ANNEXE N° 4
-
RÉPONSES DE MME MARTINE AUBRY,
MINISTRE DE
L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ,
À UN QUESTIONNAIRE
ÉCRIT
DE M. LOUIS SOUVET, RAPPORTEUR
Madame
la Ministre,
J'ai été chargé par la commission des Affaires sociales du
Sénat de rapporter le projet de loi relatif à la réduction
négociée du temps de travail.
Afin de compléter mon information, j'ai l'honneur de vous adresser
ci-joint un bref questionnaire auquel je vous serais reconnaissant d'apporter
une réponse écrite dans les meilleurs délais et de
préférence avant le 27 octobre, date de l'examen de mon rapport
par la commission des Affaires sociales.
Je vous prie de croire, Madame la Ministre, à l'assurance de ma haute
considération.
Louis SOUVET
Madame Martine AUBRY
Ministre de l'emploi et de la solidarité1
127 rue de Grenelle
75700 PARIS
Questionnaire de M. Louis Souvet, rapporteur, appelant une réponse écrite avant le 27 octobre 1999
1. Quel
est le barème des allégements de charges sociales applicable
entre 1999 et 2005 pour une entreprise de plus de 20 salariés dans les
cas suivants :
- l'entreprise a signé un accord dans le cadre de la loi du 11
juin 1996 au premier semestre 1998
- l'entreprise a signé un accord dans le cadre de la loi du 13
juin 1998 au premier semestre 1999
- l'entreprise a signé un accord dans le cadre de l'article 11 du
projet de loi
- l'entreprise a abaissé sa durée collective du travail
à 35 heures sans signer d'accord
- l'entreprise a conservé une durée collective de travail
supérieure à 35 heures.
(un tableau pourrait récapituler les différents régimes
juridiques et financiers applicables ainsi que les règles de cumul).
2. Quel est le coût d'un emploi créé ou sauvegardé
dans les entreprises éligibles à l'aide prévue par la loi
du 13 juin 1998 ? Quel est le coût total estimé de la loi du
13 juin 1998 jusqu'en 2005 ? Quel a été le taux de
consommation mensuel des crédits en 1998 et 1999 (titre IV, chapitre
44-77, article 10) ?
3. Combien d'emplois ont
effectivement
été
créés au 1
er
octobre 1999 du fait de la loi du 13 juin
1998 (distinguer selon que l'accord est ou non éligible à l'aide
et effectivement aidé) ?
4. L'article 11 bis nouveau du projet de loi a prévu qu'une entreprise
créée postérieurement à l'entrée en vigueur
de la loi et dont la durée collective du travail serait fixée
à 35 heures hebdomadaires, soit 1.600 heures sur l'année,
pourrait bénéficier du montant de l'aide prévue par
l'article 3 de la loi du 13 juin 1998, dès lors qu'elle verse
à ses salariés à temps complet un salaire mensuel au moins
égal à 169 fois le salaire minimum de croissance. Quel est le
coût prévisible de cette disposition ?
Réponses de Mme Martine Aubry,
ministre de
l'emploi et
de la solidarité,
à un questionnaire écrit de M. Louis
Souvet, rapporteur
Réponse à la question n° 1
Les règles qui régissent l'accès à
l'allégement structurel des entreprises de plus de vingt salariés
sont simples :
- Le principe d'accès à l'allégement est simple :
peuvent bénéficier de l'allégement les entreprises
couvertes par un accord collectif fixant l'horaire collectif à
35 heures ou à 1.600 heures par an au plus, que cet accord soit
signé avant le 1
er
janvier 2000 (dans le cadre des lois
Robien et Aubry I ou non) ou après le 1
er
janvier 2000.
Si l'accord est signé après le 1
er
janvier 2000, il
doit préciser un certain nombre de points, dont on peut relever que ce
sont des sujets naturels de négociation, notamment le nombre d'emplois
créés ou préservés, les mesures visant à
faciliter le passage à temps partiel ou à l'inverse à
temps complet, et celles visant à favoriser l'égalité
professionnelle entre hommes et femmes.
Enfin, pour les accords signés après le 1
er
janvier
2000, et dans le souci de garantir l'adhésion la plus large de la
collectivité de travail aux dispositions de l'accord, il est
prévu que l'accord doit être signé par un ou plusieurs
syndicats majoritaires en suffrages exprimés aux dernières
élections au CE ou des délégués du personnel, ou
à défaut être ratifié par référendum.
