IV. BIODIVERSITÉ ET GAZ À EFFET DE SERRE

Il est parfois affirmé qu'on ne s'occupe de biodiversité que parce que l'idée de sa disparition fait peur.

Cette idée repose-t-elle sur une réalité ?

L'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et les modifications qu'elle entraîne sur la température et les précipitations ne pourront manquer d'influer sur la biodiversité.

Dans la mesure où ce lien, pourtant très direct, est généralement peu perçu, votre Rapporteur a tenu à expliciter l'ampleur de la menace comme la nature de l'objet menacé en insistant sur la nécessaire préservation de la biodiversité, et sur les interrogations relatives au rythme d'adaptation des espèces face aux changements climatiques.

Dès à présent, il convient de se demander si les milieux naturels vont pouvoir absorber le choc de ces modifications et donc d'évaluer l'ampleur de celles-ci.

L'homme a toujours modifié son milieu et cela ne fera que s'accentuer avec la croissance démographique prévue pour le présent siècle, mais le milieu ne connaît-il pas des limites aux actions que l'homme lui impose ?

A. LA MENACE SUR LES RESSOURCES BIOLOGIQUES

D'après la conclusion d'un rapport de l'Académie des Sciences intitulé « Biodiversité et environnement » (n°33 - juin 1995) « en imposant une exploitation accélérée et de profondes transformations de l'environnement, l'expansion économique et démographique du XX ème siècle a créé une rupture. Les ressources biologiques sont menacées . Parallèlement, les hommes qui ont massivement quitté la campagne ont perdu leurs racines et leurs liens avec la nature. Aujourd'hui, la société constate qu'elle ne peut pas concevoir son avenir sans un monde vivant, riche et varié, pour des raisons économiques, écologiques, sociales et culturelles ».

Une telle analyse venant du cercle le plus autorisé ne peut manquer d'attirer l'attention. La prise de conscience de l'importance des conséquences de l'intensification de l'effet de serre est intervenue après le rapport cité. Pour autant, celui-ci signale déjà une situation très dégradée.

Pourquoi la biodiversité est-elle si précieuse ? Et d'abord, qu'est-ce que la biodiversité ?

La biodiversité est fondée sur la qualité et la quantité des êtres vivants présents sur un territoire . Il s'agit aussi bien de la diversité génétique intraspécifique que de la multiplicité des espèces, l'abondance relative de chacune, la variété de leur organisation en écosystèmes différents que de la complexité des relations entre ces écosystèmes.

Or, ce qu'a constaté l'Académie des Sciences, c'est l'instauration d'une coupure entre nature et culture avec le développement de la société moderne. Certes, pendant des siècles, l'homme a tiré les richesses nécessaires au développement de son mode de vie de sa modification des relations avec les autres espèces. Il a puisé largement dans un stock de ressources biologiques. Mais celui-ci n'étant pas inépuisable, l'homme n'a d'autre choix aujourd'hui que de redécouvrir sa solidarité avec son environnement .

Pour resituer la notion d'espèce, dont plus d'un million seulement ont été identifiées à ce jour sur, probablement, plusieurs dizaines de millions, il faut noter que les activités humaines peuvent transformer rapidement, jusqu'à les faire disparaître, les êtres vivants en un espace donné.

Contrairement à l'apparition des espèces, qui résulte d'évolutions au cours de millions d'années, leur disparition, du fait de l'action de l'homme, peut ne prendre que quelques siècles, voire nettement moins.

L'impact pour les espèces de la concentration en gaz carbonique dans l'atmosphère interviendra avant qu'il ait été possible d'identifier précisément le rôle de la biodiversité dans les écosystèmes.

L'Académie des Sciences a souligné dans son rapport qu' avec la prise de conscience de la limite des ressources naturelles, le temps de l'exploitation sans contrôle de celles-ci devait être considéré comme révolu . Elle a noté à propos du développement durable que « la question de la biodiversité est aujourd'hui sortie du cabinet du scientifique, elle se pose à chacun ».

Et votre Rapporteur éprouve le même sentiment pour la question des changements climatiques.

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