II. DEUX STRUCTURES FRAGILES : LE FONDS NATIONAL POUR LE DÉVELOPPEMENT DES ADDUCTIONS D'EAU -FNDAE- ET LE FONDS FORESTIER NATIONAL -FFN- :
A. LE FNDAE EN 1999 : UNE STABILISATION DES RESSOURCES
1. Rôle et structure du Fonds
Le
FNDAE, créé en 1954, est un compte spécial du
Trésor géré par le
ministère de
l'agriculture.
Initialement destiné à apporter une
aide financière aux
communes rurales
dans le domaine de
l'adduction d'eau
, son
intervention s'étend depuis 1979 à
l'assainissement
.
Ce fonds est alimenté par deux ressources, une
redevance sur
les consommations d'eau
distribuée dans les communes
bénéficiant d'une distribution publique d'eau potable et un
prélèvement sur les sommes engagées au Pari Mutuel Urbain.
Le rôle du FNDAE apparaît éminent dans la mesure
où il
contribue aux investissements importants
effectués
par les communes rurales dans ce domaine.
Les besoins d'investissements pour
l'adduction et l'assainissement restent très élevés
-notamment en raison du renforcement des contraintes réglementaires en
matière de qualité de l'eau et de collecte et de traitement des
eaux résiduaires urbaines.
Il convient enfin de noter le rôle du FNDAE dans le domaine
de la solidarité nationale face aux intempéries, car il vient en
aide aux départements touchés par les phénomènes
naturels.
L'effort annuel moyen des communes dans ces différents domaines qui
s'est élevé à 8,5 milliards de francs par an sur la
période 1990-1994, est évalué à 11,5 milliards
de francs par an pour la période 1995-1999.
Votre rapporteur considère en conséquence que la
préservation du niveau des moyens financiers du FNDAE est
indispensable.
2. Une évolution peu favorable depuis 1997...
a) Une mise à niveau des recettes qui, depuis, stagnent :
Lors de
la discussion du projet de loi de finances pour 1996, afin de préserver
le niveau des moyens financiers du FNDAE, le Sénat avait proposé
un relèvement de la redevance sur les consommations d'eau. Le
gouvernement avait accepté de réviser le montant de cette
redevance qui passait ainsi de 12,5 centimes par mètre cube
à 14 centimes par mètre cube, soit une révision
limitée
d'un centime et demi
, ce qui devait procurer au fonds, en
1996, 18 millions de francs de ressources supplémentaires.
L'effet de ce relèvement n'a joué pleinement qu'à
compter de 1997
en raison de la périodicité semestrielle des
facturations. En 1997, l'évolution des ressources du compte a
été favorable : elles ont progressé de 8,5 %.
Evolution des recettes du FNDAE
(en millions de francs)
|
Budget voté 1997 |
Evaluation pour 1998 |
Différence par rapport à 1996 |
Ligne 01 - Produit de la redevance sur les consommations d'eau |
532 |
540 |
77 |
Ligne 02 - Annuités de remboursements des prêts |
|
|
|
Ligne 03 - Prélèvements sur le produit du pari mutuel |
458 |
441 |
2 |
Ligne 04 - Recettes diverses ou accidentelles |
990 |
981 |
79 |
Le tableau ci-dessous rend compte de l'évolution des produits au premier semestre 1998 par référence à l'exécution du premier semestre 1997.
Recettes sur les six premiers mois de l'année
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
Evolution (%) |
Redevance |
225,76 |
216,85 |
- 3,95 |
Prélèvement sur le pari mutuel |
230,82 |
237,34 |
+ 2,82 |
Total sur six mois |
456,58 |
454,19 |
- 0,52 |
On
observe une très légère diminution des recettes qui
provient de la ligne "redevances", en baisse de 4 %, tandis que le
prélèvement sur le PMU connaît une certaine dynamique
(+ 3 %).
La réalisation des prévisions suppose que le produit des
redevances au second semestre s'élève à 1,5 fois le
montant perçu au premier semestre. Cette perspective paraît
réaliste compte tenu de l'expérience passée qui fait
ressortir une distorsion des consommations d'eau dans l'année.
Au total, les recettes pourraient s'élever "in fine" à
995 millions de francs, soit à un niveau un peu supérieur
à celui estimé pour 1998 (la plus-value serait de
11 millions de francs).
Dans ces conditions, la prévision de recettes pour 1999, avec
985 millions de francs, paraît en retrait de 10 millions de
francs par rapport à 1998, ce qui est négligeable et,
peut-être, prudent.
Recettes du FNDAE
(en millions de francs)
|
Evaluations révisées 19987 |
Evaluations initiales 1999 |
Ecarts 1999-1998 |
Redevance |
550 |
540 |
- 10 |
Prélèvement sur le pari mutuel |
445 |
445 |
0 |
Total |
995 |
985 |
- 10 |
b) Des interventions problématiques :
Les interventions du FNDAE ont évolué ainsi qu'il est rappelé dans le tableau ci-après entre 1992 et 1996.
