travail et doivent donc travailler jusqu'à un
âge plus avancé pour bénéficier d'une retraite
à taux plein ;
• les salariés âgés sont les plus susceptibles d'avoir
bénéficié de promotions professionnelles au cours de leur
carrière ;
• enfin, la cessation définitive d'activité est plus
précoce pour les travailleurs moins qualifiés car, au contraire
des travailleurs qualifiés, ils ne sont pas incités à
rester dans l'emploi par des perspectives de carrière plus attrayantes.
Les
salariés du secteur public
bénéficient de
statuts protecteurs
, et sont
moins concernés
que les
salariés du secteur privé
par la chute des taux d'emploi.
La part de salariés du secteur public est plus importante dans la
tranche 50 - 64 ans que dans la tranche d'âge des moins de
50 ans. L'Education nationale se distingue par sa forte proportion de
seniors de plus de 60 ans. Les efforts accomplis par le ministère, ces
dernières années, pour recruter des enseignants traduisent le
souci de compenser les prochains départs en retraite prévisibles.
Statuts d'emploi et âge des salariés |
||
( en %) |
50 - 64 ans |
moins de 50 ans |
Non-salariés |
17,3 |
8,7 |
Salariés du secteur public |
25,6 |
22,2 |
Salariés du secteur privé |
57 |
69,2 |
Ces
chiffres font également apparaître la forte propension des
non-salariés - chefs d'entreprises et professions
libérales, commerçants et artisans... - à poursuivre
leur activité jusqu'à un âge avancé.
Le
secteur industriel
conserve
moins de salariés
âgés que les services
. Le personnel dans l'industrie quitte
davantage l'activité avant 60 ans que dans les autres
secteurs : seuls 10 % des travailleurs ayant entre 60 et 64 ans
travaillent dans l'industrie, contre 20 % de l'ensemble des actifs
occupés. Cette faible proportion est à relier au fait que les
préretraites concernent davantage les salariés de
l'industrie
, et en particulier les ouvriers, que ceux des autres secteurs
d'activité.
Le pourcentage de salariés de plus de cinquante ans qui occupent des
emplois à
temps complet
est très légèrement
inférieur à celui des salariés de moins de cinquante ans
(71 % contre 73 % en 2000). Mais, selon l'INSEE, ce n'est pas l'effet
de l'âge lui-même qui expliquerait ce résultat. Il s'agirait
plutôt d'un effet induit de la répartition des seniors par
secteurs : les emplois à temps complet étant plus
répandus dans l'industrie que dans le secteur des services, la moindre
proportion de salariés âgés dans l'industrie expliquerait
le léger écart observé
15(
*
)
.
II. LE FAIBLE TAUX D'EMPLOI DES SENIORS S'EXPLIQUE PRINCIPALEMENT PAR UN ÂGE PRÉCOCE DE CESSATION D'ACTIVITÉ
En théorie, un faible taux d'emploi des seniors peut avoir deux origines : un taux de chômage élevé pour cette classe d'âge, ou un faible taux d'activité 16( * ) . En pratique, c'est le bas niveau du taux d'activité des plus de 50 ans qui explique la faiblesse de leur taux d'emploi .
-
-
- A. LES SENIORS SONT PEU TOUCHÉS PAR LE CHÔMAGE, MAIS MASSIVEMENT PAR L'INACTIVITÉ
Taux
de chômage (concept BIT) des 50 ans ou plus
et de l'ensemble de la
population de janvier 1991 à septembre 2001
Source : INSEE.
La cause du faible taux d'emploi des seniors est donc plutôt à
rechercher du côté de leur faible taux d'activité. Les
travaux de l'OCDE montrent qu'il existe une forte corrélation entre taux
d'emploi et taux d'activité.
Taux
d'activité et taux d'emploi
pour les travailleurs âgés
(55-64 ans), 2001
1
Hommes et femmes
Source : OCDE.
Le taux d'emploi des personnes de plus de 50 ans est faible en
France
,
parce que celles-ci abandonnent massivement toute
activité professionnelle après 55 ans
.
La sortie de l'activité se produit entre 50 et 64 ans
:
en 2001, le taux d'activité est de 85,7 % à 50 ans, et
de 8,5 % à 64 ans. La
sortie d'activité
est
lente jusqu'à 55 ans
, puis
très rapide entre 55 et
61 ans
, âge à partir duquel le taux d'activité
décroît plus lentement jusqu'à un niveau très faible.
La
France
se distingue par un
âge effectif moyen de
départ à la retraite particulièrement bas
. Elle est
l'un des rares pays développés, avec l'Italie et la Finlande,
où celui-ci est inférieur à 60 ans.
Âge moyen effectif de la retraite (hommes) |
||||
|
1970 à 1975 |
1980 à 1985 |
1990 à 1995 |
1994 à 1999 |
Australie |
63,8 |
61,1 |
61,8 |
62,3 |
Canada |
- |
62,6 |
61,4 |
62,2 |
Danemark |
- |
64,7 b |
62,3 |
62,4 |
Finlande |
62,0 |
60,4 |
58,9 |
59,8 |
France |
63,5 |
59,7 |
59,1 |
59,3 |
Grèce |
- |
62,0 b |
62,9 |
61,7 a |
Italie |
62,3 |
60,8 |
57,9 |
59,3 |
Japon |
70,1 |
68,4 |
70,2 |
69,1 |
Corée |
- |
- |
70,4 |
67,1 |
Pays-Bas |
61,5 c |
58,7 |
59,6 |
61,6 a |
Norvège |
67,6 d |
66,3 |
63,2 |
64,2 |
Pologne |
- |
- |
- |
60,6 |
Portugal |
65,1 f |
62,7 |
64,7 |
65,3 |
Espagne |
64,7 d |
61,4 |
60,3 |
61,1 |
Suède |
64,7 |
63,6 |
62,5 |
63,3 |
Allemagne de l'ouest |
62,8 |
62,2 |
60,1 |
60,5 a |
Royaume-Uni |
- |
62,3 e |
61,2 |
62,0 |
Etats-Unis |
64,2 |
63,7 |
63,6 |
65,1 |
a)
1993-1998.
|
Le
taux d'activité des personnes de plus de cinquante ans
a
cependant
tendance
,
pour des raisons démographiques
,
à remonter depuis le milieu des années 1990.
Le taux
d'activité moyen des seniors a atteint un plancher d'environ 50 %
pendant la première moitié des années 1990, puis est
reparti à la hausse depuis 1996 pour atteindre 57,3 % en 2001.
Mais
cette augmentation ne s'explique que marginalement par un changement
dans les comportements des seniors
. Elle est
due
,
pour
85 %,
à des évolutions démographiques
favorables
, à savoir une
augmentation du nombre de personnes
âgées entre 50 et 55 ans
, qui sont, on l'a vu, les plus
actives au sein de la classe d'âge considérée. En d'autres
termes, il y a eu un rajeunissement de la catégorie des seniors, dont
l'âge moyen est passé de 57 à 56 ans entre 1991 et 2001.
A cet
effet de structure démographique
, s'ajoute toutefois une
évolution du comportement d'activité des femmes
: les
femmes qui arrivent actuellement à la cinquantaine sont plus actives que
leurs aînées. Ceci est une conséquence de l'entrée
massive des femmes sur le marché du travail ces dernières
décennies.
-
-
-
Décomposition de la variation du taux d'activité des 50-64 ans
entre 1991 et 2001En points
Hommes
de 50 à 64 ansFemmes
de 50 à 64 ansEnsemble
Variation du taux
+ 4,6
+ 9,9
+ 7,4
Effet démographique
+ 6,6
+ 6,0
+ 6,3
Effet comportement
- 2,0
+ 3,9
+ 1,1
Note explicative : l'effet démographique est calculé en comparant la variation réelle du taux d'activité à celle qui se serait produite si la structure démographique interne des 0-64 ans n'avait pas été modifiée entre 1991 et 2001.
Ensuite, la différence entre l'évolution réelle des taux et l'effet démographique permet de calculer l'effet des modifications de comportement d'activité dans l'évolution du taux.
Lecture : le taux d'activité des hommes de 50 à 64 ans a augmenté de 4,6 points ente 1991 et 2001. L'effet démographique intervient pour 6,6 points dans cette hausse. Si la structure par âges de cette population n'avait pas changé, ce taux aurait diminué de 2 points. L'augmentation du taux d'activité des hommes de 50 à 64 ans ne résulte donc pas d'une plus grande d'activité de la classe d'âge.
Source : INSEE, enquêtes Emploi.B. PLUSIEURS DISPOSITIFS PUBLICS ONT EU UN EFFET INCITATIF À UNE CESSATION PRÉCOCE D'ACTIVITÉ
-
-
-
- 1. Une réaction individuelle face au chômage de longue durée
L' ancienneté de chômage moyenne des seniors était, en 2001, de 25 mois , soit le double de celle des personnes de moins de cinquante ans . Ils sont donc, logiquement, davantage concernés par le chômage de longue durée 17( * ) : 63 % contre 33 %. Les seniors connaissent des difficultés de reclassement importantes dès lors qu'ils perdent leur emploi.
Le chômage de longue durée peut avoir un effet de « découragement » sur les seniors demandeurs d'emploi, qui les conduit à se retirer du marché du travail. Il est toutefois difficile, statistiquement, de mettre en évidence une corrélation significative entre variation du taux de chômage et variation du taux d'inactivité des seniors.
En revanche, les comportements d'activité des Français ont été fortement influencés par des dispositifs institutionnels, mis en place dans les années 1970 et 1980.
-
-
-
- 2. L'impact des dispositifs institutionnels sur le taux d'activité des seniors apparaît déterminant
a) Avant la réforme de 2003, les régimes de retraite n'incitaient pas à la poursuite d'activité au-delà de 60 ans
La
réforme des retraites de 1982 comportait trois mesures principales, qui
ont eu pour effet de décourager la prolongation d'activité
au-delà de 60 ans :
- elle a ramené l'âge légal de départ en retraite de
65 à 60 ans ;
- elle a diminué le nombre d'années d'activité
nécessaires pour bénéficier d'une retraite à taux
plein ;
- elle a, enfin, supprimé la possibilité pour un individu
d'accroître ses droits à pension en continuant à travailler
après avoir acquis le droit à une pension à taux plein.
Ces nouvelles dispositions, inspirées pour partie par la volonté
de lutter contre le chômage en encourageant le départ en retraite
des salariés les plus âgés, ont eu pour conséquence
une chute du taux d'emploi des personnes âgées entre 60 et
64 ans : de 35 % en 1980, ce taux est passé à
13 % seulement en 2001.
b) L'effet des dispositifs de cessation anticipée d'activité sur le taux d'emploi des seniors de 55 à 59 ans a été très important
Toujours motivés par l'objectif de lutter contre le chômage, les pouvoirs publics ont développé, à partir des années 1970, des programmes de préretraite au bénéfice des travailleurs âgés. Dans les années 1990, le dispositif de dispense de recherche d'emploi, qui est une modalité particulière d'indemnisation du chômage, est devenu le principal dispositif public incitant à la cessation anticipée d'activité.
(1) Les principaux dispositifs de préretraite semblent stabilisés
Les
dispositifs de préretraite sont d'une grande diversité. Les plus
significatifs, numériquement, sont les suivants :
• les
conventions spéciales du FNE
(Fonds National pour
l'Emploi) : un salarié âgé de plus de 57 ans, qui
fait l'objet d'un licenciement économique peut adhérer à
la convention FNE qui donne droit au versement d'une
allocation
spécifique (ASFNE). Au début des années 1990, plus de
10 % des personnes âgées entre 55 et 60 ans
étaient bénéficiaires de l'allocation FNE ; elle ne
concerne plus
aujourd'hui que 2,3 %
de cette clase
d'âge ;
• l'allocation de remplacement pour l'emploi
(
ARPE
),
instituée en
1995
, permet d'offrir un revenu à une
personne ayant cotisé 40 ans à sa caisse de retraite mais
n'ayant pas encore atteint l'âge de 60 ans ; la mise en
préretraite du salarié âgé doit être
compensée par une embauche. L'ARPE touche actuellement
3,3 % des
personnes âgées entre 55 et 60 ans
; la
disparition
de ce dispositif est
prévue d'ici la fin de
l'année
, et ses bénéficiaires seront couverts ensuite
par le régime général de retraite ;
• créée en 1988, la
cessation progressive
d'activité
évite une rupture trop brutale entre vie
professionnelle et retraite, en ménageant une période de travail
à temps partiel.
2,6 % des personnes âgées
entre 55 et 60 ans bénéficient de ce dispositif.
D'autres programmes couvrent des effectifs moins nombreux : congé
de fin d'activité, Cessation d'Activité de certains Travailleurs
Salariés (CATS), programme de préretraite pour les travailleurs
de l'amiante.
Le recours aux préretraites s'est fortement
accéléré à partir de 1977, et a culminé en
1984, pour concerner, à cette date, 700 000 personnes (contre
44 000 en 1973). Au cours de la décennie 1990, les conditions
d'accès aux préretraites ont été resserrées,
et le nombre de bénéficiaires s'est stabilisé autour de
460 000 à 500 000 personnes par an. Mais le dispositif de
dispense de recherche d'emploi
est alors devenu le dispositif public
prédominant, représentant 60 % des cessations
d'activité anticipées.
(2) Le dispositif de dispense de recherche d'emploi apparaît très désincitatif
Les
chômeurs âgés peuvent, en effet, bénéficier,
sous certaines conditions de durée de cotisation à
l'assurance-chômage, de prestations plus avantageuses que celles
versées aux chômeurs plus jeunes. Ils peuvent, en particulier,
bénéficier d'une période d'indemnisation prolongée
(qui leur permet d'attendre l'âge de la retraite), et être
dispensés de recherche d'emploi tout en continuant à percevoir
leurs indemnités.
L'OCDE calcule ainsi qu'«
un travailleur de 56 ans licencié
peut recevoir des indemnités de chômage représentant entre
57 et 75 % de son salaire pendant 3 ans et demi, sans aucune obligation de
recherche d'emploi. De plus, cette période compte comme autant
d'années de service pour le calcul de la pension
». Et
l'OCDE de conclure que «
dans ces conditions, il ne semble pas
surprenant, et cela paraît bien être le cas, que les travailleurs
et les entreprises soient d'accord pour licencier les travailleurs
âgés - soit pour les remplacer par des individus plus jeunes,
moins coûteux et peut-être plus flexibles, soit pour réduire
leurs effectifs
»
19(
*
)
.
Ces remarques rejoignent les analyses du rapport Quintreau
20(
*
)
, de mars 2002, qui évoquait une
«
coalition d'intérêts entre entreprises et
salariés pour reporter sur la collectivité (l'Etat, le
système de protection sociale) le coût financier d'un
départ anticipé en retraite des salariés dès
55 ans
».
Au total, en 2002, 520.000 travailleurs âgés étaient
couverts soit par un programme de préretraite, soit par un programme de
l'UNEDIC, ce qui représente plus du tiers des personnes
âgées de 55 à 60 ans.
Programmes de préretraite et d'indemnisation du
chômage
|
|||||
|
1992 |
1995 |
2000 |
2001 |
2002 |
|
En pourcentage de la population âgée de 55 à 60 ans |
||||
Programmes de préretraite |
|
|
|
|
|
Conventions ASFNE |
10,9 |
10,6 |
4,0 |
2,8 |
2,3 |
ARPE |
|
0,2 |
5,8 |
4,3 |
3,3 |
CATS |
|
|
0,3 |
0,6 |
0,7 |
Programmes de préretraite pour les travailleurs de l'amiante CAATA |
|
|
0,3 |
0,5 |
0,5 |
Cessation progressive d'activité |
0,9 |
3,6 |
2,8 |
2,5 |
2,6 |
Congé de fin d'activité (CFA) |
|
|
1,2 |
1,3 |
1,3 |
Sous-total |
11,8 |
14,1 |
14,4 |
12,0 |
10,7 |
Programmes liés à l'indemnisation du chômage pour les travailleurs âgés |
|||||
Exemption de recherche d'emploi |
0,0 |
0,0 |
15,1 |
14,1 |
|
Prolongation des droits |
0,0 |
0,0 |
8,1 |
7,2 |
|
Sous-total |
0,0 |
0,0 |
23,2 |
21,3 |
|
Total général |
11,8 |
14,4 |
37,6 |
33,3 |
|
Source : OCDE.
Les estimations de l'INSEE
21(
*
)
suggèrent
que «
l'effet des préretraites sur le taux
d'activité des 55-59 ans a été massif. Il explique
l'essentiel de la chute des taux d'activité des hommes de cette tranche
d'âge, qui est passé entre 1970 et 1998 d'une valeur moyenne de
84 % à un niveau inférieur de plus de 15 points. L'effet est
moins marqué chez les femmes que chez les hommes, sans doute parce que
ces derniers représentent l'écrasante majorité des
préretraités
».
Il apparaît aussi que «
cet effet des préretraites
est amplifié par les dispositifs de dispense de recherche d'emploi. Le
taux de dispensés d'emploi
est en effet une variable explicative
du taux d'activité très significative pour
les
hommes
»
La réforme des retraites votée l'été dernier
modifie en profondeur les règles applicables aux régimes de
retraites et de préretraite. Il est naturellement trop tôt pour
que cette loi fasse sentir ses effets, mais l'on reviendra,
ultérieurement, sur les incitations nouvelles qu'elle créé
à la prolongation de l'activité.
-
-
-
- 3. Les entreprises sont incitées à se séparer de leurs salariés âgés et peu qualifiés pour des raisons liées au coût du travail
Les études statistiques mettent toutes en évidence un lien positif entre l'âge et le coût du travail - sans qu'il soit possible toutefois de faire la part entre les augmentations de salaire dues aux promotions (qui reflètent l'acquisition de compétences par les salariés), et celles résultant de l'application des règles de rémunération à l'ancienneté . Pour l'OCDE, les actifs entre 50 et 55 ans sont ainsi payés 40 % de plus que les débutants. Les statistiques réalisées par la DARES sur données françaises confirment la relation entre âge et coût du travail.
Profil par âge et qualification du coût salarial horaire moyen
Source : DADS 2000, INSEE.
L'augmentation du coût du travail est spectaculaire pour les
salariés très qualifiés
: ceux-ci
bénéficient d'importantes progressions de carrière
auxquelles sont associées des revalorisations salariales
régulières.
Les salariés sans qualification n'ont pas,
ou peu, de progression de carrière
: à leur niveau,
l'augmentation des salaires résulte, essentiellement, de l'application
des règles de rémunération à l'ancienneté.
L'écart avec les salariés jeunes est alors beaucoup plus
réduit
,
mais peut être suffisant pour influer sur les
comportements d'entreprises
employant beaucoup de main-d'oeuvre peu
qualifiée, et soumises à une forte concurrence sur les prix.
Ce n'est, bien sûr, pas l'augmentation de salaire en elle-même qui
peut inciter une entreprise à se séparer de ses salariés
âgés, mais plutôt l'écart qui peut apparaître
entre le coût du travail et la productivité des salariés
concernés. Pour les salariés qualifiés, l'âge
s'accompagne de l'acquisition d'expériences, ou d'un réseau
relationnel plus étoffé, qui améliorent leur
productivité, et justifient des prétentions salariales plus
élevées. Pour les salariés qui occupent des postes peu
qualifiés, l'âge n'apporte généralement pas de gains
de productivité ; il peut même, au contraire, s'accompagner
d'une certaine usure, ou d'une démotivation au travail, qui diminue la
productivité. La progression des salaires serait donc, pour ces
travailleurs, décorrélée de celle de la
productivité. Ceci crée une incitation pour les entreprises
à se séparer de leurs salariés âgés et peu
qualifiés.
Comment évaluer l'écart entre productivité et
salaire ?
