Proposition de résolution relative à la proposition de règlement (CE) du Conseil portant organisation commune du marché viti-vinicole (E 1134)
CESAR (Gérard)
RAPPORT 206 (98-99) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
- EXPOSÉ GÉNÉRAL
- PROPOSITION DE RÉSOLUTION
N°
206
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 9 février 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan(1) sur la proposition de résolution présentée en application de l'article 73 bis du Règlement par M. James BORDAS sur la proposition de règlement (CE) du Conseil portant organisation commune du marché viti-vinicole (E 1134),
Par M.
Gérard CÉSAR,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel
Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain
Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard,
Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis,
MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain
Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard
Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis
Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron,
Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult,
Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques
Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette
Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir le numéro
:
Sénat
:
196
(1998-1999).
Union européenne.
EXPOSÉ GÉNÉRAL
Mesdames, Messieurs,
La proposition de résolution n° 196 dont vous êtes
saisis porte sur la proposition de règlement (CE) du Conseil relatif
à l'organisation commune du marché viti-vinicole (COM (1998) 370
final) transmise au Sénat le 8 juillet 1998 sous le numéro
E-1134.
Cette proposition d'acte communautaire est l'aboutissement d'un très
long travail de négociations.
Elaboré en 1962 et 1970, l'OCM viti-vinicole a été
profondément réformé en 1987. En juillet 1993, la
Commission européenne a présenté au Conseil un document de
réflexion sur " l'évolution et l'avenir de la politique
viti-vinicole " qui devait servir de base à la proposition de
règlement portant nouvelle réforme de l'organisation commune de
marché (OCM), soumise au Conseil en juin 1994, transmise au
Parlement en avril 1995.
Le projet de Bruxelles prévoyait de réduire initialement de plus
de 30 millions d'hectolitres la production communautaire jusqu'en 2000 et
d'instaurer un système de quotas nationaux pour endiguer la
surproduction de vins de mauvaise qualité.
Cette réforme n'a pas abouti en raison, d'une part, d'une conjoncture
favorable, les campagnes 1994-1995 et 1995-1996 ayant été
équilibrées et, d'autre part, de l'encombrement de l'ordre du
jour du Conseil par des dossiers " horizontaux "
particulièrement " lourds " (désordres
monétaires, transport des animaux, ...).
La France a été, depuis lors, toujours partisane d'une
réforme de l'OCM viti-vinicole
. Votre rapporteur avait, d'ailleurs,
souligné, dès 1995
1(
*
)
, que le pire
serait de laisser le dossier " s'enterrer " et de prendre le risque
de voir un nouveau projet émerger dans des conditions d'urgence, face
à une récolte communautaire importante et à l'obligation
de recourir à une distillation d'importants volumes de vin. Il aurait
été alors bien plus difficile d'éviter une approche
simplificatrice qui aurait conduit à imposer à tous les
vignobles, quelle que soit leur situation, des efforts de réduction
conséquents.
Dès le mois de juin 1995, afin de dessiner le cadre dans lequel la
réforme devait s'inscrire et dans le fil de la résolution
adoptée le 29 juin 1995 par le Sénat, M. Philippe
Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation,
avait présenté, lors du conseil des ministres à Bruxelles,
les grandes orientations qui devaient présider à la
réforme de l'OCM :
- la responsabilisation des pays producteurs vis-à-vis de leurs
excédents (c'est-à-dire la non neutralisation des
excédents) ;
- l'adaptation régionale des mesures structurelles afin d'offrir
à chaque vignoble, selon ses spécificités, les outils
nécessaires à l'ajustement de sa production au
marché ;
- le renforcement des moyens communautaires de contrôle pour
parvenir à une application homogène de la réglementation
dans tous les Etats-membres.
Peu à peu, les discussions ont progressé. Le projet initial de
la Commission de diminution du potentiel de production communautaire pour
éliminer des excédents structurels importants a été
reconsidéré à la lumière de l'évolution du
marché viti-vinicole.
Ainsi, les premières réflexions ont abouti, dans le cadre du
" paquet prix 1996/1997 ", à modifier les règles
communautaires relatives aux plantations et à l'arrachage des vignes
dans le sens d'une plus grande souplesse et d'une meilleure prise en compte des
contraintes et des exigences économiques des différents bassins
de production.
Dans son document " Agenda 2000 ", la Commission européenne a
indiqué en juillet 1997 "
qu'eu égard à
l'évolution récente, et en particulier au nouveau contexte
créé dans ce secteur à la suite du cycle de l'Uruguay
Round, la Commission a l'intention de réviser la proposition en suspens
et d'en présenter une nouvelle dès que l'analyse de la situation
en 1997 aura été totalement achevée
".
Le Gouvernement français a ainsi, dans cette optique,
présenté le 12 janvier 1998, un mémorandum
à l'attention de la Commission, définissant les
trois grandes priorités françaises :
- le maintien du potentiel de production européen, par la mise en
oeuvre d'aides à la rénovation du vignoble et par une
possibilité de développement pour les régions qui ont
encore des parts de marché à conquérir ;
- le renforcement de la compétitivité des entreprises par
l'amélioration de la qualité des vins et par des aides à
la modernisation des entreprises ;
- le développement de l'organisation des filières viticoles
par la reconnaissance du rôle des interprofessions.
