4.2. le nouvel engagement du CEA
Tout au long de leurs entretiens avec ses représentants et lors des visites de ses installations, vos Rapporteurs ont perçu le dynamisme, la compétence et l'engagement presque vibrant de l'institution en faveur des recherches sur l'aval du cycle. La ligne tracée au CEA est claire et ferme. Si cet organisme incomparable possède une compétence et une réactivité exemplaires, il faudrait ni le surcharger par des demandes trop nombreuses ni le priver de sa marge d'action par des exigences trop pressantes.
-
• un réel effort intellectuel et budgétaire
Les moyens financiers et humains alloués par le CEA à la recherche sur les 3 axes de la loi du 30 décembre 1991 ont été presque multipliés par deux depuis le vote de cette loi. En 1998, 616 chercheurs travaillent sur ces domaines. Le budget total de 1998 atteint 770 millions de F, dont 129 pour les investissements. Le tableau suivant illustre l'importance relative des trois axes.
Tableau 49 : évolution des moyens humains et financiers du CEA consacrés aux recherches de la loi de 1991 110( * )
nbre de chercheurs - millions de F |
effectifs |
budget total |
investissements |
|||
1991 |
1998 |
1991 |
1998 |
1991 |
1998 |
|
Axe 1 : séparation-transmutation |
102 |
265 |
132 |
359 |
31 |
90 |
Axe 2 : stockage réversible ou irréversible en couche profonde |
49 |
102 |
53 |
113 |
9 |
8 |
Axe 3 : conditionnement et entreposage de longue durée en surface |
176 |
250 |
201 |
298 |
28 |
31 |
Total |
327 |
616 |
385 |
770 |
68 |
129 |
La faiblesse des moyens alloués à l'axe 2 s'explique par le fait que c'est l'Andra qui pilote les recherches dans ce domaine.
Une surcharge et une urgence préjudiciables à de bonnes décisions
Il
paraît important de souligner le fait que le CEA se trouve aujourd'hui
pressé, sans doute trop pressé, de prendre des décisions
dans des délais très courts sur des sujets au demeurant complexes
et importants pour son avenir. Ainsi, en ce qui concerne le futur
réacteur d'irradiation Jules Horowitz (RJH), le CEA pourrait être
tenté de vouloir atteindre des objectifs trop nombreux, à savoir
de disposer grâce à ce même réacteur d'une source de
neutrons thermiques mais aussi d'une source de neutrons rapides. Le CEA
pourrait dès lors être conduit à choisir une configuration
complexe qui ferait déraper le coût de cet équipement
lourd. Le coût du RJH est situé pour le moment situé dans
une fourchette de 2 à 3 milliards de F.
Sur un autre plan et du fait d'une accélération du processus de
décision, le CEA semble être obligé de prendre parti sur
les réacteurs hybrides dans des délais trop restreints. Il est
vrai que l'arrêt de Phénix à la fin de l'année 2004
privera la France de sa dernière source de neutrons rapides, source
indispensable pour les études de transmutation. Mais de toute
façon l'échéance d'un éventuel réacteur
hybride est 2010.
Même si le calendrier des opérations devant conduire à la
décision d'un démonstrateur prévoit que le choix des
options n'interviendra qu'en 2000, on peut se demander non seulement si le
sujet peut valablement mûrir en deux ans mais surtout s'il sera possible,
dans l'intervalle, d'évaluer correctement son apport pour les
études de transmutation. Enfin, la question peut être posée
de savoir, du fait d'une accélération du processus de
décision, si le CEA a les moyens humains et financiers d'entreprendre
simultanément la réalisation de deux réacteurs de cette
taille, même si le projet de réacteur hybride doit s'inscrire dans
une coopération internationale.