2. Un sentiment ambivalent par rapport à la perspective de l'adhésion
Face à la perspective de l'élargissement, l'état d'esprit des agriculteurs des futurs Etats membres mêle espoir et craintes . Les aides directes de la PAC sont, bien sûr, très attendues. L'adhésion permettra également d'obtenir des intrants à bas prix. L'ouverture des marchés offre, en outre, des perspectives commerciales aux exploitations les plus compétitives, qui s'y sont préparées par des investissements coûteux.
Cependant, la grande majorité des exploitations agricoles redoute la concurrence des produits de l'Ouest qui seraient, pendant une période transitoire, plus subventionnés que les leurs, et l'aggravation du déficit de la balance agroalimentaire avec les Quinze.
Les difficiles négociations d'adhésion , qui ont donné lieu, de la part des gouvernements, à des surenchères de revendications dans l'espoir d'obtenir un niveau satisfaisant d'aides et de quotas, ont alimenté un certain ressentiment vis-à-vis des principaux bénéficiaires de la PAC .
Enfin, les obligations de mise aux normes dans de nombreux domaines sont ressenties comme des contraintes inutiles , comme un prix à payer pour entrer dans l'Union.
3. Une position non tranchée sur la réforme de la PAC, mais néanmoins déjà orientée
Officiellement, les pays devant adhérer à l'Union européenne n'ont pas encore pris position sur la proposition de réforme de la PAC . Comme M. Truszczynski, vice-ministre responsable des négociations d'adhésion pour la Pologne, l'a expliqué à la délégation de la mission lors de son déplacement à Varsovie, les futurs Etats membres se sont concentrés, jusqu'à présent, sur les négociations et l'élaboration des traités d'adhésion, qui sont maintenant soumis à ratification.
Pourtant, les dirigeants polonais semblent déjà intéressés par le « traitement social de l'agriculture » que pourrait leur offrir la politique de développement rural . M. Truszsynski a ainsi expliqué que les préretraites agricoles du deuxième pilier permettraient d'apporter un revenu complémentaire à une partie de la population rurale, et de gérer en douceur la transition de l'agriculture polonaise.
Les responsables polonais semblent également ouverts à l'idée d'un « verdissement » de la PAC , permettant de prendre en compte les attentes de la société en matière d'entretien de l'espace, de productions traditionnelles et d'agrotourisme.
Grand pays agricole, la Pologne pourrait donc ne pas s'avérer un allié de la France en matière de défense de l'intégrité du premier pilier de la PAC.
Il faut, sans doute, y voir le résultat de l'influence de pays tels que la Grande-Bretagne , l'Allemagne ou les Pays-Bas , qui ont entrepris une stratégie de communication efficace en direction des futurs Etats membres.
En outre, les difficultés rencontrées dans l'instauration des instruments nécessaires à la mise en place des OCM pourraient conduire un pays comme la Pologne à préférer des aides simplifiées, uniformes et découplées, à des aides spécifiques à chaque production.