Dans la même optique, un accord signé par un salarié
mandaté doit aussi être approuvé par les salariés.
- Les modalités pratiques d'accès à l'allégement
structurel sont simples :
il n'est pas nécessaire de signer une
convention. L'employeur doit transmettre aux URSSAF une déclaration
précisant la durée du travail dans l'entreprise,
accompagnée de l'accord d'entreprise ainsi que, le cas
échéant, du document attestant de l'approbation des
salariés.
- Les principes qui régissent le cumul sont simples :
les
aides Robien et Aubry sont cumulables avec la partie " bas salaire "
de l'allégement structurel. Au terme de la convention Aubry I ou Robien,
l'entreprise bénéficie de l'intégralité de
l'allégement structurel.
1 - Barème des allégements de charges dans les cinq cas
envisagés :
Barème d'allégement au SMIC 35 heures
payées 39
heures
(en plus de l'aide directe, en remplacement de la ristourne
Juppé)
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
Cas 1 : accord Robien 1 er janvier 1998 (règle Robien + partie bas et moyens salaires du nouvel allégement) |
7.400 F
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
21.500 F |
Cas 2 : accord Aubry 1 er janvier 1999 (règle : Aubry I + partie bas et moyens salaires du nouvel allégement) |
9.000 F
|
8.000 F +
|
7.000 F +
|
6.000 F +
|
5.000 F +
|
21.500 F |
21.500 F |
Cas 3 : accord 2 ème loi (règle : nouveau barème) |
15.000 F
|
21.500 F
|
21.500 F |
21.500 F |
21.500 F |
21.500 F |
21.500 F |
Cas 4 : 35 heures sans accord |
15.000 F
|
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
Cas 5 : durée collective > 35 h. |
15.000 F
|
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
15.000 F |
Allégement à 1,3 SMIC
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
Cas 1 : accord Robien 1 er janvier 1998 (règle Robien + partie bas et moyens salaires du nouvel allégement) |
7.400 F
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
7.400 F +
|
11.900 F |
Cas 2 : accord Aubry 1 er janvier 1999 |
9.000 F
(Aubry I)
|
8.000 F +
|
7.000 F +
|
6.000 F
|
5.000 F +
|
11.900 F |
11.900 F |
Cas 3 : accord 2 ème loi |
0 F (Juppé) |
11.900 F
|
11.900 F |
11.900 F |
11.900 F |
11.900 F |
11.900 F |
Cas 4 : 35 heures sans accord |
0 F (Juppé) |
0 F |
0 F |
0 F |
0 F |
0 F |
0 F |
Cas 5 : durée collective > 35 h. |
0 F (Juppé) |
0 F |
0 F |
0 F |
0 F |
0 F |
0 F |
2 - Les trois régimes juridiques applicables sont les suivants :
|
Loi du 11 juin 1996 |
Loi du 13 juin 1998 |
Allégement structurel |
Conditions d'accès |
. RTT de 10 %
|
. RTT de
10 % au moins
|
. 35 heures mensuelles ou 1.600 heures
annuelles au
plus
|
Nature de l'aide |
. 40 % des cotisations patronales de
sécurité
sociale la 1
ère
année, 30 % les années
suivantes
|
. 9000 francs plus éventuelles majorations
(main-d'oeuvre, CDI,...)
|
. Aide pérenne
|
Cumul |
. Ristourne unique dégressive
|
. Ristourne unique dégressive
|
. En partie avec le Robien
|
3 - Dans les cas cités dans la question, les barèmes d'allégement de charge sont les suivants :
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
Entreprise ayant signé un accord loi du 11 juin 1996 en 1998 |
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.
de 30 % des cotisat. SS pat.
|
Allgt.. structurel |
Entreprise ayant signé un accord loi du 13 juin 1998 en 1999 |
Allgt.
de 9.000 F par sal.
|
Allgt.
de 8.000 F par sal.
|
Allgt.
de 7.000 F par sal.
|
Allgt.
de 6.000 F par sal.
|
Allgt.
de 5.000 F par sal.
|
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Entreprise ayant signé un accord dans le cadre de l'article 11 |
- |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Allgt. structurel |
Entreprise ayant abaissé sa durée sans signer d'accord |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
Entreprise ayant conservé une durée collective supérieure à 35 heures |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
Réponse à la question n° 2
1. Coût budgétaire de la réduction du temps de
travail :
- en 1998, le coût budgétaire de l'aide incitative a
été de 78 millions de francs,
- en 1999, les paiements s'élèvent à 706 millions de
francs à la fin du mois de septembre.