Lors du conseil agricole du mois de juin 1998, la Commission a mis en place
plusieurs mesures préfigurant la nouvelle réforme de l'OCM. Il
s'agit de :
- la reconduction des prix d'orientation, et jusqu'au
31 août 2000, de l'interdiction de nouvelles plantations de
vigne, ainsi que la possibilité pour les Etats-membres d'accorder des
autorisations nouvelles durant les deux prochaines campagnes dans la
limite de 10.000 hectares, dont 2.584 pour la France, 3.615 pour l'Espagne
et 2.442 pour l'Autriche. Ces nouveaux droits de plantation ne peuvent
cependant pas être accordés aux vignobles situés dans des
régions déterminées ayant bénéficié
au cours des trois dernières vendanges de nouveaux droits. Ces droits de
plantation représentent un à valoir sur les nouvelles
autorisations qui pourraient être accordées dans le cadre de la
réforme de l'OCM ;
- le maintien pour une année supplémentaire des
dérogations existantes concernant la teneur en acidité totale des
vins de table et la possibilité pour les Etats-membres d'accorder des
primes d'abandon de la viticulture pour des parcelles inférieures au
seuil actuel de 25 ares mais non inférieures à 10 ares,
lorsque les conditions de viticulture le justifient. De plus, a
été décidé le report au
1
er
janvier 2001 de la date limite d'introduction d'un
casier viticole simplifié en Grèce, au Portugal. En Espagne,
cette limite a été repoussée au
1
er
janvier 2000. Le maintien de la possibilité
pour l'Espagne de mélanger du vin rouge et du vin blanc (mezcla) a
été adopté.
Le 1
er
juillet dernier, la Commission européenne a
adopté une proposition de réforme substantielle du marché
viti-vinicole à partir du 1
er
août 2000.
C'est cette " remise à plat " de l'OCM viti-vinicole que votre
délégation du Sénat pour l'Union européenne a
examiné la semaine dernière.
Avant d'analyser cette proposition d'acte communautaire et d'en proposer
certaines modifications, votre commission des affaires économiques
souhaite rappeler brièvement l'importance du secteur viti-vinicole en
France et en Europe.
I. LA RÉFORME DE L'OCM VITI-VINICOLE CONCERNE UN SECTEUR ESSENTIEL POUR L'ÉCONOMIE FRANÇAISE ET EUROPÉENNE
A. LA PLACE DU SECTEUR VITI-VINICOLE DANS L'AGRICULTURE FRANÇAISE ET EUROPÉENNE
1. En France
La
France constitue le plus grand vignoble du monde, tant par sa surface que par
sa qualité.
Les premières estimations de la production française de vin pour
la campagne 1997/1998 s'élèvent à 55 millions
d'hectolitres. Cette production connaît depuis quelques années un
léger recul.
PRODUCTION FRANCAISE DE VIN
(millions d'hectolitres)
Source : Graph Agri-France - Ministère de l'Agriculture et de la
Pêche - 1998
La production française se répartit de la manière
suivante :
PRODUCTION FRANCAISE
(millions d'hectolitres)
|
1980-1981 |
1990-1991 |
1996-1997 |
1997-1998 P |
Tous vins |
69,2 |
65,5 |
59,6 |
56 |
VQPRD (1) |
14,8 |
23,6 |
24,7 |
23,9 |
dont AOC |
12,9 |
23,0 |
24,2 |
23,3 |
Autres vins |
54,4 |
41,9 |
34,9 |
32,1 |
- vins de pays |
6,5 |
12,3 |
15,2 |
13,4 |
- autres vins de table |
40,5 |
17,0 |
8,8 |
8,2 |
- vins pour cognac |
7,4 |
12,6 |
10,9 |
10,5 |
(1)
vin de Qualité Produits dans une région déterminée
Source : Graph Agri-France - Ministère de l'Agriculture et de la
Pêche - 1998
Rappelons qu'en 1997, la viticulture française a connu une
évolution très favorable du revenu moyen grâce à
d'importantes sorties de chais. Ainsi, toutes catégories de producteurs
confondues, le revenu des exploitations viticoles
a progressé de
près de 23 %
en termes réels. La hausse du revenu est
plus forte pour les exploitations produisant des
vins d'appellation
d'origine (+24 %)
que pour celles consacrées aux
autres vins
(+17 %)
.
Cette amélioration du revenu intervient après une
légère baisse en 1996, mais l'augmentation entre les deux
périodes triennales " 1993 " et " 1996 " reste
très forte, soit +19 % par an. Le revenu de cette
" orientation technique d'exploitation " (OTEX) se situe 75 %
au-dessus de celui de l'ensemble des exploitations à temps complet.
En 1998, le secteur des vins a crû de 3,7 % en volume. Les prix
se sont envolés avec + 11,5 %, ce qui conduit à une
hausse de la valeur ajoutée par rapport à 1997 de +15,6 %
-soit une valeur ajoutée de 62 milliards de francs-.
Soulignons que le revenu moyen de la viticulture d'appellation a
augmenté de 38 % de 1997 à 1998, le " point noir "
se situant dans la région du cognac.
LES CHIFFRES DU SECTEUR VITI-VINICOLE EN FRANCE EN 1997
Production des bois et plants
- 900 producteurs de plants de vignes fournisse 90 à
100 millions de plants de vigne par an pour 0,7 milliard de francs de
chiffre d'affaires et 30 millions de francs de matériel
exporté.
- 2 % du vignoble sont renouvelés tous les ans (âge
moyen du vignoble : 22 à 25 ans) et l'on compte 60.000
à70.000 opérations de plantations par an.
Négoce de vins
Ils sont 800 à 1.000 négociants en France et les
20 premiers assurent 11 milliards de francs de chiffre d'affaires sur
50 à 60 milliards. 60 à 65 % des ventes sont
réalisées en grandes surfaces.