Didier Blanchet en propose une estimation par le biais d'une
comparaison entre la France et l'Allemagne
.
En 1995
,
le gain
salarial entre 21 et 60 ans, toutes choses égales par ailleurs,
était de 31 % en France, contre 12 % en Allemagne
. Si l'on
suppose que les effets d'âge et ou de génération sur la
productivité n'ont pas de raison d'être à l'avantage de la
France,
cela signifie qu'il existerait dans notre pays un effet pur
d'ancienneté au moins égal à 20 % du salaire en fin
de carrière
. Exprimé autrement, le ratio salaire ou
coût du travail sur productivité y croîtrait d'environ
20 % entre le début et la fin de la carrière
22(
*
)
.
III. LES ENJEUX ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX LIÉS AU TAUX D'EMPLOI DES SENIORS PLAIDENT EN FAVEUR DE LA DÉFINITION D'OBJECTIFS AMBITIEUX
Dans un contexte de vieillissement démographique, relever le taux d'emploi des seniors s'impose pour préserver le potentiel de croissance de l'économie française. Cette considération, commune à l'ensemble des pays européens, a incité l'Union européenne à définir des objectifs ambitieux en matière de relèvement des taux d'emploi. Relever le taux d'emploi des seniors s'impose également pour réussir la réforme des retraites , qui fait, en grande partie, reposer l'équilibre financier des caisses de retraite sur un allongement de la durée de cotisation des assurés sociaux.
-
-
-
A. UN ENJEU POUR LA CROISSANCE À LONG TERME DE L'ÉCONOMIE
FRANÇAISE
- 1. A tendance inchangée, un déclin de la croissance potentielle est prévisible
Le diagnostic, en la matière, est désormais bien connu : l'arrivée à l'âge de la retraite des générations nombreuses du baby-boom va occasionner de nombreux départs en retraite qui ne pourront être entièrement compensés par l'arrivée sur le marché du travail de générations plus jeunes moins nombreuses. Entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1960, le nombre annuel de naissances s'est établi aux alentours de 900.000. Le nombre de naissances a baissé entre 1965 et 1975 pour se stabiliser, à partir de cette date, à environ 750.000 par an, soit un déficit de 15 % par rapport aux années du baby-boom .
Comme le montrent les projections à l'horizon 2008, le rythme de progression de la population active devrait commencer à ralentir dans les prochaines années, passant de + 0,4 % par an en 2004, à + 0,1 % en 2008. Cette évolution ampute la croissance potentielle d'un dixième de point de PIB.
Cette tendance devrait se maintenir à plus long terme. Il est toujours délicat de faire des projections économiques à très long terme tant les hypothèses à prendre en compte sont nombreuses. L'OFCE s'est néanmoins essayée à cet exercice en 2001 23( * ) . Les résultats de cette projection sont synthétisés dans le tableau suivant.
Projections de croissance à très long terme (2040) Taux de croissance en % |
|||||||
|
2006-2010 |
2011-2015 |
2016-2020 |
2021-2025 |
2026-2030 |
2031-2035 |
2036-2040 |
PIB |
1,9 |
1,6 |
1,5 |
1,4 |
1,3 |
1,3 |
1,5 |
Emploi |
0,3 |
0,0 |
-0,1 |
-0,2 |
-0,3 |
-0,3 |
-0,1 |
Productivité par salarié |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
Masse salariale |
2,0 |
1,6 |
1,5 |
1,4 |
1,3 |
1,3 |
1,5 |
Population active |
0,2 |
0,0 |
-0,1 |
-0,2 |
-0,3 |
-0,3 |
-0,1 |
Salaire moyen |
1,7 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
Population |
0,4 |
0,3 |
0,3 |
0,2 |
0,2 |
0,1 |
0,0 |
PIB par tête |
1,5 |
1,3 |
1,2 |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,4 |
Niveau |
2005 |
2010 |
2015 |
2020 |
2025 |
2030 |
2040 |
Population ( en millions ) |
60,6 |
61,7 |
62,6 |
63,4 |
64,1 |
64,7 |
65,3 |
Population active ( en millions ) |
27,6 |
27,9 |
28,0 |
27,8 |
27,5 |
27,1 |
26,6 |
Taux de chômage ( en % ) |
5,4 |
5,1 |
5,0 |
5,0 |
5,0 |
5,0 |
5,0 |
Emploi ( en millions ) |
26,1 |
26,5 |
26,6 |
26,4 |
26,1 |
25,7 |
25,2 |
Part des salaires dans la VA ( en %) |
58,6 |
60,0 |
60,0 |
60,0 |
60,0 |
60,0 |
60,0 |
Source
: OFCE
Dans ce scénario, les gains de productivité sont constants sur
toute la période de projection et le taux de chômage varie peu (il
reste stable, à 5 % de la population active, à compter de
2016). Dans ces conditions, les variations de la production sont presque
entièrement déterminées par les variations de la
population active. Il ressort clairement de cet exercice que la
prolongation
des tendances démographiques passées devrait peser sur la
croissance potentielle
à long terme de l'économie
française, qui ne serait
plus que de 1,3 %
dans les
années 2020-2030 contre plus de 2 % dans la période qui
s'achève
. L'économie française connaîtrait alors
un niveau de croissance potentielle proche de celui que connaît le Japon
aujourd'hui. Face à cette tendance lourde, une solution peut être
trouvée dans une politique d'augmentation des taux d'activité des
jeunes et des seniors.
En plus de ces données quantitatives, il faut souligner la part
d'
éléments plus qualitatifs,
comme la perte
d'expérience et de savoir-faire que peut représenter, pour les
entreprises, le départ précoce de leurs salariés les plus
âgés. La transmission des savoirs dans les entreprises peut en
être affectée. Une enquête de la DARES indique que, pour
sept chefs d'entreprise sur dix, la présence de seniors dans le
collectif de travail est favorable à « la transmission des
savoir-faire spécifiques » à l'entreprise, et que les
seniors constituent une main d'oeuvre « plus
expérimentée » que la moyenne
24(
*
)
. Il est vrai que nombre de
« jeunes » seniors mettent en oeuvre leurs
compétences, et leur dynamisme, dans le secteur associatif, pour des
activités de bénévolat,
etc
., mais ces
activités, qui renforcent le lien social, ne sont pas source directe de
création de richesses économiques, ni de véritables
emplois.
-
-
-
- 2. Une hausse du taux d'emploi des seniors contribuerait à corriger cette tendance
- 70 % des personnes en emploi dans la population totale de 15 à 64 ans ;
- 60 % dans la population féminine de 15 à 64 ans ;
- 50 % dans la population totale de 55 à 64 ans.
Atteindre ces taux d'emploi en 2010 rapprocherait la moyenne européenne des résultats obtenus, aujourd'hui, par les pays les plus performants en matière de taux d'emploi.
A cet enjeu économique, s'ajoute un enjeu social et financier également considérable : le relèvement du taux d'emploi des seniors apparaît, en effet, comme une condition du succès de la réforme des retraites.
-
-
- B. UNE CONDITION DU SUCCÈS DE LA RÉFORME DES RETRAITES
Pour garantir l'équilibre financier à long terme des régimes de retraite, le choix a été fait d'augmenter la durée de cotisation exigée des assurés sociaux pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Cette solution a été préférée à celle d'une augmentation à due proportion des prélèvements obligatoires affectés aux régimes-vieillesse et à celle d'une dégradation des taux de remplacement (calculés comme le rapport de la pension servie au revenu d'activité).
Pour le secteur privé, la réforme mise en oeuvre en 1993 avait déjà conduit à allonger progressivement la durée nécessaire pour bénéficier d'une retraite à taux plein : de 150 trimestres (37,5 ans) pour les générations nées avant 1933, elle est aujourd'hui fixée à 160 trimestres (40 ans). Elle ne sera pas augmentée avant 2009 car, au préalable, un alignement de la durée de cotisation exigée dans la fonction publique sera mis en oeuvre d'ici 2008. Au-delà, la durée de cotisation pour une retraite à taux plein évoluera de la même façon pour les salariés du privé et du public : elle devrait passer de 40 ans en 2008 à 41 ans en 2012 (à raison d'un trimestre par an), puis continuerait à évoluer de manière progressive.
Outre cet allongement de la durée de cotisation, il est également prévu d' affecter au financement des retraites les ressources que la baisse du taux de chômage à l'horizon 2020 devrait permettre de dégager . Le Gouvernement table , en effet, dans les hypothèses retenues pour assurer le financement à long terme des retraites, sur une baisse du taux de chômage à 4,5 % d'ici 2020 . Ce retour au plein emploi serait favorisé par les évolutions démographiques.
L'équilibre de la réforme est conditionné à un relèvement du taux d'emploi des seniors . Le vieillissement de la société française va conduire à une augmentation de la part des plus de 50 ans dans la société française . Le maintien d'un très fort taux d'inactivité pour cette classe d'âge pèserait beaucoup sur les finances publiques , puisque ces inactifs âgés devraient être pris en charge par les régimes de retraite, de préretraite, ou par la solidarité nationale ( via des dispositifs type revenu minimum d'insertion ou allocation adulte handicapé). Si le taux d'activité des seniors augmente, mais que ceux-ci ne trouvent pas d'emploi, c'est l'UNEDIC qui devra les prendre en charge. Dans l'un et l'autre cas, la résolution des problèmes de finances publiques attendue de la réforme des retraites ne se réaliserait pas, ou serait considérablement amoindrie.
De plus, il est indispensable que les seniors prolongent leur durée d'activité , pour continuer d'avoir droit à une retraite à taux plein. Sans cela, le maintien des taux de remplacement , présenté comme un objectif prioritaire de la réforme, ne saurait être acquis.
Conscient de ces difficultés, le Gouvernement a veillé à ce que la réforme des retraites comprenne de nombreuses mesures destinées à inciter au prolongement de la durée d'activité. Le Gouvernement entend, par ces mesures, faire passer l'âge moyen de cessation d'activité de 57,5 ans à 59 ans d'ici 2008.
IV. LES POLITIQUES PUBLIQUES SONT RÉORIENTÉES EN FAVEUR D'UNE PLUS FORTE INCITATION À L'EMPLOI DES SENIORS
La récente réforme des retraites comporte de nombreuses mesures destinées à relever le taux d'emploi des seniors ; s'il est bien sûr trop tôt pour en dresser le bilan, il est probable que ces réformes permettront d'avancer vers la réalisation des objectifs fixés au niveau européen. La question cruciale de la formation tout au long de la vie est abordée dans un nouvel accord national interprofessionnel. Mais il demeure une incitation, du point de vue des entreprises, à l'éviction des salariés anciens, en raison des mécanismes de prime d'ancienneté exposés précédemment.
-
-
- A. L'ACQUIS DE LA RÉFORME DES RETRAITES EST TRÈS SIGNIFICATIF
-
-
-
- 1. L'accès aux préretraites est restreint
- l' assujettissement de certaines préretraites d'entreprise à une contribution spécifique afin de dissuader les employeurs d'avoir recours à cette mesure d'âge. On rappellera à cet égard que le COR, dans son rapport de 2001, avait suggéré un « durcissement des mécanismes sociaux et fiscaux applicables aux préretraites d'entreprise » ;
- la suppression de la préretraite progressive (PRP), qui n'a pas réussi à trouver sa place au sein des différents dispositifs de cessation anticipée d'activité et qui ne constitue qu'un instrument imparfait de la gestion des ressources humaines dans les entreprises ;
- le recentrage des CATS (cessations anticipées d'activité des travailleurs salariés) vers les seuls salariés ayant exercé des travaux pénibles , en réservant à ces salariés les avantages sociaux et fiscaux dont bénéficie actuellement cette allocation.
Dans le secteur public , la loi de finances pour 2003 avait prévu une extinction progressive du dispositif de cessation de fin d'activité (CFA). La loi de réforme des retraites ne revient pas sur ce principe. Elle prévoit en revanche la prise en compte , pour les fonctionnaires maintenus en activité sur leur demande au-delà de la limite d'âge , de cette prolongation d'activité au titre de la constitution de leur pension, ce qui crée une incitation financière à la prolongation de l'activité .
-
-
-
- 2. La réforme du mécanisme de décote-surcote crée une incitation à la poursuite de l'activité
Par ailleurs, il existe, dans les régimes de salariés du secteur privé, un mécanisme de minoration du taux de pension dès lors que l'assuré ne justifie pas de la durée d'assurance nécessaire pour ouvrir droit à une pension de retraite à taux plein (160 trimestres). Ce coefficient de minoration n'existait pas dans les régimes du secteur public.
La loi de réforme des retraites a introduit un mécanisme de bonification en faveur de tous les salariés , du privé comme du public, s'élevant à 3 % supplémentaires par année demeurée en activité au-delà de la date à laquelle ils auraient pu faire liquider leur pension. C'est ce que l'on appelle la surcote .
Le coefficient de minoration , ou décote , est maintenu et étendu aux régimes du secteur public . A terme, celui-ci sera réduit pour qu'un même taux soit appliqué aux salariés du secteur public et du secteur privé (5 % par année de cotisation manquante).
En conséquence de l'introduction de la surcote, le projet de loi prévoit également le report à 65 ans de l'âge à partir duquel l'employeur peut mettre un salarié à la retraite d'office.
-
-
-
- 3. La « contribution Delalande » a également été réformée
Ces multiples mesures attestent que le relèvement des taux d'emploi est une priorité de politique publique. Il est difficile d'évaluer l'impact que ces incitations nouvelles auront sur le taux d'activité des seniors. L'OFCE a toutefois proposé, dans le cadre de son évaluation des conséquences financières de la réforme des retraites, des estimations qui donnent un ordre de grandeur de ce que pourrait être l'effet de ces mesures à l'horizon de cinq ans : il pourrait y avoir 30 000 salariés seniors de plus en 2004, puis 60 000 les années suivantes, dans le secteur privé. Et il pourrait y avoir 30 000 fonctionnaires retraités de moins en 2008.
Le Gouvernement a complété son action par des mesures intervenant dans le domaine de la politique de l'emploi.
-
-
-
B. LES OUTILS DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI DOIVENT AUSSI ÊTRE
MOBILISÉS
- 1. Réorienter les contrats aidés vers le secteur privé
En conséquence, la part des seniors dans les embauches sous contrats aidés a presque doublé depuis 1996 , pour représenter, en 2001, 12 % des entrées en CES, 21 % des entrées en CEC, et 18 % des entrées en CIE.
Il est légitime que les seniors, public largement exclu du marché du travail, soient d'importants bénéficiaires des contrats aidés. On peut cependant regretter que les contrats aidés dans le secteur non-marchand aient été privilégiés par rapport aux contrats aidés dans le secteur marchand. Le diagramme suivant montre que la part des seniors bénéficiant d'emplois aidés dans le secteur non-marchand s'est beaucoup accrue entre 1997 et 200l. Elle est passée d'un niveau inférieur à 40 % en 1995 à un niveau supérieur à 50 % en 2001.
Source : DARES (2003)
Ce choix de privilégier le secteur non-marchand est contestable :
les contrats aidés dans le secteur non-marchand permettent moins
d'acquérir les compétences utilisables ensuite sur le
marché du travail. Et ils semblent, pour les seniors, moins efficaces
comme outil d'insertion durable dans l'emploi. Après un CIE, les
personnes âgées de plus de cinquante ans sont plus souvent en
emploi que les autres demandeurs d'emplois présentant des
caractéristiques comparables : 72 % contre 54 %. Les
emplois aidés dans le secteur non-marchand ont également un effet
favorable, mais de moindre ampleur : 58,7 % des
bénéficiaires de CES sont en emploi un après, contre
47,5 % de l'ensemble des demandeurs d'emploi de plus de cinquante
ans
25(
*
)
.
Le Gouvernement a, depuis deux ans, commencé de
réorienter
les
contrats aidés vers le secteur marchand
. Le nombre total
de contrats aidés dans le secteur non marchand devrait baisser de
75 000 unités en 2003, puis de 70 000 en 2004, sous l'effet
d'une diminution des entrées en CES (et du non-renouvellement des
emplois-jeunes). Le CIE fait, en parallèle, l'objet d'une relance, avec
un élargissement de la population éligible aux demandeurs
d'emplois depuis plus de 18 mois (contre 24 mois auparavant), et une
augmentation de la durée de versement de la prime, en cas d'embauche
d'un chômeur de plus de 55 ans.
Les dispositifs de la politique de l'emploi appellent à
l'évidence une grande attention. Il serait souhaitable qu'en soient
évalués plus soigneusement les impacts afin de s'assurer
notamment que d'éventuels effets de « file
d'attente » ne se produisent pas (les contrats aidés
bénéficieraient à certains demandeurs d'emplois au
détriment d'autres demandeurs d'emplois, sans augmentation de l'emploi
global).
-
-
-
- 2. Alléger le coût du travail pour les salariés anciens dans l'entreprise
Il paraît difficile de remettre en cause cette liaison entre ancienneté et salaire. Les économistes mettent souvent en avant le lien entre progression des salaires au cours de la carrière et motivation au travail. Pour Lazear 27( * ) , un contrat implicite serait noué entre l'entreprise et le salarié au début de sa carrière, visant à maximiser l'effort de ce dernier. La promesse d'un salaire relativement élevé en fin de carrière garantit fidélité et implication de la personne employée, dans la mesure où la perte de son emploi avant la fin de sa carrière signifierait la perte de la prime à l'ancienneté associée au contrat de travail.
On peut aussi justifier les primes à l'ancienneté, en arguant que la motivation des salariés passe à la fois par le niveau et par le taux de croissance de leur salaire : dans la mesure où les salaires et la productivité ont tendance à s'équilibrer sur l'ensemble de la vie active, cela peut justifier des salaires plus faibles que la productivité en début de vie active et supérieurs à celle-ci en fin de vie active.
On est ainsi confronté à une difficulté : le vieillissement global appelle une augmentation de l'emploi des plus âgés , mais la relation âge-salaire prévalant actuellement vient contrarier ce premier objectif , et la remise en cause de cette relation est difficile.
Une intervention des pouvoirs publics permettrait peut-être de résoudre cette contradiction. Depuis 1993, les employeurs bénéficient d'allègements de cotisations sociales sur les bas salaires (actuellement, les allègements concernent les salariés rémunérés entre 1 et 1,7 SMIC). On pourrait envisager de moduler le barème de ces allègements afin de les faire augmenter avec l'ancienneté du salarié dans son emploi. Ainsi, l'augmentation mécanique du coût du travail résultant de l'application des règles d'ancienneté serait, au moins pour partie, compensée par des allègements de charges plus élevés. Seuls les salariés occupant des postes peu qualifiés seraient concernés par ce dispositif.
Votre rapporteur est conscient des inconvénients et limites de cette suggestion. On a vu que le problème de la concurrence entre salariés jeunes et anciens se posait surtout pour les emplois les moins qualifiés. Ainsi, on risquerait d'amplifier les difficultés des jeunes non-qualifiés en accentuant encore les phénomènes de « file d'attente ». En outre, les effets d'aubaine associés à une telle disposition seraient vraisemblablement élevés. Cette mesure accroîtrait la complexité de la gestion administrative des dispositifs d'allègement de charge. Et une mesure générale ne tiendrait pas compte de la diversité des règles de rémunération à l'ancienneté, qui varient d'un convention collective à une autre : la mesure pourrait se révéler incitative dans un secteur, mais insuffisante dans un autre.
A ce stade, votre rapporteur souhaite donc que cette mesure fasse l'objet d'études complémentaires , pour en évaluer l'utilité et la faisabilité concrète.
Un autre moyen de combler l'écart qui peut exister entre salaire et productivité des salariés âgés est d'élever la productivité de ceux-ci, grâce à un recours plus intensif à la formation professionnelle continue.
