Le coût probablement important de la séparation
Sur le
plan industriel, la séparation du neptunium nécessitera des
modifications relativement simples des installations de La Hague. Celles-ci
pourraient être réalisées dans les dix ans. En revanche, la
séparation des actinides mineurs ne se pourra se faire que dans des
chaînes d'atelier complexes nouvelles. Elle sera sans doute
onéreuse.
La raison essentielle en est que les actinides mineurs ont une
radioactivité spontanée telle qu'il faut prendre des
précautions pour les manipuler.
Le neptunium 237 est un émetteur qui en tant que tel ne présente
pas de danger à manipuler. Une faible épaisseur de matière
suffit à arrêter ce type de rayonnement. Mais dans sa chaîne
de décroissance radioactive, le neptunium 237 donne naissance à
un isotope du protactinium qui, lui, est un émetteur . D'où la
nécessite de prévoir une protection plus forte contre ce
rayonnement parasite.
Quant à l'américium 241 et à l'américium 243, ce
sont des émetteurs et . Le curium 243 et le curium 244, pour leur part,
sont des émetteurs mais le bombardement des atomes d'oxygène
proches par ces noyaux d'hélium génère des neutrons, de
sorte qu'il faut aussi prendre en compte le flux neutronique associé.
La question de la criticité de l'américium et du curium ne
préoccupe pas le CEA outre mesure. Si le neptunium peut être
manipulé en boîte à gant, l'américium et le curium
doivent l'être dans des installations plus protégées. On
sait résoudre les problèmes de criticité afférents.
La forte radioactivité de ces corps préviendra d'ailleurs tout
risque.
Il n'en reste pas moins qu'en raison des protections à prendre contre
les rayonnements, le coût de la séparation risque d'être
élevé, aussi bien en investissements qu'en fonctionnement.
Le coût d'installation d'un atelier pilote comme ceux de Marcoule
s'élève à 450 millions de F. Le coût unitaire
d'un atelier industriel hautement protégé comme ceux de La Hague
est de l'ordre du milliard de francs. Plusieurs ateliers étant
nécessaires selon toute probabilité, le coût de la
séparation des actinides mineurs et des produits de fission devrait
atteindre 5 milliards de F, en termes d'investissement initial.
Ces coûts prévisibles sont à mettre en rapport avec les
quantités concernées. La figure suivante rappelle que pour une
tonne de combustible irradié, l'on récupère 3 kg de
radionucléides à vie longue, soit 0,3 %.
uranium : 955 kg
plutonium : 10 kg
1 tonne de
combustible
UOx
33 000 MWj/t
radionucléides stables ou à vie courte : 32 kg
produits de fission et actinides mineurs : 35 kg
radionucléides à vie longue
3 kg
produits de fission et d'activation à vie longue
2 kg
actinides mineurs
1 kg
Il
pourrait y avoir à l'évidence, dans l'état actuel des
choses, une difficulté à expliquer la pertinence de tels
investissements, par rapport à l'entreposage de combustibles
irradiés ou par rapport à la situation actuelle où les
actinides mineurs et les produits de fission sont immobilisés de concert
dans des verres.
Lorsque les recherches auront abouti, il faudra sans aucun doute poser la
question du coût. Pour minimiser les déchets ultimes - ceux qui ne
pourraient être transmutés, faudra-t-il investir dans des
installations de séparation très coûteuses.