Fournisseurs
- Le machinisme (récolte, pressoirs, tracteurs,
pulvérisateurs) réalise 1,9 milliard de francs de chiffre
d'affaires
- Les produits phytosanitaires : 2,5 milliards de francs
- Les bouteilles : 1,3 milliard de francs
- Les engrais : 0,6 milliard de francs
- La cuverie, filtration, centrifugation, matériel
d'embouteillage : 0,7 milliard (estimation)
- Les produits oenologiques : 0,3 milliard.
Exploitations viti-vinicoles
- La France en recense 166.000, occupant 887.000 Hectares, soit
3,3 % de la surface agricole utile. On compte 100.000 exploitations
spécialisées pour 740.000 hectares (82 % sont viticoles
à 100 %), 66.000 vendent du vin et 35.000 font de la vente en direct.
- Plus de la moitié de la superficie française est
occupée par 415 appellations d'origine (AOC + VDQS), la France
compte 142 vins de pays.
- 1.029 coopératives regroupent 168.000 coopérateurs
(65 % des vins de table et 45 % d'appellations d'origine).
Récolte en France et dans le monde
- La part de la France dans la récolte mondiale est de
59 millions d'hectolitres sur 246 millions d'hectolitres.
- Les livraisons viticoles françaises réalisent un chiffre
d'affaires de 50 milliards de francs.
- Le coût de production moyen du vin de table et de pays est de
23.000 francs par hectare, celui du vin d'appellation est de
43.000 francs par hectare (avec des écarts de 21.000 à
240.000 francs).
- Le poids économique de la filière viti-vinicole est de 80
à 90 milliards de francs.
Sources : Agra presse hebdo - n° 2690 - lundi
14 décembre 1998.
2. En Europe
L'Europe se situe au premier rang avec plus de 163 millions d'hectolitres
en 1997 pour une production mondiale de vin de 260 millions d'hectolitres.
Le vignoble communautaire correspond ainsi à 45 % de la
superficie et à quelque 60 % du volume de la production
mondiale
2(
*
)
.
Les grands producteurs européens, outre la France, sont en 1997 :
l'Italie avec 54 millions d'hectolitres, l'Espagne avec 36 millions
d'hectolitres, l'Allemagne 8 millions d'hectolitres et le Portugal
7 millions d'hectolitres.
PART
DES ETATS-MEMBRES DANS LA PRODUCTION DE VIN (VOLUMES), MOYENNES ECRETEES 1993 A
1997
Source : Commission européenne
Soulignons que la vigne en Europe est non seulement une composante essentielle
du paysage dans les régions viticoles, mais contribue aussi à sa
préservation. En effet elle empêche l'érosion des sols et
associe la présence de l'homme dans des zones parmi les plus fragiles du
point de vue environnemental et qui sont souvent sans alternatives
économiques réelles.
Sur le plan financier, votre rapporteur constate que
les dépenses au
titre de régime d'aide au secteur viti-vinicole
ont connu des
variations importantes au fil des années.
DEPENSES DANS LE SECTEUR VITI-VINICOLE DE 1989 à 1998
En millions d'euros
|
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998
|
Dépense moyenne |
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
98-99 |
93-89 |
98-94 |
B1-160 Restitutions à l'exportations |
45,3 |
54,7 |
55,5 |
77,3 |
100,2 |
80,4 |
36,7 |
40,8 |
59,7 |
51,0 |
60,2 |
66,6 |
53,7 |
B1-161-Interventions vin |
568,4 |
381,5 |
480,7 |
450,2 |
598,5 |
393,7 |
214,5 |
139,8 |
340,4 |
383,0 |
395,1 |
495,9 |
294,3 |
B1-162-Alcool de bouche |
284,8 |
166,7 |
210,8 |
180,6 |
233,1 |
190,4 |
168,6 |
115,8 |
225,4 |
159,0 |
193,5 |
215,2 |
171,8 |
B1-163-Aides aux moûts |
96,1 |
137,4 |
127,6 |
128,3 |
167,7 |
134,0 |
100,6 |
148,8 |
166,4 |
148,0 |
135,5 |
131,4 |
139,6 |
B1-169-Autres |
|
|
|
|
|
|
|
-1,4 |
-3,6 |
pm |
-0,5 |
0,0 |
-1,0 |
Mesures du marché |
994,6 |
740,3 |
874,6 |
836,4 |
1099,5 |
798,5 |
520,4 |
443,8 |
788,3 |
741,0 |
783,7 |
909,1 |
658,4 |
B1-164-Abandon définitif |
157,9 |
230,1 |
166,7 |
245,5 |
403,8 |
372,0 |
329,7 |
331,1 |
242,1 |
65,0 |
254,4 |
240,8 |
268,0 |
Total du secteur |
1152,5 |
970,4 |
1041,3 |
1081,9 |
1503,3 |
1170,5 |
850,1 |
774,9 |
1030,4 |
806,0 |
1038,1 |
1149,9 |
926,4 |
Sources : Parlement européen
B. UNE FORTE VOCATION EXPORTATRICE
Le
solde du commerce extérieur français pour le vin, exprimé
en francs constants de 1997, s'est accru de 325 % en vingt ans.
Avec un chiffre d'affaires pour la France de 30 milliards de francs en
1997,
les exportations de vins et champagne ont augmenté de
22 %, confirmant les bons résultats de 1996.
