3. Un fonctionnement parfois « déviant » des commissions de spécialistes
Les
commissions de spécialistes ont tendance, face à un pouvoir
universitaire faible, à adopter des comportements de totale
indépendance.
Il leur arrive de ne pas respecter les « profils » de
postes établis par le conseil d'administration et, de façon plus
générale, de définir des politiques autonomes de
recrutement distinctes des orientations adoptées par ledit conseil et
son président, en ne pourvoyant pas certains postes ou en
établissant des profils de postes officieux...
Votre rapporteur ne peut sur ce point que souhaiter que le conseil
d'administration, qui dispose d'un pouvoir de veto sur les décisions des
commissions de spécialistes, l'utilise réellement comme cela
commence à apparaître dans les universités qui se dotent
d'une réelle politique de gestion de leurs ressources humaines, mais de
façon homéopathique, pas plus d'une dizaine sur l'ensemble de la
France en moyenne. Cet usage très parcimonieux du droit de veto
s'explique par le souci d'éviter des conflits de personne et aussi parce
qu'il aboutit à geler le poste non pourvu.
4. Le régime centralisé de l'agrégation du supérieur
Un régime spécifique de recrutement externe des professeurs existe dans les disciplines juridiques, économiques et de gestion sous forme d'un concours national d'agrégation qui présente trois caractéristiques : l'instance nationale est un jury constitué quasi librement par un président lui-même choisi par le ministre 39( * ) . Le nombre de postes mis au concours et leurs affectations sont fixés par l'administration centrale. Les lauréats choisissent leur affectation suivant l'ordre de leur classement.
Des sentiments partagés sur l'agrégation du supérieur
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universitaires, soit environ 17 % du total des répondants au sondage,
appartiennent à une section du CNU où le recrutement des
professeurs s'effectue par la voie du concours d'agrégation de
l'enseignement supérieur.
Or, ce mode de recrutement suscite des
sentiments extrêmement partagés
, puisque la moitié des
personnes concernées est favorable à son maintien, tandis que
l'autre moitié souhaiterait sa disparition. Toutefois, les professeurs
sont très majoritairement favorables au maintien de ce type de
recrutement (65 %), ce qui n'est pas le cas des maîtres de
conférences (38 %). De surcroît, plus des deux tiers des
universitaires concernés ne sont pas satisfaits du mode d'organisation
actuel du concours d'agrégation du supérieur.
Votre rapporteur approuve néanmoins sans réserves les conclusions
de M. Jean-Paul Fitoussi dans son rapport précité au ministre de
l'éducation nationale sur le principe du maintien du concours et
sur la nécessité d'une plus grande flexibilité pour
l'affectation des agrégés :
«
L'agrégation externe est souvent critiquée en
raison de la lourdeur de sa procédure, mais aussi parce qu'elle ne
laisse pratiquement aucune liberté aux universités mettant des
postes au concours, l'affectation se faisant par le biais du classement.
Pourtant
le concours nous semble présenter au moins trois
avantages
. Il évite la dérive potentielle du localisme, mais
en tombant peut-être dans l'excès inverse ; il oblige les
futurs professeurs à avoir une vision globale de leur discipline ;
il permet de recruter de jeunes professeurs et donc des chercheurs
indépendants de toute hiérarchie à un âge moins
avancé qu'en beaucoup de disciplines ; cela évite le
mandarinat et permet une recherche plus libre et donc plus
dynamique
».
Il ajoute : «
Sans supprimer le classement ,
il
faudrait instaurer une procédure qui laisse plus de liberté aussi
bien aux professeurs nouvellement recrutés qu'aux universités,
permettant un meilleur appariement.
Il faudrait qu'au plus tard en mars, la
liste des reçus et celle des postes ouverts (en nombre égal)
soient connus. Commencerait alors un processus de négociation entre les
lauréats et les universités qui
[...]
durerait environ
trois mois. Si, à l'issue de ce processus, deux candidats continuaient
à briguer un même poste, alors le classement
prévaudrait
».