C. LE SOUTIEN AUX EXPORTATIONS
Le paysage audiovisuel mondial est un espace en expansion. Partout dans le monde, fleurissent de nouveaux bouquets et donc de nouvelles chaînes : sur les quelque quatre mille chaînes existantes, environ un quart ont moins d'un an d'existence ; L'explosion du nombre des " tuyaux " entraîne celle de la demande de contenu. Pour des raisons culturelles mais aussi économiques, il convient que la France profite de cet appel d'air pour développer son industrie de programmes audiovisuels et parvienne à trouver sa place en dépit de l'hégémonie américaine.
1. Le combat de David contre Goliath
Révélée, en septembre dernier, au cours du
dernier " Rendez-Vous " annuel de TVFI, destiné à des
acheteurs de programmes de 40 pays différents, une enquête
conjointe du Centre national du cinéma (CNC), de l'Institut national de
l'audiovisuel (INA) et de TVFI montre que les ventes de programmes
français ont augmenté en 1997 de 18 % par rapport à
l'année précédente pour atteindre 583 millions de
francs.
Il faut y ajouter les coproductions et préventes internationales de
programmes audiovisuels français, soit 778 millions de francs, en
légère baisse de 2 % par rapport à 1996. Ces
coproductions, qui concernent essentiellement l'animation et les programmes
éducatifs, sont financées par des partenaires américains
ou canadiens (à 48 %) ou d'Europe de l'Ouest (45 %).
La France a renforcé son rang de premier exportateur non anglophone de
programmes télévisuels, acquis il y a moins de cinq ans. L'Europe
de l'Ouest reste le principal débouché des exportations
françaises (63 %), avec une forte dominante pour l'Allemagne. Les
acheteurs d'Amérique du Nord, d'Europe centrale, d'Amérique
latine et d'Asie pèsent tous un poids à peu près
équivalent (entre 7 et 9 %).
Trois formes de programmes audiovisuels français séduisent les
acheteurs étrangers. Il s'agit de l'animation (33 % en valeur), la
fiction (32 %) et les documentaires (20 %), auxquels s'additionnent,
dans une moindre mesure, les reportages d'information, la musique et les jeux.
On trouve ainsi aussi bien Le Comte de Monte-Cristo sur les écrans
brésiliens que la série "Premiers baisers" en Italie ou en
Hongrie. Le jeu "Fort Boyard" fait de l'audience sur les chaînes
étrangères. Les documentaires français, dont le format est
souvent plus facilement exportable que celui de la fiction, sont très
prisés sur la marché international. La France est
également le second exportateur mondial de dessins animés
Il faut souligner que les entreprises françaises s'organisent.
Aujourd'hui, on assiste à la constitution de grandes
sociétés de négoce de droits. C'est le cas des filiales
d'AB, Canal Plus, TF 1, Gaumont ou du groupe Lagardère (Europe Images).
Ces groupes proposent des catalogues importants et variés (films,
téléfilms, fiction, documentaires, animation.
L'apparition de très nombreuses chaînes thématiques a
dopé la demande de programmes. Quelque 48% du volume des exportations
françaises est destiné aux chaînes du câble et du
satellite.
La fiction française demeure cependant pénalisée par ses
formats. Avec des épisodes de 90 minutes, les séries
françaises doivent souvent être remaniées pour entrer dans
la norme des 52 minutes exigée par le standard international.
Mais la domination de l'industrie américaine reste écrasante.
Selon les dernières statistiques disponibles, publiées par
l'Observatoire européen des médias, les recettes des entreprises
américaines sur le marché de l'Union européenne se sont
élevées à
6,28 milliards de dollars en 1996
tandis
que les Européens ont vendu pour
623 millions de dollars de
programmes outre-Atlantique. Le ratio est donc de un à dix
et le
déficit européen s'élève à
5,6 milliards de dollars (environ 33 milliards de francs).
L'Allemagne constitue
"le principal territoire de croissance des ventes
américaines"
, souligne l'Observatoire européen qui
précise que
"le marché européen de la
télévision représente à peu près les deux
tiers des exportations américaines"
, devant les marchés
canadien ou australien.