COMMERCE EXTERIEUR DU VIN (1)
|
1970 |
1990 |
1996 |
1997 P |
Quantité |
millions d'hectolitres |
|||
Importations |
10,10 |
4,50 |
5,30 |
5,74 |
Exportations |
4,09 |
12,33 |
12,99 |
15,40 |
dont Allemagne (2) |
1,64 |
2,84 |
3,45 |
3,40 |
Royaume-Uni |
0,44 |
2,38 |
2,54 |
3,02 |
UEBL |
0,51 |
1,40 |
1,36 |
1,69 |
Valeur |
millions de francs |
|||
Importations |
322 |
2 121 |
2 701 |
3045 |
Exportations |
1 515 |
23 063 |
24 852 |
30 227 |
(1)
France y compris les DOM à partir de 1997
(2) Ex-RFA jusqu'en 1990
Source : Douanes
Votre rapporteur souligne que les
exportations européennes
de
vins vers les pays tiers ont été pour 1995 et 1996,
légèrement supérieures à 10
Mhl
-soit
6% de la production mondiale- et ont représenté une recette de
2,4 milliards d'euros. Les chiffres pour 1997 indiquent une nette augmentation,
les exportations dépassant 12 Mhl.
Les principaux clients de l'Union
Européenne sont les Etats Unis, la Suisse, le Canada, le Japon et la
CEI.
Si l'Union européenne est le premier exportateur mondial de vins, c'est
aussi
le premier importateur mondial avec 5,2 millions d'hectolitres de vins
importés en 1996
représentant une valeur de 650 millions
d'euros.
Les principaux fournisseurs sont l'Argentine, l'Australie, la
Bulgarie, l'Afrique du Sud et l'Ex-Yougoslavie.
II. L'ANALYSE DE LA PROPOSITION DE RÉFORME DE LA COMMISSION
A. LES RAISONS DE LA RÉFORME
1. Une exigence du marché
La
révision de l'OCM viti-vinicole en 1987 a répondu à une
période au cours de laquelle la production communautaire était
caractérisée par des excédents fréquents et
persistants. Ainsi, ont été mises en oeuvre des mesures de
limitation du potentiel de production par des mécanismes de distillation
et d'arrachages définitives primés. En outre, une politique de
réencépagement a été
généralisée par la Communauté européenne
afin d'adapter la production à l'évolution quantitative de la
consommation. En 1996, la consommation de vins dans l'Europe des Quinze
s'élevait à près de 128 millions d'hectolitres, soit
une moyenne d'un peu plus de 34 litres par habitant et par an. De 1986
à 1996, la consommation totale de vin en Europe a diminué de
10 millions d'hectolitres. On observe cependant aujourd'hui une stagnation
relative de la consommation de vin en Europe.
Parallèlement, cette politique d'ajustement conjoncturel et structurel a
été complétée par un ensemble de mesures de
maîtrise du potentiel viticole grâce à la mise en place d'un
système de droits de plantation.
Le secteur viti-vinicole européen a connu, depuis lors, d'importants
changements en raison notamment de l'évolution de la situation du
marché.
Les symptômes évoluant, le diagnostic originel devait être
revu. En effet, rapidement la politique de limitation du potentiel de
production a provoqué une forte réduction de la superficie du
vignoble européen, particulièrement en ce qui concerne les vins
de consommation courante -les vins de table essentiellement- aidée en
cela par les aléas climatiques.
La superficie viticole de la Communauté a ainsi été
ramenée de près de 4 millions d'hectares en 1987 à
3,4 millions d'hectares en 1997, soit 2,6 % de la surface agricole
utile.
De plus, alors qu'en 1987/1988, la production communautaire dépassait
les 200 millions d'hectolitres (51 millions d'hectolitres de vin de
qualité, 135 millions d'hectolitres de vin de table et
15 millions d'hectolitres d'autres vins), celle-ci a été
ramenée à 160 millions d'hectolitres en 1997/1998, dont
58 millions d'hectolitres de vin de qualité, 91 millions
d'hectolitres de vin de table et 13 millions d'hectolitres d'autres vins.
Par ailleurs, comme l'indique la Commission "
l'incidence globale de
cette réduction de la superficie viticole sur la production a
été accrue par l'utilisation de variétés à
raisin à rendement plus faible, de qualité plus
élevée, mais plus encore par le vieillissement des vignobles,
renouvelés à un rythme insuffisant
".
Ce nouvelle situation du marché nécessite donc une
réforme de l'OCM viti-vinicole.
2. Les évolutions politiques
Comme
l'a justement souligné la Commission européenne, trois
événements politiques ont eu et auront une influence majeure sur
la situation du secteur viti-vinicole.
En premier lieu,
la mise en oeuvre des accords du cycle Uruguay en
juillet 1995 n'est pas sans conséquence dans ce secteur
.
En effet, ces accords ont entraîné une réduction des
exportations subventionnées de vins communautaires. Si la
majorité des producteurs communautaires exportent sans subventions, la
réduction de celles-ci renforce la nécessité pour les
producteurs communautaires de continuer à améliorer leur
compétitivité. En ce qui concerne les importations, les accords
ont accru les possibilités d'accès aux vins des pays tiers par la
suppression du système protecteur de prix de référence et
par la réduction des droits de douane. Il en résulte que les
mesures d'intervention traditionnelles de l'organisation de marché
actuelle ne permettent plus de maîtriser les volumes et les prix dans un
marché communautaire plus souple et plus ouvert. Les mesures prises
attireraient simplement des volumes d'importation supplémentaires et les
prix ne pourraient pas dépasser le prix des produits importés.