-
-
-
- 3. Ouvrir un plus large accès des seniors à la formation tout au long de la vie
Or, les seniors ont aujourd'hui un accès réduit à la formation continue : « à partir de 45 ans, l'accès à la formation continue baisse pour les actifs en emploi, en se réduisant encore plus au-delà de 55 ans » 28( * ) . Le taux d'accès à la formation continue est de 36 % pour les 30-49 ans, de 31 % pour les 50-54 ans, et de moins de 20 % pour les 55-59 ans. En situation de chômage, les seniors bénéficient aussi moins de la formation continue que leurs cadets.
Source : enquête « formation continue
2000 » ; traitement : DARES.
Ce moindre accès à la formation pour les plus âgés
se retrouve à tous les niveaux de qualification : cadres,
professions intermédiaires, et ouvriers-employés de plus de 50
ans ont tous des taux d'accès à la formation bien
inférieurs à ceux de leurs cadets de même catégorie
socioprofessionnelle.
Mais les salariés qualifiés ont, à tout âge, des
possibilités d'accès à la formation continue bien
supérieures à celles des moins qualifiés.
Source : enquête « formation continue
2000 » ; traitement : DARES.
Le faible accès des seniors à la formation professionnelle
s'explique aisément d'un point de vue économique
:
l'investissement en formation représente un coût pour les
entreprises, ou pour la collectivité. Il est dès lors rationnel
de vouloir rentabiliser au mieux cet
investissement en capital humain
,
en le concentrant sur les salariés jeunes plutôt que sur les
salariés âgés, dont on prévoit qu'ils ne resteront
plus très longtemps dans l'emploi.
Mais,
le relèvement souhaité du taux d'emploi des seniors ne
pourra se réaliser sans un accès amélioré de ces
derniers à la formation continue
. L'objectif, à terme,
devrait être d'aboutir à un véritable schéma de
formation tout au long de la vie, complément indispensable de
l'allongement de la durée de la vie active.
On peut supposer que les réformes décidées en
matière de retraite et de préretraite auront, par
elle-même, un effet sur l'accès des seniors à la formation
continue ; le calcul économique que formera une entreprise ne sera
en effet pas le même, selon qu'elle prévoira que ses
salariés seniors quitteront, en moyenne, l'emploi à 55 ans ou
à 65 ans.
Il est cependant nécessaire d'aller au-delà. Il faut
saluer,
à ce sujet, la détermination nouvelle des partenaires sociaux
à renforcer « l'accès des salariés à
la formation tout au long de la vie professionnelle », pour reprendre
le titre de l'
accord national interprofessionnel conclu le 20 septembre
2003
.
Le principal point de cet accord est la création d'un
droit
individuel à la formation
(
DIF
), qui relève de
l'initiative du salarié, avec l'accord de l'entreprise. Il permet aux
salariés de bénéficier de 20 heures de formation par an,
qui peuvent être cumulées sur six ans pour aboutir à un
total de 120 heures. Tous les salariés ont un égal droit à
la formation, quel que soit leur âge.
L'accord prévoit aussi que tout salarié puisse
bénéficier, après vingt ans d'activité
professionnelle, et, en tout état de cause, à compter de son
quarante-cinquième anniversaire (sous réserve d'un an
d'ancienneté dans l'entreprise), d'un
bilan de
compétences
.
Si leur « qualification est insuffisante au regard de
l'évolution des technologies et des organisations », les
mêmes salariés pourront bénéficier, « afin
de consolider la seconde partie de leur carrière
professionnelle » d'une
période de
professionnalisation
. Cette période aura pour objet de permettre
l'acquisition par le salarié d'un diplôme ou d'une qualification
professionnelle reconnue, ou le suivi d'actions de formation.
A ce stade, il convient d'être
vigilant pour s'assurer que la mise en
oeuvre de cet accord bénéficiera effectivement aux travailleurs
âgés
. Afin de faire évoluer les esprits, qui se sont
accoutumés à un recours fréquent aux préretraites,
les pouvoirs publics pourraient sensibiliser les chefs d'entreprise à
l'enjeu que représente le maintien dans l'emploi des salariés
âgés.
-
-
-
- 4. Améliorer les conditions de travail et mieux veiller à la santé des salariés au travail
Ainsi, un travail qui s'effectue selon des modalités défavorables (pénibilité, horaires décalés, travail répétitif sous contrainte de temps...) est associé à un risque significativement plus élevé de sortie d'emploi.
La mauvaise santé perçue est également fortement reliée aux sorties d'emploi précoces. Les salariés âgés se plaignent surtout de troubles physiques : troubles musculo-squelettiques, troubles du sommeil, fatigabilité... Ces symptômes se manifestent principalement chez les travailleurs manuels dans le secteur de l'industrie, catégorie effectivement très concernée par les cessations précoces d'activité.
Ainsi, au-delà des incitations financières à la poursuite de l'activité, qu'il convient de renforcer, les pouvoirs publics doivent aussi se préoccuper d'améliorer les conditions de vie des salariés au travail. Ceci passe par un ensemble d'actions, notamment le renforcement des règles relatives à la sécurité et à la santé au travail, ainsi que l'augmentation des moyens de la médecine du travail. Les entreprises doivent aussi se préoccuper de l'évolution de carrière des salariés qui effectuent les travaux les plus exigeants physiquement : un travailleur manuel devrait pouvoir, passé un certain âge, se reconvertir dans un emploi de bureau ou de service occasionnant un moindre effort physique.
EXAMEN EN DÉLÉGATION
Mardi 18 novembre 2003
-
Présidence
de M. Joël Bourdin, président.
&&Perspectives macroéconomiques à l'horizon 2008 -
Examen du rapport d'information&&
M. Joël Bourdin
,
président
, a ouvert la
réunion de la Délégation en présentant les
principales conclusions de
son rapport relatif à des
projections macroéconomiques
sur cinq ans,
couvrant la
période 2004-2008
.
Il a souligné que si la modélisation macroéconomique ne
permettait pas de faire des prévisions, elle permettait, en revanche,
d'explorer des scénarios cohérents, éclairant utilement
les problèmes de politique économique.
Il est d'abord revenu sur les prévisions de croissance pour 2003 et
2004.
Après le pic de croissance atteint en l'an 2000, la croissance de
l'économie française n'a cessé de se ralentir ces trois
dernières années. En 2003, l'économie française a
frôlé la récession. La croissance du PIB ne devrait pas,
cette année, excéder 0,2 %, si l'on se réfère
à la prévision la plus récente émise par l'INSEE.
Il est probable que l'année 2003 marque le point bas du cycle, et que
2004 soit l'année de la reprise. La reprise devrait toutefois rester
modérée : le gouvernement table sur 1,7 % de croissance
l'année prochaine, le consensus des prévisionnistes est à
1,6 %. Ce rythme de croissance ne serait pas suffisant pour faire baisser
le taux de chômage.
La prévision de croissance du gouvernement pour 2004 est très
proche de la prévision moyenne des instituts. Mais le gouvernement
table sur une hypothèse de déficit budgétaire
inférieure à celle retenue par les instituts. Pour le
gouvernement, en effet, le déficit des administrations publiques serait
ramené de 4 % du PIB en 2003 à 3,6 % en 2004. Les
instituts indépendants doutent que la réduction du déficit
soit si prononcée, et s'attendent plutôt à une
quasi-stagnation du solde budgétaire, en 2004, par rapport à 2003
(4 points de PIB de déficit après 4,1 points).
Autrement dit, les prévisions de croissance économique des
instituts retiennent l'hypothèse d'un soutien budgétaire de
l'activité plus accentué que dans la prévision
gouvernementale.
Tous les prévisionnistes s'accordent pour considérer que
l'impulsion de la reprise, l'année prochaine, viendrait de
l'amélioration de l'environnement international de la France, et
notamment de la croissance américaine. La croissance serait, en grande
partie, tirée par les exportations, tandis que les moteurs internes de
la croissance resteraient peu dynamiques.
De réels signes de reprise se sont manifestés aux Etats-Unis dans
le courant de l'année 2003 ; l'orientation très
expansionniste de la politique économique américaine depuis trois
ans semble donc porter ses fruits. Le déficit des administrations
publiques sera cette année aux Etats-Unis de l'ordre de 6 points de
PIB. La Réserve fédérale a fixé ses taux directeurs
au niveau, historiquement bas, de 1 %.
Cette analyse conjoncturelle fait apparaître la zone euro comme une zone
économiquement dépendante. Le potentiel de croissance de la zone
euro est trop faible pour lui permettre d'être un moteur de la croissance
mondiale au même titre que les Etats-Unis. Elle est très
influencée par les variations de la conjoncture observée aux
Etats-Unis. Et elle dispose de peu de marges de manoeuvre dans le domaine
budgétaire, en raison d'un niveau d'endettement public
élevé, et des contraintes imposées par le Pacte de
Stabilité et de Croissance.
Cette situation n'est pas sans inconvénients. D'abord la croissance de
la zone euro, et de la France, est, dans ces conditions, très sensible
à l'évolution du taux de change de la devise européenne.
En 2003, la croissance française a été
pénalisée par l'appréciation de l'euro. Une nouvelle
appréciation de l'euro ralentirait la fragile reprise qui s'annonce. De
plus, l'écart de croissance entre les Etats-Unis et l'Europe est source
d'importants déséquilibres dans l'économie mondiale. Le
déficit des comptes courants américains ne cesse de se creuser,
ce qui fait peser les plus grands risques sur l'évolution future du taux
de change euro-dollar.
M. Joël Bourdin, président
,
a ensuite
présenté les projections à moyen terme
réalisées par l'OFCE, pour le compte de la
Délégation. Le premier scénario, qui tient lieu, cette
année, d'hypothèse centrale de travail, est fondé sur la
perspective d'un retour de l'économie française à une
croissance proche de son potentiel, soit 2 % par an, sur la période
2005-2008. Le deuxième scénario est fondé sur la
perspective d'une croissance plus rapide (2,7 % par an) sur la
période 2005-2008.
Le premier scénario suppose une reprise, modérée, de la
consommation des ménages et de l'investissement des entreprises.
La consommation serait soutenue par la progression du revenu des
ménages, et par la baisse du taux d'épargne, qui reviendrait de
16,5 % en 2003 à 14,6 % en 2008.
La hausse de l'investissement des entreprises serait, de son côté,
financée par un recours plus large à l'emprunt. Dans la
projection, le taux d'autofinancement des entreprises baisse de près de
14 points entre 2004 et 2008.
En matière d'évolution des dépenses publiques, les
projections sont calées sur les hypothèses
présentées par le gouvernement dans sa projection pluriannuelle
de finances publiques pour la période 2005-2007. La progression de la
dépense publique serait très ralentie sur la période
(+1 % par an seulement). Cette politique d'assainissement
budgétaire coûterait, chaque année, environ 0,6 point de
croissance à l'économie française.
Ce rythme de croissance de 2 % par an ne serait pas suffisant
pour
assurer, spontanément, une diminution du
chômage. Le
chômage reste stable à l'horizon de la projection, et se maintient
à un niveau de 9,6 % de la population active.
Le deuxième scénario est plus favorable, puisqu'il envisage une
croissance de 2,7 % par an sur la période 2005-2008.
La réalisation de ce scénario supposerait une progression de la
consommation et de l'investissement particulièrement dynamique. Il
faudrait que la consommation des ménages progresse de plus de 3 %
par an, et que l'investissement des entreprises progresse de plus de 7 %
par an, sur la période 2005-2008.
Cette progression plus rapide de la consommation et de l'investissement
productif serait acquise grâce à une baisse très
prononcée du taux d'épargne des ménages, et du taux
d'autofinancement des sociétés. Le taux d'épargne
reviendrait à 12,5 % du revenu disponible des ménages en
2008, soit son plus bas niveau depuis le milieu des années 1980. Le taux
d'autofinancement des sociétés chuterait de 16 points entre 2004
et 2008. Ce scénario repose donc sur une hypothèse de
désépargne intensive de la part des agents.
Cette croissance à 2,7 % suscite suffisamment de créations
d'emplois pour faire baisser le taux de chômage, de 9,6 % en 2004,
à 7,5 % en 2008. Cette baisse du taux de chômage ne
s'accompagnerait d'aucune tension inflationniste significative.
M. Joël Bourdin, président,
a ensuite formulé
quelques observations.
Il a d'abord souligné que, dans ces deux scénarios, le retour de
la croissance est conditionné à une hypothèse de baisse
significative du taux d'épargne des ménages. Or, on sait que le
taux d'épargne des Français a continûment augmenté
depuis une vingtaine d'années. Postuler un tel renversement de tendance
représente donc une hypothèse économique forte. Deux
éléments rendent toutefois envisageable une baisse de
l'épargne de précaution des ménages dans les années
à venir : la récente réforme des retraites, tout
d'abord, qui réduit les incertitudes sur le financement futur des
régimes par répartition ; le choix fait par le gouvernement
d'assainir durablement les finances publiques joue également en ce sens.
Dans le deuxième scénario, la baisse du taux de chômage est
un facteur supplémentaire de baisse du taux d'épargne. Il ressort
de ces analyses que le retour de la confiance des ménages est une
condition indispensable à la reprise économique.
M. Joël Bourdin, président,
a ensuite commenté le
choix fait par le gouvernement d'appliquer, à partir de 2004, une
politique budgétaire très restrictive. Motivé par un
objectif d'assainissement des finances publiques à long terme, ce choix
se paye, à moyen terme, par une moindre croissance de l'économie
française. Cette orientation restrictive de la politique
budgétaire permet de satisfaire aux engagements européens de la
France, et de maîtriser l'évolution de la dette publique. Mais il
n'est pas sûr qu'elle représente le choix le plus approprié
dans une période de reprise économique fragile. Il serait
peut-être plus judicieux d'attendre que la croissance économique
se soit consolidée avant de mener une politique franchement
contra-cyclique.
Puis
M. Joël Bourdin
,
président
, a
présenté les tendances des finances publiques sur la
période 2004-2008.
Il a d'abord distingué les deux composantes du solde
budgétaire : le solde conjoncturel d'une part, qui dépend de
la position de l'économie dans le cycle ; et le solde structurel,
d'autre part, qui dépend des choix délibérés
réalisés en matière de dépenses publiques et de
prélèvements obligatoires.
Dans les deux scénarios, la maîtrise des dépenses permet de
faire diminuer, chaque année, le déficit structurel des
administrations publiques de 0,5 ou 0,6 point de PIB. Cet effort de
rigueur budgétaire exerce un effet dépressif sur
l'activité, et pèse sur le dynamisme des recettes fiscales.
Dans le scénario de croissance à 2 %, un important
déficit conjoncturel se maintient tout au long de la période de
projection. Le déficit des administrations publiques est encore de
2,2 points de PIB en 2008. Dans le deuxième scénario, la
croissance, plus vive, génère davantage de recettes fiscales, de
sorte que le déficit public est de seulement 0,9 % du PIB en 2008.
Les prélèvements obligatoires diminuent en 2004 et 2005, sous
l'effet des baisses d'impôts proposées par le gouvernement, puis
sont stabilisés à 43,5 % du PIB.
Les dépenses publiques sont soumises à une contrainte forte,
puisqu'elles ne progressent que de 1 %. Cette norme de dépense
représente une importante rupture par rapport au rythme passé de
croissance des dépenses publiques qui est de l'ordre de 2,2 % par
an (hors service de la dette). Il faut souhaiter que cet effort de
maîtrise des dépenses ne pénalise pas excessivement, comme
ce fut le cas par le passé, l'investissement public. Respecter cette
norme de dépense implique, en outre, une maîtrise salariale dans
la fonction publique.
M. Joël Bourdin, président,
a poursuivi son exposé
par la présentation de variantes commandées à l'OFCE.
Dans une première variante, il a été demandé
à l'OFCE de modéliser, les conséquences budgétaires
d'une poursuite de la progression des dépenses à leur rythme
tendanciel. Une telle évolution permettrait de soutenir la croissance,
qui serait plus élevée d'environ 0,5 point de PIB par
rapport au compte central, mais au prix d'une dégradation sensible des
comptes publics. En 2008, le déficit des administrations publiques
représenterait encore 3 % du PIB et la France serait en infraction
avec les règles du Pacte de stabilité sur toute la période
de projection.
Une autre variante modélise les conséquences d'une baisse de
30 % de l'impôt sur le
revenu. La baisse d'impôt exerce
un effet de relance sur l'activité, mais dégrade le solde
budgétaire, à hauteur de 0,6 point de PIB par rapport au
compte central, à l'horizon 2008.
Une troisième variante montre qu'une hausse de l'inflation offrirait, en
revanche, des marges de manoeuvre budgétaires supplémentaires
à un pays comme la France, à condition que la hausse de
l'inflation ne se généralise pas à l'ensemble de la zone
euro.
Une évaluation des conséquences financières de la
récente réforme des retraites a également
été demandée à l'OFCE, afin d'en mesurer les effets
sur la période de projection. A l'horizon 2008, cette réforme va
occasionner un surcroît de dépenses, un peu inférieur
à trois milliards d'euros en retenant les hypothèses
économiques les plus pessimistes. La mise en oeuvre de la réforme
sera très progressive, et les mesures qui vont entrer en application les
premières sont précisément celles qui vont occasionner des
dépenses supplémentaires. Il s'agit, en particulier, de la mesure
qui permet aux salariés ayant cotisé 40 ans de partir en retraite
avant l'âge de 60 ans, et de la hausse du minimum contributif.
Ce point sur la réforme récente des retraites a permis à
M. Joël Bourdin, président,
d'introduire la quatrième
partie du rapport qui fait un point d'étape sur la question du taux
d'emploi des seniors. Par « seniors », on entend ici les
personnes âgées de plus de 55 ans.
La France se caractérise par un taux d'emploi des seniors
particulièrement bas : leur taux d'emploi est de seulement
34 %, pour une moyenne européenne de 39 %. Aux Etats-Unis, ou
dans les pays scandinaves, ce taux avoisine ou dépasse les 60 %.
Le faible taux d'emploi des seniors est problématique. Il réduit
le potentiel de croissance de l'économie française. Dans un
contexte de vieillissement démographique, il est urgent de relever le
taux d'emploi des seniors pour éviter que la croissance ne bute,
à l'avenir sur des pénuries de main-d'oeuvre. De plus, la
réforme des retraites votée l'été dernier est
fondée sur un allongement de la durée de cotisation des
assurés sociaux. Pour que la réforme réussisse, il est
donc important que les salariés français restent plus longtemps
dans l'emploi, faute de quoi les économies réalisées sur
le « risque-vieillesse » seraient, au moins en partie,
absorbées par les charges induites sur le « régime
chômage ».
La médiocre performance française en matière de taux
d'emploi s'explique principalement par l'existence, jusqu'à une date
toute récente, de dispositifs publics incitatifs à la cessation
précoce d'activité. La réforme des retraites de 1982 a
accentué la tendance à la baisse du taux d'emploi des seniors.
Les pouvoirs publics, pensant lutter ainsi contre le chômage, ont
également longtemps encouragé les programmes de
préretraite.
La loi de 2003 portant réforme des retraites rompt avec les politiques
antérieures, et multiplie les incitations à la poursuite de
l'activité des seniors. Elle restreint l'accès aux
préretraites ; elle allonge la durée de cotisation requise
pour bénéficier d'une retraite à taux plein ; elle
encourage les salariés à poursuivre leur activité
professionnelle, même s'ils ont déjà droit à une
retraite à taux plein, en instituant un mécanisme de surcote.
La réforme, pour porter pleinement ses fruits, doit être
complétée par une politique de formation tout au long de la vie.
Les seniors sont, en effet, les plus confrontés au risque d'obsolescence
des connaissances, et les entreprises hésitent à investir dans la
formation de leurs salariés les plus âgés.
M. Joël Bourdin, président
, a donc souhaité
qu'un effort particulier soit mené en leur faveur.
