V. LA BUDGÉTISATION " HASARDEUSE " DES CRÉDITS DU FONDS DE SOUTIEN AUX HYDROCARBURES
A. L'IMPORTANCE DE L'INDUSTRIE PARAPÉTROLIÈRE
L'industrie parapétrolière française,
constituée par les sociétés de fournitures
d'équipement et de service des compagnies pétrolières, a
appuyé son expansion sur des innovations techniques
développées avec l'aide du fonds de soutien aux hydrocarbures
(cf.
infra
). Elle regroupe aujourd'hui plus de
450 sociétés (en majorité des PME-PMI) et joue un
rôle particulièrement important dans l'économie nationale.
En 1997, cette industrie, qui emploie directement 48.000 personnes, a
réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 58 milliards de
francs dont près de 50 milliards ont été
réalisés à l'étranger. Il s'agit donc d'une
industrie fortement exportatrice et génératrice de valeur
ajoutée par le positionnement technologique des métiers qu'elle
recouvre.
Malgré un contexte concurrentiel défavorable, la France a su se
hisser au premier plan dans de nombreux domaines (géophysique, forage,
surveillance géologique des sondages, concept de support de production
en mer non conventionnels, plongée profonde, canalisations sous-marines
flexibles, pose de canalisations à terre et en mer, liquéfaction,
stockage et transport du gaz naturel liquéfié...) et est le
2
ème
exportateur mondial de technologies
pétrolières derrière les Etats-Unis.
Depuis 1990, l'industrie parapétrolière française à
su faire preuve de dynamisme et participer à la relance des
activités d'exploration-production dans le monde (son chiffre d'affaires
a progressé de 60 % entre 1990 et 1997), en dépit d'une
concurrence internationale extrêmement vive. Elle contribue de
manière décisive, directement ou indirectement à la
réduction du déséquilibre des échanges
énergétiques français.
ETPM et Bouygues Offshore ont ainsi obtenu près de 6 milliards de
francs de commandes en remportant en association, deux des appels d'offres sur
les trois ouverts pour le développement des champs de Girassol en
Angola. Le succès ainsi remporté devrait assurer un très
fort développement de ces deux entreprises.
Cette performance exceptionnelle de l'industrie parapétrolière
française s'explique essentiellement par une position technologique de
premier ordre, reconnue internationalement et régulièrement
entretenue par la poursuite d'ambitieux programmes de Recherche et
Développement. Le fonds de soutien aux hydrocarbures y a beaucoup
contribué et reste aujourd'hui un outil indispensable au maintien et
à l'amélioration de la compétitivité des
entreprises françaises.
Toutefois, la place de l'industrie parapétrolière
française dans le monde sera d'autant plus difficile à maintenir
que les entreprises françaises ne disposent que d'un domaine minier
national restreint, contrairement à leurs principaux concurrents
européens, les Britanniques et les Norvégiens qui, grâce
à la mer du Nord, ont bénéficié d'un marché
protégé de l'ordre de 20 milliards de dollars de commandes
par an.
1998 restera l'année de la relance de l'effort technologique, sur le
thème de l'offshore profond et très profond (exploitation des
hydrocarbures dans 1.500 à 3.000 mètres d'eau). Alors que toutes
les entreprises pétrolières internationales, dont Elf et Total
(spécialement dans le Golfe de Guinée), investissent dès
à présent très lourdement sur ce créneau, les
solutions technologiques n'existent pas aujourd'hui pour résoudre les
problèmes concrets d'exploitation des hydrocarbures dans ces profondeurs
d'eau.
Or, la course dans laquelle est engagée l'industrie
pétrolière et parapétrolière internationale sur ce
thème est essentiellement technologique et nécessitera des
réponses technologiques d'ici trois à cinq ans. Pour relever ce
défi, toute l'industrie française de l'offshore et les
pétroliers français devront consentir un effort de recherche
très important dès 1998-1999.