En second lieu, comme l'expose la Commission dans son projet, "
le
secteur doit anticiper l'élargissement futur de l'Union aux pays
d'Europe centrale et orientale, analysé dans Agenda 2000 ".
L'analyse des conséquences de l'élargissement de l'Union
européenne aux PECO
nécessite une distinction entre les pays
d'Europe centrale et orientale producteurs de vin et ceux non producteurs de
vin. Ainsi, en 1997, les importations de vins en provenance de la Bulgarie, de
la Hongrie et de la Roumanie -producteurs de vins- se sont
élevées à 1,4 Mhl, ce qui fait de ce groupe le
premier fournisseur de vin de l'Union européenne, ces importations
dépassant largement les contingents tarifaires. Les exportations de
l'Union européenne à destination de ces trois pays producteurs
ont parallèlement fortement chuté. En revanche, les exportations
de l'Union européenne vers les PECO non producteurs de vin ont
été exceptionnellement élevées ces dernières
années, notamment en direction de la Pologne, de la Tchèquie et
de la Slovaquie.
Enfin, le
nouveau cycle de négociations agricoles dans le cadre de
l'OMC à partir de l'an 2000 devra prévoir des mesures
destinées à garantir une présence plus forte des
producteurs de la Communauté sur le marché mondial en
expansion
. Soulignons que le commerce international de vin se
développe de manière importante : si les exportations
mondiales de vin se limitaient à 44 millions d'hectolitres en
moyenne dans les années 1986 à 1990, elles sont estimées
à plus de 60 millions d'hectolitres pour 1997.
3. Un souci de simplification
Une
simplification
de la législation dans le secteur est
nécessaire, compte tenu du grand nombre de règlements du conseil
actuellement en vigueur. Ces règlements sont en effet devenus trop
détaillés et trop complexes, et certains sont redondants ou
obsolètes.
L'intégration de la législation dans le règlement unique
du conseil qui est proposé devrait en améliorer la transparence
et en faciliter l'application.
B. LA PRÉSENTATION DE LA RÉFORME PROPOSÉE
L'OCM vin regroupe l'ensemble des différentes politiques conjoncturelles et structurelles viticoles existantes et assure la mise en oeuvre d'une politique active d'intervention communautaire sur les marchés viti-vinicoles.
1. Les objectifs de la réforme
Tout en
reconnaissant la spécificité du secteur viti-vinicole, la
Commission européenne considère donc que la réforme
devrait prendre en considération sept grands objectifs :
- maintenir sur le marché communautaire un meilleur
équilibre entre l'offre et la demande, en donnant ainsi aux producteurs
la possibilité d'exploiter les marchés en expansion ;
- permettre au secteur de devenir durablement plus compétitif ;
- abolir l'utilisation de l'intervention comme débouché
artificiel pour la production excédentaire ;
- continuer à maintenir l'ensemble des débouchés
traditionnels de l'alcool de bouche et des produits de la vigne ;
- prendre en compte la diversité régionale ;
- officialiser le rôle potentiel des groupements de producteurs et
des organisations interprofessionnelles (ou équivalentes) ;
- simplifier considérablement la législation.
2. Les mesures proposées par la Commission
La
proposition de règlement avancée par la Commission est
constituée de 81 articles regroupés dans
huit titres :
Le titre I est relatif au champ d'application
; il comprend un
seul article qui précise les différents produits régis par
cette OCM.
Le titre II a trait au potentiel viticole
. Il est composé de
quatre chapitres qui regroupent en tout 22 articles.
Le chapitre Ier concerne les plantations de vignes
: l'actuelle
interdiction de planter de nouveaux vignobles reste applicable pendant une
nouvelle période transitoire.
Par ailleurs, dans les zones où la demande augmente, une quantité
initiale de droits de plantation supplémentaires sera allouée aux
Etats-membres dans le cadre d'un nouveau régime de gestion des droits
de plantation, avec priorité aux jeunes récemment
installés dans le secteur. Ce régime prévoit, en outre, la
constitution de " caisses " -c'est-à-dire de réserves-
de droits de plantation afin de faciliter les transferts de droits de
plantation non utilisés aux producteurs qui en ont le plus besoin. Il
est indiqué qu'au départ, ces réserves existeront sur le
plan régional.
Pour recevoir une partie de cette quantité initiale de droits de
plantation, chaque Etat devra établir un inventaire sur les superficies
viticoles, les variétés et les droits de plantation. La
quantité totale des droits de plantation supplémentaires
équivaudra à 1 % des aires de production respectives des
Etats-membres, soit 34.000 hectares au total.
Les mesures d'arrachage sont maintenues et celles visant à
améliorer la compétitivité du secteur continueront
à faire partie intégrante de l'OCM.
Le chapitre II est relatif aux primes d'abandon
octroyées en
contrepartie de l'abandon définitif de la viticulture sur une surface
déterminée.
Le chapitre III porte sur le régime de reconversion
des
vignobles qui tendent à adapter les vignobles à la production de
vins commercialisables.
Soulignons qu'une nette distinction entre la reconversion des vignobles et leur
renouvellement normal garantira un financement communautaire au
bénéfice exclusif de la reconversion.
Le chapitre IV a trait à l'inventaire
et à diverses
informations.
Le titre III
regroupe dans 15 articles les dispositions
relatives
aux mécanismes de marché :
Le chapitre I concerne l'aide au stockage privé
qui est maintenu.
Le chapitre II porte sur la distillation
: les distillations
préventives, obligatoires et de soutien sont supprimées. La
diminution des excédents et l'ouverture du marché étant
probables, la Commission estime nécessaire la mise en place d'une mesure
de distillation " de crise " applicable sur une base facultative.