Un large débat s'est alors ouvert.
M. Philippe Leroy
s'est interrogé sur l'impact de l'environnement
international sur la croissance française dans les projections.
M. Joël Bourdin, président
, a rappelé que la reprise,
en 2004, serait due, en grande partie, au dynamisme de l'économie
américaine. Concernant les projections à moyen terme, elles sont
construites sur une hypothèse, conventionnelle, de contribution nulle du
commerce extérieur à la croissance. Cela revient à
supposer que le reste du monde croît au même rythme que
l'économie française.
M. Marcel Lesbros
a souligné la grande dépendance de la
France par rapport au cycle économique américain.
M. Joël Bourdin, président
, a indiqué que
l'économie américaine représentait près de
25 % du PIB mondial, ce qui fait d'elle le moteur de l'économie
internationale.
M. Philippe Leroy
a alors évoqué l'éclatement de la
« bulle internet », survenu en 2000, et en a conclu
à la grande difficulté de la prévision économique.
M. Joël Bourdin, président
, s'est dit persuadé que,
en dépit de l'existence de phénomènes spéculatifs,
les nouvelles technologiques étaient susceptibles de contribuer
fortement à l'accroissement des gains de productivité dans
l'économie française. Il a rappelé que le
« paradoxe de Solow » s'était dénoué
aux Etats-Unis dans les années 1990 : la diffusion des nouvelles
technologies, notamment informatiques, s'est accompagnée d'une
accélération des gains de productivité.
Il a aussi exposé les difficultés inhérentes à tout
exercice de prévision économique, en mentionnant les incertitudes
qui entourent, en particulier, la modélisation du comportement
d'épargne des ménages. Depuis plusieurs années, le taux
d'épargne des ménages français est supérieur
à ce que les modèles usuels laisseraient supposer.
M. Phillippe Leroy
a insisté sur l'importance de la confiance des
agents économiques, ménages et entreprises, dans la dynamique de
la croissance économique. Les responsables politiques doivent tenir un
discours approprié, susceptible de ramener la confiance.
M. Joël Bourdin, président
, a dit partager ce
sentiment : les décisions d'investissement des entreprises, ou les
décisions de consommation des ménages comportent une dimension
psychologique. De ce point de vue, la récente réforme des
retraites et la volonté du gouvernement d'assainir les finances
publiques sont de nature à renforcer la confiance des ménages, en
réduisant les incertitudes sur l'avenir.
M. Marcel Lesbros
a alors indiqué que le succès de la
stratégie de politique budgétaire du gouvernement était
conditionné au comportement d'épargne des agents
privés : la diminution des déficits publics, qui a, par
elle-même, un effet négatif sur la croissance, devrait
réduire les craintes des agents relatives à l'évolution
future de la dette publique, et les inciterait à investir et à
consommer davantage.
La délégation a ensuite
adopté le rapport relatif aux
perspectives économiques de la France à l'horizon 2008.
ANNEXES
ETUDES RÉALISÉES PAR L'OFCE
SOMMAIRE
Pages
ANNEXE
N° 1 : PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE À
L'HORIZON 2008
136
ANNEXE N° 2 : L'IMPACT DE LA RÉFORME DES RETRAITES D'ICI
2008
158
ANNEXE N° 3 : VARIANTE DEMANDE PUBLIQUE TENDANCIELLE
170
ANNEXE N° 4 : VARIANTE DE BAISSE DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
174
ANNEXE N° 5 : DETTE ET INFLATION
178
ANNEXE N° 1
PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE
FRANÇAISE
À L'HORIZON 2008
Perspectives de l'économie française à l'horizon 2008
I.
Conception générale de l'exercice
Cette projection de l'économie française à l'horizon de
cinq ans --de 2003 à 2008-- a été réalisée
par l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE) à
l'aide de son modèle de simulation de l'économie française
(e-mod.fr). Son approche est essentiellement macro-économique.
Le but de cet exercice est d'obtenir de indications quant aux scénarios
possible d'évolution des finances publiques. Si les simulations
affichées pour les années 2003 et 2004 constituent à
proprement parler une prévision (qui diffère toutefois de celle
publiée par l'OFCE dans le numéro 87 de la Revue de l'OFCE et
reprend la prévision de croissance de la Direction de la
Prévision et de l'analyse économique du MINEFI), les quatre
années suivantes représentent davantage une extrapolation dans le
cadre de la politique économique définie dans le programme
pluriannuel du gouvernement. Il s'agit donc d'une illustration des questions,
hypothèses et choix devant lesquels se trouvent aujourd'hui les
responsables de la politique économique.
Afin de mettre à la disposition des membres du Sénat une telle
« illustration », les évolutions
macro-économiques suivent délibérément une vision
tendancielle reposant sur des hypothèses généralement
admises :
• Le scénario d'environnement international à moyen terme,
qui sert de cadre à la projection de l'économie française
a été élaboré à partir d'une
hypothèse médiane suivant les estimations de croissance
potentielle réalisée par l'OCDE ou par le FMI pour les zones hors
OCDE pour les années 2005-2008.
• Le cours du pétrole et le taux de change euro-dollar baissent
jusqu'à fin 2004 et se stabilisent à partir de 2005
(respectivement à 25 dollars et à 1,05 dollar pour un euro).
• Les prix des partenaires commerciaux de la France évolueraient de
façon à stabiliser la compétitivité
française à partir de 2004.
A. Un scénario de croissance inférieure au potentiel
Après deux années de ralentissement de la croissance
économique (de +4,2 % en 2000 à +2,1 % en 2001 puis 1,2 % en
2002), la France devrait connaître une quasi-stagnation de son PIB en
2003 (+0,4 %) qui constituerait un creux permettant d'envisager un
redémarrage progressif en 2004. Selon les prévisions du MINEFI,
la croissance s'établirait à 1,7 % en 2004, inférieure en
moyenne à la croissance potentielle de l'économie
française mais dépassant cette dernière aux derniers
trimestres de l'année. Les incertitudes entourant la politique fiscale
suivie par le gouvernement et les inquiétudes quant aux réformes
sociales ne freineraient pas la reprise économique : le taux
d'épargne baisserait progressivement, ce qui traduirait ainsi le retour
de la confiance des ménages français. Le déficit public se
résorberait légèrement, atteignant -3,9 % (ce qui est
légèrement plus négatif que l'hypothèse de -3,6 %
retenue par la DP).
Le scénario bâti à moyen terme est celui d'une croissance
de l'économie à 2 %, légèrement
inférieure à son niveau potentiel de long terme (qui passe de
2,1 % à 2,0 % sur la période en raison d'une moindre
croissance de la population active). La progression du PIB serait contrainte
par une forte impulsion négative de la politique budgétaire (en
moyenne -0,6 % du PIB par an). Cette hypothèse se fonde sur les
projections gouvernementales de réduction du déficit public (qui
passe dans notre scénario de -3,9 % en 2004 à -2,2 % en
2008) afin de satisfaire aux engagements européens de la France. La
politique budgétaire nécessite de ce fait un contrôle
strict des dépenses publiques qui permet une baisse du taux de
prélèvements obligatoires. Cette contraction suppose une baisse
de l'emploi public et un blocage des salaires du secteur non marchand.
Ce « compte central » repose donc sur une croissance
sous-jacente (i.e. hors impulsion) de 2,6 % qui nécessite une
baisse du taux d'épargne des ménages (de 16,5 % à
14,6 %) mais n'entraîne pas de baisse significative du chômage
(stable à 9,6 %).
B. Un scénario de croissance plus rapide
Le scénario précédent est marqué par une stagnation
du chômage et un faible repli du déficit public, qui n'autorise
ainsi que peu de marges de manoeuvres en cas de faible croissance. Nous avons
donc développé une projection alternative de croissance
supérieure : 2,7 % par an avec la même impulsion
négative. Ce scénario repose sur une hypothèse de
redémarrage vigoureux de tous nos partenaires commerciaux ainsi que de
l'offre et de la demande des agents privés nationaux.
Il est donc nécessaire pour envisager une telle reprise que la demande
adressée à la France croisse fortement. Il faut aussi que les
ménages désépargnent intensivement (le taux
d'épargne passant de 16,5 % en 2003 à 12,5 % en 2008)
et que l'investissement des entreprises progresse vigoureusement (+7,1 %
en volume par an en moyenne).
Les hypothèses de productivité étant identiques dans
les deux scénarios, les différences de performance du
marché du travail s'expliquent essentiellement par le
différentiel de croissance. L'accélération de
l'activité allège la contrainte sur les finances publiques. Les
recettes fiscales supplémentaires permettent une réduction plus
rapide du déficit public.
1- Evolution de la capacité de financement des administrations publiques ...
en % du PIB |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
...dans le scénario bas de croissance |
-3.1 |
-4.0 |
-3.9 |
-3.4 |
-3.0 |
-2.6 |
-2.2 |
-4.3 |
-2.7 |
-3.0 |
...dans le scénario haut de croissance |
-3.1 |
-4.0 |
-3.9 |
-3.1 |
-2.4 |
-1.6 |
-0.9 |
-4.3 |
-2.7 |
-2.3 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
II. Principales hypothèses de la prévision
Notre scénario de croissance s'insère dans un environnement de
reprise économique mondiale et reprend les principales hypothèses
présentées dans la Lettre de l'OFCE n°243.
En s'inspirant de l'expérience du passé récent, les
déséquilibres américains ne poseraient pas de
problèmes, la croissance étant gagée par d'importants
gains de productivité et continuant d'attirer les capitaux
étrangers. Le déficit courant apparaît donc soutenable
à moyen terme. En supposant, de plus, que les effets des appels du G7
à plus de flexibilité sur le marché des changes
s'épuisent rapidement au profit des déterminants fondamentaux
--le différentiel de croissance et de taux d'intérêt-- la
dépréciation récente du dollar devrait laisser place
à une appréciation à partir du début 2004. Fin
2004, l'euro terminerait à 1,05 dollar ; le dollar reviendrait
à 120 yens (son niveau moyen des cinq dernières
années) ; et la livre, suivant le dollar, se
réapprécierait jusqu'à 1,48 euro.
La Réserve fédérale américaine ne remonterait pas
son taux directeur d'ici la fin 2004, l'écart de production ne se
réduisant pas et le risque déflationniste n'étant pas
définitivement écarté. La croissance et la
dégradation du déficit budgétaire continueraient
néanmoins de pousser à la hausse les taux d'intérêt
à long terme. Partis de 4,2 % au troisième trimestre 2003,
ceux-ci termineraient l'année 2004 à 4,9 %. Malgré
l'appréciation du dollar, le durcissement des conditions
monétaires resterait limité. La politique budgétaire
deviendrait moins expansionniste. Sous l'hypothèse d'une stabilisation
du déficit des administrations publiques autour de 4 % du PIB, et
ce malgré la proximité des élections
présidentielles, l'impulsion budgétaire serait quasi nulle en
2004.
La BCE profiterait de l'absence de tension inflationniste pour desserrer d'un
quart de point sa politique début 2004, amenant son taux directeur
à 1,75 %. Les taux longs européens suivraient encore les
taux américains, le risque étant qu'ils se retrouvent à
des niveaux excessifs au regard de l'inflation et de la croissance de la zone.
Partis de 4,1 % au troisième trimestre 2003, ils termineraient
l'année 2004 à 4,6 %. Malgré la
dépréciation anticipée de l'euro, les conditions
monétaires se détendraient donc peu et ne constitueraient pas un
réel soutien à la croissance. Côté
budgétaire, les marges de manoeuvre resteraient inexistantes en France,
du fait des contraintes du Pacte de stabilité. Comme en 2003,
l'impulsion budgétaire des finances publiques françaises serait
négative en 2004 (-0,4 % après -0,1 % en 2003).
Un changement d'orientation se profile en ce qui concerne le policy-mix
japonais. L'impulsion budgétaire deviendrait neutre et le déficit
public se stabiliserait autour de 7 % du PIB. La politique
monétaire commencerait à mordre, soutenant ainsi une hausse des
taux longs.
Le policy-mix britannique reviendrait à la neutralité.
L'impulsion budgétaire, encore positive cette année (0,5 point de
PIB), serait pratiquement nulle en 2004 (0,2 point). La Banque d'Angleterre
resserrerait d'un demi-point sa politique au second semestre 2004, son taux
directeur atteignant alors 4 %. Les taux longs britanniques remonteraient
un peu plus haut que leurs homologues américains (jusqu'à
5 %).
III. Présentation des résultats macro-économiques
A. La croissance
L'année 2003 reprend (en moyenne annuelle car le profil trimestriel
diffère légèrement) les prévisions de l'OFCE
établies sur la base de la première version des comptes
trimestriels du deuxième trimestre 2003 et présentées dans
la Lettre de l'OFCE, n° 243 ; le PIB croît
légèrement plus en 2004 que ne le prévoit l'OFCE, en
conformité avec les projections du MINEFI.
Après avoir atteint un point bas au second semestre 2003 (-0,3 %),
la croissance devrait redevenir positive au second semestre 2003 sur un rythme
annualisé de +1,0 %. La reprise économique des principaux
partenaires commerciaux de la France (principalement hors zone euro)
permettrait d'enclencher une reprise tirée dans un premier temps par la
demande extérieure. La reprise progressive de la consommation, puis de
l'investissement des entreprises, permettrait à la croissance
française de s'accélérer au cours de 2004 pour atteindre
au dernier trimestre un rythme supérieur au potentiel. La
remontée de la productivité et le rétablissement de marges
(fortement dégradées) des entreprises entraîneraient une
progression puis une stabilisation du taux de chômage qui atteindrait
10 % fin 2004. Malgré une modération salariale, un
contrôle strict de la dépense publique et le maintien de la
parité euro/dollar à un niveau élevé, la
croissance, selon les projections de la DP, devrait dépasser son niveau
potentiel aux derniers trimestres de 2004. La progression de l'indice des prix
de consommation ralentirait à 1,3 %.
(i) scénario bas
L'évolution du PIB et de ses principales composantes est décrite
dans le tableau ci-dessous :
2 - Evolution du PIB et de ses principales composantes 2002-2008
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
PIB en volume |
1.2 |
0.4 |
1.7 |
2.0 |
2.0 |
2.0 |
2.0 |
1.0 |
2.4 |
2.0 |
Importations |
0.8 |
0.5 |
4.8 |
7.5 |
6.8 |
6.3 |
5.8 |
2.9 |
6.0 |
6.6 |
Consommation des ménages |
1.5 |
1.4 |
2.2 |
2.1 |
2.2 |
2.1 |
2.1 |
0.8 |
2.2 |
2.1 |
FBCF des SNF-EI |
-2.8 |
-2.7 |
1.4 |
5.5 |
6.1 |
5.9 |
5.5 |
-1.1 |
3.5 |
5.8 |
FBCF des ménages hors EI |
0.8 |
0.3 |
3.7 |
0.7 |
0.5 |
0.3 |
0.5 |
-1.6 |
2.4 |
0.5 |
Exportations |
1.3 |
-1.3 |
4.6 |
7.2 |
6.5 |
6.0 |
5.6 |
4.9 |
5.6 |
6.3 |
Variations de stocks (contribution) |
-0.4 |
0.1 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
0.0 |
0.0 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
A moyen terme (2004-2008) et compte tenu des contraintes portant sur les
finances publiques, la croissance se stabilise à un niveau
légèrement inférieur à son potentiel
(observé en moyenne depuis 1978 à 2,2 %). Ce dernier
ralentissant avec la croissance de la population active (cf. section C),
l'économie française croît à son potentiel à
partir de 2007.
Le tableau ci-dessous décrit l'évolution des contributions
à la croissance du PIB en projection :
3- Contributions à la croissance du PIB
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Consommation des ménages |
0.8 |
0.8 |
1.2 |
1.1 |
1.2 |
1.1 |
1.1 |
0.4 |
1.3 |
1.2 |
FBCF des ménages hors EI |
0.0 |
0.0 |
0.2 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
0.1 |
0.0 |
FBCF des SNF-EI |
-0.3 |
-0.3 |
0.2 |
0.6 |
0.7 |
0.7 |
0.7 |
-0.1 |
0.4 |
0.7 |
Dépenses des administrations |
0.9 |
0.3 |
0.1 |
0.2 |
0.1 |
0.2 |
0.2 |
0.6 |
0.6 |
0.2 |
Variations de stocks (contribution) |
-0.4 |
0.1 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
0.0 |
0.0 |
Demande intérieure |
1.1 |
0.9 |
1.7 |
2.0 |
2.0 |
2.0 |
2.0 |
0.6 |
2.6 |
2.1 |
Solde extérieur |
0.1 |
-0.5 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.4 |
0.0 |
0.0 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
(ii) scénario haut
Dans le scénario alternatif de croissance plus élevée (le
scénario haut), le PIB croît en volume de 2,7 % par an de
2005 à 2008. La reprise économique chez les partenaires
commerciaux de la France entraîne une augmentation des volumes
d'importations et d'exportations par rapport à l'autre scénario.
Les principales différences entre les deux comptes ne tiennent pas
à la politique budgétaire, qui est contrainte par les engagements
européens du gouvernement, mais au comportement des agents
privés. Ainsi, nous faisons l'hypothèse d'une plus forte
consommation des ménages (3,0 % de croissance moyenne annuelle contre
2,1 % dans l'autre scénario) et d'un investissement des entreprises plus
soutenu, à 7,1 % en moyenne pour les SNF-EI contre 5,9 %. Le tableau
2bis reprend pour référence les moyennes constatées sur
les périodes récentes respectivement de faible (1990-96) et de
forte croissance (1996-2003). On constate que, en l'absence d'impulsion
positive de la politique économique, ce scénario implique un
comportement des agents privés nettement plus dynamique que dans
l'histoire récente.
2bis - Evolution du PIB et de ses principales composantes 2002-2008
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
PIB en volume |
1.2 |
0.4 |
1.7 |
2.7 |
2.7 |
2.7 |
2.7 |
1.0 |
2.4 |
2.7 |
Importations |
0.8 |
0.5 |
4.8 |
8.9 |
8.6 |
8.1 |
7.7 |
2.9 |
6.0 |
8.3 |
Consommation des ménages |
1.5 |
1.4 |
2.2 |
2.8 |
3.1 |
3.1 |
3.0 |
0.8 |
2.2 |
3.0 |
FBCF des SNF-EI |
-2.8 |
-2.7 |
1.4 |
7.2 |
7.3 |
6.9 |
7.0 |
-1.1 |
3.5 |
7.1 |
FBCF des ménages hors EI |
0.8 |
0.3 |
3.7 |
1.2 |
0.7 |
0.6 |
0.9 |
-1.6 |
2.4 |
0.8 |
Exportations |
1.3 |
-1.3 |
4.6 |
8.5 |
8.2 |
7.6 |
7.3 |
4.9 |
5.6 |
7.9 |
Variations de stocks (contribution) |
-0.4 |
0.1 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
0.0 |
0.0 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Le tableau 3bis décrit l'évolution des contributions à la
croissance du PIB en projection. C'est la reprise de la consommation des
ménages (pour 2/3) et de l'investissement des entreprises (pour 1/3) qui
crée l'écart entre les deux scénarios.
