B. LES DIFFICULTÉS BUDGÉTAIRES DE L'ADEME

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), placé sous la triple tutelle des ministères de l'Environnement, de l'Industrie et de la Recherche. Son activité vise à la maîtrise conjointe des consommations d'énergie, de matières premières et des pollutions.

Le financement de l'ADEME est assuré :

- à moins de 30 % par des crédits d'origine budgétaire provenant des budgets de l'environnement et de l'industrie ;

- et à plus de 70 % par les quatre taxes fiscales et parafiscales visant à taxer les émissions polluantes dont l'Agence assure le recouvrement ainsi que la gestion.

La taxe sur le stockage des déchets ménagers et assimilés, instituée par l'article 7 de la loi du 13 février 1992 relative à l'élimination des déchets, possède un caractère fiscal. Elle est acquittée par les exploitants de décharges de déchets ménagers et assimilés et son produit est destiné à soutenir le développement de techniques de traitement innovantes, à financer des investissements et à aider les communes d'accueil des nouvelles installations ;

la taxe sur les déchets industriels spéciaux, instituée par la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement, a également un caractère fiscal. Elle est acquittée par les exploitants des installations de traitement ou de stockage de déchets industriels spéciaux et son produit est destiné à financer le traitement et la réhabilitation des sites pollués " orphelins " ;

la taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique, instituée par le décret n° 85-582 du 7 juin 1985, est acquittée par les exploitants d'installations émettant certains rejets dans l'atmosphère ; le produit de la taxe est affecté à la surveillance de la qualité de l'air et au financement de projets de lutte contre la pollution atmosphérique ;

la taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires, instituée par la loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit, a un caractère fiscal. Elle est acquittée par les compagnies aériennes utilisant les grands aérodromes et son produit est destiné à aider les riverains de ces aéroports à réaliser des travaux d'isolation acoustique ;

Depuis plusieurs années, une tendance à la débudgétisation des ressources de l'ADEME est apparue, la part des crédits budgétaires dans le financement de l'Agence se réduisant au profit de celle des taxes affectées.

Les graphiques ci-après montrent la part croissance des taxes dans les ressources de l'ADEME et le tarissement des crédits budgétaires (tous budgets confondus), cette tendance étant plus nette pour les crédits d'intervention que pour les crédits de fonctionnement.





L'Agence se trouve ainsi paradoxalement confrontée à des difficultés budgétaires croissantes alors que le produit des taxes qu'elle recouvre ne cesse de progresser sous le double effet de l'élargissement de leur assiette et de l'élévation de leur taux. Ce produit est ainsi passé de 633 millions de francs en 1994 à 1.322 millions de francs en 1998. Il devrait s'élever à 1.935 millions de francs en 1999. Une telle progression résulte pour l'essentiel de la forte croissance de la taxe sur le traitement et le stockage des déchets ménagers dont le produit est passé de 395 millions de francs en 1994 à 875 millions de francs en 1998.

S'agissant du budget de fonctionnement de l'agence, la baisse des crédits budgétaires n'est que partiellement compensée pas les prélèvements pour frais de recouvrement et de gestion effectués à son profit sur le produit des taxes, qui s'est élevé à 85,7 millions de francs en 1997.

En outre, l'Agence ne peut disposer pour ses besoins propres des revenus financiers provenant du placement des taxes qu'elle recouvre 6( * ) . L'affectation de ces revenus, dont l'essentiel provient des taxes sur les déchets et de la taxe sur la pollution de l'air, doit en effet être identique à celle réservée aux produits des taxes elles-mêmes fixée par les dispositions législatives et réglementaires qui les ont crées (voir encadré supra ).

En conséquence, l'Agence doit faire face à une dette importante. Ses impayés étaient évalués à 62,2 millions de francs fin 1996. En 1994, un rapport de l'inspection des finances avait estimé nécessaire d'apporter à l'Agence un complément de subvention de 250 millions de francs pour lui permettre de résorber sa dette. Elle connaît des problèmes de trésorerie et de délais de paiement pour ses dépenses financées sur crédits budgétaires. Le déficit de crédits de paiement par rapport aux autorisations de programme accordées s'élevait encore à 185 millions de francs fin 1998.

On peut s'étonner à cet égard que les crédits d'intervention de l'ADEME fassent régulièrement l'objet de régulations budgétaires.

D'autant que de telles restrictions de crédits affectent essentiellement les actions de maîtrise de l'énergie et de promotion des énergies renouvelables qui sont financées sur les seules ressources budgétaires.

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