II. DEPUIS LES ANNÉES 1980, UN DÉCLIN RELATIF
Aujourd'hui, la notion de ville moyenne est difficile à cerner :
- au plan de la démographie, il s'agit des villes de 20 000 à 100 000 habitants (même si certains experts fixent le haut de la fourchette à 200 000 habitants), qui ne sont pas situées à proximité immédiate des grands espaces urbanisés. Elles assurent, de ce fait, une fonction « généraliste » et constituent une interface entre le monde rural et les grandes métropoles.
- au plan économique, elles ont longtemps été caractérisées par la présence d'un tissu industriel traditionnel à fort emploi de main-d'oeuvre d'exécution.
Enfin, sociologiquement, elles souffrent parfois d'une connotation de médiocrité que traduisent tout un pan de la littérature française, de même que le désintérêt relatif des historiens et du monde politique à leur égard.
Le semis urbain des villes moyennes est inégalement distribué sur l'ensemble du territoire.
En observant la répartition des unités urbaines selon le recensement de 1999, on peut noter que, en dehors de l'Ile-de-France, 52 départements sont dépourvus de « villes signifiantes » atteignant les 100 000 habitants. Ils correspondent aux régions appartenant à la « France du vide », diagonale qui prend en écharpe le pays du Nord-Est au Sud-Ouest et à laquelle il faut ajouter les Alpes du Sud et la Bretagne médiane.
Pour une bonne dizaine de départements, les plus mal desservis, les villes n'atteignent même pas 30 000 habitants. C'est le cas de Mende et Florac en Lozère, Cahors et Figeac dans le Lot, Tulle en Corrèze, Auch dans le Gers, Guéret dans la Creuse, Mont-de-Marsan dans les Landes, Saint-Lô dans la Manche, Chaumont en Haute-Marne, Vesoul en Haute-Saône, Gap en Hautes-Alpes, Laon dans l'Aisne, Bar-le-Duc dans la Meuse et Privas en Ardèche.
A. UNE TENDANCE, SEMBLABLE À CELLE OBSERVÉE DANS LE RESTE DE L'EUROPE, À PERDRE LES POPULATIONS LES PLUS JEUNES ET LES PLUS DIPLÔMÉES AU PROFIT DE POPULATIONS D'ÂGE MÛR
Le choc pétrolier de 1975 et la crise économique qui a suivi ont particulièrement affecté les petites industries traditionnelles fortement implantées dans les villes moyennes.
En conséquence, le mouvement de croissance démographique qui les dynamisait s'est brutalement interrompu pour céder le pas à une longue phase de stagnation dont ont témoigné les recensements de 1982, 1990 et 1999.
Aujourd'hui encore, les villes moyennes ont tendance à perdre les populations les plus jeunes et les plus diplômées au profit des populations d'âge mûr. Dans ce contexte, elles sont passées au second plan aux yeux des aménageurs.