C. METTRE LE CONSOMMATEUR AU CENTRE DES PRÉOCCUPATIONS
1. Fournir aux consommateurs un produit adapté
a) Répondre aux attentes des consommateurs à l'égard du produit vin lui-même
Il est difficile de cerner exactement les exigences des consommateurs. Les médias, mais également certains des interlocuteurs rencontrés par le groupe de travail estiment que la viticulture française doit s'attacher à produire le vin qu'attendent les consommateurs, sur le modèle des vins fruités et faciles à boire commercialisés par les pays dits du nouveau monde.
Pour d'autres, il est vain de chercher à produire le vin que le consommateurs demandent, puisque eux-mêmes seraient incapables de le définir. Ils estiment l'image du vin et le statut que procure sa consommation comptent plus que son goût.
Votre rapporteur ne prétend pas trancher ce débat. Suivant une suggestion formulée par maints interlocuteurs, en particulier la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), il considère cependant qu'il serait utile de mener une vaste enquête afin de connaître plus finement la diversité des attentes des consommateurs . Les résultats d'une telle étude permettrait à la profession de cibler pour sa production différents marchés.
Il existe au moins un segment du marché pour lequel la demande n'est actuellement pas satisfaite par l'offre française : celui des vins de faible degré alcoolique.
Selon la FCD, 50 % des ventes de vins de table se feraient sur des produits dont la teneur en alcool n'excède pas 12°. En raison de l'insuffisance de ce type de produit en France, cette part de marché est captée par des vins importés d'Espagne ou d'Italie . Plusieurs négociants du Sud-Est ont également fait état de ce problème.
Cette situation s'explique notamment par le mode de calcul du prix des vins sur le marché des vins de table, qui est fonction du nombre de degrés par hectolitres : le prix de base est multiplié par la teneur volumétrique en alcool et par la quantité achetée. En conséquence, plus le degré est important, plus le prix payé aux producteurs est élevé.
Le faible coût de production des vins à degré alcoolique élevé est également en cause. En effet, l'obtention de degrés supplémentaires se fait par ajout dans la cuve de macération de moûts concentrés dont la production est largement subventionnée par l'Union européenne.
Votre rapporteur pense que les producteurs doivent réinvestir le créneau des vins à 10-12°. Cela passe sans doute par une modification des modes de paiement des vins de table. L'existence d'une véritable offre de vins légers, facile à boire, pourrait être de nature à restaurer les habitudes de consommation quotidienne de vin , qui est freinée par la généralisation des vins lourds et très alcoolisés.
Cette proposition ne remet nullement en cause la production de vin plus titrés, mais vise simplement à réouvrir la gamme, pour satisfaire au mieux la diversité des demandes.