PRÉAMBULE
L'élevage a-t-il un avenir économique dans un pays développé comme la France ? Sa disparition est-elle le fait d'un mouvement territorial inéluctable ? Telles sont les questions qui ont présidé à la création de la mission d'information de notre Commission des Affaires économiques sur le thème l'avenir de l'élevage : enjeu territorial, enjeu économique.
L'inquiétude des éleveurs est sensible : « J'ai peur d'une dépression collective du monde rural », « Il ne faut pas avoir honte de son métier », ces deux formules, caractéristiques de la crise profonde et durable du secteur de l'élevage français, ont été prononcées devant les membres de votre mission d'information sur l'élevage. Il est vrai que des éléments tangibles corroborent ces inquiétudes. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : alors qu'il y avait 504.000 éleveurs en 1988, ils n'étaient plus que 264.000 en 2000, soit une diminution de près de la moitié en 12 ans.
Dès les temps les plus reculés, l'élevage a trouvé sa place dans les sociétés humaines. Depuis l'an mil et les grands essartages opérés par les moines de Cluny, il a structuré le paysage européen et l'apparence de l'espace rural français. Le début du vingt et unième siècle marque donc une rupture avec le passé proche, et un dix-neuvième siècle qui vit l'apogée de la société rurale.
Ces transformations ont une incidence à la fois sociale , puisqu'elles accompagnent la diminution du nombre des agriculteurs et accélèrent la césure entre les citadins et le monde agricole, territoriale , puisque des régions de monoculture vouées à l'élevage se trouvent déstabilisées, et enfin économique : A-t-on assez mesuré que des pans entiers de la filière agroalimentaire sont menacés d'un écroulement à plus ou moins longue échéance ?
Or la structure des économies de chacun des pays de l'Europe des quinze, qui a une incidence capitale sur leurs positions en matière de politique agricole, dénote la position très spécifique de la France qui détient le premier troupeau bovin de l'Union. Alors que la part de l'agriculture dans le PIB est de 2 % pour la France, elle n'est plus que de 1 % en Allemagne. Quant à la part de la population agricole dans la population active qui s'élève à 6 % en France, elle n'est plus que de 3 % en Allemagne.
C'est à l'aune de cette problématique que votre mission d'information a rédigé le présent rapport d'information.
Les conclusions de ce rapport ont été approuvées à l'unanimité par la Commission des Affaires économiques lors de sa séance du 5 novembre 2002.