3bis- Contributions à la croissance du PIB
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Consommation des ménages |
0.8 |
0.8 |
1.2 |
1.6 |
1.7 |
1.7 |
1.7 |
0.4 |
1.3 |
1.7 |
FBCF des ménages hors EI |
0.0 |
0.0 |
0.2 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
0.1 |
0.0 |
FBCF des SNF-EI |
-0.3 |
-0.3 |
0.2 |
0.8 |
0.8 |
0.8 |
0.9 |
-0.1 |
0.4 |
0.9 |
Dépenses des administrations |
0.9 |
0.3 |
0.1 |
0.2 |
0.1 |
0.2 |
0.1 |
0.6 |
0.6 |
0.2 |
Variations de stocks (contribution) |
-0.4 |
0.1 |
0.1 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
0.0 |
0.0 |
Demande intérieure |
1.1 |
0.9 |
1.7 |
2.7 |
2.7 |
2.7 |
2.7 |
0.6 |
2.6 |
2.8 |
Solde extérieur |
0.1 |
-0.5 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.4 |
0.0 |
0.0 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
B. Les ménages
(i) scénario bas
Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques du compte des
ménages dans la projection :
4- Principales caractéristiques de l'évolution du compte des ménages
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Evolution du pouvoir d'achat (croissance en volume, en %) |
2.0 |
1.2 |
1.8 |
1.6 |
1.6 |
1.6 |
1.7 |
1.1 |
2.5 |
1.6 |
Masse salariale (croissance en volume, en %) |
1.7 |
0.9 |
1.6 |
1.7 |
1.8 |
1.5 |
1.6 |
0.5 |
2.8 |
1.7 |
Prestations sociales (croissance en volume, en %) |
3.2 |
1.9 |
1.5 |
0.8 |
1.9 |
2.1 |
2.4 |
2.4 |
2.1 |
1.8 |
Revenu disponible brut (croissance en volume, en %) |
2.0 |
1.2 |
1.8 |
1.6 |
1.6 |
1.6 |
1.7 |
1.1 |
2.5 |
1.6 |
Consommation des ménages (croissance en volume, en %) |
1.5 |
1.4 |
2.2 |
2.1 |
2.2 |
2.1 |
2.1 |
0.8 |
2.2 |
2.1 |
Taux d'épargne des ménages (en %) |
16.7 |
16.5 |
16.2 |
15.8 |
15.3 |
14.9 |
14.6 |
14.8 |
15.9 |
15.3 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Le faible dynamisme du pouvoir d'achat des ménages depuis 2001
s'amplifie en 2003. Depuis 2002, les incertitudes pesant sur les orientations
de politique économique (compte tenu notamment des engagements
européens de la France) et la faiblesse de la croissance
économique dans la zone euro ont pu inciter les ménages à
la prudence dans leur comportement de dépense. Le taux d'épargne
resterait sensiblement stable au second semestre 2003 (à 16,8 %). Il
baisserait régulièrement ensuite et atteindrait 14,6 % fin 2008.
L'ensemble des variations des revenus et consommation des ménages
seraient soutenues, mais pas aussi vigoureuses que durant la période
1995-2000. Les salaires croissent au même rythme que la
productivité de 1,9 % par an en moyenne, soit légèrement
plus que les prix à la consommation et permettent ainsi une
amélioration du revenu disponible des ménages.
-
- (ii) scénario haut
4bis - Principales caractéristiques de l'évolution du compte des ménages
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Evolution du pouvoir d'achat (croissance en volume, en %) |
2.0 |
1.2 |
1.8 |
1.8 |
1.9 |
1.8 |
2.1 |
1.1 |
2.5 |
1.9 |
Masse salariale (croissance en volume, en %) |
1.7 |
0.9 |
1.6 |
2.3 |
2.5 |
2.3 |
2.3 |
0.5 |
2.8 |
2.4 |
Prestations sociales (croissance en volume, en %) |
2.8 |
2.3 |
1.6 |
2.3 |
2.5 |
2.3 |
2.3 |
1.7 |
-1.4 |
2.4 |
Revenu disponible brut (croissance en volume, en %) |
2.0 |
1.2 |
1.8 |
1.8 |
1.9 |
1.8 |
2.1 |
1.1 |
2.5 |
1.9 |
Consommation des ménages (croissance en volume, en %) |
1.5 |
1.4 |
2.2 |
2.8 |
3.1 |
3.1 |
3.0 |
0.8 |
2.2 |
3.0 |
Taux d'épargne des ménages (en %) |
16.7 |
16.5 |
16.2 |
15.3 |
14.3 |
13.3 |
12.5 |
14.8 |
15.9 |
14.2 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Graphique 1. Taux d'épargne des ménages
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Deux éléments se sont conjugués au début des
années 1980 pour favoriser la baisse du taux d'épargne. D'une
part, la forte baisse de l'inflation a diminué l'incitation des
ménages à épargner : le niveau d'épargne
nécessaire pour assurer un objectif de pouvoir d'achat du patrimoine
était plus faible désormais. D'autre part, la
déréglementation financière a favorisé
l'endettement des ménages. Les crédits aux ménages n'ont
plus été encadrés et les banques ont
réorienté leur offre de crédit en direction de ces
derniers. En effet, les entreprises avaient une demande moins forte en
crédit bancaire, profitant d'un accès plus facile aux
marchés de capitaux. Au début des années 1990, le taux
d'endettement des ménages s'est stabilisé à un niveau plus
haut. L'arrêt de progression du taux d'endettement a eu pour corollaire
la remontée du taux d'épargne, à un niveau
inférieur à celui du début des années
1980
30(
*
)
.
La forte baisse du taux d'épargne envisagée dans le
scénario haut est donc possible, à la condition d'un changement
structurel important.
C. Les entreprises, l'emploi et le chômage
-
- (i) scénario bas
5 - Principales caractéristiques du compte des entreprises
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
Taux de marge (en %) |
32.1 |
31.5 |
31.8 |
32.1 |
32.2 |
32.3 |
32.5 |
32.4 |
32.4 |
32.2 |
Taux d'investissement (en %) |
19.0 |
18.5 |
18.5 |
19.1 |
19.9 |
20.6 |
21.3 |
19.4 |
18.8 |
19.9 |
Taux d'autofinancement, hors stocks (en %) |
84.4 |
81.4 |
82.9 |
79.1 |
75.3 |
72.3 |
69.2 |
91.2 |
88.5 |
75.2 |
Investissement (croissance en volume, en %) |
-2.8 |
-2.7 |
1.4 |
5.5 |
6.1 |
5.9 |
5.5 |
-1.1 |
3.5 |
5.8 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Depuis 2001, le taux d'investissement des entreprises s'est
dégradé avec le ralentissement économique. La faible
progression du taux de chômage jusqu'au début 2003 a eu pour
conséquence une forte dégradation du taux de marge des
entreprises. Cette situation est due, pour partie, au comportement habituel des
entrepreneurs qui préfèrent, en début de ralentissement
économique, réduire le degré d'utilisation du travail
plutôt que de licencier. La situation particulière de 2002/2003
est due à la coïncidence de la fin de l'instauration du passage aux
35 heures, du changement de majorité parlementaire laissant anticiper
des révisions des lois sur les 35 heures et de modernisation sociale et,
enfin, une d'incertitude quant à l'ampleur du ralentissement qui a
entraîné chez les entrepreneurs une erreur d'anticipation de la
reprise. Il s'en est suivi un attentisme particulièrement
prononcé, et donc une forte réduction du taux de marge. La
révision des comptes trimestriels a montré que cet
affaiblissement n'était pas aussi prononcé qu'on l'avait cru
à l'origine. La fin du creux conjoncturel en 2003 devrait cependant voir
les entreprises redresser leurs taux de marge qui retrouveraient fin 2008 un
niveau proche de celui de 2001.
La remontée du taux d'investissement ne soutiendrait cependant pas
suffisamment la croissance pour faire baisser le taux de chômage (tableau
6), qui demeurerait stable à 9,6 %, son niveau de fin 2003.
6- Emploi et chômage
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Emploi total (croissance en milliers) |
166.0 |
-35.2 |
19.2 |
36.9 |
23.1 |
15.7 |
33.8 |
-14.0 |
297.1 |
27.4 |
Population active totale (croissance en milliers) |
153.5 |
83.6 |
105.0 |
86.5 |
75.7 |
24.1 |
25.7 |
132.6 |
126.1 |
53.0 |
Nombre de chômeurs (croissance en milliers) |
118.0 |
182.2 |
-19.6 |
-36.8 |
-23.0 |
-0.7 |
1.2 |
147.6 |
-65.4 |
-14.8 |
Taux de chômage (au sens du BIT) |
9.0 |
9.6 |
9.6 |
9.6 |
9.6 |
9.6 |
9.6 |
10.8 |
10.4 |
9.6 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE
L'OFCE retient par ailleurs l'hypothèse d'un ralentissement de la
population active, qui croîtrait d'environ 83 000 en 2003 à
25 000 en 2008. Cette évolution suit l'esprit des projections de
ralentissement de l'INSEE.
-
- (ii) scénario haut
5bis - Principales caractéristiques du compte des entreprises
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Taux de marge (en %) |
32.1 |
31.5 |
31.8 |
32.1 |
32.1 |
32.1 |
32.2 |
32.4 |
32.4 |
32.1 |
Taux d'investissement (en %) |
19.0 |
18.5 |
18.5 |
19.3 |
20.2 |
21.0 |
21.9 |
19.4 |
18.8 |
20.2 |
Taux d'autofinancement, hors stocks (en %) |
84.4 |
81.4 |
82.9 |
78.6 |
74.3 |
70.7 |
66.9 |
91.2 |
88.5 |
73.9 |
Investissement (croissance en volume, en %) |
-2.8 |
-2.7 |
1.4 |
7.2 |
7.3 |
6.9 |
7.0 |
-1.1 |
3.5 |
7.1 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
L'emploi repartirait plus rapidement (168 400 créations par an sur
la période contre 27 400 dans le scénario bas) ce qui
permettrait une forte décrue du chômage, dont le taux atteindrait
7,5 % en 2008 (tableau 6bis). La population active se rapprocherait donc
de celle en âge de travailler au fur et à mesure que le plein
emploi se rapproche. En effet, en période de ralentissement de
l'activité et d'augmentation du chômage, des actifs potentiels
peuvent renoncer à se présenter sur le marché du travail
(« travailleurs découragés », allongement de
la durée des études....) ; inversement, en période
d'amélioration conjoncturelle, des personnes jusque-là
découragées se présentent sur le marché du travail,
entraînant ainsi une évolution de la population active
observée supérieure dans le scénario de croissance plus
élevée.
En contrepartie, les entreprises ne rétabliraient pas leur taux de marge
dans la même mesure que dans le scénario bas car les coûts
salariaux augmenteraient plus rapidement que les prix de production (1,9 %
contre 1,6 %). Ce taux atteindrait 32,2 % en 2008 (contre 32,5 % dans
l'autre scénario).
6bis- Emploi et chômage
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Emploi total (croissance en milliers) |
166.0 |
-35.2 |
19.2 |
156.9 |
165.7 |
164.4 |
186.6 |
-14.0 |
297.1 |
168.4 |
Population active totale (croissance en milliers) |
153.5 |
83.6 |
105.0 |
100.0 |
91.5 |
40.4 |
42.2 |
132.6 |
126.1 |
68.5 |
Nombre de chômeurs (croissance en milliers) |
118.0 |
182.2 |
-19.6 |
-156.8 |
-165.6 |
-149.3 |
-151.6 |
147.6 |
-65.4 |
-155.8 |
Taux de chômage (au sens du BIT) |
9.0 |
9.6 |
9.6 |
9.2 |
8.7 |
8.1 |
7.5 |
10.8 |
10.4 |
8.6 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
D. Les prix
La réduction de la croissance des coûts salariaux et l'effet de
l'appréciation récente de l'euro face au dollar (et le retour
progressif du taux de change à 1,05 dollar pour un euro) induiraient un
maintien en 2003/2004 de l'inflation sous-jacente, en pesant à la fois
sur les prix des produits manufacturés et sur ceux des services. La
stabilisation des cours internationaux du pétrole ne remettrait pas en
cause cette évolution. Les prix à la consommation progresseraient
légèrement au cours de 2003 et 2004 pour atteindre une croissance
trimestrielle annualisée de 1,7 % à moyen terme.
-
- (i) scénario bas
7- Prix et productivité
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
Prix à la consommation |
1.8 |
1.5 |
1.6 |
1.7 |
1.7 |
1.7 |
1.7 |
2.4 |
1.2 |
1.7 |
Salaire horaire |
2.9 |
2.4 |
2.9 |
3.5 |
3.7 |
3.7 |
3.6 |
2.8 |
3.0 |
3.6 |
Salaire horaire réel |
1.1 |
0.9 |
1.3 |
1.8 |
1.9 |
1.9 |
1.9 |
0.4 |
1.8 |
1.9 |
Productivité pat tête, total |
0.6 |
0.4 |
1.6 |
1.8 |
1.9 |
1.9 |
1.9 |
1.1 |
1.2 |
1.9 |
Coûts salariaux par unité produite |
2.3 |
2.0 |
1.0 |
1.5 |
1.6 |
1.7 |
1.7 |
1.7 |
1.4 |
1.6 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
-
- (ii) scénario haut
7bis- Prix et productivité
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
Prix à la consommation |
1.8 |
1.5 |
1.6 |
1.8 |
1.8 |
1.8 |
1.8 |
2.4 |
1.2 |
1.8 |
Salaire horaire |
2.9 |
2.4 |
2.9 |
3.8 |
3.8 |
3.8 |
3.7 |
2.8 |
3.0 |
3.8 |
Salaire horaire réel |
1.1 |
0.9 |
1.3 |
1.9 |
1.9 |
1.9 |
1.9 |
0.4 |
1.8 |
1.9 |
Productivité pat tête, total |
0.6 |
0.4 |
1.6 |
1.9 |
1.9 |
1.9 |
1.9 |
1.1 |
1.2 |
1.9 |
Coûts salariaux par unité produite |
2.3 |
2.0 |
1.0 |
1.6 |
1.7 |
1.8 |
1.8 |
1.7 |
1.4 |
1.7 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
E. Les échanges extérieurs
En prévision, l'évolution des échanges extérieurs
en volume dépend de la compétitivité-prix et de
l'écart de croissance entre la France et les autres pays.
La forte contraction des échanges commerciaux entre la France et ses
partenaires au premier semestre 2003 a été étudiée
par l'OFCE (Revue 87 de novembre 2003) qui a conclu qu'elle était
principalement d'origine conjoncturelle. Il en résulte que la demande
étrangère adressée à la France devrait progresser
avec la reprise mondiale d'ici 2008. Nous faisons par ailleurs
l'hypothèse d'un retour, d'ici à la fin 2004, de l'euro à
son cours de 1,05 dollar pour un euro. La forte croissance du PIB
américain devrait permettre une reprise économique dans la zone
euro début 2004.
Dans ce contexte, les exportations françaises de biens et services
devraient se replier en volume en 2003 pour reprendre ci-après.
-
- (i) scénario bas
8- Principales caractéristiques de l'évolution des échanges extérieurs
% annuel de croissance en volume |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
Demande étrangère |
0.3 |
4.8 |
5.4 |
6.8 |
7.0 |
7.0 |
7.0 |
5.4 |
5.6 |
6.9 |
Importations en volume |
0.8 |
0.5 |
4.8 |
7.5 |
6.8 |
6.3 |
5.8 |
2.9 |
6.0 |
6.6 |
Exportations en volume |
1.3 |
-1.3 |
4.6 |
7.2 |
6.5 |
6.0 |
5.6 |
4.9 |
5.6 |
6.3 |
Contribution des échanges extérieurs |
0.1 |
-0.5 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.4 |
0.0 |
0.0 |
Taux de couverture en valeur |
108.3 |
105.9 |
104.8 |
104.2 |
103.3 |
103.0 |
102.9 |
103.8 |
108.1 |
103.5 |
Solde des biens et services* |
4.1 |
3.1 |
3.1 |
3.1 |
3.1 |
3.1 |
3.1 |
1.5 |
4.0 |
3.1 |
Capacité de financement de la Nation ** |
-1.5 |
-0.9 |
-0.6 |
-0.7 |
-0.5 |
-0.5 |
-0.6 |
0.2 |
-1.7 |
-0.6 |
*en milliards d'euros
**en % du PIB
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
-
- (ii) scénario haut
Comme nous faisons l'hypothèse d'une stabilisation des parts de marché et compétitivité françaises, il est difficile de tirer des enseignements significatifs des comparaisons des échanges extérieurs dans les deux scénarios.
8bis- Principales caractéristiques de l'évolution des échanges extérieurs
% annuel de croissance en volume |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
Demande étrangère |
0.3 |
4.8 |
5.4 |
7.4 |
7.8 |
7.8 |
7.8 |
5.4 |
5.6 |
7.7 |
Importations en volume |
0.8 |
0.5 |
4.8 |
8.9 |
8.6 |
8.1 |
7.7 |
2.9 |
6.0 |
8.3 |
Exportations en volume |
1.3 |
-1.3 |
4.6 |
8.5 |
8.2 |
7.6 |
7.3 |
4.9 |
5.6 |
7.9 |
Contribution des échanges extérieurs |
0.1 |
-0.5 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.4 |
0.0 |
0.0 |
Taux de couverture en valeur |
108.3 |
105.9 |
104.8 |
103.7 |
102.3 |
101.4 |
100.7 |
103.8 |
108.1 |
102.4 |
Solde des biens et services* |
4.1 |
3.1 |
3.1 |
3.1 |
3.1 |
3.0 |
2.9 |
1.5 |
4.0 |
3.0 |
Capacité de financement de la Nation ** |
-1.5 |
-0.9 |
-0.6 |
-0.6 |
-0.3 |
-0.1 |
0.1 |
0.2 |
-1.7 |
-0.3 |
*en milliards d'euros
**en % du PIB
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
IV. Tendances des finances publiques
Les hypothèses de finances publiques sont pour l'essentiel
alignées sur celles du gouvernement. Les dépenses de
l'année 2004 sont calées sur le PLF et le PLFSS ; les
dépenses 2005-2007 augmentent en moyenne de 1,0 % par an en volume,
conformément au programme pluriannuel de finances publiques (PPFP)
fourni par le gouvernement au moment de la présentation du projet de loi
de finances à l'horizon 2007. En 2008, on prolonge les évolutions
pour ce qui est des dépenses discrétionnaires. Le taux de
prélèvements obligatoires diminuerait plus que prévu par
le PLF en 2004, si bien que le déficit public serait de 3,9 %. Il
évolue ensuite conformément aux hypothèses du PPFP. Les
hypothèses de mesure de politique économique, tant pour les
recettes que les dépenses, sont les mêmes dans les deux
scénarios.
A. Les recettes
Compte tenu des annonces du gouvernement, les recettes des principaux
impôts évoluent comme décrit dans le tableau suivant.
9- Evolution des recettes des administrations publiques
En % du PIB |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
TVA |
7,2 |
7,1 |
7,2 |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
7,4 |
7,5 |
7,5 |
7,3 |
Autres impôts indirects |
8,3 |
8,4 |
8,3 |
8,2 |
8,3 |
8,3 |
8,4 |
8,4 |
8,6 |
8,3 |
Impôt sur le revenu des ménages (dont CSG) |
8,1 |
8,0 |
7,9 |
7,8 |
7,9 |
7,9 |
7,9 |
5,3 |
7,7 |
7,9 |
Impôt sur les sociétés |
2,5 |
2,1 |
1,8 |
2,0 |
1,9 |
1,9 |
1,9 |
1,8 |
2,4 |
1,9 |
Autres impôts sur le revenu et le patrimoine |
1,0 |
1,1 |
1,1 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,3 |
1,2 |
1,0 |
Cotisations employeurs |
11,3 |
11,4 |
11,3 |
11,2 |
11,2 |
11,2 |
11,2 |
11,7 |
11,4 |
11,2 |
Cotisations salariés |
4,1 |
4,2 |
4,2 |
4,2 |
4,2 |
4,2 |
4,2 |
5,8 |
4,4 |
4,2 |
Cotisations non salariés |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,1 |
1,4 |
1,2 |
1,1 |
Impôts en capital |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
Prélèvements obligatoires |
43,9 |
43,8 |
43,3 |
43,2 |
43,2 |
43,2 |
43,2 |
43,3 |
44,7 |
43,2 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
Les cotisations sociales employeurs baissent sous l'impact des
allègements de charges sociales prévus dans le cadre de la loi
Fillon.