2. Coût d'un emploi créé par la loi Aubry
L'aide moyenne de la loi Aubry est de 7.000 francs par salarié s'il n'y
a pas de majoration, ce pour une réduction du temps de travail de 39
à 35 heures (9.000 francs la première année,..., 5.000 la
cinquième). Le coût brut d'un emploi créé par la loi
Aubry est de 100.000 francs en moyenne sur cinq ans. Ces coûts sont en
fait de 126.000 francs la première année (aide à
9.000 francs) et de 70.000 francs la cinquième.
Le coût net par emploi créé, qui tient compte des retours
sur les finances publiques (cotisations, impôts et moindres
dépenses d'indemnisation), est beaucoup plus faible, soit 12.000 francs
en moyenne sur cinq années (25.000 francs la première
année, 20.000 francs la seconde... et 0 franc la dernière puisque
l'aide de 5.000 francs correspond au niveau qui équilibre les finances
publiques : point de neutralité).
En réalité, l'aide moyenne a été plus forte compte
tenu des aides majorées (type de public, conditions d'embauche...), soit
8.500 francs. Le coût brut moyen sur cinq ans est en conséquence
de l'ordre de 120.000 francs et le coût net de 20.000 francs par emploi
créé.
Réponse à la question n° 3
Emplois effectivement créés au 20 octobre 1999
Au 20 octobre 1999, les engagements de maintien d'emploi sont de 130.100 au
total, dont 92.400 pour les entreprises aidées, de 18.900 pour les
accords non aidés dans les entreprises éligibles, 18.800 pour les
accords non éligibles.
Ces engagements ne correspondront pas tous à des créations
d'emplois puisqu'il faut tenir compte des emplois qui auraient
été créés de toute façon. Ceux-ci n'ont pu
être estimés à ce stade que pour les établissements
aidés pour lesquels des études fines ont pu être
menées sur la base des enquêtes ACEMO du ministère de
l'emploi. Les effets d'aubaine ont été estimés à
environ 1 % des emplois de ces établissements, soit 11.000 environ,
laissant le chiffre d'emplois créés à terme par ces
accords à environ 81.000 emplois.
A ces emplois, il faut ajouter, par le même raisonnement, les emplois
créés ou préservés dans les autres accords. Ainsi,
les 130.000 engagements sur l'emploi correspondent-ils à un effet net
additionnel de 107.000 environ.
Mais les emplois effectivement créés au 20 octobre sont ceux qui
résultent d'accords mis en oeuvre il y a déjà plusieurs
mois compte tenu des délais entre l'accord et la mise en oeuvre de la
RTT et des délais entre la mise en oeuvre de la RTT et les embauches. On
estime le délai entre accord et RTT à 3 mois pour la loi Aubry et
le second est estimé à un trimestre en moyenne. L'ensemble des
accords signés à la date du 20 octobre, donc en particulier ceux
signés juste avant l'échéance du 1
er
juin,
n'ont pas encore tous été mis en oeuvre et la plupart des
embauches ne sont donc pas encore réalisées.
Compte tenu de la forte montée en charge des accords ces derniers mois
et de ces délais, les chiffres des emplois déjà
créés au 1
er
octobre sont donc bien inférieurs
aux engagements d'emploi associés aux accords signés à
cette date et même aux emplois créés estimés en
tenant compte des effets d'aubaine. On peut estimer à environ 30.000
à 40.000 les emplois déjà créés à
cette date pour l'ensemble des accords.
Réponse à la question n° 4
Le coût additionnel par personne du bénéfice de l'aide
incitative en l'an 2000 pour les entreprises nouvelles est de 4.000 francs
(soit 8.000 francs d'aide structurelle et de majorations moins 4.000 francs
d'allégement structurel). Ce montant s'appliquera en 2000 (en retenant
les chiffres de créations aujourd'hui disponibles) aux entreprises se
créant d'emblée à 35 heures et faisant
bénéficier leurs salariés au SMIC de la garantie salariale
prévue par la loi ; soit à une partie des 88.000
salariés bénéficiant aujourd'hui annuellement de ces
embauches.