Année |
Dotations conventionnées |
Dotations travaux courants |
Qualité de l'eau |
Assain. du littoral |
Grands ouvrages |
|
Divers intempéries |
|
1992 |
566,0 |
178,0 |
37,0 |
17,0 |
81,0 |
7,0 |
9,0 |
895,0 |
1993 |
651,0 |
126,4 |
30,6 |
165,0 |
53,0 |
0,0 |
22,7 |
1.048,7 |
1994 |
651,0 |
126,4 |
30,6 |
165,0 |
71,4 |
0,0 |
40,5 |
936,4* |
1995 |
629,3 |
197,3 |
0,0 |
|
22,5 |
0,0 |
11,0 |
860,2 |
1996 |
606,2 |
224,4 |
0,0 |
|
4,9 |
|
8,2 |
843,7** |
(*)
En 1994 : 960 millions de francs d'AP avaient été
inscrits en Loi de finances ; 23,5 millions de francs ont
été réservés au traitement des intempéries.
(**) mi 1996
Jusqu'en 1991, les crédits étaient répartis entre :
- les dotations pour travaux courants (de 55 à 65 % des
crédits délégués selon les années) ;
- et les dotations spécifiques correspondant à des programmes
d'intérêt national en vigueur à l'époque, portant
sur les thèmes ou opérations suivants : qualité de
l'eau, assainissement du littoral, grands ouvrages, développement
économique des zones rurales fragiles, sécheresse (en 1990).
En 1991, un processus de conventionnement pluriannuel (1991-1994) entre le
ministère chargé de l'agriculture et les départements
volontaires s'est engagé. Il s'est prolongé depuis.
Le conventionnement, qui a débuté mi-1991, a
régulièrement progressé : fin 1991,
27 départements étaient concernés par une convention
approuvée par le comité consultatif du fonds ; fin 1992, ils
étaient 54 et, au total, 65 départements ont actuellement
signé une convention avec le FNDAE.
Fin 1995, après analyse des résultats d'un inventaire portant sur
l'assainissement et l'alimentation en eau potable des communautés
rurales, le comité du FNDAE a arrêté une nouvelle
clé de répartition des dotations entre les départements et
décidé de relancer la politique de conventionnement sur la
période 1996-2000, en donnant la priorité aux départements
qui y avaient souscrit sur la précédente période.
L'instruction du conventionnement engagée depuis le début de
l'année 1996 a débouché sur un conventionnement
passé avec 75 départements.
Mais, une évolution importante et regrettable est intervenue en 1997
avec l'élargissement sans contrepartie des missions du FNDAE.
Cette extension des missions est intervenue alors que les premiers
enseignements tirés de l'inventaire précité montraient que
les besoins des collectivités rurales seraient en forte croissance
sur les cinq années à venir
, comparés aux
investissements qu'elles avaient réalisés sur la
précédente période quinquennale (de l'ordre de 20 %).
Les collectivités rurales doivent, rappelle-t-on, assurer une meilleure
qualité des eaux distribuées et améliorer la
sécurité de l'approvisionnement en eau potable de leur
population. Des investissements importants devront être consacrés
à l'assainissement dont le niveau serait inférieur à celui
observé dans d'autres grands pays comparables et pour satisfaire aux
exigences de la directive européenne relative aux eaux
résiduaires urbaines.
En outre, l'activité normative de la Commission européenne ne se
relâche pas, le coût de la norme européenne en
préparation sur la teneur en plomb des eaux destinées à la
consommation étant d'ores et déjà estimé à
100 milliards de francs.
Etant rappelé que les capacités de financement des
collectivités sont d'autant plus réduites que, d'une part, le
prix de l'eau est déjà dans de nombreuses situations,
élevé et que, d'autre part, les aides apportées par les
partenaires financiers sont limitées, il faut souligner que
la
contribution du FNDAE est essentielle même si elle se limite à
environ 10 % du coût des projets.
Dans ces conditions,
l'extension des missions du fonds à la
participation au financement du programme de maîtrise des pollutions
agricoles
réalisée par l'article 65 de la loi de
finances pour 1997
sans contrepartie financière a
considérablement hypothéqué le redressement du fonds
auquel avait contribué l'initiative du Sénat rappelée plus
haut.
Une somme de 150 millions de francs est distraite chaque
année des crédits disponibles pour les actions traditionnelles du
fonds. Cette situation ne peut que gravement nuire à l'efficacité
de ses interventions alors même que la mise en oeuvre du programme de
lutte contre les pollutions d'origine agricole semble se heurter à des
obstacles pratiques importants.
La fin théorique du programme de lutte contre les pollutions d'origine
agricole est fixée à 1999. Mais, chacun sait qu'à cette
date, il restera à dégager des financements pour un programme
dont le coût total est estimé à 2,1 milliards de
francs et dont le financement est réparti en trois tiers entre les
pouvoirs publics (dont une moitié pour l'Etat), les agences de bassin et
les agriculteurs.
Or, les obligations portées par la directive européenne sur
l'assainissement imposent à l'Etat des résultats dès 2000
qui ne pourront être acquis si le FNDAE ne dispose pas des moyens
nécessaires.
A ce propos, une évolution inquiétante est intervenue à
partir de 1997 avec l'accroissement très considérable des reports
de crédits d'un exercice sur l'autre. Ce phénomène fait
l'objet d'investigations particulières de la part des services du
ministère. Il ne s'expliquerait pas seulement par les difficultés
traditionnelles de la gestion budgétaire des CAS. Il proviendrait
plutôt des problèmes de gestion en cofinancement des programmes du
FNDAE.