B. UN PLAN DE REDRESSEMENT FINANCIER ET COMMERCIAL QUI COMMENCE À PORTER SES FRUITS

L'exercice comptable 1998/1999 s'est, en effet, clos pour la quatrième année consécutive avec un résultat d'exploitation positif.

Comptes consolidés du groupe Air France (en MF)

1996/97 (1)

1997/98 (1)

1998/99

Chiffre d'affaires

55 602

58 830

59 692

Excédent brut d'exploitation

5 180

7 409

6 418

Résultat d'exploitation

161

2 547

1 755

Résultat financier

(1 071)

(1 106)

(827)

Résultat courant avant impôts

(870)

1 273

1 489

Résultat net consolidé - part du groupe

(147)

1 836

1 636

Capacité d'autofinancement d'exploitation

5 494

7 538

6 434

(1) à méthodes comptables identiques et périmètre comparable.

En 1998, Air France a conquis le troisième rang européen, derrière British Airways et Lufthansa et devant KLM, en termes de passagers transportés et le 4 e rang pour le transport de passagers internationaux, derrière United, British Airways et Lufthansa.

Ces résultats montrent que les actions structurelles mises en oeuvre par Air France depuis 1994 lui ont permis de profiter pleinement de la bonne conjoncture du transport aérien. Ces actions conjuguent à la fois des mesures de restructuration de son organisation et de son offre et des mesures spécifiques pour augmenter ses recettes et réduire ses dépenses d'exploitation.

La restructuration de l'organisation et du réseau d'Air France

Principale mesure structurelle, la fusion, en 1997, d'Air France et d'Air Inter conduit à la naissance de la compagnie nationale Air France dans sa configuration actuelle.


Parallèlement, la restructuration du réseau d'Air France s'est appuyée sur les axes suivants :

- fermeture systématique des escales n'ayant pas de perspective de rentabilité à court ou moyen terme ; plus de quarante escales ont ainsi été fermées en quatre ans, dont notamment les liaisons Orly-Perpignan, Orly-Toulon et Orly-Nantes, et plus récemment, sur l'exercice 1998/99, les escales de Nagoya, Pise, Ljubljana au départ de Paris pour le trafic passagers et celles de Cayenne, Harare, Johannesbourg, Niamey et Damas pour le trafic tout cargo ;

- simplification des structures de dessertes ; suppression des escales intermédiaires et mise en place de vols directs : en 1999, la proportion des dessertes sans escales est de 86 %, contre 80 % lors de l'exercice précédent ;

- densification du réseau par des augmentations de fréquence sur les lignes les plus porteuses et par un accroissement du nombre de destinations desservies par un vol quotidien ;

- développement du " hub " lancé en avril 1996 par une augmentation du nombre de vols en correspondance, en moins de deux heures, au départ du hub de Charles de Gaulle ; alors que ce nombre était déjà le plus élevé d'Europe en 1998, il a progressé de plus de 40 % en 1999. Le hub d'Air France a permis une augmentation continue du taux de remplissage des avions, qui a atteint 75,5 % sur l'exercice 1998/99 ;

- mise en place d'une desserte cadencée (La Navette) depuis 1996 sur les liaisons les plus porteuses Orly-Toulouse, Orly-Nice et Orly-Marseille. Ce service a permis à Air France de résister à la concurrence aérienne et ferroviaire sur le réseau intérieur. Depuis l'été 1999, la liaison Orly-Bordeaux bénéficie également des services de La Navette.

L'ensemble de ces mesures d'exploitation ont permis une réduction des coûts de gestion de la flotte et du personnel ainsi qu'une augmentation de la productivité.

L'accroissement des recettes

La poursuite de l'accroissement des recettes s'est tout d'abord traduite par de nouvelles méthodes de gestion.

A la fin de l'année 1996, Air France a mis en oeuvre un nouveau système de tarification des sièges dit de " yield management " qui vise à optimiser la recette de chaque vol en gérant la capacité offerte dans chaque tarif. La mise en oeuvre complète de cet outil a permis un accroissement de la recette unitaire au siège kilomètre offert de l'ordre de 6 % sur l'exercice 1997/98 ; la recette unitaire au passager kilomètre transporté augmentant d'environ 4 %, malgré l'impact négatif du développement plus rapide du réseau long-courrier moins rémunérateur au passager kilomètre transporté.

