1. L'évolution : la nécessité économique et le pragmatisme montagnard ont pris le pas sur les controverses idéologiques
a) Une pluriactivité inhérente au fonctionnement de l'économie montagnarde
«
Fille du hasard et de la
nécessité de gagner sa vie
», la
pluriactivité est ancienne et traditionnelle dans les zones de montagne
et du littoral. Comme l'indique le rapport de M. Hervé Gaymard
(publié en 1994)
25(
*
)
,
«
les pluriactifs peuvent représenter jusqu'à un
tiers de la population active dans certains départements des Alpes, des
Pyrénées ou du Massif central
».
Dans les années 1960, c'est la question de la pluriactivité
agricole qui a dominé dans des débats parfois conflictuels.
Certaines organisations syndicales, professionnelles ou corporatistes ont pu
être tentées, à cette période, d'organiser sa
disparition au nom de l'intangibilité du modèle de l'emploi
à plein temps, de la reconnaissance de l'identité
professionnelle et d'un sentiment de concurrence déloyale ou même,
parfois, de jalousie, comme l'a rappelé un interlocuteur de la mission.
Dans ce contexte, les pluriactifs ont été exclus du
bénéfice de certaines aides, agricoles en particulier.
Avec le développement du tourisme dans les années 1970,
l'évidence de la saisonnalité de l'activité
économique en montagne a permis d'atténuer l'aspect
idéologique du débat sur la pluriactivité pour l'amener
sur un terrain concret : l'adaptation de la protection sociale. Au cours
des 20 dernières années, les besoins accrus de flexibilité
et de création d'activités se sont traduits par une augmentation
de l'offre de pluriactivité ainsi que son extension vers les zones
urbaines industrialisées.
Aujourd'hui, même si les avancées concrètes restent
limitées, chacun s'accorde à reconnaître le
bien-fondé de la pluriactivité et manifeste le souci d'en
«simplifier véritablement l'exercice », selon
l'expression retenue par Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat
à la santé et aux handicapés au nom de Mme Martine
Aubry, lors d'une intervention au Sénat le 10 octobre 2000.