1.2.6. LES PROTÉINES THÉRAPEUTIQUES
1.2.6.1. Des protéines animales aux protéines recombinantes
Dans un premier temps, un certain nombre de
protéines
naturelles étaient extraites de fluides biologiques ou organes animaux
et humains dans un but thérapeutique. C'était le cas du
facteur VIII, de l'urokinase, de l'insuline, de la calcitonine, de
l'hormone de croissance...
Toutefois, cette production par extraction présentait des
inconvénients :
- le risque de contamination lorsque les protéines venaient de
sujets malades non détectés ;
- l'hétérogénéité des protéines
d'extraction animales pouvant provoquer des réactions immunitaires chez
les patients ;
- la disponibilité limitée de matière première
(l'hypophyse humaine par exemple).
Puis la connaissance des gènes et les procédés
biotechnologiques ont ouvert, au début des années quatre-vingt,
une nouvelle voie pour la production des protéines
thérapeutiques ; le procédé se déroule en
quatre phases :
- détection et isolation du gène humain codant pour la
protéine recherchée ;
- intégration de ce gène dans une cellule-hôte (une
bactérie ou une levure) ;
- culture des cellules qui expriment la protéine ;
- extraction et purification de la protéine.
Les protéines ainsi produites couvrent un large champ thérapeutique : |
||
Produit |
Indication thérapeutique |
Première date d'autorisation |
- Abaximab |
Antiplaquettaire |
1994 |
- Aldeslenkine - IL 2 |
Carcinome du rein |
1992 |
- Altéplase t - PA |
Infarctus du myocarde aigu |
1995 |
- DNAse |
Mucoviscidose |
1993 |
- Erythropoïetine (EPO) |
Anémies |
1988 |
- Facteurs de croissance
|
Cancer |
1991 |
- Facteur VIII |
Hémophilie A |
1992 |
- Filgrastim fG- CSF |
Neutropénie associée à la
chimiothérapie
|
1991 |
- Glucocérébrosidase |
Maladie de Gaucher |
1994 |
- Hormone de croissance
|
Insuffisance en hormone de croissance chez l'enfant |
1985 |
- Insuline |
Diabète sucré insulino-dépendant |
1982 |
- Interférons |
Leucémie, Sarcome de Kaposi, Hépatites C et B, Mélanome malin, Condylomes acuminés |
1986 |
- Interférons |
Sclérose en plaques,
|
1986 |
- Muromonab CD3 |
Rejet de greffe aigu |
1993 |
- Sagramostim |
Transplantation de moelle, leucémie myéloïde |
1991 |
- Satumonab pendetide |
Détection et suivi du cancer colorectal et de l'ovaire |
1996 |
- Vaccin hépatite B |
Hépatite B |
1986 |
1.2.6.2. Les protéines issues d'animaux transgéniques
Un
nouveau mode de production de protéine émerge actuellement. Il
repose sur l'insertion de certains gènes, codant pour la production de
protéines thérapeutiques, dans des cellules animales au stade
embryonnaire.
Les animaux choisis sont producteurs de lait (chèvres, vaches, truies ou
lapines : dans ce lait est produite la protéine).
Trois grands laboratoires mettent au point cette technique :
- chez Genzyme Transgenic des chèvres produisent de
l'antithrombine III. Cet anticoagulant est en phase trois d'essais
cliniques et sera utilisé à l'occasion des pontages
cardio-pulmonaires.
Le recours aux chèvres convient pour des protéines à
produire en grande quantité telles que l'albumine humaine.
- Pharming a recours à des lapines pour produire des
protéines dont les quantités nécessaires sont moins
importantes : l'alpha-glucosidase, par exemple, utilisée dans le
traitement de la maladie de Pompe (déficit enzymatique qui peut
être mortel).
- PPL Therapeutics fait usage de cinq types d'animaux (lapin, mouton,
souris, vache et porc) ; cette société dispose d'un troupeau
de 600 brebis laitières. Elle produit de la sérumalbumine
humaine.
Une plus petite entreprise, Gala Design, au Canada, utilise une technique de
thérapie génique pour introduire le gène
désiré directement dans le pis d'une vache.