Une mesure de distillation des sous-produits destinée à
éviter le surpressurage des raisins est maintenue et la mesure
spécifique de distillation du vin issu de variétés autres
qu'à raisins de cuve continuera d'être appliquée comme
mesure transitoire.
Il est important de souligner que l'alcool distillé dans le cadre de
mesures d'intervention ne sera plus la propriété des
Etats-membres. En outre, la Commission propose de remplacer la distillation
préventive par une mesure de distillation spécifique en faveur du
marché de l'alcool de bouche.
Le chapitre III est relatif aux aides
en faveur d'utilisations
déterminées.
Le chapitre IV a trait à des dispositions d'ordre
général
.
Le titre IV sur les groupements de producteurs
(chapitre I) et les
organisations interprofessionnelles
(chapitre II) comporte
sept articles.
Ce titre, selon la Commission, consacre le rôle des groupements de
producteurs (GP) et des organisations (interprofessionnelles ou
équivalentes) représentatives du secteur.
Les groupements de producteurs doivent contribuer à
l'amélioration des résultats du secteur en ciblant davantage
l'offre par rapport à la demande, en réduisant les coûts de
production et en favorisant le recours à des pratiques
" écocompatibles ". Quant aux organisations
interprofessionnelles (ou équivalentes), elles mèneront une
série d'actions qui renforceront les performances économiques du
secteur.
Le financement communautaire des mesures de reconversion comportera, selon le
projet de la Commission, deux éléments :
- la perte de recettes, soit que les producteurs gardent à la fois
les vignobles anciens et les vignobles reconvertis jusqu'à ce que ces
derniers deviennent productifs (aucune compensation n'étant
nécessaire), soit qu'ils procèdent à l'arrachage pour
replanter ultérieurement la même parcelle (financement
communautaire intégral) ;
- le coût du matériel de reconversion, qui fera l'objet d'un
financement communautaire à concurrence de 50 % (75 % dans les
zones relevant de l'objectif 1), le solde étant à la charge
des bénéficiaires.
Le titre V concerne les traitements et pratiques oenologiques et les
spécifications de produits
(désignation, dénomination,
présentation et protection). Il regroupe huit articles, le
chapitre I portant sur les traitements et pratiques oenologiques et les
spécifications de produits
, le
chapitre II sur la
désignation, la dénomination, la présentation et la
protection des produits
.
Le titre VI (huit articles) expose les principes de base
applicables aux Vins de Qualité Produits dans une Région
Déterminée
(VQPRD) . Les questions relatives aux
désignations, aux dénominations, à la présentation
et à la protection ont été déléguées
à la Commission afin, selon Bruxelles, d'améliorer la
transparence tout en conservant le niveau de protection actuel.
Le titre VII
(onze articles) expose les
dispositions
applicables aux échanges avec les pays tiers
, et notamment les
exigences en matière de présentation des certificats
d'importation, les prix d'entrée, le fonctionnement des contingents
tarifaires, les restitutions à l'exportation, les mesures de sauvegarde
ainsi que différentes normes techniques.
Le titre VIII est relatif à certaines dispositions
générales, transitoires et finales
.
III. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION
A. L'ANALYSE DE LA PROPOSITION DE LA COMMISSION EUROPEENNE
Votre
rapporteur se félicite que la Commission ait présenté une
proposition de réforme de l'OCM viti-vinicole, fondamentalement
différente de celle de 1994
. La Commission propose ainsi un
instrument dont la philosophie devrait permettre à toute la
filière de mener les politiques qu'elle ambitionne et de valoriser un
secteur clé de l'économie et de la culture européenne,
ainsi que d'offrir aux consommateurs des produits de qualité,
présentant toutes les garanties indispensables.
Comme le souligne M. James Bordas dans son rapport n° 196,
" les orientations générales de la proposition E 1134
paraissent satisfaisantes sur plusieurs points : l'idée d'un
" équilibre dynamique de marché ", la volonté
d'éliminer la production n'ayant pour débouché que
l'intervention, la poursuite de l'effort de restructuration des vignobles pour
améliorer la compétitivité européenne, le principe
d'une reconnaissance des
interprofessions... ".
Cependant, votre rapporteur souligne certaines contradictions entre les
objectifs énoncés et les instruments proposés pour les
atteindre.
• Un manque de flexibilité du potentiel de production
-
Votre rapporteur souligne, à l'instar des
organisations professionnelles, les fortes incohérences entre, d'une
part, les objectifs affichés par la Commission européenne
(permettre aux producteurs d'exploiter des marchés en expansion et
permettre au secteur de devenir durablement plus compétitif) et
l'interdiction de plantation nouvelle jusqu'au 31 juillet 2010, d'autre part.
La croissance envisagée dans le projet est donc largement
inférieure aux capacités de développement de certains
vignobles.
Votre rapporteur considère que des critères économiques
sont plus adaptés qu'une simple référence à la
superficie pour préjuger du potentiel réel de
développement.
-
De plus, la durée de vie des droits de plantation du
producteur fixée à 5 ans par le texte est insuffisante pour
assurer le repos sanitaire du sol entre l'arrachage et la replantation. Une
telle mesure pourrait conduire à un recours accru à la
désinfection chimique.