Le taux de prélèvement obligatoire diminue en 2004
(0,5 point) et en 2005 (0,1 point). Il reste stable par la suite à
43,2 %. En 2004, cette baisse des impôts est supérieure
à celle prévue par le PLF car le fort ralentissement de 2003
pèserait sur les recettes (notamment l'impôt des
sociétés). Celles-ci seraient moins sensibles à
l'amélioration de l'activité courante en 2004 que dans le
scénario du MINEFI.
La baisse du ratio des impôts sur le PIB est plus marquée pour les
impôts directs versés par les ménages, sans toutefois
atteindre les montants de baisse de l'impôt sur le revenu
mentionnés dans le programme présidentiel. Notre scénario
peut aussi se comprendre comme une baisse de l'impôt sur le revenu
compensée par une hausse de la CSG. L'impact d'une baisse de
l'impôt sur le revenu plus importante est détaillé dans une
variante.
B. Evolution des dépenses des administrations publiques
L'hypothèse d'une croissance des dépenses
publiques de
1,0 % par an en volume suppose une contrainte extrêmement forte.
L'évolution tendancielle des dépenses publiques est actuellement
de 1,9 %, et l'évolution des dépenses rigides, telles que
les prestations vieillesse et santé, accélèrerait à
cause du vieillissement de la population française.
Les prestations retraites sont soumises à la dynamique du nombre de
retraités, qui accélère à partir de 2006. La
réforme des retraites du printemps 2003 amène par ailleurs un
léger alourdissement des charges d'ici 2008 (1,4 milliard d'euros
en 2008), du fait de 4 mesures : possibilité des départs
anticipés pour les salariés ayant atteint leur nombre
d'annuités, calcul plus favorable de la retraite pour les
pluri-pensionnés, hausse du minimum contributif et mécanisme de
surcote.
La croissance des dépenses de santé serait en ligne avec les
hypothèses du gouvernement, soit 2,25 % par an. Cette
évolution est peu probable en dehors d'un désengagement continu
de l'Etat du secteur de la santé car la croissance tendancielle des
dépenses publiques y est de 3,2 %.
L'investissement public évoluerait de façon très
modérée (+1,2 % en volume par an). Les consommations
intermédiaires seraient stables en volume, alors que leur croissance
tendancielle moyenne est de 2,4 % par an. Dans ce contexte de
contrôle de tous les autres postes de dépenses, le maintien d'une
progression des dépenses publiques de 1 % en volume implique une
baisse du pouvoir d'achat de la masse salariale distribuée par les
administrations publiques à partir de 2006. Une telle baisse
(-2,7 % entre 2005 et 2008, soit 2,2 points de PIB) nécessite une
perte de pouvoir d'achat du salaire individuel des salariés des
administrations publiques, malgré la baisse de 10 000
fonctionnaires d'Etat par an à partir de 2005 et celle des emplois
aidés dans le secteur non marchand (-46 000 en moyenne en 2005,
-9 000 en 2006, -6 000 les années suivantes).
Il est possible que la répartition des dépenses diffère de
celle envisagée. Cependant les marges de manoeuvre sont faibles compte
tenu de l'importance des prestations retraites (leur montant est proche de
celui des rémunérations des salariés des administrations
publiques en 2003) et santé (leur montant approche 2/3 des
rémunérations des salariés des administrations publiques
en 2003).
10 -Evolution du pouvoir d'achat des prestations sociales
|
2002 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
|
Répartition |
taux de croissance annuel en %, prix 1995 |
|||||||||
Retraites |
45 |
2.3 |
2.4 |
1.7 |
2.0 |
2.9 |
3.0 |
3.4 |
3.2 |
2.3 |
2.6 |
Maladie |
34 |
5.8 |
3.4 |
1.7 |
2.2 |
2.3 |
2.3 |
2.3 |
1.6 |
3.3 |
2.3 |
Chômage |
7 |
15.0 |
8.0 |
1.9 |
-4.2 |
-1.9 |
-1.0 |
-0.9 |
1.4 |
2.2 |
-1.2 |
Famille, logement, pauvreté et exclusion |
14 |
1.7 |
1.4 |
1.4 |
0.6 |
0.9 |
1.2 |
1.2 |
3.3 |
1.8 |
1.0 |
Total des prestations |
100 |
4.2 |
3.0 |
1.7 |
1.4 |
2.1 |
2.3 |
2.5 |
2.6 |
2.6 |
2.1 |
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
11 -Evolution des dépenses des administrations publiques (déflaté par les prix du PIB)
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90-96 |
96-03 |
04-08 |
en points de PIB |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ensemble des dépenses |
53,6 |
54,3 |
53,9 |
53,2 |
52,8 |
52,3 |
51,8 |
53,7 |
53,9 |
52,8 |
dont : |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
masse salariale |
13,7 |
13,9 |
13,8 |
13,6 |
13,2 |
12,9 |
12,4 |
13,3 |
13,7 |
13,2 |
consommations intermédiaires |
5,3 |
5,4 |
5,3 |
5,2 |
5,1 |
5,0 |
4,9 |
5,8 |
5,5 |
5,1 |
Investissement |
3,1 |
3,1 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
2,9 |
3,4 |
3,1 |
3,0 |
consommations individualisables |
14,5 |
14,7 |
14,6 |
14,4 |
14,3 |
14,1 |
13,9 |
13,7 |
14,2 |
14,3 |
prestations sociales en espèces* |
18,1 |
18,4 |
18,4 |
18,2 |
18,2 |
18,3 |
18,4 |
18,0 |
18,2 |
18,3 |
intérêts versés |
3,2 |
3,1 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
2,9 |
3,4 |
3,4 |
3,0 |
transferts versés |
3,7 |
3,7 |
3,6 |
3,6 |
3,6 |
3,7 |
3,7 |
3,6 |
3,6 |
3,6 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
taux de croissance en volume |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ensemble des dépenses |
2,9 |
1,6 |
0,9 |
0,8 |
1,2 |
1,1 |
1,1 |
2,5 |
2,6 |
1,0 |
dont : |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
masse salariale |
2,9 |
1,9 |
0,7 |
0,5 |
-0,6 |
-0,9 |
-1,2 |
2,8 |
2,4 |
-0,3 |
consommations intermédiaires |
4,0 |
2,2 |
-0,5 |
0,3 |
0,3 |
0,2 |
0,0 |
1,6 |
1,5 |
0,1 |
Investissement |
-1,5 |
0,3 |
0,9 |
1,3 |
1,2 |
1,3 |
1,2 |
-0,2 |
1,6 |
1,2 |
consommation individualisable |
4,8 |
1,6 |
0,9 |
1,1 |
1,2 |
0,7 |
0,7 |
2,7 |
2,8 |
0,9 |
prestations sociales en espèces |
3,2 |
2,1 |
1,7 |
1,0 |
2,1 |
2,3 |
2,6 |
2,8 |
2,1 |
2,0 |
intérêts versés |
-0,1 |
-1,7 |
-0,4 |
1,1 |
1,1 |
1,3 |
1,0 |
6,3 |
-1,0 |
1,1 |
transferts versés |
3,9 |
0,5 |
0,5 |
1,9 |
2,9 |
2,5 |
2,4 |
1,4 |
2,8 |
2,4 |
*
Les
prestations en espèces sont celles qui sont versées lors de la
survenance d'un risque, sans contrepartie d'un bien ou d'un service. Elles
comprennent essentiellement les prestations chômage et les retraites. Les
prestations en nature (prestations santé et logement) font partie de la
consommation individualisable des administrations publiques.
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
C. Evolutions du déficit et de la dette publics
Au
total, la politique économique a un impact restrictif sur
l'activité de 0,6 point de PIB par an en moyenne sur la période
2005--2008. Cependant, cette politique restrictive ne permet pas de diminuer de
façon importante le déficit public, qui ne passe la barre des
3 % qu'à partir de 2006. Cette politique freine en effet
l'activité, ce qui empêche le rétablissement des comptes
publics. Notre scénario fait ainsi l'hypothèse d'une substitution
partielle de l'activité privée à l'activité
publique. Cette substitution pourrait être plus forte, notamment dans le
cadre d'une réforme de la santé. Dans le cadre d'une croissance
plus dynamique, l'évolution du déficit public serait plus
favorable.
Le compte central ne permet pas la stabilisation du ratio dette/PIB.
12. Evolution de la capacité de financement et de la dette des administrations publiques
En % du PIB |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
90--96 |
96--03 |
04--08 |
Solde structurel |
-2.9 |
-2.8 |
-2.4 |
-1.8 |
-1.3 |
-0.7 |
-0.1 |
|
|
|
Variation du solde structurel* |
-1,0 |
0,1 |
0,4 |
0,6 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
|
|
|
Effort structurel* |
-0,7 |
0,5 |
0,8 |
0,6 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
|
|
|
Impact sur la conjoncture* |
1,2 |
-0,1 |
-0,4 |
-0,6 |
-0,5 |
-0,6 |
-0,6 |
|
|
|
Compte central, croissance à 2 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Capacité de financement |
-3,1 |
-4,0 |
-3,9 |
-3,4 |
-3,0 |
-2,6 |
-2,2 |
-4,3 |
-2,7 |
-3,0 |
Dette |
59,0 |
61,4 |
63,1 |
64,9 |
66,1 |
66,9 |
67,3 |
45,1 |
58,6 |
65,7 |
Scénario de croissance dynamique à 2,7 % |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
Capacité de financement |
-3,1 |
-4,0 |
-3,9 |
-3,1 |
-2,4 |
-1,6 |
-0,9 |
-4,3 |
-2,7 |
-2,3 |
Dette |
59,0 |
61,4 |
63,1 |
64,5 |
65,1 |
64,8 |
63,7 |
43,1 |
57,7 |
64,2 |
Notes
de tableau :
-
le solde structurel
correspond à une mesure faite par la
plupart des organismes internationaux, obtenue comme soustraction au
déficit observé de l'impact de la conjoncture. Cette mesure
dépend de façon cruciale de l'analyse que l'on fait de
l'activité, mesurée par le PIB, en termes de PIB potentiel (ou
structurel) et d'écart entre PIB observé et PIB potentiel (output
gap). Notre scénario haut n'est possible que si on estime que le PIB est
inférieur de 6 % à son potentiel aujourd'hui, alors que les
organismes internationaux estiment que l'output gap négatif se limite
à 2 %. Dans ce cas, ce scénario correspond à une
évaluation différente du solde structurel, soit un niveau de
-0,8 % de PIB en 2003.
- la
variation du solde structurel
correspond à la mesure faite
par la plupart des organismes internationaux des évolutions
structurelles du déficit. Elle s'obtient par soustraction au
déficit observé de l'impact de la conjoncture, sous les
hypothèses que les dépenses (à l'exception des allocations
chômage) y sont peu sensibles et que les recettes varient comme la
croissance. L'
effort structurel
correspond à l'impact des mesures
discrétionnaires sur le déficit. La différence entre les
deux est due aux évolutions des recettes non fiscales et aux changements
de la relation entre croissance et prélèvements obligatoires
(tous deux étant comptabilisés dans la variation du solde
structurel). L'
impact sur la conjoncture
prend en compte le fait qu'une
augmentation de prélèvements obligatoires, discrétionnaire
ou spontanée, a un impact restrictif sur l'activité mais que les
comportements des agents (comportement d'épargne notamment) peuvent
masquer temporairement l'impact restrictif d une politique
économique, ce qui le différencie de la variation du solde
structurel. A moyen terme, les trois mesures se rejoignent.
Sources : INSEE, prévisions OFCE.
ANNEXE N° 2
L'IMPACT DE LA RÉFORME DES RETRAITES D'ICI
2008
L'impact de la réforme des retraites d'ici 2008
La loi de réforme des retraites du 21 août 2003 ne prend effet que très progressivement. Nous présenterons ici les réformes qui auront un impact d'ici 2008. Compte tenu de l'incertitude qui entoure le comportement des futurs retraités, cette analyse évalue un ordre de grandeur des évolutions possibles. Les salariés seniors arrivant à la retraite vont voir les paramètres et le mode de calcul de leur pension modifié par la réforme, indépendamment de leur comportement. La réforme peut aussi les amener à modifier la date de leur départ à la retraite.
Changement du calcul des retraites
Régime général
L'allongement de la durée de cotisation ne prendra effet qu'en 2009 pour le secteur privé. Par ailleurs, les réformes des années 1990 ont déjà indexé les pensions sur les prix, de même qu'elles ont actualisé les salaires 31( * ) de référence à l'aide de l'indice des prix. Les principales mesures touchant le calcul des retraites du régime général ont abouti à resserrer le lien entre durée de cotisation et niveau de retraite, en modifiant un système de décote extrêmement pénalisant pour les salariés n'ayant pas cotisé le nombre d'années requis ou au contraire ayant cotisé plus longtemps.
Le calcul
de la pension s'effectue désormais selon les formules :
P=50% SAM (D/DP)(1-d*N) si D<160
P=50% SAM(1+a*N) si D>160
SAM représente le salaire annuel moyen, moyenne des meilleurs salaires revalorisés par l'indice des prix ; D la durée de la carrière en trimestres ; DP la durée prise en compte, qui doit augmenter de 150 à 160 trimestres (tableau 1) ; d représente le taux de décote, qui s'applique aux N trimestres manquant par rapport à 160 trimestres de cotisations ou aux trimestres manquants par rapport à 65 ans ; a représente le taux de surcote, qui s'applique aux N trimestres effectivement cotisés au delà de 160 et de 60 ans, dans la limite du nombre de trimestres écoulés depuis le 1 er janvier 2004; N représente donc le nombre de trimestres pour lequel s'applique la décote ou la surcote.
1. Eléments de calcul de la pension (secteur privé)
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
DP, durée de proratisation en trimestres |
150 |
152 |
154 |
156 |
158 |
160 |
Décote par an |
10% |
9,5 |
9 |
8,5 |
8 |
7,5 |
Surcote par an |
0 |
3 |
3 |
3 |
3 |
3 |
Nombre de trimestres écoulées depuis le 1 er janvier 2004 |
0 |
2 |
6 |
10 |
14 |
18 |
Coefficient du SAM |
|
|
|
|
|
|
Cas A (38ans) |
40,0 |
40,5 |
40,5 |
40,4 |
40,4 |
40,4 |
Cas B (36 ans) |
28,8 |
29,4 |
29,9 |
30,5 |
31,0 |
31,5 |
Cas C (42 ans) |
50,0 |
50,75 |
52,25 |
53,75 |
53,0 |
53,0 |
La loi crée une surcote dès 2004, surcote qui augmente progressivement. C'est une aubaine pour les bénéficiaires. Ainsi, les personnes prenant la retraite à 62 ans après 42 années de cotisations voient leur retraite augmentée de 6 % (cas C, tableau 1). Pour les personnes ayant cotisé moins de 40 ans, elles profitent d'une baisse de la décote mais pâtissent de la hausse de la durée de proratisation (CAS A et B). Au total, la réforme leur est favorable. On suppose que 30 % des retraités pourraient bénéficier de la surcote. Le coût supplémentaire à l'horizon 2008 serait de 300 millions d'euros (tableau 2).
2. Evaluation du coût de la surcote
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Nouveaux bénéficiaires (en milliers) |
|
180 |
180 |
180 |
180 |
180 |
Montant retraite annuelle moyenne (en €) |
|
6400 |
6400 |
6400 |
6400 |
6400 |
Montant surcote moyen des nouveaux bénéficiaires (en €) |
|
96 |
288 |
480 |
384 |
384 |
Nouveaux droits à surcote (en millions €) |
|
20 |
50 |
90 |
70 |
70 |
Total surcote cumulée (en millions €) |
|
20 |
70 |
160 |
230 |
290 |
Source : calculs OFCE
Pour un
retraité, le fait d'avoir cotisé à plusieurs
régimes ne sera plus pénalisant. Les 25 meilleures années
des
poly-pensionnés
seront considérées au prorata
du nombre d'années effectuées dans chacun des régimes.
Auparavant, le salaire de référence était calculé
sur la base des 25 meilleures années validées dans chaque
régime, ce qui augmentait la probabilité de prendre en compte des
mauvaises années. Comme cette mesure ne s'applique qu'aux nouveaux
pensionnés, le coût ne serait que de 200 millions d'euros en 2008.
Par ailleurs, l'article 4 de la loi fixe l'objectif d'un niveau de retraite
(retraite de base + retraite complémentaire) de 85 % du SMIC net
pour les personnes ayant effectué une carrière complète au
SMIC à temps plein (au lieu de 81 % actuellement). Le niveau de
85 % serait obtenu grâce à une revalorisation de 3 % du
minimum contributif
en 2004, 2006 et 2008 (ce qui représente une
hausse de 200 euros/an à chaque fois). Cette revalorisation sera
cependant limitée aux travailleurs ayant effectivement cotisé (et
pas seulement validé) 160 trimestres. Compte tenu de cette limite, la
mesure ne bénéficierait qu'à 120 000 nouveaux
retraités par an (tableau 3).
3. Coût de la revalorisation du minimum contributif
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Nombre de bénéficiaires (en milliers) |
120 |
240 |
360 |
480 |
600 |
Montant de hausse en euros |
200 |
200 |
400 |
400 |
600 |
Surcoût (en millions d'euros) |
24 |
48 |
144 |
192 |
360 |
Source : calculs OFCE
Régimes de la fonction publique
La
réforme prévoit un changement de référence pour
l'indexation des pensions, qui suivraient désormais les prix (et non le
point de la fonction publique). Toutefois, le point fonction public a,
grosso modo,
suivi l'inflation par le passé et il est peu
probable que le point de la fonction publique augmentera plus vite que
l'inflation d'ici 2008. Cela ne devrait donc pas modifier le montant des
retraites versées (tableau 4).
La durée de cotisation donnant droit à une retraite à taux
plein augmente de 37,5 à 40 ans et une décote est introduite pour
les années manquantes par rapport à la durée de cotisation
requise ou à un âge plafond. En principe, la mesure frappe les
personnes entrées dans la fonction publique après 20 ans.
A titre illustratif, nous supposons que la décote frappe 10 % des
fonctionnaires partant à la retraite, avec une perte moyenne de 8 %
du montant de leur retraite. En 2008, le gain pour les administrations
publiques serait alors de 85 millions d'euros.
La loi a introduit une surcote, à partir de 2004, pour les
fonctionnaires qui partent après 60 ans, avec plus de 38
années de cotisations, qui seront progressivement portés à
40 ans. En 2008, le coût de cette disposition serait de 50 millions
d'euros (en supposant qu'elle bénéficie à 10 % des
fonctionnaires partant à la retraite avec un gain moyen de 4,5 %).
4. Eléments de calcul de la pension (fonction publique)
|
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Nombres de trimestres requis |
150 |
152 |
154 |
156 |
158 |
160 |
Age plafond |
0 |
0 |
0 |
61 |
61,5 |
62 |
Taux de décote (par an) |
0 |
0 |
0 |
0,5 |
1,0 |
1,5 |
Taux de surcote |
0 |
3 |
3 |
3 |
3 |
3 |
Cas A (38ans/60 ans) |
75,0 |
75,0 |
74,0 |
72,7 |
71,1 |
69,1 |
Cas C (42 ans/62 ans) |
75,0 |
79,5 |
79,5 |
79,5 |
79,5 |
79,5 |
La réforme prévoit en 2005 la création d'un régime spécifique obligatoire assis sur le montant des primes. Les fonctionnaires et l'Etat devront chacun cotiser au taux de 5 %. Les cotisations versées par les fonctionnaires devraient représenter environ 0,9 milliard en 2008, celles versées par les administrations publiques sont neutres. Les prestations retraites de ce régime seraient négligeables à l'horizon de la prévision.