Sur l'exercice 1998/99, marqué par la crise asiatique et la grève des pilotes de juin 1998, la recette unitaire a reculé de 2,9 %. Le recul s'explique pour 1,5 point par l'évolution de la part du trafic long-courrier et pour 1,2 point par les variations de taux de change : corrigée de ces effets, la baisse est limitée à 0,2 point.

La recherche de nouvelles parts de marché s'est également accompagnée de la conclusion d'une " alliance globale " avec Delta Airlines.

Les accords de partage de code qu'Air France a conclus avec, notamment, Continental Airlines et Delta Airlines ont contribué à l'accroissement des parts de marché d'Air France sur les Etats-Unis et à l'amélioration du remplissage de ses avions.

Pour faire face à la montée en puissance commerciale des alliances déjà constituéees (Star Alliance avec notamment United/Lufthansa/SAS ; Oneworld, avec notamment British Airways/American Airlines et KLM/Northwest), Air France a décidé de bâtir à son tour une " alliance globale ".

Une telle alliance va au-delà de simples accords de partage de code et permet d'offrir aux passagers, sous une marque unique, un réseau mondial constitué par l'ensemble des réseaux de chaque partenaire. Les horaires, dessertes et fréquences sont coordonnés entre les compagnies de manière à proposer aux clients une offre globale dense et efficace. Les passagers se voient offrir un produit homogène d'un bout à l'autre du réseau. En outre, les politiques de fidélisation sont harmonisées à l'intérieur de l'alliance : les passagers peuvent accumuler et dépenser leurs " miles " indifféremment sur chacune des compagnies de l'alliance. Enfin, les salons aéroportuaires des compagnies membres sont rendus accessibles aux clients de l'alliance.

Dans cette perspective, Air France et Delta Airlines ont signé le 22 juin 1999 , un accord exclusif afin de créer avec d'autres partenaires une " alliance globale " dans le transport aérien d'ici la fin de l'année.

Le potentiel des deux compagnies représente un trafic de 149 millions de passagers transportés annuellement (contre 129 millions pour American/British Airways et 122 millions pour United/Lufthansa), une flotte de près de 800 avions et 127.000 salariés ; Delta est le premier transporteur domestique aux Etats-Unis. Air France estime que la future alliance devrait lui permettre d'améliorer son résultat d'environ un milliard de francs par an (700 millions de chiffre d'affaires supplémentaire et 300 millions de réduction des coûts) à une échéance de deux ou trois ans.

Les deux membres fondateurs ont été rejoints le 13 septembre 1999 par la compagnie mexicaine Aeromexico, partenaire actuel d'Air France sur la ligne Charles de Gaulle-Mexico et sur sept autres villes du Mexique à partir du 31 octobre 1999.

Enfin, le développement du programme de fidélisation a également contribué au redressement des recettes.

Créé en juin 1992, Fréquence Plus, filiale à 100 % d'Air France, gère le programme de fidélisation de la compagnie qui compte désormais 2,5 millions d'adhérents à travers le monde, dont un peu plus de la moitié réside en France.

Par le nombre d'adhérents, le programme de Fréquence Plus se place en troisième position parmi les programmes européens. Il constitue un levier déterminant pour le chiffre d'affaires d'Air France en fidélisant ses clients. L'objectif est de porter le nombre d'adhérents à 3 millions d'ici l'été 2000, dans le cadre de la nouvelle alliance globale qu'Air France souhaite mettre en place. Pour cela, Air France va développer un programme plus attrayant et faire évoluer son produit de fidélisation.

La réduction des dépenses

Pour assurer l'autofinancement de ses investissements, la compagnie s'est fixée pour objectif de dégager un excédent brut d'exploitation de 15 % du chiffre d'affaires. Pour cela, une politique de recherche de gains de productivité est mise en oeuvre, le but étant d'abaisser les coûts unitaires de 10 % en 3 ans, de l'exercice 1998/99 à l'exercice 2000/01. Air France table d'une part sur les gains de productivité " mécaniques " générés par sa croissance, d'autre part sur un plan de réduction des coûts structurels sur trois ans, qui doit apporter 3 milliards d'économies en valeur annuelle au terme de la troisième année.