• Une capacité d'intervention en cas de crise relativement faible
Votre rapporteur estime intéressante l'instauration d'un mécanisme de distillation de crise. Néanmoins, comme le souligne à juste titre M. Philippe Martin dans son rapport 3( * ) , la définition de cette procédure paraît quelque peu floue et sa mise en oeuvre relativement incertaine. En effet, aucune définition du terme de " crise " n'est donnée ; on ne sait pas, de plus, quelle est l'autorité qui appréciera la réalité ou non de la crise et comment ce mécanisme sera mis en oeuvre. Ainsi, en cas de réel excédent conjoncturel dû à des aléas climatiques, cette disposition de distillation facultative et générale sera-t-elle suffisante pour assainir le marché ? Ne faut-il pas cibler cette mesure ?
• Une organisation de la filière insuffisamment autonome
Votre
rapporteur prend acte de la volonté de la Commission européenne
d'établir un cadre juridique reconnaissant les structures
professionnelles.
Néanmoins, comme l'ont rappelé la plupart des organisations
professionnelles à votre rapporteur,
la rédaction
proposée par la Commission ne correspond pas aux réalités
du secteur dans les différents pays de l'Union
.
Votre rapporteur regrette aussi la confusion qu'opère la Commission dans
les compétences entre groupements de producteurs, organisations
interprofessionnelles et autres modes d'organisation comme les syndicats de
producteurs en France.
Ce manque de clarté risque de fragiliser
l'équilibre du secteur viti-vinicole.
Par ailleurs, le statut interprofessionnel proposé renforce le
contrôle administratif communautaire sans régler la reconnaissance
juridique des politiques régionales d'adaptation des marchés.
• Une approche inadaptée en ce qui concerne les pratiques et traitements oenologiques et les spécifications des produits
Si la
proposition de la Commission prévoit, pour l'essentiel, la reconduction
de la situation réglementaire actuelle, il est, en revanche,
prévu qu'une grande partie des règles techniques sera
déterminée par la Commission.
Votre rapporteur considère, à l'instar de M. Philippe
Martin, que la suppression du principe de la liste positive en vigueur depuis
1970 est une proposition dangereuse : en effet, une telle disposition
constitue une brèche dans notre législation communautaire dans un
secteur aussi sensible que celui des vins.
• Une protection affaiblie pour les Vins de Qualité Produits dans une Région Déterminée (VQPRD)
La
proposition de la commission tend à ne plus protéger les
VQPRD : en effet, le Titre VI de la proposition communautaire ne contient
pas de définition précise de ces produits.
Or, il est impératif que les autorités communautaires
protègent nos désignations géographiques
européennes tant au niveau de l'OMC qu'au niveau des accords
internationaux qu'elles développent avec des pays tiers.
• Le problème de la levée de l'interdiction d'importer des moûts de raisin à des fins de vinification
Le
projet de la Commission permet l'importation de moûts en provenance de
pays tiers destinés à être unifiés.
Votre
rapporteur considère qu'une telle autorisation, outre le fait qu'elle ne
constitue en aucune façon une demande de l'OMC, pose trois
difficultés majeures :
- elle risque de déstabiliser le marché européen en
fragilisant la production européenne de vins de table ;
- elle amoindrit la confiance du consommateur ;
- elle fait financer par des fonds communautaires ces moûts en
provenance de pays tiers qui sont utilisés pour distiller des vins
européens. Comme le rappelle M. James Bordas :
" la
réglementation viti-vinicole de la Communauté est loin de
constituer une entorse criante aux normes de l'OMC : le marché
communautaire est largement ouvert aux vins étrangers, qui acquittent
des droits faibles ; les restitutions à l'exportation sont
très réduites (moins de 50 millions d'euros par an).
Cette proposition est enfin en totale contradiction avec les propositions de la
Commission d'interdire le développement du potentiel viticole de l'Union
européenne
4(
*
)
.
• Un risque de manque de transparence dans la nouvelle architecture de la réglementation
Votre
rapporteur se félicite du souhait de la Commission de consolider en un
seul règlement cadre du Conseil les actuels 23 règlements
sectoriels, la législation " vins " étant devenue
extrêmement complexe.
Toutefois actuellement, la proposition de la Commission lui confère
toutes les compétences législatives en lui laissant le soin
d'adopter, par chapitre, après avis du seul comité de gestion,
toutes les mesures d'application. Ce projet, comme l'indique M. James
Bordas,
" porte atteinte dans des proportions excessives aux pouvoirs
du Conseil . "
La préparation des futures
négociations à l'OMC devrait pourtant conduire à maintenir
au Conseil certaines prérogatives sur un secteur clé de notre
économie,
par exemple en matière d'étiquetage.
B. LES PROPOSITIONS DE VOTRE COMMISSION
A
l'aune de cette analyse, votre commission considère, tout d'abord,
essentiel d'obtenir, dans cette proposition de réforme, " un
droit à la croissance basé sur le marché " et une
flexibilisation de la gestion des droits de plantation et de replantation.
Il faut, en outre, que le règlement encourage l'adaptation de l'offre
à la demande, ainsi qu'une accélération du rythme de
renouvellement des vignobles. En effet, le faible taux de renouvellement du
vignoble pourrait entraîner un déficit qualitatif et de
compétitivité dans un marché de plus en plus ouvert et
soumis à une concurrence croissante.
Pour y parvenir, il faudrait que l'accroissement de 1 % de la
superficie du vignoble, tel que proposé actuellement dans le projet,
soit complété par :
- l'obligation faite à la Commission de présenter
régulièrement des propositions de plantations nouvelles pour
adapter la production à l'évolution des marchés ;
- le maintien d'une enveloppe supplémentaire pour les jeunes
agriculteurs, afin d'encourager leur installation et l'adaptation structurelle
de leur exploitation ;
- l'allongement de la durée des droits de replantation de
5 ans à 8 ans afin de concilier repos sanitaire des sols et
rotation suffisamment rapide des droits.