Impact des changements de l'âge de départ à la retraite
Le point le plus délicat de l'évaluation de la réforme est certainement l'impact des reports de départ à la retraite. L'impact d'une décision individuelle sur les revenus des agents (ménages, entreprises, administrations publiques) dépend fortement d'hypothèses totalement opposées en ce qui concerne le fonctionnement de l'économie. Par ailleurs, le nombre de retraités qui modifieront leur comportement suite à la réforme est inconnu.
Cas individuel
Le
départ à la retraite d'un salarié peut engendrer deux
comportements polaires chez l'employeur. Dans un premier cas, l'employeur
continue de produire la même quantité et il remplace le
salarié senior. Dans un second cas, l'employeur peut cesser
l'activité que réalisait le retraité. Nous allons examiner
les conséquences économiques de chacun des cas. Le premier
scénario paraît le plus plausible à court terme et dans une
économie où la demande détermine l'offre, ce qui est le
cas dans notre scénario central à l'horizon 2008. Cependant,
à moyen et long terme, l'activité d'une économie est
déterminée par ses capacités productives et la diminution
de l'offre de travail (départ en retraite) amène une
réduction de la production.
Dans le cas où l'activité est maintenue (activité
contrainte par la demande), le départ à la retraite d'un
salarié gagnant 2 500 euros de salaire mensuel brut et son
remplacement par un jeune gagnant 1 250 euros de salaire mensuel fait
économiser 1 750 euros par mois à l'employeur (tableau 5).
Les finances publiques doivent payer 1 400 euros de retraite et perdent
750 de cotisations sociales, mais économisent 500 euros si le jeune
recevait des prestations chômage. Au niveau agrégé des
ménages, le départ à la retraite amène une baisse
de revenu pour le salarié senior, qui est presque compensée par
le surcroît de revenu du jeune embauché.
Le départ à la retraite d'un salarié du secteur
privé permet donc une diminution de coût pour l'entreprise, qui
est en partie supportée par les administrations publiques. Dans ce cas
du départ à la retraite d'un fonctionnaire, l'employeur et
l'administration publique ne font qu'un. L'opération est à peine
positive pour les finances publiques, de 100 euros.
5. Impact d'un départ à la retraite sur les revenus mensuels si la production est maintenue
En euros |
Avant départ |
Après départ |
Gain |
||
Futur retraité |
Salaire |
2 500 |
Retraite |
1 400 |
-1 100 |
Cot soc |
-500 |
Cot soc |
|
500 |
|
Total |
2 000 |
Total |
1 400 |
-600 |
|
Jeune embauché |
Chômage |
500 |
Salaire |
1 250 |
750 |
Cot soc |
|
Cot soc |
-250 |
-250 |
|
Total |
500 |
Total |
1 000 |
500 |
|
Employeur |
Production |
5 250 |
Production |
5 250 |
0 |
|
Salaire |
-2 500 |
Salaire |
-1 250 |
1250 |
Cot soc |
-1 000 |
Cot soc |
-500 |
500 |
|
Total |
1 750 |
Total |
3 500 |
1750 |
|
Administrations publiques |
Retraite |
0 |
Retraite |
-1400 |
-1 400 |
Chômage |
-500 |
Chômage |
0 |
500 |
|
Cot soc |
1 500 |
Cot soc |
750 |
-750 |
|
Total |
1 000 |
Total |
-650 |
-1 650 |
Source : calculs OFCE
Quand le départ à la retraite d'un salarié du secteur privé n'est pas remplacé, la production diminue, la perte de revenu subie par le retraité n'est pas compensée par le surcroît de revenu d'un embauché, les administrations publiques voient leurs sources de revenu diminuer (tableau 6). Le départ à la retraite devient une opération coûteuse pour l'ensemble de l'économie, et beaucoup plus coûteuse pour les administrations publiques que dans le cas où le salarié est remplacé. En effet, nous n'avons évoqué que les pertes de cotisations sociales, mais les impôts directs (CSG, CRDS, impôt sur le revenu et sur les sociétés) diminuent aussi.
6. Impact d'un départ à la retraite sur les revenus mensuels si la production n'est pas maintenue
En euros |
Avant départ |
Après départ |
Gain |
||
Futur retraité |
Salaire |
2 500 |
Retraite |
1 400 |
-1 100 |
Cot soc |
-500 |
Cot soc |
|
500 |
|
Total |
2 000 |
Total |
1 400 |
-600 |
|
Employeur |
Production |
5 250 |
Production |
0 |
-5 250 |
|
Salaire |
-2 500 |
Salaire |
0 |
2 500 |
Cot soc |
-1 000 |
Cot soc |
0 |
1 000 |
|
Total |
1 750 |
Total |
0 |
-1 750 |
|
Administrations publiques |
Retraite |
0 |
Retraite |
-1 400 |
-1400 |
Cot soc |
1 500 |
Cot soc |
0 |
-1 500 |
|
Total |
1 500 |
Total |
-1 400 |
-2 900 |
Source : calculs OFCE
L'impact financier pour les finances publiques d'un départ à la retraite d'un fonctionnaire est égal au salaire qui n'est plus versé (2 500) diminué du montant de la retraite (-1 400) et du manque à gagner sur les cotisations sociales des salariés (-500), car la production n'amène pas de ressource financière. Le départ à la retraite d'un fonctionnaire permet donc de réduire légèrement le besoin de financement des administrations publiques (600 euros). Cependant cela implique que le service rendu par le salarié n'existe plus.
RÉGIME GÉNÉRAL
La loi
contient diverses dispositions qui modifient les possibilités de
départ à la retraite, soit en l'avançant, soit en le
reculant. Nous essayons d'évaluer ici le nombre de personnes
concernées et celles qui saisiraient les diverses possibilités.
Le chiffrage du coût en termes de finances publiques est
récapitulé dans le bilan, selon que l'on considère qu'il y
a maintien ou non de la production.
La loi ouvre le droit à une
retraite anticipée
aux actifs
ayant validé 42 années de cotisations (tableau 7). Le public
concerné serait de l'ordre de 200 000 personnes en 2004, dont
75 000 sont déjà dans des dispositifs de préretraites
ou sont des chômeurs dispensés de recherche d'emploi (DRE). Le
nombre de retraités supplémentaires serait de l'ordre de
50 000 personnes en 2004, 100 000 personnes en 2005, 120 000 en
2008.
7. Droit d'ouverture à la retraite précoce.
Age de début de carrière |
Age de départ |
Durée validée |
Durée cotisée |
14 ou 15 ans |
56 ou 57 ans |
42 ans |
42ans |
14 ou 15 ans |
58 ans |
42 ans |
41 ans |
14 ou 15 ou 16 ans |
59 ans |
42 ans |
40 ans |
Les
avantages de
préretraites entreprises
subiront une taxation au
taux de 24 %. En 2001, celles-ci représentaient 880 millions
d'euros (pour 50 000 bénéficiaires). La taxation
décourageant le recours à cette formule, la taxe aurait un simple
effet désincitatif pour les départs en préretraite. Par
ailleurs, les entreprises perdent le droit de mettre à la retraite un
salaire de moins de 65 ans ayant droit à une retraite au taux plein.
Nous avons fait l'hypothèse que 5 % des personnes concernées
(600 000 par génération) retardent de 2 ans leur
départ à la retraite. Il y aurait alors 30 000
salariés seniors en plus en 2004, puis 60 000 les années
suivantes (30 000 qui retardent de 2 ans à partir de l'année
précédente et 30 000 qui retardent de 2 ans à partir
de cette année, tableau 8).
8. Modification de l'âge de départ à la retraite pour le régime général
|
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Impact sur le nombre d'actifs (en milliers) |
Retraite anticipée |
-50 |
-100 |
-107 |
-113 |
-120 |
|
Report du départ à la retraite |
30 |
60 |
60 |
60 |
60 |
|
Total |
-20 |
-40 |
-47 |
-53 |
-60 |
Impact financier (en millions d'euros) |
|
|
|
|
|
|
- Avec maintien de la production |
Prestations vieillesse |
-340 |
-670 |
-790 |
-890 |
-1010 |
|
Prestations chômage |
120 |
240 |
280 |
320 |
360 |
|
Cotisations sociales |
-180 |
-360 |
-420 |
-480 |
-540 |
|
Total finances publiques |
-400 |
-790 |
-930 |
-1050 |
-1190 |
- Avec baisse de la production |
Prestation vieillesse |
-340 |
-670 |
-790 |
-890 |
-1010 |
|
Cotisations sociales |
-360 |
-720 |
-850 |
-950 |
-1080 |
|
Total finances publiques |
-700 |
-1390 |
-1640 |
-1840 |
-2090 |
Source : calculs OFCE
Régimes de la fonction publique
Nous supposons que certains fonctionnaires retarderont l'âge de départ à la retraite : 5 % retarderont de 1 an en 2004 et 10 % de 2 ans en moyenne en 2008. Aussi, en 2008, le nombre de fonctionnaires retraités serait plus bas de 30 000 (tableau 9).
9. Modification de l'âge de départ à la retraite pour les régimes de la fonction publique
|
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Impact sur les actifs (en milliers) |
|
15 |
30 |
30 |
30 |
30 |
Impact financier |
Variation des... |
|
|
|
|
|
- Avec maintien des effectifs |
Salaires |
-225 |
-450 |
-450 |
-450 |
-450 |
|
Prestations vieillesse |
250 |
500 |
500 |
500 |
500 |
|
Prestations chômage |
-90 |
-180 |
-180 |
-180 |
-180 |
|
Cotisations sociales |
45 |
90 |
90 |
90 |
90 |
|
Total finances publiques |
-110 |
-230 |
-230 |
-230 |
-230 |
- Avec hausse des effectifs |
Salaires |
-450 |
-900 |
-900 |
-900 |
-900 |
|
Prestations vieillesse |
250 |
500 |
500 |
500 |
500 |
|
Cotisations sociales |
90 |
180 |
180 |
180 |
180 |
|
Total finances publiques |
-110 |
-220 |
-220 |
-220 |
-220 |
Source : calculs OFCE
Financement
Les accords avec les syndicats prévoient une hausse de 0,2 point de cotisations salariés en 2006 pour le régime général, qui rapporterait donc 0,9 milliard.
Les régimes par capitalisation
La loi met sur pied 3 dispositifs de retraites par capitalisation, qui ont un plafond commun. Le Plan d'Epargne Retraite Populaire (PERP) fournit une exonération d'impôt sur le revenu. Les plans de l'article 83 et les Plans Partenarial d'Epargne Salariale Volontaire (PPESVR) une exonération d'impôt sur le revenu et de cotisations sociales. La masse salariale brute du privé est de 440 milliards. Imaginons que 10 % des actifs souscrivent, pour 5 % de leur salaire ; moitié dans un PERP, moitié dans un PPEVR, avec un taux marginal d'imposition de 30 %. Il y aurait 2,2 milliards d'épargne supplémentaire. Le coût pour les administrations serait de 0,95 milliard en 2008 dû aux exonérations fiscales.
Quel Bilan ?
La loi de 2003 aurait relativement peu d'impact d'ici 2008. L'offre de travail serait légèrement réduite (30 000 personnes en 2008), du fait des départs anticipés des salariés ayant débuté leur carrière tôt (tableau 10). Compte tenu des délais dans les comportements, il est peu vraisemblable que cette baisse de la population active de 0,1 % affecte la croissance.
10. Effet ex-ante de la réforme sur l'offre de travail (en milliers)
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Retraites anticipées |
-50 |
-100 |
-107 |
-113 |
-120 |
Report de l'âge de la retraite (secteur privé) |
30 |
60 |
60 |
60 |
60 |
Report de l'âge de la retraite (secteur public) |
15 |
30 |
30 |
30 |
30 |
Total |
-5 |
-10 |
-17 |
-23 |
-30 |
Source : calculs OFCE
Le bilan financier pour l'ensemble des administrations publiques (tableau 11) serait progressif. Le creusement du déficit atteindrait entre 1,3 et 2,3 milliards d'euros à l'horizon de 2008 selon que l'on fait l'hypothèse d'un remplacement des retraités et du maintien de la production ou du non remplacement et d'une baisse de la production.
11. Bilan financier pour les finances publiques (en millions d'euros)
Mesure |
|
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Bilan hors décalage du départ à la retraite (de 1 à 8) |
A |
-285 |
315 |
805 |
445 |
95 |
|
Régime général |
|
|
|
|
|
|
|
Minimum contributif |
Prestations vieillesse |
1 |
-25 |
-50 |
-150 |
-225 |
-300 |
Retraite des poly pensionnés |
Prestations vieillesse |
2 |
-40 |
-80 |
-120 |
-160 |
-200 |
Surcote |
Prestations vieillesse |
3 |
-20 |
-70 |
-160 |
-225 |
-290 |
Financement |
Cot. Soc. Salariés |
4 |
|
|
900 |
900 |
900 |
Fonction publique |
|
|
|
|
|
|
|
Régime spécifique assis sur les primes |
Cot. Soc. Salariés |
5 |
|
900 |
900 |
900 |
900 |
Décote |
Prestations vieillesse |
6 |
|
15 |
35 |
55 |
85 |
Surcote |
Prestations vieillesse |
7 |
-10 |
-20 |
-30 |
-40 |
-50 |
Aide fiscale aux fonds de capitalisation |
Prélèvements obligatoires |
8 |
-190 |
-380 |
-570 |
-760 |
-950 |
Bilan du décalage du départ à la retraite |
|
|
|
|
|
|
|
- Avec maintien de la production (de 8 à11) |
B |
-500 |
-1010 |
-1150 |
-1270 |
-1400 |
|
|
Salaires |
9 |
-225 |
-450 |
-450 |
-450 |
-450 |
|
Prestations vieillesse |
10 |
-80 |
-170 |
-290 |
-390 |
-500 |
|
Prestations chômage |
11 |
30 |
60 |
100 |
140 |
180 |
|
Cotisations sociales |
12 |
-225 |
-450 |
-510 |
-570 |
-630 |
- Avec baisse de la production (de 12 à 14) |
C |
-800 |
-1610 |
-1860 |
-2060 |
-2300 |
|
|
Salaires |
13 |
-450 |
-900 |
-900 |
-900 |
-900 |
|
Prestations vieillesse |
14 |
-80 |
-170 |
-290 |
-390 |
-500 |
|
Cotisations sociales |
15 |
-270 |
-540 |
-670 |
-770 |
-900 |
Total |
Finances publiques |
|
|
|
|
|
|
- Avec maintien de la production (A+B) |
|
|
-785 |
-695 |
-345 |
-825 |
-1305 |
- Avec changement de la production (A+C) |
|
-1085 |
-1295 |
-1055 |
-1615 |
-2205 |
Source : calculs OFCE
ANNEXE N° 3
VARIANTE DEMANDE PUBLIQUE TENDANCIELLE
Variante demande publique tendancielle
|
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
||||||
Hypothèses de politique économique et nouveaux niveaux de croissance et de déficit public |
|||||||||||
Dépenses publiques primaires en volume |
1,9 |
1,8 |
2,5 |
2,3 |
2,4 |
||||||
|
Rémunérations des salariés |
2,6 |
2,7 |
3,1 |
2,5 |
2,5 |
|||||
Consommations intermédiaires |
2,0 |
2,8 |
2,4 |
2,6 |
2,4 |
||||||
Prestations chômage |
0,7 |
-11,5 |
-10,5 |
-10,5 |
-10,4 |
||||||
Prestations vieillesse |
1,7 |
2,2 |
2,9 |
2,9 |
3,5 |
||||||
Prestations famille |
1,6 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
||||||
Prestations santé |
2,5 |
3,2 |
3,2 |
3,2 |
3,2 |
||||||
Prestations logement |
0,8 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
||||||
Subventions, transferts courants et transferts nets en capital |
1,5 |
1,9 |
2,5 |
2,7 |
2,6 |
||||||
FBCF |
1,9 |
2,8 |
2,5 |
2,5 |
2,4 |
||||||
|
|
|
|
|
|
|
|||||
Croissance du PIB |
2,1 |
2,5 |
2,6 |
2,6 |
2,5 |
||||||
Capacité de financement des administrations publiques en % du PIB |
-4,1 |
-3,7 |
-3,6 |
-3,3 |
-3,0 |
||||||
|
|
|
|
|
|
||||||
Ecart
au compte central, en %
|
|||||||||||
Variation ex ante des dépenses publiques (en % du PIB) |
0,4 |
0,7 |
1,2 |
1,7 |
2,2 |
||||||
Dépenses publiques primaires en volume |
0,9 |
1,9 |
3,2 |
4,5 |
5,9 |
||||||
|
Rémunérations des salariés |
1,9 |
5,0 |
8,0 |
11,7 |
15,8 |
|||||
Consommations intermédiaires |
2,5 |
5,2 |
7,8 |
10,6 |
13,5 |
||||||
Prestations chômage |
-1,2 |
-4,1 |
-6,8 |
-9,7 |
-11,8 |
||||||
Prestations vieillesse |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
||||||
Prestations famille |
0,0 |
0,9 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
||||||
Prestations santé |
0,8 |
1,8 |
2,8 |
3,8 |
4,7 |
||||||
Prestations logement |
0,4 |
1,0 |
1,6 |
2,2 |
2,8 |
||||||
Subventions, transferts courants et transferts nets en capital |
0,3 |
0,3 |
0,0 |
0,3 |
0,5 |
||||||
FBCF |
1,0 |
2,6 |
4,3 |
5,9 |
7,7 |
||||||
|
|
|
|
|
|||||||
PIB |
0,4 |
0,9 |
1,5 |
2,0 |
2,5 |
||||||
Capacité de financement des administrations publiques en % du PIB |
-0,2 |
-0,3 |
-0,5 |
-0,6 |
-0,7 |
ANNEXE N° 4
VARIANTE DE BAISSE DE L'IMPÔT SUR LE
REVENU
Variante de baisse de l'impôt sur le revenu de 30 %
Cette
variante éclaire les conséquences d'une baisse de l'impôt
sur le revenu de 30 %. Les intentions du gouvernement pour 2004 sont de
baisser le taux de l'IR de 3 %. En prenant en compte les baisses
passées, la réduction totale effectuée fin 2004 (et
reprise dans le compte central) sera de 10 %. Les 20 %
supplémentaires nécessaires à la tenue des promesses
électorales de 2002 représentent donc une baisse de 22 % du
montant de fin 2004.
Le tableau de variante indique l'écart que la baisse du taux
d'imposition entraîne par rapport au compte central de la
prévision à moyen terme. Soit une baisse progressive sur trois
ans. Il s'ensuit une croissance plus importante du PIB, celle-ci étant
causée par la propension des ménages à dépenser la
réduction d'impôts : la consommation et l'investissement
logement des ménages connaissent alors une accélération.
Le modèle de l'OFCE considère en effet que la baisse de
l'imposition ne modifie pas la répartition entre dépense et
épargne des ménages. Comme la consommation s'ajuste avec retard
sur le revenu, le taux d'épargne croît dans un premier temps mais
retrouve progressivement son niveau initial à partir de 2008.
Les entreprises accompagnent cette amélioration de la demande interne
par une augmentation de leur investissement et de l'emploi ; le salaire
réel ne progresse que faiblement.
La contrepartie naturelle de cet excédent de croissance tient pour
l'Etat en une détérioration du solde public (-0,6 % du PIB
de déficit supplémentaire) et une augmentation de sa dette de
1,1 % en 2008.
