Présenté par M. Daniel Hoeffel, vice-président du Sénat, au Bureau du Sénat
X. LES PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL
En
préalable à l'examen et à la formulation de toute
proposition, le groupe de réflexion a pris acte de l'importance du
rôle ainsi que de l'efficacité de la
Délégation
pour l'Union Européenne
créée en 1979.
Outre la fonction spécifique de cet organe dans la mise en oeuvre des
dispositions de
l'article 88-4
de la Constitution relatives à
l'examen des projets et propositions d'actes des Communautés
Européennes comportant des dispositions de nature législative
ainsi que dans l'organisation et l'animation
du débat sur les
questions orales européennes
, le groupe de réflexion a
souligné l'importance primordiale de l'action de la
Délégation pour l'Union Européenne dans
l'information
du Sénat
et, plus généralement, dans l'exercice de la
fonction de contrôle, d'évaluation et de prospective du
Sénat sur les questions européennes.
Cela notamment au moyen des nombreuses
auditions
auxquelles
procède cette délégation en collaboration avec les
commissions concernées ainsi que par l'élaboration des documents
d'information suivant ou précédant avec acuité, les
perspectives de la construction européenne (rapports d'information,
Actualités de la Délégation pour l'Union
Européenne).
Ces considérations, et notamment la bonne coopération et
complémentarité entre les activités de la
Délégation et celles des six commissions permanentes, ont conduit
le groupe de réflexion à ne formuler, dans ce domaine, que
quelques propositions très ponctuelles
.
A. AMÉLIORER LA PROCÉDURE D'ADOPTION DES RÉSOLUTIONS EUROPÉENNES
Le
groupe de réflexion a relevé que malgré sa réforme
de mai 1999, la procédure de dépôt et d'adoption des
résolutions européennes continue de présenter des
contraintes de gestion de calendrier et de délais
susceptibles
d'empêcher, dans certains cas, leur adoption en temps utile.
En effet, la succession des différentes étapes
55
(
*
)
du processus ne permet pas
nécessairement d'aboutir à une adoption avant l'examen du texte
par le Conseil de l'Union,
privant ainsi notre Assemblée de la
possibilité d'exercer toute l'influence qu'elle pourrait avoir sur la
position du Gouvernement au sein du Conseil de l'Union
.
Sur la base d'une suggestion du Président de la Délégation
pour l'Union européenne, le groupe de réflexion a par
conséquent considéré opportune une simplification de la
procédure, de nature à permettre un
processus d'adoption plus
rapide. Cette amodiation des dispositions existantes devrait mettre le
Sénat en mesure d'exercer une influence accrue sur le processus de
décision communautaire
. Dans cette perspective, deux modifications
à l'article 73 bis du Règlement du Sénat pourraient
être apportées tendant :
1) à permettre à la Délégation de rapporter,
elle-même, une proposition de résolution lorsque la
commission
saisie au fond
en formule la
demande
;
2) réduire le délai à l'issue duquel la proposition de
résolution adoptée par la commission saisie au fond, ou par la
Délégation, devient résolution du Sénat. Ce
délai passerait de dix jours à
un jour franc
à
partir de la date de mise en distribution du rapport de la commission saisie au
fond ou de la délégation.
Le groupe de réflexion a considéré que ces dispositions,
sans déposséder d'aucune manière les commissions
compétentes,
seraient de nature à
faciliter l'adoption des
propositions de résolution
du Sénat sur les actes
communautaires, et partant à
enrichir la position de
négociation de la France
par une
meilleure prise en compte des
avis exprimés par le Sénat.
Ce point est apparu comme important à l'ensemble du groupe de
travail.
B. RENFORCER LES ÉCHANGES INTERPARLEMENTAIRES AVEC LES SECONDES CHAMBRES DES ÉTATS MEMBRES DE L'UNION EUROPÉENNE
Encore
embryonnaire dans les années 1970, la coopération
interparlementaire au sein de l'Union européenne s'est
considérablement développée au cours des dernières
années et d'ores et déjà plusieurs structures de
coopération existent (la Conférence des Présidents des
Parlements des États membres de l'Union européenne, la
Conférence des organes spécialisés dans les affaires
communautaires...).
Le groupe de réflexion a estimé qu'au-delà de ces
rencontres institutionnelles,
d'autres formes d'échanges
interparlementaires pourraient utilement être mises en place ou
amplifiées
:
- dans le cadre de
l'Association des Sénats d'Europe
;
- par le développement de
réunions de travail entre,
d'une
part,
les commissions et les délégations du Sénat et,
d'autre part, les commissions des différents États membres -ou
candidats à l'admission à l'Union européenne- et les
commissions du Parlement européen
.
C. LE SOUTIEN À LA CRÉATION D'UNE SECONDE CHAMBRE EUROPÉENNE
.
Il est de plus en plus patent qu'en dépit des compétences
croissantes du Parlement européen, l'Union européenne continue de
souffrir d'un
déficit de légitimité.
Cette
constatation -que partage le groupe de réflexion- a conduit, il y a
longtemps déjà, à s'interroger sur la rupture du lien
organique entre les Parlements nationaux et les institutions communautaires,
qui a résulté de l'élection du Parlement européen
au suffrage universel direct à partir de 1979.
.
Comme le relevait le rapport d'information fait au nom de la
Délégation pour l'Union européenne du Sénat sur une
deuxième chambre européenne (n° 381, 2000-2001),
« L'idée
d'introduire dans les institutions
européennes un système bicaméral
a été
avancée avant même que l'on élabore le Traité de
Rome et elle n'a guère quitté le débat institutionnel
européen au cours de la dernière décennie
56
(
*
)
».
Le groupe de réflexion est convaincu que la création d'une
seconde chambre
répondrait à ce souci de
démocratisation et d'équilibre
au sein des institutions de
l'Union européenne.
Il s'est, par conséquent, déclaré favorable à la
création d'une
seconde Chambre européenne
57
(
*
)
qui représenterait les
Parlements nationaux au sein des structures européennes et qui serait
notamment chargée de veiller au respect du principe de
subsidiarité
.
* 54 Au cours d'une réunion tenue à Paris, le 8 novembre 2000 , l'association des Sénats d'Europe a adopté ses statuts. Elle regroupe les Bundesrat d'Allemagne et d'Autriche, les Sénats de Belgique, de Croatie, d'Espagne, de France, d'Italie, des Pays-Bas, de Pologne, de Roumanie et de République tchèque, le Conseil national de Slovénie, le Conseil des Etats de Suisse, ainsi que le Conseil d'Etat du Luxembourg à titre d'observateur.
*
55
Le processus actuel comporte quatre
étapes :
1° l'étude du texte européen par la
Délégation, se concluant par le dépôt d'une
proposition de résolution ;
2° la nomination d'un rapporteur par la commission permanente
compétente ;
3° l'instruction de la proposition de résolution par cette
commission, se concluant par l'adoption d'une proposition de
résolution ;
4° un délai de 10 jours francs suivant la date de distribution du
rapport de la commission pour que la proposition de résolution de la
commission devienne résolution du Sénat si une demande
d'inscription à l'ordre du jour n'est pas formulée.
*
56
C'est ainsi que la première
suggestion de la
création d'un Sénat européen a
été présentée par Alain Poher, en novembre
1989.
La France a été rejointe dans ce projet par de nombreux
États au cours des dernières années.
Le Président Christian Poncelet
, lors de son allocution du 16
octobre 2001, a lui aussi appelé de ses voeux la création d'un
Sénat européen qui
« contribuerait à
réduire le
déficit démocratique
dont souffre
l'Union européenne ».