2. Le travail « en aveugle » du CNU
Les
sections du CNU se prononcent « en aveugle » sur la
qualification des candidats, indépendamment du nombre de postes à
pourvoir, décidé par le ministère.
La qualification
n'est donc aucunement corrélée avec une politique de l'emploi.
C'est ainsi qu'apparaît un phénomène de
« reçus-collés », puisqu'un nombre parfois
important de candidats qualifiés ne seront pas recrutés par les
universités, faute de postes. Quelques exemples permettent d'illustrer
ce phénomène.
En 1999, la section 22 du CNU (histoire moderne et contemporaine) a reçu
453 candidats à la qualification pour l'emploi de maîtres de
conférences. Elle a qualifié 259 d'entre eux, soit environ 57 %
des candidats, alors que seuls 67 postes étaient à pourvoir sur
l'ensemble du territoire, soit moins de 26 % des qualifiés. En
2001, 350 candidats se sont présentés à la qualification
des maîtres de conférences au titre de la section 63
(électronique) : 175 d'entre eux ont effectivement
été qualifiés, alors que seuls 51 postes étaient
ouverts, soit moins de un poste pour trois qualifications. Il peut toutefois
arriver que le phénomène inverse se produise. Ainsi, en 2000, la
section 6 (sciences de gestion) a qualifié 136 de ses 361 candidats,
alors que 150 postes étaient à pourvoir !
Par ailleurs, les sections du CNU effectuent un considérable travail
« dans le brouillard ».
Bien souvent, elles doivent
faire face à un « trop-plein » de bons candidats
à la qualification au regard du nombre de postes vacants. Par exemple,
en 2000, la section 64 du CNU (biochimie et biologie moléculaire) a
reçu plus de 1.000 candidatures à la qualification à la
maîtrise de conférences et 200 au professorat, pour un total de 20
postes.
Votre rapporteur estime ce système pernicieux à tous
égards.
Du fait des disparités de politiques menées
par les sections, plus ou moins sélectives,
le mécanisme
global de sélection devient incompréhensible à la fois
pour les candidats et pour les universités.
L'Etat doit jouer son
rôle en fixant une règle du jeu
, c'est-à-dire
en
fixant un plafond au nombre de qualifiés
: si celui-ci
était par exemple le double du nombre d'emplois à pourvoir (sur
moyenne période), chaque qualifié saurait qu'il a en moyenne une
chance sur deux d'être finalement recruté. Rien n'interdirait
à une section de ne pas atteindre son quota, à charge pour elle
de s'en justifier par un rapport circonstancié au ministre au regard du
nombre et de la qualité insuffisants des postulants.
Il est évident que le ministère ne pourra procéder de la
sorte que s'il est capable de programmer avec assez de précision le
nombre de recrutements à assurer à moyen terme (disons sur une
période quadriennale puisque la qualification n'est valable que pour une
durée de quatre ans).
Votre rapporteur s'étonne que le ministère ne soit pas encore en
mesure d'établir une liste complète, sans doubles comptes et
à jour, du stock des qualifiés non recrutés.