II. UNE FORTE RÉDUCTION DU VOLUME DES OPÉRATIONS DES COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
Le
montant des opérations retracées par les comptes d'affectation
spéciale serait en forte diminution, les charges passant de 61 à
46,5 milliards de francs se repliant d'1/4 de leur montant prévu
pour 1998. Cela résulte de changements de périmètre mais
aussi d'un calibrage à la baisse des interventions.
Pour l'essentiel, la réduction des crédits ouverts dans le projet
de loi de finances proviendrait d'une forte diminution de dotations
affectées au secteur public -diminution qu'il convient de beaucoup
relativiser (v. infra)- et de la budgétisation partielle des
crédits du Fonds pour le financement de l'accession à la
propriété.
Variation des crédits des comptes d'affectation spéciale entre 1998 et 1999
(en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
Ecarts
|
Ecarts
|
FNDAE
1
|
981
|
985
|
+ 4
|
+ 0,4
|
TOTAL |
61.073,6 |
46.609,1 |
- 14.464,5 |
- 23,7 |
1. Fonds
national pour le développement des adductions d'eau
2. Fonds forestier national
3. Fonds national pour le développement du sport
4. Fonds national pour le développement de la vie associative
5. Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France
6. Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
Toutefois, les données du tableau ci-dessus ne permettent pas
d'appréhender la réalité financière des comptes
spéciaux du Trésor en raison des particularités de leur
régime et des conditions dans lesquelles, s'exercent leurs
opérations
2(
*
)
.
Les soldes des comptes spéciaux du Trésor sont, en effet, sauf
dispositions contraires, reportés d'un exercice sur l'autre. Ces reports
n'apparaissent pas dans les documents budgétaires ce qui nuit à
leur lisibilité. Il pourrait être envisagé de
remédier à cette "infirmité" en prévoyant que le
"bleu" consacré" aux comptes spéciaux du Trésor comporte,
pour information, une évaluation des soldes reportés et une
explication détaillée de ces reports.
Le tableau ci-après comporte cette information pour les CAS et les
comptes de prêts entre 1995 et 1998.
Reports de soldes des comptes d'affectation spéciale et des comptes
de prêts
Intitulés des comptes |
|
Reports de 1994 sur 1995 |
Reports de 1995 sur 1996 |
Reports de 1996 sur 1997 |
Reports de 1997 sur 1998 |
Fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE) |
902-00 |
201.735.763 |
308.710.775 |
494.758.399 |
742.232.723 |
Fonds forestier national (FFN) |
902-01 |
58.235.608 |
47.092.631 |
27.972.504 |
53.608.270 |
Soutien financier de l'industrie cinématographique et de l'industrie des programmes audiovisuels |
902-10 |
957.612.276 |
950.750.904 |
950.603.112 |
1.118.921.001 |
Fonds de soutien aux hydrocarbures |
902-12 |
31.445.395 |
41.578.897 |
106.218.842 |
144.374.786 |
Fonds de secours aux victimes de sinistres et calamités |
902-13 |
102.842.292 |
209.247.660 |
79.258.823 |
|
Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision |
902-15 |
21.631.590 |
3.993.560 |
81.926.373 |
124.126.483 |
Fonds national du livre |
902-16 |
17.888.221 |
13.769.702 |
9.269.179 |
17.765.974 |
Fonds national pour le développement du sport |
902-17 |
87.218.925 |
178.656.089 |
170.657.121 |
147.878.834 |
Fonds national des haras et des activités hippiques |
902-19 |
200.249.860 |
162.503.314 |
243.590.873 |
329.652.642 |
Fonds national pour le développement de la vie associative |
902-20 |
10.748.167 |
38.433.937 |
9.824.517 |
32.743.267 |
Fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France |
902-22 |
1.515.188.085 |
1.542.961.952 |
1.512.160.176 |
1.693.677.074 |
Actions en faveur du développement d'outre-mer |
902-23 |
210.763.453 |
130.759.448 |
124.870.666 |
131.280.220 |
Compte d'emploi des produits de cessions de titres du secteur public |
902-24 |
|
|
951.294.962 |
|
Fonds de péréquation des transports aériens |
902-25 |
|
120.502.396 |
196.965.292 |
158.689.321 |
Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables |
902-26 |
|
958.572.796 |
1.636.835.304 |
1.849.687.991 |
Fonds pour l'accession à la propriété |
902-28 |
|
994.000.687 |
979.564.388 |
|
Fonds pour le logement des personnes en difficulté |
902-29 |
|
|
|
|
Fonds pour le financement de l'accession à la propriété |
902-30 |
|
|
|
137.250.278 |
Prêts du FDES |
903-05 |
282.973.647 |
163.903.647 |
310.678.647 |
252.578.647 |
Prêts du Trésor à des Etats étrangers et à l'Agence française de développement |
903-07 |
290.898.891 |
2.519.399.329 |
966.951.026 |
1.620.898.294 |
Prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation de dettes envers la France |
903-17 |
2.065.884.520 |
3.446.369.519 |
2.939.410.532 |
267.235.873 |
TOTAL |
|
6.055.316.693 |
11.831.207.243 |
11.792.810.736 |
8.822.601.678 |
Au
total, les soldes reportés en 1998 se sont élevés à
8,8 milliards de francs soit 14,5 % des crédits ouverts en
1998.
Certains comptes enregistrent des reports de soldes considérables comme
le fonds pour l'aménagement de l'Ile-de-France (1,7 milliards), le
compte de soutien à l'industrie cinématographique et des
programmes audiovisuels (1,1 milliard) ou encore le compte de prêts
à des Etats étrangers (1,6 milliard).
Doit être également soulignée l'augmentation
considérable des reports du FNDAE en 1997.
La signification de ces reports est sans doute variable selon les situations
mais il est difficile de l'appréhender entièrement si bien qu'un
complément d'explications devrait être fourni à l'appui du
projet de loi de finances.
Pour certains comptes, l'étalement des dépenses s'explique par
les modalités techniques de gestion des autorisations de programme :
celles-ci ne sont engagées que si la recette est constatée et les
crédits de paiement disponibles ; la première condition
conduit à un gonflement des soldes, la seconde à un gonflement
des crédits qui ne peuvent tous être dépensés en
cours d'année.
Mais, dans d'autres hypothèses les soldes traduisent des
difficultés d'exécution des crédits ouverts en lois de
finances, soit que les évaluations de départ aient
été erronées soit que les opérations
finançables se trouvent plus délicates à définir
qu'escompté.
En tout état de cause, l'importance des reports de soldes devraient
conduire à infléchir les ouvertures de crédits ou les
montants des recettes affectées. Or, l'Etat n'y est, semble-t-il, pas
assez incité par un système où les soldes
dégagés sur les opérations des comptes spéciaux lui
permettent tout à la fois d'afficher une maîtrise du
déficit public et de dégager des ressources de trésorerie.