La faisabilité et l'opportunité du retraitement du Mox
Le
combustible Mox irradié contient davantage de plutonium et d'actinides
mineurs que le combustible standard. Toutefois, la démonstration a
été faite que le procédé Purex s'adapte sans
grandes difficultés au Mox irradié.
En 1991-1992, le CEA, dans son atelier pilote de Marcoule, retraitait avec
succès 2,1 tonnes de Mox provenant de la centrale allemande de
Graffenheinfeld. La COGEMA, quant à elle, retraitait en 1992 à La
Hague-UP2 4,7 tonnes de Mox issu d'Obrigheim-Neckar-Unterweser.
Deux et peut-être trois recyclages du plutonium semblent en tout
état de cause possibles, ainsi que l'expose le document Mandil-Vesseron.
La durée des opérations de stockage et de traitement est
toutefois à prendre en considération.
Compte tenu de la lenteur relative de la décroissance radioactive et
thermique du Mox irradié, un recyclage du plutonium dans le Mox
prendrait une douzaine d'années. Deux à trois recyclages
s'étendraient sur une durée de 24 à 36 ans. En tout
état de cause, les actuelles installations de retraitement pourraient
convenir, à condition toutefois que leur fonctionnement et en
particulier leur niveau de sûreté permettent d'en prolonger
l'usage.
L'un des problèmes restant à examiner a trait à l'impact
de la composition du Mox irradié sur les déchets, les rejets et
les effluents. Il est à l'étude.
Le deuxième problème à résoudre - probablement le
plus important - porte sur la modification de la composition du Mox qu'il
faudrait introduire au fur et au mesure des recyclages.
Le Mox actuel comprend 5,3 % de plutonium. Au fur et à mesure de
l'irradiation, les isotopes pairs du plutonium, notamment le plutonium 242,
voient leur concentration augmenter dans le combustible. Or leur neutronique
dans les REP est beaucoup moins favorable à la réaction en
chaîne que les isotopes impairs. Deux réponses sont alors
possibles. La première consiste à augmenter la teneur en
plutonium au-delà des 5,3 % actuels. Cette solution présente une
limite en termes de nombre de recyclages possibles. L'autre réponse
consiste à accroître non pas la teneur en plutonium mais celle de
l'uranium 235 fissile.
Le recours à un uranium davantage enrichi est considéré
par le CEA comme à la fois plus novateur et plus prometteur. L'impact de
cette solution sur les déchets radioactifs à haute
activité reste à mesurer.
Mais dans la mesure où l'ensemble du combustible à l'oxyde
d'uranium ne serait pas retraité, il paraît inutilement
compliqué de recycler le Mox.