CHAPITRE PREMIER :
LE CONTEXTE FINANCIER LOCAL
I. LES PRINCIPALES TENDANCES DES BUDGETS LOCAUX
A. LES LIGNES GÉNÉRALES D'ÉVOLUTION
Le
compte simplifié des collectivités locales publié par la
Crédit local de France permet de mettre en évidence certaines
tendances :
- la
modération de la progression des recettes fiscales se
poursuit
. Après être passé d'un taux de progression de
5,4% entre 1995 et 1996 et de 5,1% entre 1996 et 1997, le taux d'augmentation
prévisionnel pour 1998 est de 4,8%. A titre de comparaison, le projet de
loi de finances pour 1999 a été élaboré en fonction
d'une prévision d'augmentation des recettes fiscales nettes de l'Etat de
5,8%.
Le taux d'augmentation prévisionnel de la fiscalité locale
directe est inférieur à celui de l'ensemble des recettes
fiscales. Il s'établit à 4,1%.
-
les dépenses de fonctionnement sont maîtrisées
.
Leur taux de progression prévisionnel est le même que celui de
1997, soit 4,2%. Il convient de signaler que l'augmentation des dépenses
de fonctionnement en 1997 a été supérieure aux
prévisions. Au mois de juillet 1997, le crédit local de France
tablait en effet sur une augmentation limitée à 3,9%.
-
l'épargne disponible des collectivités locales progresserait
à un rythme inférieur à 1997
, 4% contre 13,6%. Le
montant de l'épargne disponible en 1998 représenterait 52% du
montant total des investissement, contre 53% en 1997. Cette évolution
peut s'expliquer par la confirmation du mouvement de reprise des
investissements.
-
La reprise de l'investissement est réelle en 1998
, tandis
qu'elle avait été légèrement surestimée en
1997 (2,2% contre 2,9% estimés en juillet de 1997). Ce résultat
est cohérent avec la conclusion du rapport publié par notre
collègue Joël Bourdin le 8 juillet 1998 au nom du comité des
finances locales, selon lequel l'investissement des collectivités
locales est toujours "
en position d'attente
".
Compte simplifié des collectivités locales
(en milliards de francs courants)
RECETTES RÉELLES |
1996 |
1997/1996 |
1997 |
1998/1997 |
1998 |
FONCTIONNEMENT (1) |
630,2 |
+ 4,2 |
656,9 |
+ 3,6 |
680,7 |
Recettes fiscales |
406,8 |
+ 5,1 |
427,7 |
+ 4,8 |
448,1 |
dont produit voté |
283,0 |
+ 4,9 |
296,8 |
+ 4,1 |
308,9 |
Dotations de l'Etat (pacte) |
137,1 |
+ 1,4 |
139,1 |
+ 1,1 |
140,7 |
Autres recettes |
86,3 |
+ 4,4 |
90,1 |
+ 2,1 |
91,9 |
INVESTISSEMENT |
114,2 |
- 5,2 |
108,3 |
- 0,1 |
108,2 |
Dotations de l'Etat |
36,8 |
- 4,4 |
35,2 |
- 4,2 |
33,7 |
Emprunts hors refinancements |
68,1 |
- 6,8 |
63,5 |
+ 1,9 |
64,7 |
Autres recettes |
9,2 |
+ 3,7 |
9,6 |
+ 1,8 |
9,8 |
DEPENSES REELLES |
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DEPENSES DE GESTION (2) |
428,3 |
+ 4,2 |
446,1 |
+ 4,2 |
464,6 |
Dépenses de personnel |
175,0 |
+ 3,5 |
181,1 |
+ 4,7 |
189,7 |
Autres dépenses de gestion |
253,3 |
+ 4,6 |
264,9 |
+ 3,8 |
275,0 |
INVESTISSEMENT |
176,1 |
+ 2,2 |
180,0 |
+ 4,5 |
188,1 |
ANNUITE |
117,9 |
- 2,2 |
115,3 |
+ 1,2 |
116,7 |
Intérêts de la dette (4) |
56,6 |
- 15,1 |
48,0 |
- 11,0 |
42,7 |
Remboursements (hors RA) (6) |
61,3 |
+ 9,8 |
67,3 |
+ 9,9 |
74,0 |
SOLDES D'EPARGNE |
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EPARGNE DE GESTION
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EPARGNE BRUTE
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EPARGNE DISPONIBLE
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Source : Crédit local de France
B. AUGMENTATION DES CHARGES ET REPRISE DE L'INVESTISSEMENT
La
situation financière des collectivités locales a
bénéficié, au cours de la période récente,
d'
éléments conjoncturels favorables
, tels que la baisse
des taux d'intérêt et le dynamisme de la fiscalité
indirecte, et des
fruits de leur bonne gestion
: hausse du produit de la
fiscalité directe tout en réduisant le rythme d'augmentation des
taux, maîtrise des dépenses de gestion et réduction des
frais financiers du fait du désendettement et d'une gestion active de
leur stock de dette.
Toutefois, malgré la maîtrise de leurs dépenses courantes,
les dépenses de fonctionnement augmentent plus vite que
prévu,
notamment en raison des accords salariaux dans la fonction
publique et de l'embauche d'emplois-jeunes.
Dans ce contexte d'augmentation des charges imposées, les
collectivités locales doivent malgré tout soutenir la reprise de
leur investissement. Trois secteurs pour lesquels les besoins sont importants
et les dépenses inéluctables ont été
identifés :
- les
transports en commun
: le groupement des autorités
responsables de transports (GART) estime à 60 milliards de francs le
coût des projets devant aboutir d'ici à 2005 ;
- la transposition de la directive européenne sur les
eaux
usées
devrait conduire à des opérations dont le
coût est estimé à 125 milliards de francs entre 1997 et
2005 ;
- la circulaire sur la mise en place des plans départementaux de gestion
des
déchets ménagers
aura pour effet de développer
les projets d'installations de centres de tri ou de compostage.
La note de
conjoncture communale
publiée par le Trésor
public au mois de septembre 1998, relative aux cinq premiers mois de 1998,
illustre les tendances perçues par les études menées par
le Crédit local de France.
Les services du ministère de l'économie et des finances
constatent en effet que :
"
- après avoir connu une progression identique sur les deux
dernières années (environ 3,5 %), les
dépenses de
personnel augmentent sensiblement
(+ 5,4 %), sous l'effet
notamment de la revalorisation salariale d'avril 1998 et de la mise en
place du dispositif "emplois-jeunes" ;
- les communes semblent
confirmer la reprise de leurs investissements
constatée à la fin 1997
1(
*
)
. Leurs dépenses
d'équipement progressent à un rythme très
élevé (+ 16,8 % sur les cinq premiers mois de
l'année, soit + 9,9 % d'évolution en considérant
les dépenses cumulées sur une année) ;
- l'essentiel du financement des investissements des communes provient de
l'autofinancement
qu'elles se sont constitué depuis deux ans.
Elles recourent peu à de nouveaux emprunts. Ces derniers sont en baisse
de 14,6 % sur les cinq premiers mois ;
- les communes poursuivent leur
désendettement, mais à un
rythme moins soutenu
(+ 1,1 % d'évolution pour le
remboursement des emprunts, contre + 9,8 % sur les cinq premiers
mois 1997) ;
- l'utilisation de leurs réserves se manifeste par une
légère
baisse de leur trésorerie
:
51,6 milliards de francs contre 51,7 milliards de francs en
décembre 1997
."