3) l'intérêt de mettre en place une nouvelle structure : «Monsieur Amiante»
Bien qu'elle soit un progrès certain, la mise en place
d'une commission interministérielle ne nous satisfait pas
pleinement : comment pourra-t-elle peser dans un monde de rapport de
forces sans compter sur les institutions et les organismes ? Comment
pourra-t-elle échapper à la tentation de rivalités
internes qui prennent parfois la dimension d'enjeux de pouvoir ?
Or, sa seule stratégie est celle de la cohérence des actions
qu'elle aura à mener au cours des prochaines années avec les
organismes institutionnels, sans négliger aussi les démarches
individuelles dignes d'intérêt, et celle de l'expression de ses
prises de position dans les médias.
Elle aura à éviter l'écueil du laisser faire ou de la
politique au fil de l'eau, intolérable vis-à-vis de la nature des
enjeux. Il faut se persuader, en effet, que l'enjeu de l'amiante n'est ni plus
ni moins qu'un enjeu de société qui ne peut se satisfaire ou
succomber à des calculs médiocres et partisans.
Il ne suffit donc pas de critiquer, encore faut-il apporter des solutions.
C'est bien pour cela que, dans notre esprit, les critiques d'éventuels
dysfonctionnements que pourrait susciter cette commission
interministérielle ne doivent pas être considérées
comme un règlement de compte a priori ou des critiques stériles,
ce qui serait injustifié.
A notre sens, l'un des moyens pour éviter les dysfonctionnements
consiste à créer un "Monsieur Amiante" qui présiderait de
manière durable et permanente cette commission
interministérielle. Il s'inspirerait du "Monsieur Sécurité
routière" qui avait eu, à l'époque de M. GERONDEAU, une
influence et une audience médiatique certaines.
1) Il doit être placé sous l'autorité du Premier Ministre
et nommé par lui.
2) Sa mission doit être prévue sur la durée : 5 ans minimum.
3) Il devra rendre compte, à la fin de sa mission, des résultats
qu'il a obtenus. A cet effet, il devrait remettre au Parlement un rapport sur
l'exercice de sa mission.
4) Sa qualité première devra être l'indépendance :
la tutelle directe du Premier Ministre en sera une garantie, de même que
son obligation à rapporter devant le Parlement. Il devra
également être pragmatique et réaliste.
Parmi ses missions, on peut relever les suivantes :
a) animer, coordonner et promouvoir l'action de la commission
interministérielle, qui deviendrait ainsi le véritable centre
nerveux de la politique amiante.
b) mobiliser de nombreux acteurs à rechercher et à valider
les technologies adaptées.
c) réhabiliter la créativité et le sens des
responsabilités pour gérer et agir globalement.
d) rationaliser l'action de l'Etat en tant que maître d'ouvrage de
son patrimoine immobilier, de manière à standardiser les
méthodes et les appels d'offre.
e) avoir une fonction de "médiateur" pour l'amiante qui lui
permettrait d'être à l'écoute des problèmes : nous
avons en effet constaté, sur ce dossier, que les personnes
auditionnées manifestaient le besoin d'avoir un interlocuteur unique,
facilement accessible, pour exposer leurs difficultés et leurs
propositions.