II. OBSERVATIONS

A. UN COMPTE DONT LES OPÉRATIONS MANQUENT DE LISIBILITÉ

A ce stade, votre rapporteur n'est pas en mesure de vous indiquer avec une précision suffisante, ni la nature, ni la séquence des dépenses à intervenir en 1998 et 1999.

Il est clair que le montant des dépenses est dépendant des prévisions de recettes qui sont elles-mêmes soumises à d'importants aléas.

Néanmoins, il serait souhaitable de disposer de davantage d'informations sur les prévisions de dépenses. Une telle exigence paraît pouvoir être satisfaite puisque les besoins financiers du secteur public sont évaluables à quelques imprécisions près.

De la même manière, il serait intéressant de disposer d'une évaluation de l'impact financier du déroulement des opérations. La concentration des versements en fin d'exercice se traduit en effet par des transferts de charges financières qui, certes, avantagent l'Etat mais au détriment d'entreprises publiques qui se trouvent face à des difficultés financières déjà lourdes.

B. UN COMPTE QUI ENREGISTRE DES ÉCARTS IMPORTANTS ENTRE PRÉVISIONS ET RÉALISATIONS

Les opérations portant sur le secteur public paraissent insuffisamment maîtrisées. Depuis deux ans, il existe des écarts très substantiels entre les prévisions et les réalisations que ce soit en recettes ou en dépenses.

L'ajout de 15 milliards de francs de recettes en 1998 par le projet de loi de finances rectificative illustre à nouveau cette situation.

Au fond, tout se passe comme si les estimations budgétaires étaient produites pour la forme. Si ce phénomène ne venait pas atténuer la portée du contrôle parlementaire, on pourrait l'excuser s'il était en outre motivé par un souci de bonne gestion. Mais, subsiste le doute d'un certain "existentialisme" de la gestion du secteur public.

C. UN COMPTE AUX ÉCRITURES PARADOXALES.

Un certain nombre d'opérations de dépenses retracées par le compte ne devrait pas y figurer comme constitutives de subventions ou de financements destinés à couvrir des pertes ou charges financières (voir rapport Cour des Comptes sur l'exécution de la loi de finances pour 1997). Leur inscription en charges revient à faire financer des dépenses courantes à partir de ressources tirées de cessions d'éléments du patrimoine de l'Etat. Les montants concernés ont atteint 16,9 milliards de francs en 1997, soit près de 30 % des charges.

A l'inverse, certaines opérations ne sont pas retracées par le compte alors qu'une conception exhaustive devrait prévaloir. On peut, en particulier, remarquer l'absence d'évaluation en prévision des opérations de cessions du Crédit Lyonnais, sans justification évidente. Seules les exigences de la Commission europérenne sont invoquées pour soutenir ce défaut de rattachement budgétaire. Cet argumentaire, fragile dans la mesure où l'engagement pris d'affecter les recettes de la privatisation du Crédit Lyonnais à la couverture des besoins financiers de l'EPFR comporte une obligation que le traitement budgétaire de cette opération ne saurait remettre en cause, fait fi des règles de notre droit budgétaire. Il conduit à soutenir une solution au terme de laquelle le budget pour 1999 retient une estimation des recettes publiques minorées d'un montant significatif.

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