L'adoption d'un plan spécifique d'économies de 3 milliards de francs s'est traduite par la mise en place de plus de 500 mesures de réduction des coûts ou d'augmentation de productivité, qui couvrent l'ensemble des domaines d'activité de la compagnie , dont la diminution des coûts salariaux du personnel navigant technique, le regroupement des installations de fret sur une nouvelle aérogare, l'optimisation de l'utilisation des appareils et la poursuite de la rationalisation de la flotte. Sur l'exercice 1998/99, plus de 670 millions de francs d'économies structurelles ou améliorations de recettes ont ainsi été réalisées par la compagnie.

La réduction des dépenses a également été poursuivie par la réduction des coûts salariaux des pilotes.

Pour réduire les écarts de compétitivité avec ses principaux concurrents, en particulier British Airways et Lufthansa, la compagnie Air France a pris des mesures de réduction des coûts de ses personnels navigants techniques. Ces mesures, qui doivent permettre une économie de l'ordre de 500 millions de francs par an sur les coûts salariaux de ses 3.500 personnels navigants techniques (PNT) sont principalement constituées de l'introduction d'une double échelle des salaires pour les pilotes débutants et d'un échange de salaire contre des actions.

Après l'arrêt de travail des pilotes, du 1 er au 10 juin 1998, que l'annonce de ces mesures avait provoqué, les conditions de leur mise en oeuvre ont été précisées par un accord global pluriannuel entre le Syndicat national des pilotes de ligne et la direction d'Air France, signé le 29 octobre 1998 . Il définit notamment les principes d'organisation et de rémunération de la filière des pilotes cadets dont la formation initiale aura été assurée par Air France, ainsi que les modalités de l'opération d'échange de salaire contre des actions.

Cet accord a été rendu possible par la cession de 12 % du capital, des actions de la société Air France aux salariés qui ont consenti à des réductions de leur salaire . Cet échange, qui a eu lieu lors de l'ouverture du capital, reposait sur le volontariat. En contrepartie des actions reçues, les réductions de salaires, organisées en tranches, sont opérées sur l'ensemble de la carrière pour la tranche de base et sur une période de 7 ans pour les tranches complémentaires.

Air France estime les économies qui seront réalisées sur la masse salariale annuelle des PNT à près de 250 millions de francs par an en moyenne sur la durée de l'opération. A cet effet direct de l'échange " salaire contre actions " s'ajoutent l'impact estimé du gel des salaires et la baisse des coûts de formation des PNT liée à la mise en place de la filière des pilotes cadets.

La réorganisation des installations de traitement du fret a également permis d'utiliser pleinement les possibilités de correspondances du " hub " de Charles de Gaulle, de remédier à la dispersion de ses installations, de disposer d'une gare de fret performante et de résister à la concurrence grandissante. L'investissement, financé en totalité par Air France, est prévu en trois tranches, la première, d'un coût de 411 millions de francs, a été mise en service en octobre 1998. Les tranches suivantes seront réalisées en fonction des besoins de la compagnie. La mise en service de la nouvelle aérogare G1XL, qui a conduit à un gain de productivité de l'ordre de 20 %, s'inscrit dans le plan d'économies d'Air France sur 3 ans.

Enfin, la rationalisation de la flotte devrait permettre de renouveler les équipements.

Air France renoue avec une politique de croissance de l'offre, avec notamment la livraison sur la période 1998/2000 de 10 Airbus A340-300 et de 10 Boeing B777-200 pour rajeunir la flotte et suivre l'évolution favorable du trafic long-courrier. Parallèlement, la rationalisation de la flotte se poursuit avec l'extinction des sous-flottes de Fokker 100, Boeing 747-100 et Boeing 727-200. En outre, la compagnie a réorganisé la flotte court et moyen-courrier, avec la sortie des gros porteurs A330 ET A300, et vise un recentrage à terme autour de la famille monocouloir d'Airbus (A318, A319, A320 et A321) équipée de moteurs CFM. Ceci permet en effet de réaliser des économies d'échelle sur les opérations de maintenance, qui ne portent plus que sur un nombre limité de types d'avions et de moteurs. De même, la formation des pilotes se trouve simplifiée et leur mobilité accrue dès lors que certaines familles d'appareils requièrent une qualification unique (Airbus A319, A320 et A321 par exemple).

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