Votre rapporteur estime, par ailleurs, nécessaire qu'un filet de
sécurité minimal soit instauré afin de faire face de
manière efficace à des risques de crise conjoncturelle
liée aux aléas climatiques.
Ainsi, en cas de crise, le mécanisme de distillation retenu doit pouvoir
être obligatoire dans certaines régions et pour des produits
particuliers.
En ce qui concerne l'organisation de la filière,
les professionnels
se montrent favorables à ce qu'une large délégation de
pouvoirs soit donnée aux Etats membres, afin qu'ils règlent
eux-mêmes la reconnaissance juridique des structures professionnelles
représentatives dans les différents Etats membres
.
Il paraît également souhaitable à votre commission que le
règlement retienne en toute clarté
le principe du maintien en
vigueur des normes concernant les traitements et les pratiques
oenologiques
, rien ne justifiant une modification des équilibres
actuels.
La reprise dans la proposition de réforme de l'OCM viti-vinicole de
l'intégralité de l'article 15 du règlement 823/87
définissant les types de vins et les noms des désignations
géographiques utilisés traditionnellement par les Etats membres
paraît indispensable à votre rapporteur afin d'assurer une
réelle protection aux VQPRD d'une concurrence déloyale.
De plus, comme le souligne M. James Bordas,
il convient de s'opposer
à la levée de l'interdiction d'importer des moûts de raisin
à des fins de vinification
, afin de ne pas affaiblir la position
européenne avant le début des nouvelles négociations sur
l'OCM. Il est impératif de rappeler que le principe, pour
déterminer l'origine d'un produit, est et doit rester , que les
raisins doivent être produits à un endroit identique à
celui s'effectue la transformation. Pour le cas où ces deux
opérations auraient lieu en des endroits différents, il faut
prévoir un étiquetage spécifique.
En outre,
la proposition de règlement du Conseil, législation
" cadre ", conférant à la Commission toutes les
compétences législatives
en lui laissant le soin d'adopter,
par chapitre, après avis du seul Comité de Gestion, toutes les
mesures d'application,
ne satisfait pas votre commission qui souhaite en
revenir au statu quo. Il est, au minimum, indispensable que le règlement
du Conseil pose plus clairement les principes de mise en oeuvre de ces mesures
de transferts.
•
Enfin, votre commission souhaite que le budget communautaire
consacré au secteur vitivinicole soit en adéquation avec
l'importance de cette filière en terme d'emploi, d'aménagement du
territoire et d'exportation.
*
* *
Telles sont, Mesdames et Messieurs, les raisons qui justifient la proposition
de résolution que vous soumet votre commission des affaires
économiques dans la rédaction qu'elle a adoptée lors de sa
réunion du mardi 9 février 1999.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
Le
Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition d'acte communautaire E 1134 sur la proposition de
règlement (CE) du Conseil portant organisation commune du marché
vitivinicole (COM (1998) 370 final),
Demande au Gouvernement de tout mettre en oeuvre pour obtenir :
- que les contraintes portant sur la croissance du vignoble soient
assouplies afin, d'une part, de permettre aux producteurs européens de
répondre à une demande internationale en expansion et, d'autre
part, de favoriser l'installation de jeunes viticulteurs et l'adaptation de
leurs exploitations ;
- qu'une large délégation de pouvoir soit reconnue aux
Etats-membres pour organiser leur filière vitivinicole,
conformément au principe de subsidiarité ;
- que l'interdiction d'importer des moûts à des fins de
vinification soit maintenue ;
- qu'un filet de sécurité minimal soit mis en place pour
faire face efficacement aux risques de crise conjoncturelle liée aux
aléas climatiques ;
- que les normes en vigueur concernant les pratiques et traitements
oenologiques soient préservées ;
- que la réglementation de l'étiquetage des vins reste de la
compétence du Conseil et conserve sa spécificité par
catégorie de vins ;
- que les mentions spécifiques traditionnelles des Vins de
Qualité Produits dans des Régions Déterminées
soient rétablies ainsi que le contrôle et la protection de ces
vins par les différents Etats membres ;
- que le budget communautaire du secteur vitivinicole soit en adéquation
avec l'importance de cette filière en termes d'emploi, de
préservation de l'environnement, d'occupation du territoire et
d'exportation ;
- que des dispositions soient prises pour soutenir la promotion commerciale des
produits et la modernisation des entreprises viticoles ;
- que les négociations sur la réforme de l'organisation
commune du marché vitivinicole puissent être
considérées comme dissociables de celles portant sur la
réforme des autres organisations communes de marché.
1
Rapport n° 310 (1994-1995)
présenté par M. Gérard César au nom de la
Commission des Affaires économiques sur la proposition de M. Louis
Minetti et les membres du groupe communiste républicain et citoyen sur
la proposition de l'OCM viti-vinicole (n° E-401) et sur la
proposition de résolution présenté par MM. Jacques Genton,
Jacques Habert et Emmanuel Hamel sur le même texte.
2
Situation et Perspectives VIN - 06/1998 - Commission
européenne - Direction générale de l'agriculture.
3
Rapport du Parlement européen en date du 18 décembre
1998 présenté par M. Philippe Martin au nom de la Commission de
l'agriculture et du développement rural (PE.228.130/rév.)
4
Rapport du Parlement européen
précité