VARIANTE IR SIMPLIFIEE |
||||||
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
||
PIB total en volume |
0.0 |
0.1 |
0.2 |
0.3 |
0.5 |
|
Taux impôt sur le revenu (en %) |
0.0 |
-7.4 |
-14.7 |
-22.0 |
-22.0 |
|
Baisse de l'impôt sur le revenu (en % du PIB) |
0.0 |
-0.3 |
-0.5 |
-0.8 |
-0.8 |
|
Ecart de niveau entre variante et compte central |
||||||
Importations (en %) |
0.0 |
0.2 |
0.6 |
1.0 |
1.3 |
|
Consommation des ménages (en %) |
0.0 |
0.2 |
0.5 |
1.0 |
1.4 |
|
Consommation des administrations (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Investissement : |
|
|
|
|
|
|
Investissement productif (en %) |
0.0 |
0.1 |
0.3 |
0.6 |
0.8 |
|
Investissement logement (en %) |
0.0 |
0.5 |
1.0 |
1.7 |
1.9 |
|
Variations de stocks (contribution) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Exportations (en %) |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
-0.2 |
-0.2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Effectifs totaux (en milliers) |
0.0 |
8 |
26 |
50 |
69 |
|
Effectifs publics (en milliers) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Effectifs totaux (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.2 |
0.3 |
|
Taux de chômage (en points) |
0.0 |
0.0 |
-0.1 |
-0.2 |
-0.2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Prix du PIB (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.2 |
0.4 |
|
Prix de la consommation des ménages (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.2 |
|
Productivité horaire, secteur marchand (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Taux de marge (en points) |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.1 |
0.0 |
|
Taux d'épargne (en points) |
0.0 |
0.2 |
0.3 |
0.4 |
0.1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Salaire horaire (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.2 |
0.5 |
|
Salaire horaire réel (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.1 |
0.3 |
|
Revenu disponible brut (en %) |
0.0 |
0.4 |
1.0 |
1.5 |
1.8 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dette publique |
0.0 |
0.1 |
0.3 |
0.7 |
1.1 |
|
|
|
|
|
|
|
Soldes (en point de PIB) |
|
|
|
|
|
|
APU |
0.0 |
-0.2 |
-0.4 |
-0.6 |
-0.6 |
|
Entreprises |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Ménages |
0.0 |
0.2 |
0.2 |
0.3 |
0.1 |
|
SF |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
ISBLSM |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Nation |
0.0 |
0.0 |
-0.2 |
-0.3 |
-0.4 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Prix des imports (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
|
Prix des exports (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.1 |
0.3 |
0.4 |
|
Taux de change (en %) |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
0.0 |
ANNEXE N° 5
DETTE ET INFLATION
Dette et Inflation
Cette
variante tente d'analyser les effets d'une hausse de l'inflation sur la
croissance économique et tout particulièrement sur les finances
publiques. Nous tenterons d'observer les conséquences sur la dette (en
point de PIB) d'un changement de cible d'inflation ainsi que sur le
déficit primaire qui permet de la stabiliser. Deux scénarios
seront envisagés : le premier suppose une hausse de l'inflation dans
l'ensemble de la zone euro. La BCE intègre cette hausse dans sa cible et
donc ne modifie pas son taux directeur. Le second scénario illustre les
conséquences d'une hausse isolée d'inflation en France.
Contrairement au scénario précédent, la BCE intervient.
Cette note se compose de la façon suivante. Dans une
première
partie
nous rappelons les principales équations qui interviennent
dans l'analyse de cet impact. Puis, nous ferons un bref résumé
des hypothèses retenues dans les deux scénarios que nous allons
analyser (
deuxième partie
). Puis, dans une
troisième
partie
, nous présenterons les résultats de l'exercice.
1. Les équations
Nous présentons dans cette partie les principales équations qui
permettent d'analyser la dynamique de la dette.
1.1. Détermination des charges d'intérêts
Charges d'intérêts t = Taux nominal apparent t (i t ) * Dette t-1 (B t-1 )
1.2. Détermination de la dette
Dette t (B t ) = Dette t-1 (B t-1 ) + Déficit t
1.3. Détermination du déficit
Déficit t = Dépenses primaires en valeur t + Charges d'intérêts t - Recettes en valeur t
1.4. Détermination du taux nominal apparent
Taux nominal apparent t (i t ) = Taux d'intérêt réel t (r t ) + Inflation t (ð zone t )
Ce taux
nominal est un
taux d'intérêt à long terme
. Il
dépend de la structure de la dette. Il ne doit pas être confondu
avec le
taux directeur de la Banque centrale
. Leurs variations ne sont
pas forcément liées : une baisse des taux courts peut engendrer
de l'inflation et faire augmenter les taux longs.
1.5. Détermination du PIB en valeur
PIB en valeur t = PIB en volume t * Prix de PIB t (ð national t )
1.6. Détermination des Dépenses primaires en valeur
Dépenses primaires en valeur t = Dépenses en volume t * Prix du PIB t (ð national t )
1.7. Détermination de la dette en point de PIB
avec g le taux de croissance en volume de
l'économie
1.8. Détermination du solde primaire qui stabilise la dette
En différenciant,
2. Les scénarios
Scénario A
: La cible d'inflation passe de 2 %
à
3% dans l'ensemble de la zone euro.
Dans ce scénario, on suppose que le taux d'intérêt
réel est exogène. Dans ce cas, en suivant l'équation 1.4.,
le taux nominal apparent, qui dépend de l'inflation de la zone, augmente
également de 1 point. Le taux de change effectif compense les variations
d'inflation et donc la compétitivité reste inchangée. On
suppose par ailleurs que la consommation des ménages est
indépendante du prix.
Scénario B : Passage de 2 à 3 % mais uniquement en France.
Dans ce scénario, le taux d'intérêt nominal dépend de l'inflation de la zone. Il dépend donc de l'inflation du pays dans la mesure où celle-ci influe sur l'inflation de la zone. Mais la France perd en compétitivité et la BCE augmente ses taux d'intérêts.
3. Les
résultats
Scénario A
Dans ce scénario, nous supposons que le changement de cible d'inflation est le même en France que dans la zone euro. En conséquence, il n'y a pas de perte de compétitivité ni d'augmentation du taux directeur de la BCE. L'impact d'une hausse d'inflation sur la dette publique transite alors par deux effets de sens inverse que l'on peut schématiser de la manière suivante :
Augmentation du déficit
1 point d'inflation
1 point de taux apparent
Augmentation de la dette
Augmentation du PIB en valeur
Dette en point de PIB ?
Augmentation des charges d'intérêt
A volume inchangé, une hausse d'inflation provoque une hausse du PIB en
valeur, ce qui, à dette inchangée, provoquerait une baisse du
rapport dette sur PIB.
En revanche, la hausse de l'inflation se répercute intégralement
sur le taux nominal de long terme de manière à laisser
inchangé le taux d'intérêt réel. Cette hausse induit
une augmentation des charges d'intérêts de 17 % la
première année et donc une hausse du déficit public de
15 % (le déficit primaire restant quant à lui stable) et de
0,9 % de la dette publique. Cette dernière hausse vient peser sur
les charges d'intérêts l'année suivante (+1, %) puis
0,1 % deux ans plus tard (tableau 1).
Tableau 1 : Impact d'une hausse ponctuelle de 1 point d'inflation
En écart au compte central
|
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
Charges d'intérêt |
17 |
1.1 |
0.1 |
0 |
Déficit |
15 |
1 |
0.1 |
0 |
Dette |
0.9 |
0.1 |
0 |
0 |
PIB |
1 |
0 |
0 |
0 |
Au total, dans le cas d'une hausse généralisée de 1 point d'inflation, l'impact sur le ratio Dette sur PIB est marginal (tableau 2).
Tableau 2 : Impact d'une hausse permanente de 1 point d'inflation
En écart au compte central
En point de PIB |
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
LT |
Dette |
-0.02 |
-0.02 |
-0.01 |
-0.01 |
0.01 |
Scénario B
Dans le deuxième scénario, nous supposons que la poussée d'inflation n'a lieu qu'en France. Le taux d'intérêt nominal augmente comme l'inflation de la zone . L'impact sur le rapport dette sur PIB dépend alors du résultat de 3 effets :
C1 :
Sans impact sur le PIB en volume
Le premier effet, schématisé comme suit, rend compte de l'effet de la hausse du PIB nominal. Le passage de l'inflation de 2 % à 3 % en France provoque une hausse de 0,23 point d'inflation dans la zone euro, induisant une hausse du même montant du taux apparent.
0,2 point
de taux apparent
Augmentation des charges d'intérêt
1 point d'inflation
Augmentation du déficit
Augmentation de la dette
Augmentation du PIB en valeur
Dette en point de PIB ?
Cet effet permet au ratio dette sur PIB de baisser chaque année de 0,6 point de PIB (tableau 3). Au bout de 4 années, ce ratio serait alors inférieur de 2,4 points de PIB.
Tableau 3 : Impact d'une hausse permanente de 1 point d'inflation
En écart au compte central
En point de PIB |
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
Dette |
-0.5 |
-0.9 |
-1.4 |
-1.8 |
C2 : Avec impact sur le PIB en volume...
A ce premier effet, nous pouvons ajouter celui d'un impact sur la croissance économique. Cet impact provient à la fois de la réponse de la BCE à cette hausse de l'inflation mais aussi de la perte de compétitivité de la France.
Augmentation de l'inflation dans la zone euro
1 point d'inflation en France
Pèse sur la croissance française
Hausse des taux d'intérêt de la BCE
Perte de compétitivité
C21 :
... via la hausse des taux d'intérêt européens
Le passage de 2% à 3% en France provoque une hausse de 0,23 point
d'inflation dans la zone euro. Cette hausse de l'inflation provoque une
réaction de la BCE qui augmente ses taux d'intérêts de 0.35
point :
Règle de Taylor de la BCE :
Cette hausse des taux d'intérêt à un impact récessif sur l'économie française qui est résumé dans le tableau 5.
Tableau 4 : Impact d'une hausse de 0.35 point des taux d'intérêts de la zone euro
En écart au compte central
|
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
5 e année |
PIB France |
-0.07 |
-0.16 |
-0.19 |
-0.08 |
-0.04 |
C22 :
... via une perte de compétitivité
L'inflation progresse plus vite en France que chez ses principaux partenaires,
d'où une perte de compétitivité. Cette perte provoque une
baisse de l'activité en France dont les résultats sont
résumés dans le tableau 5.
Tableau 5 :Impact de la perte de compétitivité
En écart au compte central
|
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
PIB France |
-0.2 |
-0.4 |
-0.6 |
-0.8 |
Au total, l'impact récessif vient compenser une partie de la diminution du ratio dette sur PIB. Finalement, l'effet attendu d'une hausse d'inflation sur la dette est une baisse de 1,3 point de PIB en 4 ans (tableau 6)
Tableau 6 : Synthèse de l'impact d'une hausse permanente de 1 point d'inflation
En écart au compte central
En point de PIB |
1 ère année |
2 e année |
3 e année |
4 e année |
Dette |
-0.3 |
-0.6 |
-0.9 |
-1.3 |
Inflation |
-0.5 |
-0.9 |
-1.4 |
-1.8 |
Taux d'intérêt |
0.0 |
0.1 |
0.1 |
0.1 |
Compétitivité |
0.1 |
0.2 |
0.4 |
0.5 |
Déficit primaire stabilisant la dette en point de PIB
Scénario A
Si l'inflation est la même dans les deux zones alors
Dans le cas de la France
g = 2 % r = 4 % b = 60 %
En conséquence
Il est
alors nécessaire de faire un excédent budgétaire de plus
de 1,1 point de PIB
Scénario B
Si l'inflation est différente dans les deux zones alors
Dans le cas de la France
g = 2 % r = 4 % b = 60 %
En conséquence
Il est alors nécessaire de faire un excédent budgétaire de moins de 0.6 point de PIB, soit deux fois moins que dans le scénario précédent.
Synthèse
Il
ressort de ce travail qu'un différentiel d'inflation (1 point dans notre
exemple) par rapport à la zone donne des marges de manoeuvre
budgétaire à la nation :
• D'une part, il permet une impulsion budgétaire supérieure
- de 0,6 point de PIB dans notre exemple -pour une dette qui reste stable en
point de PIB ;
• D'autre part, il permet de réduire la dette en point de PIB - de
1,3 point de PIB dans notre exemple au bout de 4 ans.
Comme chaque année, la Délégation du Sénat pour la
planification explore les perspectives de l'économie et des finances
publiques françaises à moyen terme (2008), à partir d'un
jeu de simulations macroéconomiques.
Dans un contexte marqué par la volonté de réduire les
déficits publics, la croissance de l'économie devrait reposer
entièrement, dans ces projections, sur le dynamisme des composantes
privées de la demande.
Au total, un rythme de croissance de 2 % par an apparaît
relativement accessible ; mais il serait insuffisant pour permettre
à la France de diminuer son taux de chômage, et laisserait
subsister un important besoin de financement des administrations publiques. Un
taux de croissance plus soutenu, de 2,7 % par an, ne pourrait être
atteint qu'au prix d'une modification des comportements d'épargne des
agents privés. Tout l'enjeu de la politique des finances publiques
annoncée par le Gouvernement se trouve ainsi résumé :
la « réépargne publique » sera-t-elle
compensée par une « désépargne »
suffisante du secteur privé ? Cet enchaînement crucial
appelle une politique d'accompagnement.
Le rapport présente, en outre, des variantes qui permettent d'explorer
les conséquences de choix alternatifs. Elles évaluent l'impact
qu'aurait la poursuite de la hausse des dépenses publiques à leur
rythme tendanciel, ainsi que les conséquences d'une baisse de
l'impôt sur le revenu. Est également étudié l'effet
d'une politique monétaire plus accommodante.
Le rapport présente enfin une estimation du coût de la
réforme des retraites, à l'horizon de la projection, et fait un
point sur le taux d'emploi des seniors. Relever le taux d'emploi des seniors
apparaît, en effet, comme un levier indispensable au maintien du
potentiel de croissance de l'économie française, et au
succès de cette réforme des retraites.
1
Toutefois, le niveau du taux
d'utilisation
des capacités de production, calculé pour le seul secteur
industriel, est une indication imparfaite des perspectives d'investissement
dans des économies où les services sont
prépondérants.
2
Les prévisions de la Commission sont
présentées dans
Economic Forecasts
, automne 2003.
3
L'estimation du taux de chambre d'équilibre fondamental
euro/dollar dépend notamment de la cible de déficit courant
attribuée aux Etats-Unis.
4
Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les deux
rapports suivants :
Sur les perspectives économiques
à
l'horizon 2007 et le Pacte de Stabilité et de
croissance
, par Joël Bourdin, rapporteur, rapport n° 66, session
2002-2003, ou
Le
Pacte de Stabilité et de Croissance- Un
débat au Sénat
, par Joël Bourdin, rapporteur, rapport
n° 369, session 2002-2003.
5
Une retenue qui ne doit cependant pas signifier défaut
d'expression mais bien plutôt évaluation objective de la politique
monétaire de la BCE et dialogue avec elle sur cette base. A cet
égard, il est plus que temps de remédier aux
déséquilibres actuels qui voient la BCE s'exprimer sans la
retenue nécessaire sur les politiques budgétaires des Etats,
alors que ceux-ci sont privés de tout cadre de dialogue organisé
avec la Banque centrale.
6
Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales,
L'Economie mondiale 2004
, Paris, 2003, p. 9.
7
16,3 % pour le Ministère de l'Economie et des
Finances (MINEFI) contre 16,7 % en 2002.
8
Organisation de coopération et de développement
économiques,
L'étude de l'OCDE sur
l'emploi.
Investissement, productivité et emploi, 1995.
L'étude porte
sur douze pays et couvre la période 1967-1987.
9
Le Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI) estime
que la croissance potentielle s'élève à 2,25 % l'an
sur la période 2004-2007.
10
La description détaillée de ce scénario
à moyen terme se trouve dans les
Perspectives économiques de
l'OCDE
, n° 73, juin 2003.
11
L'efficacité de la PPE comme moyen d'inciter à la
reprise d'emploi est cependant assez faible, selon certaines estimations. Pour
plus de détails, le lecteur se reportera au chapitre V du rapport
d'information n° 343 (session 2002-2003),
Une décennie de
réformes fiscales en
Europe : la France à la
traîne
, par Joël Bourdin et Philippe Marini, rapporteurs.
12
Cela signifie qu'une hausse nominale de 1 % de
l'activité se traduit par une hausse de 1 % des recettes publiques.
13
Ce résultat est obtenu par l'application d'une
règle de Taylor, explicitée dans la note de l'OFCE reproduite en
annexe.
14
La catégorie « très
qualifiés » regroupe les ingénieurs, techniciens,
cadres et professions intermédiaires ; la catégorie
« qualifiés » regroupe les ouvriers qualifiés
et employés administratifs des entreprises ; la catégorie
« non-qualifiés » regroupe les ouvriers
non-qualifiés, les agents de surveillance, employés de commerce
et personnels des services directs aux particuliers.
15
Cf.Aubert P., « Près d'un salarié du
privé sur cinq a plus de 50 ans en 2000 », INSEE
Première n° 910, juillet 2003.
16
Le taux d'activité mesure la proportion de personnes
occupant un emploi ou au chômage dans la population totale d'une
catégorie d'âge donnée.
17
Le chômage de longue durée est, par convention,
celui qui concerne les chômeurs dont l'ancienneté au chômage
est supérieure à un an.
18
Les pics sont différents pour les femmes, en raison d'une
vie professionnelle souvent plus courte, qui les conduit à prolonger
leur durée d'activité au-delà de 60 ans pour accumuler
davantage de droits à pension.
19
OCDE,
Etudes économiques de l'OCDE. France
,
juillet 2003, volume 11.
20
Quintreau B.,
Ages et emploi à l'horizon 2010
,
Rapport du Conseil économique et social n°2 0, 2001, Journal
officiel de la République française.
21
Les citations suivantes sont extraites de : Givord P.
« Prévoir l'évolution des taux d'activité aux
âges élevés : un exercice difficile »,
Economie et Statistique
, n° 355-356, 2002.
22
Cf. « Le vieillissement de la population active :
ampleur et incidence »,
Economie et Statistique
n°
355-356, 2002.
23
V. Chauvin et M. Plane, « 2000-2040 : population
active et croissance », Revue de l'OFCE, octobre 2001.
24
Cf. Monso O. et Tomasini M. (DARES), « Le
vieillissement dans les entreprise : faire face aux innovations
technologiques » Premières informations et Premières
synthèses, n° 09.2, février 2003.
25
Cf. Adjerad S. (DARES), « La politique publique de
l'emploi : le défi des seniors », Premières
information s- Premières synthèses n°40.2, octobre 2003.
26
Citation extraite de « Perspectives
démographiques et marché du travail : une nouvelle
donne », par Didier Blanchet et Frédéric Lerais,
Economie et Statistique
, n°355-356, 2002.
27
Lazear E. P., « Why is there Mandatory
Retirement ?», Journal of Political Economy, 1979, vol. 87.
28
Lainé Frédéric (DARES), « les
seniors et la formation continue : un accès en
général limité, mais avec de grandes différences
selon les situations professionnelles », Premières
informations et Premières synthèses n° 12.1, mars 2003.
29
Cf. F. Deriennic, M.-J. Saurel-Cubizolles, et C. Monfort,
« Santé, conditions de travail et cessation d'activité
des salariés âgés »,
Travail et Emploi
,
n° 96, octobre 2003.
30
A ce sujet, voir Metais et Szymczak (1986) « Les
mutations du système financier français », La
Documentation Française n° 4820, et Chauvin (1995) « D'un
équilibre à l'autre, les crédits de
trésorerie » Lettre de l'OFCE n° 146.
31
Les pensions sont indexées sur les salaires des
25 meilleures années du salarié, pour les
générations nées à compter de 1948. Pour ce calcul,
les salaires sont actualisés avec l'indice des prix et non pas le
salaire moyen.